Texte intégral
A. Hausser.- On va parler de votre secteur, l'Ecologie, l'Environnement dans un instant. Mais tout d'abord une question : le RPR tient son dernier comité politique ce soir ; il va se dissoudre dans l'UMP. Vous avez un pincement au coeur ?
- "Bonjour d'abord, A. Hausser. Mes sentiments sont mélangés entre la nostalgie et, ma foi, la joie. Puisque je fais partie du comité des fondateurs de l'UMP. Cela a donc été pour moi une volonté politique très forte que la création de l'UMP. Mais on a toujours effectivement, quand on est issu de cette famille du Rassemblement pour la République, des sentiments mêlés."
C'est-à-dire ? La spécificité gaulliste ne pourra plus se faire entendre ?
- "J'ai le sentiment que ma spécificité gaulliste en tout cas, ce que j'estime être mes racines, vivra toujours en moi."
C'est-à-dire ?
- "Cette soif de liberté, de solidarité, d'indépendance de mon pays, d'humanisme aussi que représente le général de Gaulle. Mais vous savez, maintenant tout le monde est gaulliste. Alors..."
Oui, mais on dit que l'UMP marche à la baguette ?
- "Ah bon ?!"
Oui.
- "Je n'ai pas l'air d'une femme fouettée ! Alors, donc ça doit aller."
Pas vous, mais les députés en tout cas, même si on ne les fouette pas ! Revenons-en à l'écologie... Cela ne s'appelle plus "l'Environnement". Pourquoi ?
- "L'écologie, c'est une dimension plus vaste, presque philosophique..."
Plus flou peut-être aussi ?
- "Non, l'écologie est aussi une science. C'est vouloir faire sortir ce ministère de son côté politicien, pour dire que l'écologie est à tout le monde. C'est une vision dynamique qui s'inscrit dans le passé, qui traite le présent, mais qui aussi, avec le développement durable, veut léguer à nos enfants des ressources, une planète en bon état."
Pourtant, l'écologie, c'est l'environnement ?
- "L'environnement est une partie de l'écologie..."
L'environnement, c'est le traitement des déchets, on va en parler. Hier, vous avez annoncé une loi sur la sécurité industrielle. Faut-il que chaque ministre ait sa loi ou est-ce que vraiment il y a un manque ? Qu'est-ce qui manque exactement ?
- "Il ne s'agit pas que chaque ministre ait sa loi. Il s'agit que chaque ministre traite les problèmes qui lui sont confiés. Or, après le drame d'AZF, à Toulouse - 30 morts, 30.00 blessés, encore des gens qui, à Toulouse, ont dans leur chair ces stigmates, des dégâts considérables -, on s'est bien rendu compte qu'il y avait un certain nombre de dysfonctionnements. Donc, il y avait un projet de loi sur la sécurité industrielle qui a été fait un peu dans la hâte. J'ai souhaité le remanier, y réfléchir en privilégiant plusieurs thèmes. D'abord, de la prévention : il faut d'abord diminuer le risque industriel. Avant de guérir, il faut prévenir. Ensuite, il faut sans doute, tenir compte beaucoup plus qu'on ne l'a fait du facteur humain. J'ai remarqué, en allant dans la région Rhône-Alpes, en allant à Lyon, hier, que quand on faisait des inspections, on s'occupait beaucoup de la qualité des tuyaux, des vannes, des valves, du matériel, mais peu du facteur humain. On s'est rendu compte, à Toulouse par exemple, que la question de formation des personnels, que l'intervention massive de sous-traitants, peu formés, d'erreurs dans la hiérarchie, dans la hiérarchie des responsabilités, étaient souvent la cause de ces sinistres industriels. Donc, faire attention au facteur humain. Ensuite, associer les gens, associer les populations, dans un souci de concertation et de transparence, pour leur expliquer aussi que "le risque industriel zéro" n'existe pas, qu'il faut l'accepter à condition d'être informé."
