Texte intégral
05/08/2002
QUAND L'ASSEMBLEE SE PRONONCE POUR LA HAUSSE DES SALAIRES
Raffarin et ses ministres peuvent partir ravis en vacances. Ils viennent de se faire voter par l'Assemblée, après seulement 100 jours d'ancienneté, une royale augmentation de 70% de leurs salaires. Quels salariés de la "France d'en bas" dont Raffarin aime à parler, peuvent faire état d'une telle augmentation de leur salaire?
Le scandaleux se mêle au ridicule. Le fait en lui-même est bien sûr plus que choquant mais la manière dont Raffarin s'était d'abord déclaré contre cette augmentation, ajoutant par la suite "qu'il n'était pas demandeur", pour enfin la laisser imposer par l'Assemblée, ne l'est pas moins. Dans ce festival d'hypocrisie, personne n'a été en reste. Charasse, sénateur socialiste et ex-ministre du budget, a été le premier à proposer cette augmentation, façon peut être d'exprimer ses idées sociales. Mais tous les arguments pour justifier cette mesure relèvent du même cynisme.
On a expliqué, par exemple, qu'il s'agissait de compenser la disparition des "fonds secrets", ces fonds distribués aux ministres, qui se partageaient avec leurs collaborateurs des sommes importantes sans le moindre contrôle. Il a même été dit que la revalorisation des salaires ministériels permettrait de prévenir la corruption. Nos ministres seraient-ils donc capables de se livrer à des tripatouillages pour arrondir leurs fins de mois?
Le plus choquant c'est, bien entendu le fait que, il y a quelques semaines, Raffarin s'opposait à tout coup de pouce au SMIC et se déclarait ferme partisan de la rigueur salariale. Il est vrai que l'augmentation des ministres ne touche que le budget de l'Etat, alors que celle du SMIC empiète sur les profits patronaux. Et le gouvernement ne tient pas, mais pas du tout, à prendre la moindre mesure lésant le patronat. C'était le cas de son prédécesseur socialiste. Mais c'est encore plus provoquant aujourd'hui.
Ce n'est quand même pas un hasard si les premières mesures prises par Raffarin concernent les problèmes dits sécuritaires. Aucune ne changera quoi que ce soit à la situation en ce domaine, parce qu'elle laisse en place la misère, qu'elle ne change rien aux délabrements des cités populaires. Parce que l'un des rares moyens de donner une instruction à ces jeunes serait de multiplier le nombre d'enseignants et non pas de multiplier les prisons et les gardiens.
Et ce n'est pas un hasard non plus si les autres mesures prises sont toutes ouvertement en faveur des patrons et des milieux aisés. C'est le cas de la baisse de l'impôt sur le revenu. Il faut dire que le gouvernement de gauche l'avait fait aussi. C'est aussi le cas de la baisse des charges sur l'embauche de jeunes. Chacun sait que cela ne créera pas d'emplois nouveaux, tout au plus une aubaine pour les patrons, qui choisiront, comme à chaque fois, d'embaucher des jeunes à la place de salariés plus âgés.
Raffarin, a affirmé que son bilan, après les premières semaines de gouvernement était mince comparé aux tâches qui l'attendaient. Cela n'est pas pour nous rassurer. D'autant qu'il a déclaré que le dossier auquel il s'attaquerait en priorité à la rentrée serait celui des retraites. On imagine ce que cela veut dire. D'autant mieux que parmi ses proches, se trouvent des hommes comme Balladur et Juppé. Le premier augmenta de 37 ans et 1/2 à 40 ans la durée de cotisations nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein dans le secteur privé. Le second tenta de généraliser cette mesure au secteur public en 1995, mais dû y renoncer, face aux cheminots en grève.
