Texte intégral
Q - Jean Glavany bonsoir. On a du mal à comprendre les scientifiques. Qui dit la vérité ? A quel moment dit-on la vérité ?
R - On ne connaît pas beaucoup de choses sur cette maladie. La maladie du prion est une maladie qui est encore très mal maîtrisée par les scientifiques, avec beaucoup de zones d'ombres, d'interrogations et de doutes. Donc les scientifiques sont partagés et c'est vrai que...
Q - Ces scientifiques connaissent quelque chose, eux, au prion, ou ne sont-ils spécialistes de rien ?
R - C'est une donnée qui est importante, nous avons eu trois avis de scientifiques. Des avis des scientifiques français, de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, composée presque exclusivement de spécialistes de la maladie du prion et y compris des sommités mondiales. Un avis d'un comité ad hoc au niveau européen, qui s'est partagé, mais dont nous n'avons pas pu obtenir le rapport public. Et puis un avis du comité scientifique directeur placé auprès de la Commission, dans lequel il n'y a aucun spécialiste de la maladie du prion et qui sont des scientifiques généralistes.
Q - Et qui majoritairement disent "vous pouvez lever l'embargo".
R - Sans doute, parce qu'ils ne voulaient pas se déjuger, parce qu'ils avaient dit, il y a un an et demi que l'embargo était nécessaire. Alors ce sont des avis que nous devons prendre en compte en tant que tels, mais les politiques qui, eux, ont des décisions, non plus d'évaluation du risque comme les scientifiques, mais de gestion du risque, doivent faire la part des choses entre ces différents avis. Et c'est ce qui nous opposent, nous, à la Commission ou à nos amis britanniques, c'est-à-dire que nous n'avons pas la même gestion du risque, nous n'avons pas la même conception du principe de précaution, par exemple. Et donc, c'est un débat qui est difficile.
Q - Est-ce qu'au fond, vous n'allez pas chercher à gagner du temps parce que, si je comprends bien, il y a un délai d'incubation de la maladie jusqu'à l'été 2001.
R - Oh non, la durée d'incubation de cette maladie est beaucoup plus longue que cela, probablement de 5 ans pour les animaux et peut-être de 10, voire 20 ou 30 ans pour les êtres humains.
Q - Le premier cas avait été recensé en août 96.
R - Parmi les personnes qui avaient consommé des farines animales - qui ont été interdites depuis - on peut avoir des cas jusqu'à 2001. Mais pour l'incubation chez les humains, cela peut durer 10, 20 ou 30 ans. Vous savez ce qui guide le gouvernement français dans cette affaire, c'est une certaine conception de la santé publique et la protection de la santé de nos concitoyens. Et donc, je suis absolument atterré de voir des gens qui raisonnent en termes de défaite, victoire, camouflet, revers, pour tel ou tel gouvernement.
Q - Les Anglais ?
R - Mais vendredi dernier c'était une victoire pour les Anglais, hier soir c'était une victoire pour les Français, Cela ne veut rien dire. Ce qui est en jeu, c'est la santé de nos concitoyens. Cela ne se fait pas à coups de victoires ou de défaites, cela se fait grâce à des réflexions communes, des précisions, un renforcement des procédés de sécurité, c'est cela que nous recherchons.
Q - Précisément, le renforcement des procédés par l'étiquetage, par exemple ? On sait que ce n'est pas possible avant 13 mois, 2 ans en Angleterre. Il n'y a pas d'étiquetage en Angleterre ?
R - Nous avons hier soir, à la demande de la France, identifié cinq points qui sont des points clés sur lesquels nous souhaitons nous, des approfondissements, c'est-à-dire de meilleures garanties pour les consommateurs. C'est celui de la traçabilité des cheptels, c'est-à-dire qu'on puisse savoir, quand on met un steak sur un étal, savoir d'où cela vient, de quel boeuf, dans quel troupeau, quelle naissance etc., de quel père, de quelle mère, la traçabilité c'est quelque chose de fondamental. Deuxièmement, nous voulons que les testes soient mis en oeuvre. Nous voulons que les contrôles soient plus fréquents, plus rigoureux.
Q - Dans tous les pays producteurs ?
R - Mais bien entendu, nous ne montrons pas du doigt la Grande-Bretagne, nous voulons le faire pour nous, en France, parce que nous voulons renforcer notre dispositif. Nous voulons que cela soit mis en oeuvre dans toute l'Europe bien entendu. Et puis les produits dérivés, parce qu'il y a la viande et puis il y a aussi les produits dérivés de la viande, les plats cuisinés sur lesquels la traçabilité est plus difficile. Et puis enfin, l'étiquetage sur lequel nous voulons aussi des progrès. Vous savez, nous voulons ces progrès, pour nous ce n'est pas une question de victoire ou de sauver la face, cela n'a aucun sens. En tant que responsables politiques qui gérons ce risque, nous souhaitons mettre en place un dispositif incluant des mesures de sécurité supplémentaires éclairé par des scientifiques français et européens. C'est tout ce qui nous guide. Cela peut aller très vite si tout le monde y met de la bonne volonté, nous n'avons pas voulu cette crise, nous ne nous complaisons pas dans cette crise, nous voulons en sortir le plus vite possible mais pas à n'importe quel prix.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 1999)
R - On ne connaît pas beaucoup de choses sur cette maladie. La maladie du prion est une maladie qui est encore très mal maîtrisée par les scientifiques, avec beaucoup de zones d'ombres, d'interrogations et de doutes. Donc les scientifiques sont partagés et c'est vrai que...
