Texte intégral
R. Elkrief.- Vous êtes secrétaire général de l'UMP, le parti de la majorité. Avant-hier, le Premier ministre disait : priorité à la baisse des charges sociales des entreprises, car la croissance n'est pas au rendez-vous. Hier, le porte-parole, J.-F. Copé dit que "non, pas du tout. Nous continuons la baisse de tous les impôts". C'est le premier cafouillage de la rentrée ?
- "Ne confondons pas changement de cap, "cafouillage" et simple débat. Il est normal qu'il y ait un débat..."
Entre un Premier ministre et son porte-parole ?!
- "Non, pas du tout. En réalité, de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un Gouvernement qui, depuis le début, est caractéristique par une seule chose : il fait ce qu'il a dit ce qu'il ferait..."
Il est là depuis peu de temps, on va voir !
- "On verra bien. En trois mois et demi justement, ce qui est assez étonnant, sur les deux grands engagements électoraux du président de la République et du Premier ministre pendant cette campagne législative, il y avait le retour de l'autorité de l'Etat. Vous avez aujourd'hui deux projets de loi, celui de monsieur Sarkozy et celui de monsieur Perben - l'un, sur la sécurité et l'autre, sur la justice -, qui sont déjà passés devant les deux Assemblées. Et puis, il y avait l'impôt sur le revenu qui baissera de 5 % dès cette année. Et les millions de personnes qui vont recevoir leur feuille d'impôt dans quelques jours, eux, vont le voir."
C'était dans le Collectif budgétaire...
- "Oui. Alors, vous me parlez maintenant de 2003..."
Le budget 2003...
- "Il y a trois risques qui menacent la croissance de 2003. D'abord, personne ne sait ce que sera exactement la croissance de 2003. Les conjoncturistes nous disent 2,5 % et il y a encore 15 jours, ils nous disaient 3 %. On saura encore moins ce que sera la croissance en 2004 et 2005. Mais il y a trois risques qui pèsent. Le premier est le manque d'investissements des entreprises. On le voit bien, investissements de productivité comme de capacité. Si l'on veut que les entreprises reprennent leurs investissements, il faut diminuer l'impôt sur les sociétés. Nous savons aujourd'hui que l'impôt sur les sociétés en France est trop élevé, il faut revenir à la moyenne européenne."
Donc, cette diminution qui était annoncée et prévue, continuera ?
- "Continuera."
Elle sera effective dans le budget 2003 et sera annoncée dans les semaines qui viennent ?
- "2003, elle sera prévue et annoncée. Deuxième risque : le chômage. Il est encore trop élevé. C'est le point négatif en France aujourd'hui. Et donc cette croissance n'arrive pas à partir. Pour baisser le chômage, il n'y a qu'un seule recette : baisser les charges sociales patronales, d'autant plus que ce Gouvernement a décidé d'harmoniser le Smic. Si vous harmonisez le Smic..."
C'est-à-dire les cinq Smics créés par les 35 heures...
- "Oui, monsieur Jospin a laissé cinq Smics. On ne peut pas continuer comme cela. Il faut donc harmoniser le Smic. Si vous harmonisez le Smic, vous augmentez le coût du travail pour le chef d'entreprise. Il y aura donc, pour compenser cette augmentation du coût du travail, une diminution des charges sociales patronales. Je vous signale qu'elles sont de 15,8 milliards déjà aujourd'hui, et elles passeront probablement - l'arbitrage n'est pas encore terminé - à 19 milliards d'euros."
C'est donc l'allégement des charges sociales...
- "Voilà."
Vous me parlez donc de la baisse de l'impôt sur les sociétés et de la baisse des charges sociales patronales. Vous ne me parlez pas de la baisse de l'impôt sur le revenu des ménages, qui était aussi une des grandes promesses de J. Chirac candidat ?
- "C'est là où nous sommes bien complémentaires, R. Elkrief ! C'était mon troisième risque qui est la consommation. Car s'il n'y a pas de consommation, il n'y a pas de croissance. La diminution de l'impôt sur le revenu, celui dont je viens de parler pour 2002, continuera en 2003."
Sous quelle forme précisément ?
