Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, sur le soutien de la France à la reconstruction de Madagascar, à l'action et à l'accompagnement des Français présents dans le pays, Antananarivo le 3 juillet 2002.

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Circonstance : Voyage à Madagascar de M. de Villepin le 3 juillet 2002 : rencontre avec la communauté française de l'île à l'ambassade de France

Texte intégral

Je suis particulièrement heureux d'être devant vous ce soir, je sais que nombre d'entre vous attendaient cette visite depuis longtemps.
Je suis heureux que ce soit un membre du gouvernement français qui soit le premier à rendre visite, depuis de longs mois aux autorités malgaches.
J'ai souhaité, j'ai demandé à l'ambassadeur, de réunir à la résidence de France, avant mon retour à Paris, les représentants des Français à Madagascar, les élus et les membres d'associations ainsi que les hommes d'affaires français. Je connais le travail qui est le vôtre ici ; je sais la situation difficile que vous avez connue et que vous connaissez ensemble. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec certains d'entre vous pour mieux mesurer les difficultés quotidiennes auxquelles vous êtes confrontées. Mais je voudrais, par votre entremise, m'adresser à l'ensemble de notre communauté à Madagascar. Je sais combien elle a été éprouvée au cours des six derniers mois : de nombreux emplois ont disparu, beaucoup ont été affectés dans leur vie quotidienne, des investissements ont été perdus. Je pense aussi, bien sûr, à nos compatriotes qui ont été menacés ou qui craignent encore pour leur sécurité.
Nous avons tout fait et nous faisons tout pour leur venir en aide, soit bien sûr par le biais de nos consulats sur place, soit par l'action au niveau politique. C'est tout le sens de ma présence aujourd'hui à Madagascar.
Je suis conscient, le gouvernement français est conscient, le président de la République française est conscient des difficultés que vous avez éprouvées tout au long de ces longs mois. C'est pourquoi je voudrais rendre un hommage fort à toutes les composantes de notre communauté, ici, dans la capitale à Tananarive, mais aussi dans les provinces. Vous avez su faire face avec courage et abnégation à la crise. Les personnels des consulats, de l'ambassade, les coopérants ont fait en sorte de s'organiser pour fonctionner dans la pénurie, ils n'ont pas ménagé leur peine et je tiens à saluer ici leurs efforts.
Je veux rendre hommage aussi à nos enseignants, aux personnels de nos établissements scolaires à travers tout le pays. Ils se sont employés à faire fonctionner notre réseau, à mener leurs élèves jusqu'aux examens, dans des conditions particulièrement difficiles. Je leur dis toute notre reconnaissance. Le fonctionnement de nos écoles, de nos lycées a fortement contribué à maintenir le moral de notre communauté et il a été un facteur indispensable de la cohésion de cette communauté. Je voudrais enfin m'adresser à ceux d'entre vous, forts nombreux, qui ont fait leur vie dans ce pays et qui ont vécu particulièrement douloureusement les derniers mois. La réconciliation nationale s'engage aujourd'hui, la France encourage cette réconciliation et veut prendre toute sa part dans la reconstruction de Madagascar.
Je souhaiterai revenir si vous le voulez bien sur la position française au cours de ces derniers mois. Nous sommes convaincus que seule une solution politique peut véritablement permettre à Madagascar de trouver une issue. Car en effet il n'y a pas de reconstruction sans pacification, pas de reconstruction sans unité nationale, pas de reconstruction sans l'aide de la communauté internationale. C'est pourquoi nous avons voulu nous appuyer sur des principes forts qui sont ceux de notre politique en Afrique et dans l'Océan indien, le dialogue indispensable et la démocratie.
C'est pourquoi nous avons fait en sorte de faire passer le message qui était celui de la communauté africaine, l'arrêt des violences, le cessez-le-feu, la préservation de l'unité et de l'intégrité du territoire, la nécessité de la constitution d'un gouvernement d'ouverture et de réconciliation, le principe d'une consultation populaire, qui permettent de satisfaire aux exigences de la démocratie.
J'ai rencontré le Premier ministre, M. Sylla, j'ai rencontré le président Ravalomanana, et aujourd'hui, je voudrais saluer tous ceux qui, dans ce pays, sont désireux d'entamer cette nouvelle ère de l'Histoire malgache.
Des gestes importants ont été accomplis qui vont dans le sens que nous souhaitions - la réconciliation, le principe des élections - et qui posent clairement, aujourd'hui, comme premier grand objectif, la reconstruction du pays. Nous sommes prêts à appuyer ce processus, j'ai signé ce matin plusieurs conventions qui doivent concourir à la relance de l'économie malgache à travers la coopération entre la France et Madagascar. Nous allons nous employer à mobiliser une aide exceptionnelle de la France pour répondre aux besoins de Madagascar. Nous allons débloquer les réserves extérieures malgaches détenues en France, nous allons alimenter à nouveau le marché bancaire et l'approvisionner en billets. Il y a là toute une série de gestes forts qui sont susceptibles, je crois, de créer un nouveau climat de confiance à Madagascar.
C'est ce nouveau climat de confiance que nous voulons encourager. Il y a maintenant une direction claire qui est donnée et nous allons plaider auprès de la communauté africaine pour que Madagascar puisse retrouver toute sa place dans cette communauté, pour que la communauté internationale puisse se mobiliser pleinement, à travers les bailleurs de fonds, pour répondre aux problèmes urgents qui se posent à ce pays. Nous souhaitons pouvoir réunir très rapidement le club des amis de Madagascar pour concourir à répondre à ces besoins.
Je veux vous redire, en conclusion, l'amitié, la fidélité, la solidarité de la France envers Madagascar, vous dire que nous sommes auprès de vous pour accompagner cette reconstruction, pour vous aider dans les situations difficiles qui sont les vôtres. Notre ambassade, nos consulats, l'ensemble de notre dispositif à Madagascar qui s'est employé à faire face, tout au long de ces mois difficiles et pénibles, est aujourd'hui mobilisé pour cette nouvelle étape.
Voilà, je pense que nous pouvons lever notre verre aux relations entre la France et Madagascar et à cette communauté française qui, dans l'épreuve, a montré qu'elle savait tenir haut les qualités qui nous sont chères, de fidélité et de courage. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2002)