Mais quand vous dites "former les gens", est-ce que cela relève de l'environnement, de l'écologie, ou est-ce que cela relève tout simplement de l'éducation ?
- "C'est pour ça que l'écologie est quelque chose de global, qui ne saurait être cantonné dans un ministère qui regarde ça comme une sorte de tour d'où on tire sur l'ensemble de la population. C'est pour cela qu'il faut que je travaille avec N. Fontaine, ma collègue de l'Industrie ; qu'il faut que je travaille avec F. Fillon, Affaires sociales, Formation professionnelle ; qu'il faut que je travaille avec C. Haigneré, dans la Recherche. Et qu'en aucun cas, je ne saurai traiter ces problèmes environnementaux en étant seule, et en jetant l'anathème sur les uns ou sur les autres."
Mais sans jeter "l'anathème", c'est vraiment "un problème transversal" comme on dit, il y a toujours des heurts quand plusieurs ministères interviennent. En l'occurrence, là, c'est un problème grave puisqu'il s'agit de pollution. Aujourd'hui, pour les usines qui sont classées "Seveso II", la réglementation n'est pas appliquée... Alors, vous, vous voulez aller plus loin, vous voulez aller au niveau de la sous-traitance... Comment ferez-vous pour vous faire entendre ?
- "Je crois que la prise de conscience est forte. Je suis allée au Conseil européen des ministres de l'Environnement, la semaine dernière, il y a quelques jours, et j'ai préconisé le durcissement des mesures "Seveso II" sur le nitrate d'ammonium, qui était une substance mise en cause dans le sinistre d'AZF. J'étais seule, isolée contre les 14 ministres de l'Environnement européens. A la fin du Sommet, ils étaient d'accord avec moi et nous avons voté tous ensemble, nous avons accepté la création d'une nouvelle classe de nitrate d'ammonium pour renforcer les mesures sur les sites "Seveso II". Vous voyez que quand on a un bon dossier, un dossier fondé sur une expertise scientifique, on peut convaincre au nom de l'intérêt général."
Et la France se veut en pointe dans ce domaine ?
- "La France est en pointe, car elle a aussi beaucoup souffert de ce sinistre industriel."
La loi sur les décharges sauvages n'est pas appliquée...
- "Non, les décharges sauvages sont interdites..."
Elles devaient disparaître d'ici le mois de juillet 2002...
- "Voilà. Les décharges autorisées se doivent, à partir de 2002, de ne stocker que des déchets dits "ultimes", c'est-à-dire traités. Or, si la loi en dix ans a eu un certain nombre d'effets, puisque maintenant 40 millions de Français, les deux tiers des Français, font de la collecte sélective de déchets - vous allez me dire que si 40 millions de Français font de la collective sélective, ça veut dire quand même que 20 millions n'en font pas ! -, et il y a déchetteries qui acceptent des déchets dits "non ultimes", non traités. Donc, j'avais deux possibilités : soit faire fermer ces déchetteries - où les déchets auraient été déposés ? De façon sauvage..."
Cela ne manque pas !
- "Oui, mais ça, c'est interdit. Les préfets doivent agir en ce sens. Soit donner encore un délai supplémentaire et dire que la loi vaudra encore pour deux ans ? Et on se serait retrouvé au même point. J'ai choisi une autre méthode, j'ai dit aux préfets : en trois mois, vous me présentez un plan sur ces déchetteries qui mettent en stockage des déchets "non ultimes". Faudra-t-il pour certaines un an, deux ans, trois ans ? On ne sait pas. Vous traiterez chaque problème au cas par cas. Dans un souci de dialogue, de concertation. Et vous rendrez des comptes. Je crois qu'il faut ni laisser aller, ni donner aux gens des objectifs qu'ils ne peuvent pas tenir. C'est peut-être ça une nouvelle façon de gouverner, c'est peut-être ça ma méthode."
