Déclaration de M. Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des citoyens à l'élection présidentielle de 2002, sur ses principaux adversaires, sur son programme électoral : souveraineté de la France, citoyenneté en matière de sécurité et d'enseignement, revalorisation du travail., Paris, le 5 mars 2002.

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Circonstance : Discours électoral à Paris au Cirque d'hiver, le 5 mars 2002

Texte intégral

Bastille, Nation, République, au coeur de ce onzième arrondissement de Paris qui
concentre tant de hauts lieux chargés d'Histoire et d'émotion, je vous salue mes chers compatriotes, au moment où, pour une échéance décisive, ont commencé à rouler les dés de notre Histoire, à nouveau en train de se faire.
Merci d'être venus si nombreux, si mobilisés, d'horizons si divers mais animés d'une
commune volonté de refondation républicaine et de renouveau de la France.
Je veux d'abord saluer et remercier Georges Sarre qui nous accueille ici, dans l'arrondissement dont il est le maire. Je veux lui apporter l'expression de mon affection et de mon admiration pour la solidité dont il a toujours fait preuve. Si Georges Sarre n'avait pas été là en 1971 avec la Fédération de Paris et ses sections d'entreprise, Lionel Jospin aurait- il jamais pu adhérer au parti socialiste ? Certainement pas ! Il serait resté là où il était. C'est pourquoi je le dis à Lionel Jospin : je préfère m'appuyer sur Georges Sarre et son intuition politique que sur Jacques Séguéla. Aussi bien celui-ci est-il trop cher pour moi. Comme vous le savez sans doute, je n'ai pas de cabinet de communication. Tout simplement parce que je ne fais pas de communication. Je fais de la politique.
Je veux, à cet égard, rendre hommage à Max Gallo, Président du pôle républicain et à l'ensemble des dirigeants de ce rassemblement, unique depuis celui qu'avait su constituer le général de Gaulle il y a plus de trente ans, et qui brasse des femmes et des hommes venant de la gauche aussi bien que de la droite, où chacun à sa manière a compris que l'heure était au dépassement de faux clivages et de définitions épuisées dès lors que l'essentiel est en jeu : le maintien de l'unité et de l'indivisibilité de la République, l'avenir des valeurs qu'elle porte depuis deux siècles, la souveraineté nationale, c'est- à-dire la pérennité de la France.
Depuis le 4 septembre, j'ai conquis, avec votre aide et la confiance de nos concitoyens, la position à partir de laquelle il est possible de casser les faux semblants et de rompre le bal des sortants. La surexposition médiatique dont bénéficient les deux sortants de l'Exécutif rend certes le combat inégal. Tout est fait pour faire l'impasse sur le premier tour, comme si la campagne n'était qu'une campagne de second tour, entre deux candidats qui confisquent outrageusement les moyens du Pouvoir. C'est comme si 60 % des Français n'existaient pas aux yeux de ceux qui maîtrisent la communication. Les campagnes interchangeables des deux sortants vont cependant s'épuiser. Le risque existe qu'elle nourrissent le désintérêt de la politique chez nos concitoyens. Mais il y a aussi une autre possibilité : avec la confiance du peuple, je peux rompre le duo préfabriqué et dépourvu de véritable contenu politique qui oppose les deux candidats du pareil au même. La compétition préfabriquée à deux peut devenir une compétition à trois. Chacun sait bien que seul j'ai la capacité de rassemblement nécessaire pour que le choix du second tour soit autre chose que la victoire du pareil sur le même ou du même sur le pareil.
*
Certains m'interrogent : N'y a-t-il pas quelque exagération de ma part à caractériser ainsi les deux sortants ?
Il est vrai qu'en 1997 j'ai espéré que Lionel Jospin, comme il l'avait déclaré, ferait " retour en tous domaines à la République ". Et j'ai engagé toutes mes forces dans des tâches ingrates pour lui donner la crédibilité et les marges de manoeuvre qui lui auraient permis de remonter le courant de la résignation. Mais la suite n'a pas été pas à la hauteur des espérances. Le courage s'est trop souvent mis aux abonnés absents qu'il s'agisse de la Corse, de la sécurité, de la délinquance des mineurs, de l'éducation, des choix industriels, de l'Europe, de la politique extérieure. Des propos lénifiants ont dissimulé cette absence de courage.
Les deux sortants sont- ils d'ailleurs vraiment aujourd'hui candidats à la Présidence de la République française ? Quel est leur projet ? En acceptant l'un et l'autre la perspective d'une Constitution européenne en 2004, où sombrerait définitivement la souveraineté nationale, ne se disputent- ils pas plutôt la présidence du Conseil Régional de la région France ?