- "Justement, le rythme de la baisse des prélèvements obligatoires, qu'il s'agisse des charges sociales, qu'il s'agisse de l'impôt sur le revenu, sera dicté par la croissance. Le président de la République, le 14 Juillet..."
Donc, si la croissance est peut-être plus basse que 2,5, il peut ne pas y avoir de baisse d'impôt sur le revenu ? Vous êtes d'accord, c'est ce que vous nous dites ?
- "Non, non, je n'ai pas dit ça. Il y aura une diminution de l'impôt sur le revenu en 2003, c'est décidé. Le président de la République s'y était engagé, le Premier ministre l'a redit. Il y aura également des baisses sur les charges sociales. Mais cette augmentation de la consommation doit être gagnée par une augmentation du pouvoir d'achat. Plus vous avez d'argent dans vos poches, plus vous consommez. Ceci est surtout vrai d'ailleurs pour les bas salaires. C'est ce qu'a dit le président des la Commission des Finances récemment, monsieur Méhaignerie. Plus les gens ont des bas salaires... Lorsque leurs salaires augmentent ne serait-ce que de 50 euros, tout cela part au Supermarché, dans le petit commerce, dans la consommation. Il faut donc augmenter aussi le salaire direct des bas salaires."
Concrètement donc, vous dites que le Gouvernement va arriver à résoudre cette équation, qui a l'air quand même très difficile, c'est-à-dire que dans un contexte où la croissance est très molle, à la fois, augmenter la dépense publique puisqu'il y a un certain nombre de budgets en hausse, baisser les impôts, baisser les charges sociales... Les fonctionnaires du Trésor ne s'arrachent-ils pas les cheveux en ce moment ?!
- "C'est toujours difficile par définition d'être à Bercy. Mais l'expérience montre que la seule solution pour augmenter la croissance, quand on est Premier ministre, étant donné que la politique monétaire se fait à la Banque centrale européenne, les seuls leviers que vous avez, c'est justement le pouvoir d'achat, donc la consommation que vous pouvez donner. Le pouvoir d'achat ne se gagne que par la baisse des impôts et la baisse des charges."
Cela veut dire que ce sera dosé, au millimètre, en fonction des résultats et des prévisions. Parce qu'en même temps, concrètement, ne serait-il pas plus raisonnable de renoncer à cette baisse d'impôt sur les ménages ? Je voudrais vous citer l'économiste E. Cohen qui dit : "La baisse d'impôt sur le revenu est une mesure structurelle, qui permet de favoriser l'économie à moyen terme. Mais en ce moment, le démarrage de la croissance n'a pas lieu, l'investissement n'est pas reparti, la consommation reste molle, c'est peut-être tout à fait irréaliste".
- "C'est ce que l'on dit à chaque Premier ministre, à chaque ministre des Finances au départ. Si, à un moment donné, on ne décide pas, dans ce pays, de diminuer les prélèvements obligatoires... Ce n'est pas par goût électoral ou politicien : c'est parce que c'est une nécessité. Ce pays est le pays d'Europe qui paye le plus de prélèvements obligatoires. Il faut diminuer d'abord ces prélèvements obligatoires, et ensuite, évidemment, ne pas augmenter les dépenses publiques. Mais si vous ne rentrez pas dans ce cercle vertueux, vous n'y arriverez pas. On nous dit cela à tous les gouvernements."
Mais arrivera-t-on à la baisse de 30 % en cinq ans, comme c'était prévu, promis, et critiqué par la gauche et par les autres candidats qui avaient l'air de penser que ça ne serait jamais possible ?!
- "Alors, au risque de me répéter, tout dépend de la croissance. Comme vous le savez, on a un pacte de stabilité en Europe. On a décidé que l'on n'aurait pas plus de 3 % de déficit public, à condition que la croissance soit à 3 %. Si vous me dites demain que la croissance est à 1 %, bien évidemment, les engagements ne peuvent pas être les mêmes. Tous les Français le comprendront. On a pris l'engagement, nous, que si la croissance était à 3 %, on en profiterait..."
Et à 2,5 alors, comme c'est prévu ?