Et vous allez tenir les objectifs ?
- "Oui, j'en suis sûre."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 juillet 2002)
- "Bonjour d'abord, A. Hausser. Mes sentiments sont mélangés entre la nostalgie et, ma foi, la joie. Puisque je fais partie du comité des fondateurs de l'UMP. Cela a donc été pour moi une volonté politique très forte que la création de l'UMP. Mais on a toujours effectivement, quand on est issu de cette famille du Rassemblement pour la République, des sentiments mêlés."
C'est-à-dire ? La spécificité gaulliste ne pourra plus se faire entendre ?
- "J'ai le sentiment que ma spécificité gaulliste en tout cas, ce que j'estime être mes racines, vivra toujours en moi."
C'est-à-dire ?
- "Cette soif de liberté, de solidarité, d'indépendance de mon pays, d'humanisme aussi que représente le général de Gaulle. Mais vous savez, maintenant tout le monde est gaulliste. Alors..."
Oui, mais on dit que l'UMP marche à la baguette ?
- "Ah bon ?!"
Oui.
- "Je n'ai pas l'air d'une femme fouettée ! Alors, donc ça doit aller."
Pas vous, mais les députés en tout cas, même si on ne les fouette pas ! Revenons-en à l'écologie... Cela ne s'appelle plus "l'Environnement". Pourquoi ?
- "L'écologie, c'est une dimension plus vaste, presque philosophique..."
Plus flou peut-être aussi ?
- "Non, l'écologie est aussi une science. C'est vouloir faire sortir ce ministère de son côté politicien, pour dire que l'écologie est à tout le monde. C'est une vision dynamique qui s'inscrit dans le passé, qui traite le présent, mais qui aussi, avec le développement durable, veut léguer à nos enfants des ressources, une planète en bon état."
Pourtant, l'écologie, c'est l'environnement ?
- "L'environnement est une partie de l'écologie..."
L'environnement, c'est le traitement des déchets, on va en parler. Hier, vous avez annoncé une loi sur la sécurité industrielle. Faut-il que chaque ministre ait sa loi ou est-ce que vraiment il y a un manque ? Qu'est-ce qui manque exactement ?
- "Il ne s'agit pas que chaque ministre ait sa loi. Il s'agit que chaque ministre traite les problèmes qui lui sont confiés. Or, après le drame d'AZF, à Toulouse - 30 morts, 30.00 blessés, encore des gens qui, à Toulouse, ont dans leur chair ces stigmates, des dégâts considérables -, on s'est bien rendu compte qu'il y avait un certain nombre de dysfonctionnements. Donc, il y avait un projet de loi sur la sécurité industrielle qui a été fait un peu dans la hâte. J'ai souhaité le remanier, y réfléchir en privilégiant plusieurs thèmes. D'abord, de la prévention : il faut d'abord diminuer le risque industriel. Avant de guérir, il faut prévenir. Ensuite, il faut sans doute, tenir compte beaucoup plus qu'on ne l'a fait du facteur humain. J'ai remarqué, en allant dans la région Rhône-Alpes, en allant à Lyon, hier, que quand on faisait des inspections, on s'occupait beaucoup de la qualité des tuyaux, des vannes, des valves, du matériel, mais peu du facteur humain. On s'est rendu compte, à Toulouse par exemple, que la question de formation des personnels, que l'intervention massive de sous-traitants, peu formés, d'erreurs dans la hiérarchie, dans la hiérarchie des responsabilités, étaient souvent la cause de ces sinistres industriels. Donc, faire attention au facteur humain. Ensuite, associer les gens, associer les populations, dans un souci de concertation et de transparence, pour leur expliquer aussi que "le risque industriel zéro" n'existe pas, qu'il faut l'accepter à condition d'être informé."
Mais quand vous dites "former les gens", est-ce que cela relève de l'environnement, de l'écologie, ou est-ce que cela relève tout simplement de l'éducation ?