Prenons les choses de plus haut : Le dénominateur commun des deux sortants, c'est la soumission plus ou moins honteuse au processus de déconstruction républicaine qui accompagne depuis 1983 la mondialisation financière. Ils ont appelé de leurs voeux, ou béni par opportunisme, chaque renoncement, chaque abandon, chaque capitulation. Ce ne sont pas les intentions qu'il faut juger, mais d'abord ce qu'ils ont fait et ensuite ce qu'ils préparent.
Non seulement ils ont l'un et l'autre dans le passé mené la politique de l'autruche, mais ils sont d'accord, pour l'essentiel, sur l'avenir en peau de chagrin qu'ils confectionnent au pays : démantèlement de l'Etat républicain, pouvoir législatif à la Corse pour l'un, statuts à la carte à l'Outre-Mer pour l'autre. Ils vendent la République par appartements par simple électoralisme. Ensemble ils préparent une Constitution européenne qui signifierait la fin de notre citoyenneté. Les Français ont le droit de savoir que le temps leur est compté, s'ils ne veulent pas se faire voler en douce leur qualité de citoyens libres, libres d'inventer collectivement leur avenir !
Tel est l'enjeu du combat que, soutenu par votre confiance, je me suis résolu à livrer.
En vain, les commentateurs officiels avaient- ils prédit que candidat de l'automne, je ne passerais pas l'hiver. Ils me voyaient le destin d'une feuille morte. Le succès de l'offensive d'hiver que nous avons lancée le 19 janvier à La Défense a contraint dès le 11 février Jacques Chirac à sortir du bois, et par voie de conséquence, Lionel Jospin à abandonner Matignon.
C'est un succès qui en annonce d'autres. Car en avançant leur calendrier de plusieurs semaines, ils vont révéler progressivement le vide de leur programme , leur absence de vision pour la France, la médiocratie à laquelle la réélection de l'un ou l'élection de l'autre condamnerait notre pays. Ils voulaient une campagne à l'esbroufe : ils ne l'auront pas.
Tout est possible à moins de sept semaines du premier tour car les trois quarts des électeurs ne voient pas la différence entre Chirac et Jospin et près de la moitié n'ont pas encore fait leur choix. Et, j'ai traversé vivant la vague médiatique énorme qui a suivi l'entrée en lice des deux sortants.
Sans doute depuis trois semaines ils ont confisqué tout l'espace, abusant de leurs fonctions, détournant les moyens de l'Etat à des fins électoralistes. Quel compte de campagne retracera les privilèges de fonction accordés aux deux sortants et le coût des équipes de communication élyséenne ou matignonesque ? ou encore le coût des déplacements, où l'on voit un Premier ministre monter dans un TGV gare de Lyon et en descendre candidat à la gare de Besançon Viotte ? Ou encore la couverture médiatique de son livre d'entretien avec Alain Duhamel ? ou encore les déplacements du candidat Chirac dont les propositions démagogiques sont abondamment détaillées et commentées, alors que, les miennes passent sous le boisseau ?
Les deux sortants de l'Exécutif sont outrageusement favorisés. Tout se passe comme si la pensée unique avait présélectionné ses deux finalistes. Tel est l'état de notre démocratie.
Pour autant le combat doit être livré. Il peut, il doit être gagné, car c'est le combat de la démocratie et c'est le combat de la France !
I - LA GRAVITE DES PERILS.
Tout se passe comme si on donnait le choix aux Français entre la campagne de Jacques Séguéla et celle de Claude Chirac. Mais le choix appartient au peuple. Il faut que nous lui fassions mesurer la gravité des périls.
1. Le déclin de la France. Notre performance économique n'a cessé de se dégrader au fil des ans . La France, qui se situait au début des années 70 dans la moyenne haute des pays européens, se place à présent dans la moyenne basse. Voilà où à conduit la politique dite de la monnaie forte dont Jospin et Chirac ont été solidaires.
Malgré les artifices, le chômage a repris depuis plusieurs mois sa courbe ascendante.
Nos gouvernants, Jospin aujourd'hui, Juppé et Chirac hier, attendent tout de la reprise américaine. Ils l'attendent, en guettant comme Soeur Anne. Au lieu de se demander " qu'est ce que l'Amérique peut faire pour nous ? ", ils feraient mieux de nous dire ce que la France peut faire pour rester dans le peloton de tête des grandes nations technologiques et retrouver ainsi les fondements d'une croissance solide ou encore ce que l'Europe pourrait faire.
2. Ni Lionel Jospin ni Jacques Chirac n'ont le souci du long terme. Ils ont capitulé devant la dictature des marchés financiers.
Même quand les entreprises enregistrent de solides bénéfices, des licenciements sont prononcés pour améliorer le cours de bourse. Les exigences du développement à long terme des entreprises : investissement, formation, innovation, recherche sont perdues de vues.
Des pans entiers de notre industrie passent sous contrôle étranger : l'industrie électronique se délocalise. Le monde du travail se sent à juste titre abandonné.