- "A 2,5, on en profitera pour diminuer l'impôt sur le revenu et diminuer les charges sociales. Et non pas faire ce que monsieur Hollande ou monsieur Jospin ont fait, c'est-à-dire, profiter de la croissance pour augmenter les dépenses publiques."
((Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2002)
- "Ne confondons pas changement de cap, "cafouillage" et simple débat. Il est normal qu'il y ait un débat..."
Entre un Premier ministre et son porte-parole ?!
- "Non, pas du tout. En réalité, de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un Gouvernement qui, depuis le début, est caractéristique par une seule chose : il fait ce qu'il a dit ce qu'il ferait..."
Il est là depuis peu de temps, on va voir !
- "On verra bien. En trois mois et demi justement, ce qui est assez étonnant, sur les deux grands engagements électoraux du président de la République et du Premier ministre pendant cette campagne législative, il y avait le retour de l'autorité de l'Etat. Vous avez aujourd'hui deux projets de loi, celui de monsieur Sarkozy et celui de monsieur Perben - l'un, sur la sécurité et l'autre, sur la justice -, qui sont déjà passés devant les deux Assemblées. Et puis, il y avait l'impôt sur le revenu qui baissera de 5 % dès cette année. Et les millions de personnes qui vont recevoir leur feuille d'impôt dans quelques jours, eux, vont le voir."
C'était dans le Collectif budgétaire...
- "Oui. Alors, vous me parlez maintenant de 2003..."
Le budget 2003...
- "Il y a trois risques qui menacent la croissance de 2003. D'abord, personne ne sait ce que sera exactement la croissance de 2003. Les conjoncturistes nous disent 2,5 % et il y a encore 15 jours, ils nous disaient 3 %. On saura encore moins ce que sera la croissance en 2004 et 2005. Mais il y a trois risques qui pèsent. Le premier est le manque d'investissements des entreprises. On le voit bien, investissements de productivité comme de capacité. Si l'on veut que les entreprises reprennent leurs investissements, il faut diminuer l'impôt sur les sociétés. Nous savons aujourd'hui que l'impôt sur les sociétés en France est trop élevé, il faut revenir à la moyenne européenne."
Donc, cette diminution qui était annoncée et prévue, continuera ?
- "Continuera."
Elle sera effective dans le budget 2003 et sera annoncée dans les semaines qui viennent ?
- "2003, elle sera prévue et annoncée. Deuxième risque : le chômage. Il est encore trop élevé. C'est le point négatif en France aujourd'hui. Et donc cette croissance n'arrive pas à partir. Pour baisser le chômage, il n'y a qu'un seule recette : baisser les charges sociales patronales, d'autant plus que ce Gouvernement a décidé d'harmoniser le Smic. Si vous harmonisez le Smic..."
C'est-à-dire les cinq Smics créés par les 35 heures...
- "Oui, monsieur Jospin a laissé cinq Smics. On ne peut pas continuer comme cela. Il faut donc harmoniser le Smic. Si vous harmonisez le Smic, vous augmentez le coût du travail pour le chef d'entreprise. Il y aura donc, pour compenser cette augmentation du coût du travail, une diminution des charges sociales patronales. Je vous signale qu'elles sont de 15,8 milliards déjà aujourd'hui, et elles passeront probablement - l'arbitrage n'est pas encore terminé - à 19 milliards d'euros."
C'est donc l'allégement des charges sociales...
- "Voilà."
Vous me parlez donc de la baisse de l'impôt sur les sociétés et de la baisse des charges sociales patronales. Vous ne me parlez pas de la baisse de l'impôt sur le revenu des ménages, qui était aussi une des grandes promesses de J. Chirac candidat ?
- "C'est là où nous sommes bien complémentaires, R. Elkrief ! C'était mon troisième risque qui est la consommation. Car s'il n'y a pas de consommation, il n'y a pas de croissance. La diminution de l'impôt sur le revenu, celui dont je viens de parler pour 2002, continuera en 2003."
Sous quelle forme précisément ?
- "Justement, le rythme de la baisse des prélèvements obligatoires, qu'il s'agisse des charges sociales, qu'il s'agisse de l'impôt sur le revenu, sera dicté par la croissance. Le président de la République, le 14 Juillet..."