C'est la preuve que le monde du travail dispose des moyens de faire reculer les mesures anti-ouvrières d'un gouvernement, même de droite, quand il réagit collectivement. C'est cette leçon qu'il nous faudra rappeler à Raffarin s'ils tentent de refaire, comme c'est probable, le coup de Balladur et de Juppé.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 9 août 2002)
30 août 2002 - " UN SOMMET DE L'HYPOCRISIE "
Cent chefs d'Etat, dont Chirac, et des dizaines de milliers de personnes sont, paraît-il, attendus à Johannesburg en Afrique du Sud, à ce qu'on appelle pompeusement le "Sommet de la Terre".
Tout le monde le dit, ce sommet est tout aussi inutile que celui de Rio qui l'a précédé, il y a dix ans, en 1992.
L'ONU, organisateur de cette mascarade, n'a vraiment pas honte.
Ce n'est pas qu'il n'y a pas de problèmes concernant l'état de la planète et, surtout, la situation de ceux qui y vivent. Trois milliards d'habitants sur les six que compte la terre ont moins de deux euros par jour pour vivre, et un milliard a moins d'un euro.
Il y aurait assez d'eau douce sur la terre pour que tous ses habitants en disposent, mais 450 millions de personnes en manquent et 1,5 million n'auraient que de l'eau polluée, ce qui est un chiffre largement sous-évalué.
Il faut dire que dix pays disposent à eux seuls de 60 % des réserves d'eau douce. Un habitant des Etats-Unis en gaspille en moyenne 700 litres par jour, un Européen 200 mais, par exemple, un Haïtien n'en a que moins de 20 et c'est de l'eau douce mais pas toujours potable. Et il faut dire que c'est une moyenne et que, dans les quartiers riches autour de Port-au-Prince, des villas entourées de murs possèdent des piscines surveillées par des gardes tandis que la population des bidonvilles doit faire des kilomètres pour rapporter un peu d'eau, et encore, elle est polluée.
L'eau n'est qu'un exemple car il en va de même pour la nourriture. Vingt pour cent de la population mondiale consomment quatre-vingt dix pour cent de tout ce qui est produit.
Pourtant la production, aussi bien agricole qu'industrielle, serait suffisante pour tous. En un siècle, de 1890 à 1990, la population mondiale a été multipliée par 4 mais la richesse l'a été par 14 et la production industrielle par 40 !
Alors, à Johannesburg, il y aura beaucoup de discours, des centaines de résolutions et des tonnes de papier, mais dans dix ans, s'il y a une nouvelle conférence de ce type, rien n'aura changé sinon en pire.
A quoi servent donc les bonnes paroles, lorsqu'on sait qu'aucun des gouvernements qui se réunissent, aucun Etat, ne veut s'opposer à la loi du marché, à celle du profit maximum, qui domine l'économie mondiale. Aucun ne veut obliger les grandes entreprises à respecter l'intérêt général.
On apprend, au détour d'un article, qu'à l'échelle mondiale, le marché des céréales et des grains est détenu par seulement quatre grandes sociétés.
Toucher à ces monopoles serait toucher à la liberté d'entreprendre, à la liberté d'exploiter, à la liberté d'affamer, à la liberté tout court nous disent ceux qui gouvernent et qui, en fait, imposent la dictature du capital.
De fait, l'inégalité économique et sociale est colossale. Par exemple, 258 personnes dans le monde possèdent une fortune supérieure aux revenus de 45 % des plus pauvres.
Le quart de la population mondiale peut crever, deux autres quarts peuvent tout juste survivre, et le quart restant n'avoir qu'une vie à peu près convenable, pour que quelques trusts et quelques milliers de favorisés accroissent leur fortune.
Si l'on veut sauver la planète et les hommes qui l'habitent, il faut imposer à ces entreprises une planification à l'échelle mondiale afin de produire, là où il le faut, ce qui est nécessaire à tous, en recherchant l'intérêt de la collectivité et pas celui de quelques parasites. C'est leur liberté de produire pour le profit qu'il faut supprimer, c'est le seul moyen de défendre l'existence de la planète et celle de ses habitants.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 août 2002)
le 6 septembre - Avec le gouvernement Chirac-Raffarin, la bourgeoisie avance sans masque
Dopé par les 82 % de voix obtenues par Chirac au deuxième tour de la présidentielle avec l'aide de la gauche, le gouvernement Chirac-Raffarin se croit tout permis dans le domaine social.