Q - Ces scientifiques connaissent quelque chose, eux, au prion, ou ne sont-ils spécialistes de rien ?
R - C'est une donnée qui est importante, nous avons eu trois avis de scientifiques. Des avis des scientifiques français, de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, composée presque exclusivement de spécialistes de la maladie du prion et y compris des sommités mondiales. Un avis d'un comité ad hoc au niveau européen, qui s'est partagé, mais dont nous n'avons pas pu obtenir le rapport public. Et puis un avis du comité scientifique directeur placé auprès de la Commission, dans lequel il n'y a aucun spécialiste de la maladie du prion et qui sont des scientifiques généralistes.
Q - Et qui majoritairement disent "vous pouvez lever l'embargo".
R - Sans doute, parce qu'ils ne voulaient pas se déjuger, parce qu'ils avaient dit, il y a un an et demi que l'embargo était nécessaire. Alors ce sont des avis que nous devons prendre en compte en tant que tels, mais les politiques qui, eux, ont des décisions, non plus d'évaluation du risque comme les scientifiques, mais de gestion du risque, doivent faire la part des choses entre ces différents avis. Et c'est ce qui nous opposent, nous, à la Commission ou à nos amis britanniques, c'est-à-dire que nous n'avons pas la même gestion du risque, nous n'avons pas la même conception du principe de précaution, par exemple. Et donc, c'est un débat qui est difficile.
Q - Est-ce qu'au fond, vous n'allez pas chercher à gagner du temps parce que, si je comprends bien, il y a un délai d'incubation de la maladie jusqu'à l'été 2001.
R - Oh non, la durée d'incubation de cette maladie est beaucoup plus longue que cela, probablement de 5 ans pour les animaux et peut-être de 10, voire 20 ou 30 ans pour les êtres humains.
Q - Le premier cas avait été recensé en août 96.
R - Parmi les personnes qui avaient consommé des farines animales - qui ont été interdites depuis - on peut avoir des cas jusqu'à 2001. Mais pour l'incubation chez les humains, cela peut durer 10, 20 ou 30 ans. Vous savez ce qui guide le gouvernement français dans cette affaire, c'est une certaine conception de la santé publique et la protection de la santé de nos concitoyens. Et donc, je suis absolument atterré de voir des gens qui raisonnent en termes de défaite, victoire, camouflet, revers, pour tel ou tel gouvernement.
Q - Les Anglais ?
R - Mais vendredi dernier c'était une victoire pour les Anglais, hier soir c'était une victoire pour les Français, Cela ne veut rien dire. Ce qui est en jeu, c'est la santé de nos concitoyens. Cela ne se fait pas à coups de victoires ou de défaites, cela se fait grâce à des réflexions communes, des précisions, un renforcement des procédés de sécurité, c'est cela que nous recherchons.
Q - Précisément, le renforcement des procédés par l'étiquetage, par exemple ? On sait que ce n'est pas possible avant 13 mois, 2 ans en Angleterre. Il n'y a pas d'étiquetage en Angleterre ?
R - Nous avons hier soir, à la demande de la France, identifié cinq points qui sont des points clés sur lesquels nous souhaitons nous, des approfondissements, c'est-à-dire de meilleures garanties pour les consommateurs. C'est celui de la traçabilité des cheptels, c'est-à-dire qu'on puisse savoir, quand on met un steak sur un étal, savoir d'où cela vient, de quel boeuf, dans quel troupeau, quelle naissance etc., de quel père, de quelle mère, la traçabilité c'est quelque chose de fondamental. Deuxièmement, nous voulons que les testes soient mis en oeuvre. Nous voulons que les contrôles soient plus fréquents, plus rigoureux.
Q - Dans tous les pays producteurs ?
R - Mais bien entendu, nous ne montrons pas du doigt la Grande-Bretagne, nous voulons le faire pour nous, en France, parce que nous voulons renforcer notre dispositif. Nous voulons que cela soit mis en oeuvre dans toute l'Europe bien entendu. Et puis les produits dérivés, parce qu'il y a la viande et puis il y a aussi les produits dérivés de la viande, les plats cuisinés sur lesquels la traçabilité est plus difficile. Et puis enfin, l'étiquetage sur lequel nous voulons aussi des progrès. Vous savez, nous voulons ces progrès, pour nous ce n'est pas une question de victoire ou de sauver la face, cela n'a aucun sens. En tant que responsables politiques qui gérons ce risque, nous souhaitons mettre en place un dispositif incluant des mesures de sécurité supplémentaires éclairé par des scientifiques français et européens. C'est tout ce qui nous guide. Cela peut aller très vite si tout le monde y met de la bonne volonté, nous n'avons pas voulu cette crise, nous ne nous complaisons pas dans cette crise, nous voulons en sortir le plus vite possible mais pas à n'importe quel prix.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 1999)