Interview de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, à Europe 1 le 9 mai 2002, sur sa carrière politique, sa nomination au ministère de l'outre-mer et la préparation d'une loi programme pour le développement économique et social de l'outre-mer.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Election présidentielle les 21 avril et 5 mai 2002

Média : Europe 1

Texte intégral

André DUMAS
Brigitte GIRARDIN, bonjour.
Brigitte GIRARDIN
Bonjour.
André DUMAS
Vous êtes ministre de l'Outre-mer, récemment nommée. D'abord je vais vous demander de vous présenter car le grand public, bien sûr, ne vous connaît pas.
Brigitte GIRARDIN
Oui, effectivement je suis fonctionnaire d'origine, j'ai commencé ma carrière au quai d'Orsay, et puis assez rapidement j'ai servi plusieurs ministres, Camille CABANA lorsqu'il était ministre des Privatisations, de 1986 à 1988. Et puis j'ai commencé à m'intéresser de très près à l'Outre-mer, un petit peu avant 1993 mais surtout à partir de 1993, puisque j'étais conseiller puis directeur adjoint du cabinet de Dominique PERBEN, lorsqu'il était ministre des DOM-TOM. J'ai continué avec Jean-Jacques de PERETTI dont j'ai été le directeur de cabinet, et donc voilà.
André DUMAS
Et vous avez une quarantaine d'années.
Brigitte GIRARDIN
J'ai 49 ans.
André DUMAS
L'Outre-mer n'est plus un simple secrétariat d'Etat mais un ministère aujourd'hui, ça doit vous faire plaisir ça.
Brigitte GIRARDIN
Non seulement ça me fait plaisir, mais je vous fais remarquer que c'est le premier engagement tenu par le président de la République, il l'a dit tout au cours de sa campagne. Je crois que c'est une décision tout à fait normale, naturelle et on replace ainsi l'Outre-mer à la place qui doit être la sienne au cur de l'organisation gouvernementale, avec toute sa place. Et c'est aussi la volonté de réaffirmer la vocation interministérielle de ce ministère, qui ne saurait donc être placée sous la tutelle d'un autre, donc c'est une très bonne décision effectivement.
André DUMAS
Comment avez-vous appris que vous étiez ministre, un coup de téléphone ?
Brigitte GIRARDIN
Le président de la République a souhaité me témoigner une confiance
André DUMAS
C'est Jacques CHIRAC qui vous a appelé, pas Jean-Pierre RAFFARIN ?
Brigitte GIRARDIN
Jean-Pierre RAFFARIN également, bien évidemment. Et ça a été une marque de confiance à la fois du président de la République et du Premier ministre qui m'ont beaucoup touchée.
André DUMAS
Mais vous le pressentiez depuis un petit moment ou bien c'est une totale surprise ?
Brigitte GIRARDIN
Disons que non, je ne l'ai pas vraiment pressenti, je l'ai pris de façon un peu naturelle.
André DUMAS
Et les résultats de l'élection ont été conformes à ce que vous espériez ?
Brigitte GIRARDIN
Sur l'Outre-mer ?
André DUMAS
Oui.
Brigitte GIRARDIN
Moi je note avec satisfaction que Jacques CHIRAC est arrivé très en tête au premier tour de l'élection présidentielle, quand on prend l'Outre-mer de façon globale, et avec 10 points d'avance, donc c'est quand même tout à fait satisfaisant. Et quant au deuxième tour qui était un petit peu particulier, je note qu'il y a eu des scores tout à fait exceptionnels, notamment à la Martinique.
André DUMAS
Quelle est la priorité pour vous dans les DOM-TOM, la Nouvelle-Calédonie, qui va vers une autonomie progressive maintenant ?
Brigitte GIRARDIN
Le président l'a dit au cours de sa campagne, c'est que nous devons tout de suite préparer cette grande loi programme sur l'Outre-mer de 15 ans, qui concernera toutes les collectivités territoriales d'Outre-mer, donc cette loi programme nous allons y travailler dès maintenant avec un volet économique et social important. Quant à la Nouvelle-Calédonie
André DUMAS
Puisque vous parlez du social, La Réunion où la moitié des habitants à peu près touche le RMI ? C'est un gros problème.
Brigitte GIRARDIN
Précisément, cette grande loi programme sur 15 ans, c'est une loi de développement économique et social, il faut vraiment créer des emplois dans le secteur productif, dans le secteur des entreprises, et il faut un petit peu rompre cette mécanique d'assistanat, d'emplois précaires, d'employer et recréer vraiment une activité. Ca passe par la création d'emplois dans les entreprises et par la relance de l'investissement grâce à un système de défiscalisation complètement rénové.
André DUMAS
Pour le ministère de l'Outre-mer, pour la passation des pouvoirs avec le socialiste Christian PAUL, je crois que l'atmosphère était plutôt tendue.
Brigitte GIRARDIN
J'ai entendu effectivement vos commentaires
André DUMAS
Ce n'est pas des commentaires, moi j'ai lu partout que Christian PAUL avait souhaité que la période qui s'ouvre ne marque aucun recul pour l'Outre-mer, que tous les résultats ne soient pas cassés, c'est ce qu'il craignait. C'est ce qu'il a dit, non ?
Brigitte GIRARDIN
Il ne me l'a pas dit en tout cas à moi, je lui laisse la responsabilité de ses propos et je ne ferai pas de commentaire sur ses propres commentaires. Moi je n'ai pas ressenti en tout cas de tension particulière, l'instant était solennel. Notre passation des pouvoirs a été effectivement assez brève parce que je ne découvre pas les dossiers comme je les suivais à un autre endroit. Monsieur PAUL m'a fait part des sujets un petit peu urgents qu'il avait à traiter mais ça a été une passation tout à fait normale, solennelle mais je n'ai pas ressenti pour ma part de tension particulière.
André DUMAS
Brigitte GIRARDIN, merci.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 11 juin 2002)