Jacques Chirac et Lionel Jospin sont coresponsables des choix qui ont livré nos salariés comme nos entreprises, pieds et poings liés, à la mondialisation financière. Le monde du travail a été jeté comme fétu de paille au grand vent de la globalisation. Nos entreprises sont mises à la merci des prédateurs financiers : Moulinex abandonné à son sort ; France-Telecom, entreprise publique happée par la Bourse, plombé par l'endettement et les acquisitions hasardeuses ; Alcatel qui supprime 31.000 emplois dans le monde et vend la plupart des usines de son groupe.
Alstom, abandonnée par Alcatel, est dépecée. Les turbines à gaz ont été vendues à l'américain General Electric. Les alternateurs de grande puissance sont désormais fabriqués en Allemagne et en Suisse.
Privatisations et délocalisations industrielles, multiplication des plans sociaux, partout l'Etat s'est mis aux abonnés absents.
Les fonds de pension se profilent à l'horizon. Nos retraités seront mis à la merci des aléas boursiers. Pour financer le déficit, on vendra les bijoux de famille. Que Chirac ou Jospin soit élu, EDF est dans la ligne de mire des uns et des autres. Je le dis fermement, EDF porte l'avenir énergétique du pays et ne doit pas être privatisée. Le service public doit être modernisé. Il ne doit pas être démantelé.
Dans l'agriculture, abandonnée à l'alignement sur les cours mondiaux, pour deux départs d'exploitants, il n'y a plus qu'une installation. Les deux tiers des 600.000 exploitations actuelles auront disparu dans trente ans.
Quand le souci du long terme n'existe plus, qu'on attend tout de l'extérieur, l'esprit de responsabilité au sommet comme le civisme à la base s'effacent. Il n'y a pas si longtemps, on était fier d'être enseignant, pompier, policier, gendarme, infirmière, médecin... Ces cadres de la République sont aujourd'hui dans la rue. Je les écoute et ce qui me frappe, au-delà de leurs revendications catégorielles, c'est le désarroi de ces hommes et de ces femmes sans qui la société achèverait de voler en éclats. Ils ne se sentent pas considérés. Ils ne savent plus où on les conduit.
3. Quand l'intérêt public se perd dans le jeu de bonneteau de la cohabitation, le désordre s'installe dans l'Etat : policiers et gendarmes, manifestent dans la rue, les militaires grondent, les magistrats s'inquiètent. La justice ignore ce que fait la police et réciproquement. Le bras droit de l'Etat ignore ce que fait le bras gauche, parce que l'Etat a perdu la tête.
Nos concitoyens sont livrés à une insécurité réelle, à une délinquance qui a progressé de 7% en 2001, tandis que les gardes à vue, après la loi Guigou, baissaient de près de 10%.
Par leur inconséquence, les deux sortants de l'exécutif ont laissé le peuple à ses difficultés. Quand la voiture qui brûle est celle achetée à crédit pour aller au travail, quand une personne âgée se trouve assignée à résidence par la crainte, on peut dire que nos concitoyens modestes sont livrés à la violence d'une petite minorité. Mais il ne suffit pas de le dire. Il faut agir en conséquence.
Jacques Chirac nous propose aujourd'hui le contraire de ce qu'il a fait hier en matière de sécurité. Lionel Jospin déclare vouloir faire demain ce qu'il m'a refusé hier. Quand sont-ils sincères ? Quand ils agissent comme Premier ministre ou comme Président, ou quand ils parlent comme candidats ?
Quelle crédibilité Jacques Chirac a-t-il pour faire régner la loi et l'ordre républicain quand on sait que c'est sous son gouvernement en 1987 qu'a été abrogée la détention provisoire des récidivistes mineurs ? Que Président, de 1995 à 1997, il n'a pas fait appliquer la loi de programmation sur la sécurité qu'avait fait voter Charles Pasqua pour créer de nouveaux postes de policiers ? Qu'installant la Commission Truche le 21 janvier 1997, il a lui- même mis le désordre dans la justice, en suggérant l'indépendance et la non- hiérarchisation des Parquets, c'est- à-dire le démantèlement de la politique pénale ? Sans doute croyait-il ainsi jeter un os à des juges peut-être trop curieux, et dont sans doute il attendait davantage de reconnaissance ?
Comment faire confiance à Lionel Jospin pour faire demain ce qu'il n'a pas fait hier ?