La dernière des mesures annoncées contre les classes populaires serait la suppression de plusieurs milliers de postes à l'Éducation nationale. Cette déclaration, dimanche matin 1er septembre, de la suppression de 2 à 3 000 postes à l'Éducation nationale a été suivie le soir même d'une explication gênée du ministre qui a prétendu qu'il ne s'agissait pas de postes d'enseignants mais d'administratifs et de surveillants.
Enseignants ou pas, les tâches administratives devront être faites par quelqu'un au détriment du temps consacré à l'instruction. Il est peut-être dans l'intention de Chirac-Raffarin de faire remplacer les surveillants par des policiers ? Mais ceux-là rempliront-ils les papiers administratifs ? Aideront-ils au dialogue avec les élèves ou aux relations avec les parents ?
Le prétexte est une diminution de 21 000 élèves dans le secondaire l'année prochaine. Le ministre affirme que là où le nombre d'élèves augmente, c'est-à-dire dans le primaire, il va créer des postes en plus. Cependant, pour 21 000 élèves de moins dans le secondaire, il va supprimer 3 000 postes, tandis que pour 41 000 élèves en plus dans le primaire il n'en créera que 1 000, c'est-à-dire un poste pour 41 élèves.
Alors, on n'en a pas fini avec les classes surchargées et les élèves en retard scolaire chronique dont les enseignants ne pourront pas s'occuper. Comme si la situation de l'Education nationale était bonne. Comme si tous les enseignants avaient des effectifs d'élèves réduits pour pouvoir donner un enseignement adapté à chaque élève. Les familles aisées peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles privées, mais les autres ?
De plus, c'est dans le primaire que tout se joue et, avec la décentralisation, ce sont les communes qui fournissent les moyens matériels des écoles primaires, et il y a une inégalité criante entre les communes riches et les communes pauvres. La dotation financière annuelle moyenne en équipements matériels varie de 1 à 10 entre les unes et les autres. De toute façon, la dotation en matériel, en livres, en informatique, toujours en moyenne, n'est que de 34 euros par an pour un élève de classe maternelle et de 39 euros par an pour un élève du primaire.
Par ailleurs, le gouvernement prévoit de nouvelles diminutions des charges patronales sur les salaires et une nouvelle diminution d'impôts qui profitera surtout aux contribuables les plus riches, au détriment de tout ce qui est services publics.
L'impôt qui alimente le budget de l'État pourrait permettre une redistribution des richesses par des services publics améliorant la vie de tous, comme justement l'Éducation nationale, les hôpitaux, les transports en commun, les habitations modernes et confortables à loyer modéré. Mais non, tout est détourné au profit de la bourgeoisie et surtout vers les plus riches de ses membres.
Une fois de plus, les partis de gauche, par leur politique au pouvoir, ont mené, à la place de la droite, la politique du patronat contre les travailleurs. Et une fois qu'ils se sont déconsidérés, ils ont perdu leur électorat face à la droite avec, en plus, le déshonneur d'avoir fait voter Chirac, renforçant ainsi, devant l'opinion, l'actuel gouvernement.
Mais tout n'est pas perdu. Le monde du travail n'a rien perdu de sa force même s'il a été trompé par les partis de gauche lorsqu'ils étaient au pouvoir. Il peut faire reculer le gouvernement de droite comme il l'a fait par les grèves de 1995 contre le gouvernement Juppé.
C'est pourquoi nous devons cette année nous préparer à mener, par la lutte et la grève, une contre-offensive contre le patronat et l'État.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 septembre 2002)
13 septembre
La politique que la gauche a mené avec hypocrisie, la droite la continue avec brutalité
Les mesures annoncées par le gouvernement Chirac-Raffarin en cette rentrée de septembre expriment toutes une politique de classe cyniquement affichée. A la baisse de 5 % de l'impôt sur le revenu des plus riches, déjà annoncée en juillet, s'ajoutera une baisse de 2 % de plus pour 2003. Cette baisse se traduit par un cadeau fiscal de millions d'euros pour les hauts revenus, mais de quelques dizaines d'euros pour les salaires moyens et par rien du tout pour ceux qui gagnent trop peu pour payer l'impôt sur le revenu, mais qui payent quand même la TVA. Et ce n'est certainement pas la prime pour l'emploi, cette invention de Fabius reprise par Raffarin, qui compense cette inégalité, d'autant que les retraités n'y ont pas droit.