- "C'est pour ça que l'écologie est quelque chose de global, qui ne saurait être cantonné dans un ministère qui regarde ça comme une sorte de tour d'où on tire sur l'ensemble de la population. C'est pour cela qu'il faut que je travaille avec N. Fontaine, ma collègue de l'Industrie ; qu'il faut que je travaille avec F. Fillon, Affaires sociales, Formation professionnelle ; qu'il faut que je travaille avec C. Haigneré, dans la Recherche. Et qu'en aucun cas, je ne saurai traiter ces problèmes environnementaux en étant seule, et en jetant l'anathème sur les uns ou sur les autres."
Mais sans jeter "l'anathème", c'est vraiment "un problème transversal" comme on dit, il y a toujours des heurts quand plusieurs ministères interviennent. En l'occurrence, là, c'est un problème grave puisqu'il s'agit de pollution. Aujourd'hui, pour les usines qui sont classées "Seveso II", la réglementation n'est pas appliquée... Alors, vous, vous voulez aller plus loin, vous voulez aller au niveau de la sous-traitance... Comment ferez-vous pour vous faire entendre ?
- "Je crois que la prise de conscience est forte. Je suis allée au Conseil européen des ministres de l'Environnement, la semaine dernière, il y a quelques jours, et j'ai préconisé le durcissement des mesures "Seveso II" sur le nitrate d'ammonium, qui était une substance mise en cause dans le sinistre d'AZF. J'étais seule, isolée contre les 14 ministres de l'Environnement européens. A la fin du Sommet, ils étaient d'accord avec moi et nous avons voté tous ensemble, nous avons accepté la création d'une nouvelle classe de nitrate d'ammonium pour renforcer les mesures sur les sites "Seveso II". Vous voyez que quand on a un bon dossier, un dossier fondé sur une expertise scientifique, on peut convaincre au nom de l'intérêt général."
Et la France se veut en pointe dans ce domaine ?
- "La France est en pointe, car elle a aussi beaucoup souffert de ce sinistre industriel."
La loi sur les décharges sauvages n'est pas appliquée...
- "Non, les décharges sauvages sont interdites..."
Elles devaient disparaître d'ici le mois de juillet 2002...
- "Voilà. Les décharges autorisées se doivent, à partir de 2002, de ne stocker que des déchets dits "ultimes", c'est-à-dire traités. Or, si la loi en dix ans a eu un certain nombre d'effets, puisque maintenant 40 millions de Français, les deux tiers des Français, font de la collecte sélective de déchets - vous allez me dire que si 40 millions de Français font de la collective sélective, ça veut dire quand même que 20 millions n'en font pas ! -, et il y a déchetteries qui acceptent des déchets dits "non ultimes", non traités. Donc, j'avais deux possibilités : soit faire fermer ces déchetteries - où les déchets auraient été déposés ? De façon sauvage..."
Cela ne manque pas !
- "Oui, mais ça, c'est interdit. Les préfets doivent agir en ce sens. Soit donner encore un délai supplémentaire et dire que la loi vaudra encore pour deux ans ? Et on se serait retrouvé au même point. J'ai choisi une autre méthode, j'ai dit aux préfets : en trois mois, vous me présentez un plan sur ces déchetteries qui mettent en stockage des déchets "non ultimes". Faudra-t-il pour certaines un an, deux ans, trois ans ? On ne sait pas. Vous traiterez chaque problème au cas par cas. Dans un souci de dialogue, de concertation. Et vous rendrez des comptes. Je crois qu'il faut ni laisser aller, ni donner aux gens des objectifs qu'ils ne peuvent pas tenir. C'est peut-être ça une nouvelle façon de gouverner, c'est peut-être ça ma méthode."
Et vous allez tenir les objectifs ?
- "Oui, j'en suis sûre."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 juillet 2002)