Il prend aujourd'hui, en matière de sécurité, de mâles résolut ions. Mais n'était-ce pas lui qui, à l'ouverture d'un Conseil de Sécurité intérieure, le 29 janvier 1999, assénait, en citant Musset, qu'il fallait qu'une porte fût ouverte ou fermée, pour laisser ouverts, en fin de réunion, les centres de placement immédiats dont il acceptait la création, prisonnier de l'angélisme et de la bonne conscience de sa majorité dite plurielle, et surtout de son sens aigu de l'équilibre ? Lionel Jospin se défend d'avoir péché par angélisme. Mais s'il a cédé à l'angélisme d'une partie de sa majorité, c'est encore plus grave, car alors il a manqué du courage de décider. Lionel Jospin nous confesse avoir été naïf en matière de sécurité comme sans doute Jacques Chirac l'avait été en 1995 quand il promettait des baisses d'impôt. Nous sommes gouvernés par deux grands naïfs.
4. Les deux sortants sont les candidats de l'impuissance et de la résignation. Ils n'ont pas seulement abandonné le peuple, ils se sont résignés à l'effacement de la France. Pierre Moscovici, désigné en commun à la soi-disant Convention européenne par Jacques Chirac et Lionel Jospin, nous annonce publiquement les Etats-Unis d'Europe pour demain.
Le couple exécutif prépare ouvertement une Constitution européenne où sombrerait définitivement la souveraineté nationale. Engagés ensemble dans cette galère, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont dans leur tête déjà accepté de dissoudre notre pays dans un ensemble flou, à la fois grande zone de libre échange, Super-Etat bureaucratique, et banlieue de l'Empire américain.
Comment M. Chirac peut- il expliquer aux gaullistes qu'il incarne, dans de telles conditions, un projet d'avenir pour la France ?
Comment M. Jospin peut- il encore parler d'Europe sociale alors que la plupart des gouvernements sociaux-démocrates arrivés au pouvoir ces dernières années ont renoncé à remettre en cause les dogmes maastrichiens et se sont ralliés à la flexibilité ?
Faut- il enfin évoquer la situation internationale ? Que fait la France pour éviter au monde la tragédie que serait un choc des civilisations, hélas inscrit à l'horizon ? Là encore la France s'est fondue dans une absence épaisse.
Je dénonce la supercherie de la fausse opposition d'une gauche qui a oublié le peuple et d'une droite qui a oublié la nation. Il est temps que le peuple français se ressaisisse ! C'est pour offrir une autre issue que je me suis porté candidat.
Non la France n'a pas le choix entre deux immobilismes ! L'un, masqué par la démagogie sans frontière de Jacques Chirac ; l'autre à l'enseigne du pragmatisme sans boussole de Lionel Jospin, parce que dépourvu de véritable ambition pour la France.
Il ne suffit pas à Lionel Jospin de juxtaposer cinq platitudes suggérées par ses communicants pour offrir une vision de l'avenir au pays. Car qui pourrait vouloir une France inactive, une France insécure, une France injuste, une France archaïque, une France faible ? Il faut cesser d'enfiler des perles et de prendre les Français pour cibles d'une campagne publicitaire ! La démocratie mérite mieux.
Ni une droite ni une gauche pareillement épuisées, à bout de souffle et dépourvues de vrai courage, n'offrent plus de perspective au pays.
II - LE DEPASSEMENT NECESSAIRE
Ce que je vous propose c'est le dépassement d'une soi-disant gauche et d'une supposée droite. Transgression nécessaire. Transgression positive car il faut en finir avec les faux-semblants ! Faites le bilan des trente dernières années. Il est temps que les Français en fassent à haute voix une lecture commune et véridique.
Le choix n'est pas aujourd'hui entre la dé magogie sans frontière et le pragmatisme sans boussole. Il est entre la résignation et le sursaut républicain.
1 Le peuple français, aujourd'hui, veut à la fois de la gauche et de la droite, j'allais dire, comme Auguste Comte, de l'ordre et du progrès, de la droiture et de la justice.
Vous connaissez mon parcours. J'y reste fidèle. Nous avons, plus que jamais, besoin de justice sociale, de fidélité au monde du travail, de l'égalité, conçue comme possibilité donnée à chacun d'aller au bout de ses possibilités, ce que j'ai appelé, en son temps, " l'élitisme républicain ". Nous avons besoin du sens de l'intérêt général et du service public qui ont toujours vertébré notre pays. Ce n'est pas par hasard que j'ai inscrit en tête de mes orientations le retour aux grands principes et aux valeurs de la République. C'est de valeurs, de rigueur morale, d'intégrité, de principes sûrs que notre peuple a d'abord besoin.
Si c'est cela être marxiste comme le prétend Alain Juppé, alors à coup sûr je suis un vrai marxiste.
Daniel Cohn Bendit et Noël Mamère, pauvre hère perdu de démagogie, qui disent tout haut ce que leur susurrent tout bas les hiérarques socialistes, me décrivent comme le " meilleur candidat de la droite ". Mais si la droite consiste à révérer les valeurs de la transmission que portent la famille et l'Ecole, ou celles de l'effort sans lequel il n'y a pas d'oeuvre féconde, si être attaché à la nation, cadre irremplaçable de la démocratie, ou à l'ordre républicain, en dehors duquel il n'y a pas de liberté, suffit à me faire qualifier d'homme de droite, alors je dois bien l'avouer : je suis forcément de droite !