Le gouvernement se vante d'avoir ramené le taux d'imposition de la tranche supérieure en dessous de la barre de 50 %. Et il ose prétendre que cela " va réhabiliter la valeur du travail ", comme si ses principaux bénéficiaires n'étaient pas ceux qui travaillent le moins, en tout cas le moins dur, et parasitent le plus le travail des autres !
Le prochain budget prévoit également de nouvelles baisses de charges sociales et celle de la taxe professionnelle. Et ce sera aux classes populaires de payer cette générosité à l'égard du patronat.
Le gouvernement a déjà annoncé la réduction des effectifs de l'Education nationale. Il y aura moins d'enseignants pour éduquer, moins de surveillants pour encadrer, mais on punira plus et à un âge plus jeune les gamins que la société laisse à l'abandon. Il y aura moins de logements sociaux, mais un porte-avions nucléaire de plus. Des hôpitaux délabrés mais des sous-marins !
Mais pourquoi donc ce gouvernement se gênerait-il pour prendre aux plus pauvres pour enrichir encore plus les plus riches ? Il n'a aucun mal à se souvenir que toutes ces mesures sont dans la droite ligne de la politique du gouvernement de la gauche. Lorsqu'un porte-parole du Parti Socialiste dénonce comme inégalitaire le projet de baisses d'impôt, le nouveau ministre de l'Economie peut se permettre de rappeler qu'il reprend en gros un projet préparé par Fabius, son prédécesseur socialiste. En s'acheminant vers la privatisation d'Air France, d'EDF-GDF ou de la Snecma, le gouvernement de droite ne fait qu'appliquer des projets de la gauche.
Les partis de gauche dénoncent aujourd'hui la remise en cause de la loi Aubry. Mais qui parmi les travailleurs aurait pu oublier que cette loi, ce n'est pas seulement la réduction des horaires de travail, mais aussi le droit accru pour les patrons de rendre les horaires plus flexibles et d'annualiser le temps de travail ? Et c'est aussi des dizaines de milliards pris dans le budget, c'est-à-dire enlevés aux services publics pour être donnés aux patrons sous prétexte de compensations. Si la droite n'a pas purement et simplement annulé la loi Aubry, c'est que, grâce à elle, les patrons continueront à toucher les subventions en n'ayant même pas à se donner la peine de réduire l'horaire de travail.
La politique propatronale que la gauche a menée hier avec hypocrisie, la droite la mène aujourd'hui avec d'autant plus de brutalité que le Parti Socialiste et le Parti Communiste lui en ont donné les moyens, en aidant Chirac à se faire plébisciter grâce au soutien moral de la gauche.
Mais Chirac-Raffarin auraient tort de présumer de leur force. Ils n'ont certes rien à craindre du côté des grands partis de gauche, qui même dans l'opposition surveillent leur langage pour ne pas déplaire au patronat.
Mais si les travailleurs ont été trompés, ils n'ont rien perdu de leur force. Et le jour où la coupe sera pleine, face aux provocations du patronat et à l'arrogance du gouvernement, face aux licenciements qui se multiplient et aux conditions de vie qui se dégradent, les grands partis de gauche auront peut-être plus de mal à détourner la colère. L'avenir du monde du travail consiste à ne plus croire les bonimenteurs qui prétendent les défendre dans l'opposition pour mieux les trahir au gouvernement. L'avenir, c'est réagir avec ses armes de classe, des grèves généralisées et des manifestations de masse. C'est le seul moyen de faire reculer et le patronat, et le gouvernement.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 septembre 2002)
QUAND L'ASSEMBLEE SE PRONONCE POUR LA HAUSSE DES SALAIRES
Raffarin et ses ministres peuvent partir ravis en vacances. Ils viennent de se faire voter par l'Assemblée, après seulement 100 jours d'ancienneté, une royale augmentation de 70% de leurs salaires. Quels salariés de la "France d'en bas" dont Raffarin aime à parler, peuvent faire état d'une telle augmentation de leur salaire?