Donc, si la croissance est peut-être plus basse que 2,5, il peut ne pas y avoir de baisse d'impôt sur le revenu ? Vous êtes d'accord, c'est ce que vous nous dites ?
- "Non, non, je n'ai pas dit ça. Il y aura une diminution de l'impôt sur le revenu en 2003, c'est décidé. Le président de la République s'y était engagé, le Premier ministre l'a redit. Il y aura également des baisses sur les charges sociales. Mais cette augmentation de la consommation doit être gagnée par une augmentation du pouvoir d'achat. Plus vous avez d'argent dans vos poches, plus vous consommez. Ceci est surtout vrai d'ailleurs pour les bas salaires. C'est ce qu'a dit le président des la Commission des Finances récemment, monsieur Méhaignerie. Plus les gens ont des bas salaires... Lorsque leurs salaires augmentent ne serait-ce que de 50 euros, tout cela part au Supermarché, dans le petit commerce, dans la consommation. Il faut donc augmenter aussi le salaire direct des bas salaires."
Concrètement donc, vous dites que le Gouvernement va arriver à résoudre cette équation, qui a l'air quand même très difficile, c'est-à-dire que dans un contexte où la croissance est très molle, à la fois, augmenter la dépense publique puisqu'il y a un certain nombre de budgets en hausse, baisser les impôts, baisser les charges sociales... Les fonctionnaires du Trésor ne s'arrachent-ils pas les cheveux en ce moment ?!
- "C'est toujours difficile par définition d'être à Bercy. Mais l'expérience montre que la seule solution pour augmenter la croissance, quand on est Premier ministre, étant donné que la politique monétaire se fait à la Banque centrale européenne, les seuls leviers que vous avez, c'est justement le pouvoir d'achat, donc la consommation que vous pouvez donner. Le pouvoir d'achat ne se gagne que par la baisse des impôts et la baisse des charges."
Cela veut dire que ce sera dosé, au millimètre, en fonction des résultats et des prévisions. Parce qu'en même temps, concrètement, ne serait-il pas plus raisonnable de renoncer à cette baisse d'impôt sur les ménages ? Je voudrais vous citer l'économiste E. Cohen qui dit : "La baisse d'impôt sur le revenu est une mesure structurelle, qui permet de favoriser l'économie à moyen terme. Mais en ce moment, le démarrage de la croissance n'a pas lieu, l'investissement n'est pas reparti, la consommation reste molle, c'est peut-être tout à fait irréaliste".
- "C'est ce que l'on dit à chaque Premier ministre, à chaque ministre des Finances au départ. Si, à un moment donné, on ne décide pas, dans ce pays, de diminuer les prélèvements obligatoires... Ce n'est pas par goût électoral ou politicien : c'est parce que c'est une nécessité. Ce pays est le pays d'Europe qui paye le plus de prélèvements obligatoires. Il faut diminuer d'abord ces prélèvements obligatoires, et ensuite, évidemment, ne pas augmenter les dépenses publiques. Mais si vous ne rentrez pas dans ce cercle vertueux, vous n'y arriverez pas. On nous dit cela à tous les gouvernements."
Mais arrivera-t-on à la baisse de 30 % en cinq ans, comme c'était prévu, promis, et critiqué par la gauche et par les autres candidats qui avaient l'air de penser que ça ne serait jamais possible ?!
- "Alors, au risque de me répéter, tout dépend de la croissance. Comme vous le savez, on a un pacte de stabilité en Europe. On a décidé que l'on n'aurait pas plus de 3 % de déficit public, à condition que la croissance soit à 3 %. Si vous me dites demain que la croissance est à 1 %, bien évidemment, les engagements ne peuvent pas être les mêmes. Tous les Français le comprendront. On a pris l'engagement, nous, que si la croissance était à 3 %, on en profiterait..."
Et à 2,5 alors, comme c'est prévu ?
- "A 2,5, on en profitera pour diminuer l'impôt sur le revenu et diminuer les charges sociales. Et non pas faire ce que monsieur Hollande ou monsieur Jospin ont fait, c'est-à-dire, profiter de la croissance pour augmenter les dépenses publiques."
((Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2002)