Oui, je l'avoue : je ne considère pas tous les hommes de droite comme des exploiteurs ni tous les hommes de gauche comme des imposteurs. Je ne juge pas d'après les emballages. Je crois, comme l'a fort bien expliqué Pierre -André Taguieff, dans " Résister au bougisme ", que s'il y a des choses à changer, il y a aussi des choses à conserver car elles sont nécessaires à la démocratie. Je sais qu'il existe, à droite comme à gauche, des énergies dormantes qui n'aspirent qu'à se réveiller. Seulement voilà : il faut une perspective pour les galvaniser.
La droite et la gauche officielles veulent le retour des mêmes personnes aux mêmes postes pour reconduire demain ce qu'ils faisaient hier. Ces nostalgiques dénoncent ma nostalgie. Ces hommes du passé dénoncent mon passéisme. On croît rêver.
2 C'est pourquoi le débat qui s'engage aujourd'hui n'est plus entre la droite et la gauche ; il est entre d'une part le règne de l'impuissance, la dictature de la résignation, le déclin programmé et d'autre part le sursaut nécessaire . Vous le sentez bien : nous sommes face au retour de l'Histoire. Les sortants ne nous proposent que de petites recettes. Croyons en nos forces ! Pourquoi se résigner ? Pourquoi avoir honte de défendre l'intérêt national qui est aussi l'intérêt des Français ? Non la France n'est pas plus une chimère qu'un dinosaure. Elle est une création continue qu'il nous appartient de faire vivre longtemps encore.
Je suis donc à la fois le candidat de la rupture et celui de la continuité. Rupture avec un statu-quo mortifère. Continuité de la France. Candidat de la rupture mais pas de l'aventure : je suis le candidat du mouvement. Je refuse que le pouvoir soit confisqué plus longtemps par deux machines partisanes, avant tout prébendières, qui ne représentent pas plus de 15 % des électeurs inscrits.
Je veux prendre appui sur toutes les forces de la France pour mener à bien les révolutions légales nécessaires.
Jacques Chirac n'offre au pays qu'un opportunisme sans rivage, accumulant les promesses démagogiques, toutes plus contradictoires les unes que les autres L'immense tacticien qu'est Lionel Jospin fait don au pays de son pragmatisme sans frontières sans le mobiliser sur aucun grand dessein, sauf peut-être la perspective - d'ailleurs illusoire- d'un assistanat généralisé. Il offre aux jeunes une allocation d'argent de poche, une sorte de sous-RMI, sans leur proposer véritablement un avenir. A ceux qui n'ont pas bénéficié d'une formation initiale suffisante, il promet un capital temps de formation permanente tout au long de la vie, comme si la formation permanente pour être féconde n'impliquait pas d'abord une solide formation de base.
3 Ma candidature n'est pas centriste. Elle est centrale. Elle est la seule qui, faisant écho aux préoccupations légitimes des Français, pose les questions fondamentales pour l'avenir du pays, questions que les deux sortants ont toujours occultées.
Ma candidature est au-delà de la droite et de la gauche. Elle répond à l'exigence républicaine du salut public. Elle propose au pays un projet à la fois mobilisateur et non démagogique.
A chaque tournant décisif, la République a réconcilié ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas. Oui, République rime avec dynamique !
Français, vous pouvez faire imploser les deux citadelles jumelles que sont l'Etat RPR et l'Etat PS, et cela de la manière la plus démocratique qui soit : en vous servant de l'arme redoutable qu'est votre bulletin de vote. La transgression que je propose au pays, je ne la propose pas pour le plaisir, mais parce qu'elle seule peut remettre le pays en mouvement. A défis exceptionnels, réponse exceptionnelle.
III - CE QUE JE PROPOSE AU PAYS.
Voici ce que je propose au pays pour qu'il ressaisisse les fils de son destin. Je propose trois grandes causes nationales qui impliquent des révolutions légales :
· La France retrouvée.
· La citoyenneté relevée, et d'abord en matière de sécurité et d'Ecole.
· Le travail revalorisé.
Par quelle méthode, avec quels moyens, à travers quelles mesures j'entends, avec la confiance du peuple, mener à bien ces trois grandes causes, voilà ce que je vais vous dire maintenant.
A. Reprendre confiance dans la France.
Rien ne sera possible si la France ne retrouve pas confiance en elle- même, et les Français la fierté de la France. Je veux qu'on leur enseigne une histoire non manipulée. Assez de campagnes de repentance systématiques orchestrées du sommet de l'Etat. Les programmes scolaires seront revus, l'histoire et la géographie de la France à nouveau enseignées.