Le scandaleux se mêle au ridicule. Le fait en lui-même est bien sûr plus que choquant mais la manière dont Raffarin s'était d'abord déclaré contre cette augmentation, ajoutant par la suite "qu'il n'était pas demandeur", pour enfin la laisser imposer par l'Assemblée, ne l'est pas moins. Dans ce festival d'hypocrisie, personne n'a été en reste. Charasse, sénateur socialiste et ex-ministre du budget, a été le premier à proposer cette augmentation, façon peut être d'exprimer ses idées sociales. Mais tous les arguments pour justifier cette mesure relèvent du même cynisme.
On a expliqué, par exemple, qu'il s'agissait de compenser la disparition des "fonds secrets", ces fonds distribués aux ministres, qui se partageaient avec leurs collaborateurs des sommes importantes sans le moindre contrôle. Il a même été dit que la revalorisation des salaires ministériels permettrait de prévenir la corruption. Nos ministres seraient-ils donc capables de se livrer à des tripatouillages pour arrondir leurs fins de mois?
Le plus choquant c'est, bien entendu le fait que, il y a quelques semaines, Raffarin s'opposait à tout coup de pouce au SMIC et se déclarait ferme partisan de la rigueur salariale. Il est vrai que l'augmentation des ministres ne touche que le budget de l'Etat, alors que celle du SMIC empiète sur les profits patronaux. Et le gouvernement ne tient pas, mais pas du tout, à prendre la moindre mesure lésant le patronat. C'était le cas de son prédécesseur socialiste. Mais c'est encore plus provoquant aujourd'hui.
Ce n'est quand même pas un hasard si les premières mesures prises par Raffarin concernent les problèmes dits sécuritaires. Aucune ne changera quoi que ce soit à la situation en ce domaine, parce qu'elle laisse en place la misère, qu'elle ne change rien aux délabrements des cités populaires. Parce que l'un des rares moyens de donner une instruction à ces jeunes serait de multiplier le nombre d'enseignants et non pas de multiplier les prisons et les gardiens.
Et ce n'est pas un hasard non plus si les autres mesures prises sont toutes ouvertement en faveur des patrons et des milieux aisés. C'est le cas de la baisse de l'impôt sur le revenu. Il faut dire que le gouvernement de gauche l'avait fait aussi. C'est aussi le cas de la baisse des charges sur l'embauche de jeunes. Chacun sait que cela ne créera pas d'emplois nouveaux, tout au plus une aubaine pour les patrons, qui choisiront, comme à chaque fois, d'embaucher des jeunes à la place de salariés plus âgés.
Raffarin, a affirmé que son bilan, après les premières semaines de gouvernement était mince comparé aux tâches qui l'attendaient. Cela n'est pas pour nous rassurer. D'autant qu'il a déclaré que le dossier auquel il s'attaquerait en priorité à la rentrée serait celui des retraites. On imagine ce que cela veut dire. D'autant mieux que parmi ses proches, se trouvent des hommes comme Balladur et Juppé. Le premier augmenta de 37 ans et 1/2 à 40 ans la durée de cotisations nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein dans le secteur privé. Le second tenta de généraliser cette mesure au secteur public en 1995, mais dû y renoncer, face aux cheminots en grève.
C'est la preuve que le monde du travail dispose des moyens de faire reculer les mesures anti-ouvrières d'un gouvernement, même de droite, quand il réagit collectivement. C'est cette leçon qu'il nous faudra rappeler à Raffarin s'ils tentent de refaire, comme c'est probable, le coup de Balladur et de Juppé.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 9 août 2002)
30 août 2002 - " UN SOMMET DE L'HYPOCRISIE "
Cent chefs d'Etat, dont Chirac, et des dizaines de milliers de personnes sont, paraît-il, attendus à Johannesburg en Afrique du Sud, à ce qu'on appelle pompeusement le "Sommet de la Terre".