1. La France fera entendre à nouveau sa voix dans les affaires du monde.
Je ferai en sorte que le patriotisme républicain reprenne droit de cité. Encore faut-il pour cela que la France porte une vision neuve des rapports Nord-Sud. Je ferai en sorte que la France parle à nouveau au monde.
J'ai fait à Porto Alegre des propositions claires sur ce sujet fondamental. Car là est le défi du XXIème siècle. Il faut inverser les flux financiers pour qu'ils aillent non plus du Sud vers le Nord mais du Nord vers le Sud, substituer la Banque mondiale, pour financer le développement, à l'huissier de justice international qu'est devenu le FMI qui récupère les créances des pays riches sur les pays pauvres.
Deux priorités : le financement, dans les pays du Sud, des infrastructures, de l'éducation et de la santé. Le développement des agricultures vivrières en dehors du libre-échangisme imposé par l'OMC. Ainsi seront trouvées les bases d'une croissance mondiale saine. Il faudra ouvrir l'Europe vers le Sud, la Méditerranée et l'Afrique.
Enfin, si je suis élu, j'entends faire reculer le spectre de la guerre et d'une confrontation avec le monde arabo- musulman, qui se dresse à nouveau à l'horizon. Telle est la vocation de la France et j'ajoute son intérêt, celui de la sécurité des Français. Un nouvel élan sera donné à la francophonie. La défense redeviendra l'outil d'une politique indépendante dont le pays saura payer le prix dès lors qu'il en comprendra la nécessité. Je ferai mettre en chantier une nouvelle loi de programmation pour porter l'effort de défense à 3 % du PIB. La France revivra.
Quand elle aura repris confiance en elle- même, la France pourra redynamiser l'Europe, conçue comme union de nations. C'est là l'objectif que je me fixe. La France peut et doit redevenir une grande puissance politique.
2. Une France sûre d'elle-même redeviendra motrice pour faire avancer une Europe de projets, ressourcée dans la démocratie.
Je demanderai au Ministre des affaires étrangères de remettre dans chaque capitale européenne un mémorandum précisant les propositions de la France : réforme des statuts de la BCE, transformation du pacte de stabilité en pacte de coordination pour la croissance, réforme de la politique de la concurrence. En matière institutionnelle : publicité des délibérations et des votes au Conseil européen et au Conseil des ministres, partage du droit de proposition entre la Commission et le Conseil, c'est- à-dire les nations, et création au sein du Parlement européen d'une deuxième Chambre représentant les Parlements nationaux.
La France fera à ses partenaires six propositions de coopérations renforcées : liaisons ferrées à grande vitesse ou pour le fret ferroviaire et tunnels transfrontaliers, coopération en Méditerranée et en Afrique ; partenariat avec la Russie ; énergie et sûreté des centrales nucléaires ; mise à niveau de l'effort européen de recherche et développement technologique ; politique aéronautique et spatiale.
Voilà ce que je proposerai à l'Europe pour la sortir de l'impasse où elle a été conduite par les européistes.
B. Ecole - Sécurité : relever le citoyen, voilà la deuxième grande cause nationale que je propose..
1. Un plan d'urgence pour la sécurité des Français sera mis en route.
Le parlement se réunira en séance extraordinaire jusqu'à la fin juillet. Dans ce laps de temps, le gouvernement présentera un plan d'urgence pour la sécurité des Français :
- une loi de programmation pour la police et la gendarmerie, et une loi de programmation pour la justice ;
- un projet de loi portant refonte de l'ordonnance de 1945 ;
- la création, sur décrets d'avance, de soixante Centres de retenue fermés pour délinquants mineurs multirécidivistes ;
- l'unité de la politique pénale sera rétablie. Les instructions données par la Chancellerie aux Parquets devront être publiques.
Parallèlement la politique d'accès à la citoyenneté sera énergiquement relancée ou impulsée dans l'ensemble des administrations et des entreprises publiques. Je demanderai au gouvernement d'ouvrir des concours pour les étudiants qui s'engagent à servir l'Etat. Leurs études seront rémunérées. Ce sera un puissant outil de promotion sociale et d'accès à la citoyenneté pour des jeunes dépourvus d'argent mais non de talents. La République c'est l'égalité des chances !
2. Le redressement de l'Ecole républicaine symbolisera le pari fait en tous domaines sur l'intelligence.
L'Ecole est à refonder et ses missions doivent être clairement fixées : transmission du savoir et des valeurs de la République - formation du citoyen. Je veillerai personnellement à la nomination du Ministre de l'Education Nationale.