Tout le monde le dit, ce sommet est tout aussi inutile que celui de Rio qui l'a précédé, il y a dix ans, en 1992.
L'ONU, organisateur de cette mascarade, n'a vraiment pas honte.
Ce n'est pas qu'il n'y a pas de problèmes concernant l'état de la planète et, surtout, la situation de ceux qui y vivent. Trois milliards d'habitants sur les six que compte la terre ont moins de deux euros par jour pour vivre, et un milliard a moins d'un euro.
Il y aurait assez d'eau douce sur la terre pour que tous ses habitants en disposent, mais 450 millions de personnes en manquent et 1,5 million n'auraient que de l'eau polluée, ce qui est un chiffre largement sous-évalué.
Il faut dire que dix pays disposent à eux seuls de 60 % des réserves d'eau douce. Un habitant des Etats-Unis en gaspille en moyenne 700 litres par jour, un Européen 200 mais, par exemple, un Haïtien n'en a que moins de 20 et c'est de l'eau douce mais pas toujours potable. Et il faut dire que c'est une moyenne et que, dans les quartiers riches autour de Port-au-Prince, des villas entourées de murs possèdent des piscines surveillées par des gardes tandis que la population des bidonvilles doit faire des kilomètres pour rapporter un peu d'eau, et encore, elle est polluée.
L'eau n'est qu'un exemple car il en va de même pour la nourriture. Vingt pour cent de la population mondiale consomment quatre-vingt dix pour cent de tout ce qui est produit.
Pourtant la production, aussi bien agricole qu'industrielle, serait suffisante pour tous. En un siècle, de 1890 à 1990, la population mondiale a été multipliée par 4 mais la richesse l'a été par 14 et la production industrielle par 40 !
Alors, à Johannesburg, il y aura beaucoup de discours, des centaines de résolutions et des tonnes de papier, mais dans dix ans, s'il y a une nouvelle conférence de ce type, rien n'aura changé sinon en pire.
A quoi servent donc les bonnes paroles, lorsqu'on sait qu'aucun des gouvernements qui se réunissent, aucun Etat, ne veut s'opposer à la loi du marché, à celle du profit maximum, qui domine l'économie mondiale. Aucun ne veut obliger les grandes entreprises à respecter l'intérêt général.
On apprend, au détour d'un article, qu'à l'échelle mondiale, le marché des céréales et des grains est détenu par seulement quatre grandes sociétés.
Toucher à ces monopoles serait toucher à la liberté d'entreprendre, à la liberté d'exploiter, à la liberté d'affamer, à la liberté tout court nous disent ceux qui gouvernent et qui, en fait, imposent la dictature du capital.
De fait, l'inégalité économique et sociale est colossale. Par exemple, 258 personnes dans le monde possèdent une fortune supérieure aux revenus de 45 % des plus pauvres.
Le quart de la population mondiale peut crever, deux autres quarts peuvent tout juste survivre, et le quart restant n'avoir qu'une vie à peu près convenable, pour que quelques trusts et quelques milliers de favorisés accroissent leur fortune.
Si l'on veut sauver la planète et les hommes qui l'habitent, il faut imposer à ces entreprises une planification à l'échelle mondiale afin de produire, là où il le faut, ce qui est nécessaire à tous, en recherchant l'intérêt de la collectivité et pas celui de quelques parasites. C'est leur liberté de produire pour le profit qu'il faut supprimer, c'est le seul moyen de défendre l'existence de la planète et celle de ses habitants.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 août 2002)
le 6 septembre - Avec le gouvernement Chirac-Raffarin, la bourgeoisie avance sans masque
Dopé par les 82 % de voix obtenues par Chirac au deuxième tour de la présidentielle avec l'aide de la gauche, le gouvernement Chirac-Raffarin se croit tout permis dans le domaine social.