Un bilan sera fait de la loi Jospin d'orientation scolaire de 1989 qui mettait " l'élève au centre de l'Ecole ". Ce n'est pas ainsi qu'on pouvait combattre la dérive pédagogiste !La priorité sera donnée aux apprentissages de base à l'école élémentaire. L'importance de la philosophie sera à nouveau consacrée. Les bourses seront multipliées dans le secondaire et l'enseignement supérieur pour prévenir le tarissement des flux d'élèves dans les filières scientifiques et technologiques. Un effort particulier sera consacré à l'enseignement technique supérieur et à la formation permanente. Je mettrai en route une loi de programmation pour la recherche et l'université.
Le rôle du maître sera revalorisé. La formation en IUFM sera étendue aux missions de l'Ecole. Un souffle nouveau mettra un terme à la crise des repères qui affecte, plus que tout autre, le système éducatif. Cet immense effort de redressement devra s'appuyer sur les enseignants eux- mêmes qui sont les piliers de la République.
L'Ecole qui forme le citoyen, et le citoyen qui respecte l'autorité de la loi : voilà les repères républicains qu'il faut marquer à nouveau. Ils seront, demain comme hier, les garanties de notre liberté.
C. Rendre justice aux Français qui travaillent.
1. Les 35 heures sont une réforme mal pensée.
Le travail n'est pas un gâteau qu'il faudrait se partager. La création de richesses passe par l'activité. On ne doit donc pas décourager de travailler ceux qui le peuvent et qui le veulent. Il n'y a pas besoin pour cela de remettre en cause la durée légale du travail. Il suffit d'assouplir le régime des heures supplémentaires, évidemment rémunérées 10 %, puis au-dessus de 39 heures, 25 % de plus.
2. Le travail doit être revalorisé, mieux rémunéré et mieux considéré.
Je propose une augmentation du SMIC de 25 % sur les cinq prochaines années, gagée sur un transfert des charges sociales des salaires sur une base plus large, TVA sociale pour les cotisations patronales, CSG pour les cotisations des salariés. Les 750 premiers euros de salaires seront ainsi détaxés de charges sociales.
Une conférence des revenus sera réunie sans tarder pour examiner la revalorisation correspondante des grilles de salaires. Ce sera à la fois une incitation au travail et une oeuvre de justice sociale.
.3.L'intéressement et l'épargne salariale seront favorisés. La stabilité du capital de nos entreprises en bénéficiera.
.4 Revaloriser le travail, c'est aussi accroître le taux d'activité de la population active :
a) J'entends permettre aux femmes de concilier mieux leur légitime aspiration à une activité professionnelle et leur désir d'épanouissement personnel et familial. Après la parité politique, j'affirmerai l'objectif de la parité sociale. Pour parvenir à une réelle égalité des salaires entre les hommes et les femmes, la société devra mieux prendre en charge les contraintes liées à la maternité. Les modes de garde -crèches et assistantes maternelles- seront accrus de 50 % en cinq ans. Le congé de maternité et le congé parental, indexé sur les salaires, seront pris en compte dans les carrières. Les femmes bénéficieront de trois ans de cotisations par enfant dans le calcul des droits à la retraite.
b) S'agissant des re traites dont il faut garantir le niveau, le financement des régimes de répartition qui fondent la solidarité entre les générations dépendra essentiellement dans les vingt prochaines années du taux d'activité de la population active et à plus long terme du taux de renouvellement des générations. Il faudra encourager la retraite progressive. Ceux qui veulent travailler après soixante ans doivent pouvoir le faire en en tirant un juste avantage. Cette possibilité ne remettra évidemment pas en cause le droit à la retraite à soixante ans. Bien plus, je rendrai possible la retraite à taux plein après quarante ans de cotisations . Il faut distinguer entre les travaux
pénibles et répétitifs et le travail d'initiative qui doit être favorisé. C'est de cette façon que nous pourrons relever les défis de l'avenir.
5. Le monde du travail devra être remis au coeur du logiciel républicain.
Je m'attacherai à impulser une nouvelle alliance entre un Etat réformé, des entreprises citoyennes et un monde du travail conscientisé et intéressé au progrès. La réforme de l'Etat implique une révolution légale. Elle sera entreprise sans tarder. Par ailleurs, une table ronde sur l'évolution des pouvoirs dans l'entreprise et sur la représentativité des syndicats sera convoquée. Il faut faire marcher de pair la démocratie sociale et l'effort collectif. A l'actuel secrétariat d'Etat à l'Industrie vidé de ses compétentes, succédera un grand Ministère du développement technologique.
6. Plutôt que des baisses d'impôts indiscriminées, je préconise des baisses ciblées :
- la première mesure concernera la détaxation des investissements ;
- la seconde, l'élargissement de la base du crédit impôt-recherche ;
- la troisième, l'exonération des entreprises nouvellement créées de
l'impôt sur les bénéfices pendant les trois premières années de leur exercice ;
- la quatrième, l'abaissement à 5,5 % de la TVA sur la restauration et la rénovation de l'habitat ;
-.enfin la transmission des entreprises et la reprise par les salariés seront encouragées.