La dernière des mesures annoncées contre les classes populaires serait la suppression de plusieurs milliers de postes à l'Éducation nationale. Cette déclaration, dimanche matin 1er septembre, de la suppression de 2 à 3 000 postes à l'Éducation nationale a été suivie le soir même d'une explication gênée du ministre qui a prétendu qu'il ne s'agissait pas de postes d'enseignants mais d'administratifs et de surveillants.
Enseignants ou pas, les tâches administratives devront être faites par quelqu'un au détriment du temps consacré à l'instruction. Il est peut-être dans l'intention de Chirac-Raffarin de faire remplacer les surveillants par des policiers ? Mais ceux-là rempliront-ils les papiers administratifs ? Aideront-ils au dialogue avec les élèves ou aux relations avec les parents ?
Le prétexte est une diminution de 21 000 élèves dans le secondaire l'année prochaine. Le ministre affirme que là où le nombre d'élèves augmente, c'est-à-dire dans le primaire, il va créer des postes en plus. Cependant, pour 21 000 élèves de moins dans le secondaire, il va supprimer 3 000 postes, tandis que pour 41 000 élèves en plus dans le primaire il n'en créera que 1 000, c'est-à-dire un poste pour 41 élèves.
Alors, on n'en a pas fini avec les classes surchargées et les élèves en retard scolaire chronique dont les enseignants ne pourront pas s'occuper. Comme si la situation de l'Education nationale était bonne. Comme si tous les enseignants avaient des effectifs d'élèves réduits pour pouvoir donner un enseignement adapté à chaque élève. Les familles aisées peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles privées, mais les autres ?
De plus, c'est dans le primaire que tout se joue et, avec la décentralisation, ce sont les communes qui fournissent les moyens matériels des écoles primaires, et il y a une inégalité criante entre les communes riches et les communes pauvres. La dotation financière annuelle moyenne en équipements matériels varie de 1 à 10 entre les unes et les autres. De toute façon, la dotation en matériel, en livres, en informatique, toujours en moyenne, n'est que de 34 euros par an pour un élève de classe maternelle et de 39 euros par an pour un élève du primaire.
Par ailleurs, le gouvernement prévoit de nouvelles diminutions des charges patronales sur les salaires et une nouvelle diminution d'impôts qui profitera surtout aux contribuables les plus riches, au détriment de tout ce qui est services publics.
L'impôt qui alimente le budget de l'État pourrait permettre une redistribution des richesses par des services publics améliorant la vie de tous, comme justement l'Éducation nationale, les hôpitaux, les transports en commun, les habitations modernes et confortables à loyer modéré. Mais non, tout est détourné au profit de la bourgeoisie et surtout vers les plus riches de ses membres.
Une fois de plus, les partis de gauche, par leur politique au pouvoir, ont mené, à la place de la droite, la politique du patronat contre les travailleurs. Et une fois qu'ils se sont déconsidérés, ils ont perdu leur électorat face à la droite avec, en plus, le déshonneur d'avoir fait voter Chirac, renforçant ainsi, devant l'opinion, l'actuel gouvernement.
Mais tout n'est pas perdu. Le monde du travail n'a rien perdu de sa force même s'il a été trompé par les partis de gauche lorsqu'ils étaient au pouvoir. Il peut faire reculer le gouvernement de droite comme il l'a fait par les grèves de 1995 contre le gouvernement Juppé.
C'est pourquoi nous devons cette année nous préparer à mener, par la lutte et la grève, une contre-offensive contre le patronat et l'État.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 septembre 2002)
13 septembre
La politique que la gauche a mené avec hypocrisie, la droite la continue avec brutalité
Les mesures annoncées par le gouvernement Chirac-Raffarin en cette rentrée de septembre expriment toutes une politique de classe cyniquement affichée. A la baisse de 5 % de l'impôt sur le revenu des plus riches, déjà annoncée en juillet, s'ajoutera une baisse de 2 % de plus pour 2003. Cette baisse se traduit par un cadeau fiscal de millions d'euros pour les hauts revenus, mais de quelques dizaines d'euros pour les salaires moyens et par rien du tout pour ceux qui gagnent trop peu pour payer l'impôt sur le revenu, mais qui payent quand même la TVA. Et ce n'est certainement pas la prime pour l'emploi, cette invention de Fabius reprise par Raffarin, qui compense cette inégalité, d'autant que les retraités n'y ont pas droit.
Le gouvernement se vante d'avoir ramené le taux d'imposition de la tranche supérieure en dessous de la barre de 50 %. Et il ose prétendre que cela " va réhabiliter la valeur du travail ", comme si ses principaux bénéficiaires n'étaient pas ceux qui travaillent le moins, en tout cas le moins dur, et parasitent le plus le travail des autres !
Le prochain budget prévoit également de nouvelles baisses de charges sociales et celle de la taxe professionnelle. Et ce sera aux classes populaires de payer cette générosité à l'égard du patronat.
Le gouvernement a déjà annoncé la réduction des effectifs de l'Education nationale. Il y aura moins d'enseignants pour éduquer, moins de surveillants pour encadrer, mais on punira plus et à un âge plus jeune les gamins que la société laisse à l'abandon. Il y aura moins de logements sociaux, mais un porte-avions nucléaire de plus. Des hôpitaux délabrés mais des sous-marins !
Mais pourquoi donc ce gouvernement se gênerait-il pour prendre aux plus pauvres pour enrichir encore plus les plus riches ? Il n'a aucun mal à se souvenir que toutes ces mesures sont dans la droite ligne de la politique du gouvernement de la gauche. Lorsqu'un porte-parole du Parti Socialiste dénonce comme inégalitaire le projet de baisses d'impôt, le nouveau ministre de l'Economie peut se permettre de rappeler qu'il reprend en gros un projet préparé par Fabius, son prédécesseur socialiste. En s'acheminant vers la privatisation d'Air France, d'EDF-GDF ou de la Snecma, le gouvernement de droite ne fait qu'appliquer des projets de la gauche.
Les partis de gauche dénoncent aujourd'hui la remise en cause de la loi Aubry. Mais qui parmi les travailleurs aurait pu oublier que cette loi, ce n'est pas seulement la réduction des horaires de travail, mais aussi le droit accru pour les patrons de rendre les horaires plus flexibles et d'annualiser le temps de travail ? Et c'est aussi des dizaines de milliards pris dans le budget, c'est-à-dire enlevés aux services publics pour être donnés aux patrons sous prétexte de compensations. Si la droite n'a pas purement et simplement annulé la loi Aubry, c'est que, grâce à elle, les patrons continueront à toucher les subventions en n'ayant même pas à se donner la peine de réduire l'horaire de travail.
La politique propatronale que la gauche a menée hier avec hypocrisie, la droite la mène aujourd'hui avec d'autant plus de brutalité que le Parti Socialiste et le Parti Communiste lui en ont donné les moyens, en aidant Chirac à se faire plébisciter grâce au soutien moral de la gauche.
Mais Chirac-Raffarin auraient tort de présumer de leur force. Ils n'ont certes rien à craindre du côté des grands partis de gauche, qui même dans l'opposition surveillent leur langage pour ne pas déplaire au patronat.
Mais si les travailleurs ont été trompés, ils n'ont rien perdu de leur force. Et le jour où la coupe sera pleine, face aux provocations du patronat et à l'arrogance du gouvernement, face aux licenciements qui se multiplient et aux conditions de vie qui se dégradent, les grands partis de gauche auront peut-être plus de mal à détourner la colère. L'avenir du monde du travail consiste à ne plus croire les bonimenteurs qui prétendent les défendre dans l'opposition pour mieux les trahir au gouvernement. L'avenir, c'est réagir avec ses armes de classe, des grèves généralisées et des manifestations de masse. C'est le seul moyen de faire reculer et le patronat, et le gouvernement.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 septembre 2002)