7. Nous avons besoin d'un tissu entrepreneurial dynamique et en particulier de PME plus nombreuses, plus solides et plus performantes. L'Etat reprendra ses droits sur les dossiers industriels stratégiques, qu'il s'agisse des télécommunications, du maintien en France de l'industrie électronique ou de la modernisation de la filière électronucléaire. Une loi de programmation portera à 3 % du PIB en cinq ans la part de l'effort de recherche et de développement technologique.
Je fais appel aux citoyens pour qu'ils trouvent en eux- mêmes l'énergie du dépassement.
C'est sur la démocratie que je veux m'appuyer pour mener à bien le changement.
On me demande quelquefois avec quel gouvernement, avec quelle majorité je pourrais demain gouverner ?
Si je suis élu Président de la République, le 5 mai prochain, les deux grandes machines de pouvoir que sont le RPR et le PS auront perdu prise sur l'Etat d'où elles tirent l'essentiel de leurs forces. Je constituerai alors une majorité large et ouverte car il faut s'appuyer non pas sur un clan mais sur toutes les forces de la France pour la remettre en mouvement. Une recomposition s'effectuera d'autant plus facilement que ma seule boussole sera l'intérêt public et la capacité des uns et des autres à le servir.
J'instillerai ultérieurement, dès lors que la stabilité de l'Exécutif sera acquise, une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif, afin d'assurer une plus juste représentation aux courants minoritaires ou émergents.
Je rendrai possible, sous une stricte condition de majorité des électeurs inscrits, l'adoption de projets de loi par la voie du référendum d'initiative populaire.
Enfin, sur les grandes questions d'intérêt national, je m'engage à donner la parole au peuple. Ainsi je soumettrai à référendum le traité qui sortira de la Conférence Intergouvernementale de 2004.
Il me paraît nécessaire aussi bien à la redynamisation de l'Europe qu'à la préservation de la souveraineté du peuple français que nos négociateurs comme nos partenaires sachent par avance qu'on n'avancera plus désormais dans l'opacité et dans le dos des peuples.
Ces trois grandes causes nationales - la France retrouvée - le citoyen relevé - le travail revalorisé- mettront la force au service de la justice et de la solidarité.
Je ne propose pas du vent au peuple français. Je lui propose de prendre avec moi s'il le veut les moyens du renouveau.
Je vous demande de m'aider dans cette bataille décisive. J'ai besoin de vous et de votre élan, d'abord pour mettre dans les prochaines semaines, le système en turbulence et ensuite pour le faire basculer. C'est possible maintenant. Il faut croire en nos forces. Ne les ménageons pas ! C'est maintenant que s'engage la bataille décisive.
Il faut un sursaut venu des profondeurs du Peuple. Je mesure, croyez- le, la responsabilité qui sera alors la mienne. Car je devrai tirer le meilleur de cet élan.
J'ai simplement conscience d'offrir aujourd'hui à la France la seule alternative véritable.
Les deux candidats officiels le savent. Je les inquiète. Ils me craignent. Ils font et feront tout pour me réduire, appuyés par les immenses moyens qu'ils ont dans leurs mains et par tout ce qui leur fait allégeance. Alors, je vous le dis, comme je le dis à tous les Français. Je suis libre. Je ne fais partie d'aucune écurie.
Je ne suis pas un rabatteur de voix comme Hue, Mamère, Bayrou ou Madelin, qui, au-delà de leurs gesticulations, ont déjà fait allégeance à leur Suzerain. Je ne vise pas un hypothétique partage des seigneuries, baronneries ou maisons de maîtres au lendemain du 5 mai. Je ne suis candidat à aucun poste autre que celui de Président de la République. Ni Premier ministre ni ministre.
Je ne suis pas non plus une trappe à voix comme Le Pen, Laguiller ou Saint-Josse, tout juste bons à stériliser votre bulletin de vote et à servir d'alibi à l'éternel retour du pareil au même.
Quelle que soit l'issue, il y aura partout aux élections législatives des candidats du pôle républicain.
Oui, je suis complètement libre. Je ne roule ni pour Chirac ni pour Jospin. Je roule pour la République, je roule pour la France, je roule pour vous.
Si le peuple français vote pour moi, il ne sera pas volé de sa victoire. Sur les décombres d'un système épuisé, une page nouvelle s'écrira.
La République, la France sont aujourd'hui en danger. Je vous invite au dépassement. Si je suis élu, l'intégrité sera mise au service de la réforme. Je mettrai mon courage au service des révolutions légales nécessaires. La souveraineté nationale c'est- à-dire la démocratie seront préservées. La devise de la République -Liberté, égalité, fraternité- ne cessera pas d'avoir cours. L'Histoire de la France continuera !
(Source http:// www.chevenement2002.net, le 7 mars 2002)