Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Croyez que je mesure l'honneur qui m'est fait de co-présider avec vous l'ouverture de la 10ème session de la commission mixte scientifique et technique franco-chinoise qui va fixer les grandes orientations de notre coopération pour les deux prochaines années.
Comme je vous l'indiquais lors de notre entretien à Paris le 27 septembre dernier, les relations scientifiques et technologiques entre la France et la Chine constituent un élément capital du dialogue global entre nos deux pays tel que l'ont défini les Présidents JIANG ZEMIN et Jacques CHIRAC dans la "Déclaration conjointe pour un partenariat global" signée à Pékin le 16 mai 1997.
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes tous conscients que la France et la Chine ont beaucoup à partager dans le domaine des sciences et de la technologie, en raison de leurs forts potentiels respectifs et des nombreux défis scientifiques et technologiques qui se posent à nos sociétés, et qui exigent des réponses et des programmes d'actions concertés et coordonnés. La 8ème place occupée par la France dans les échanges scientifiques et techniques de la Chine nous semble devoir être corrigée.
La progression croissante de la Chine dans le total des publications scientifiques au niveau mondial est un indicateur tout à fait pertinent des avancées spectaculaires de la recherche chinoise. Je tiens à saluer et à féliciter les chercheurs et techniciens chinois qui ont pris une part prépondérante dans ces avancées scientifiques.
L'entrée de la Chine dans l'OMC constitue pour votre pays une nouvelle étape dans le processus de son ouverture au monde et de nouvelles opportunités pour développer des partenariats internationaux dans tous les domaines, y compris dans le domaine de la science et de la technologie.
Je souhaite, Monsieur le Ministre, détailler davantage à l'occasion de cette commission mixte, l'axe fondamental que constituent pour la France les échanges scientifiques internationaux, dans un monde de plus en plus ouvert à la circulation rapide des compétences et des savoirs.
La mondialisation des échanges ne s'applique, en effet, pas uniquement aux biens de consommation et aux matières premières : elle touche également les connaissances scientifiques et techniques. La recherche et l'innovation sont, vous le savez comme moi, aujourd'hui plus que jamais, des moteurs du développement économique, culturel et social. Les grands défis scientifiques et technologiques qui s'offrent à nous nécessitent, de ce fait, des partenariats resserrés entre chercheurs dépassant le cadre des frontières géographiques. Il me semble tout à fait important, et nous sommes là pour en témoigner aujourd'hui, que la mobilité des élites scientifiques soit comprise moins en termes de " fuite des cerveaux " qu'en termes de chance pour le développement et le rayonnement des pays qui la favorisent.
La France peut être fière de sa longue tradition d'accueil des étudiants étrangers ; elle compte actuellement près de 200 000 étudiants étrangers dans ses universités et grandes écoles, ce qui en fait le deuxième pays d'accueil d'étudiants étrangers en Europe. Je me réjouis de constater que le nombre d'étudiants chinois inscrits dans les universités françaises, bien que globalement encore faible (1,5 % des étudiants étrangers en 2000, tous cycles confondus) a fortement progressé au cours de ces dernières années puisqu'il a été multiplié par quatre depuis 1998 pour atteindre le chiffre de plus de 5 500 étudiants chinois inscrits pour l'année universitaire 2001-2002 en France.
La formation des chercheurs étrangers dans les laboratoires de recherche français constitue une autre grande tradition pour notre pays. Ainsi, en 2000, le CNRS comptait dans sa population globale plus de 5 % de chercheurs étrangers et l'Institut Pasteur un tiers, pour ne citer que ces deux exemples. Notons qu'en 2001, le CNRS a accueilli plus de 130 doctorants, 201 post-docs et 21 chercheurs associés chinois.
Notre pays souhaite maintenir cette tradition d'accueil en favorisant la mobilité des chercheurs, notamment des jeunes doctorants et post-doctorants, par des moyens appropriés. La mise au point de visas spécifiques pour étudiants et chercheurs vise à accroître le nombre d'étudiants étrangers, en particulier chinois, accueillis en France.
Il est bon, je crois, que ces projets puissent s'inscrire dans la durée :
*La science devant être, à nos yeux, au service d'un développement durable, il importe d'identifier entre nos deux pays des partenariats scientifiques et technologiques qui soient adaptés aux enjeux du développement durable. A cet égard, nous souhaitons pleinement nous associer aux programmes de recherche et de développement technologique que vous menez pour préserver l'environnement et maîtriser les risques industriels et naturels. Plusieurs de nos instituts de recherche coopèrent déjà étroitement avec vos laboratoires pour maîtriser la gestion des déchets, contrôler la qualité de l'eau et de l'air, améliorer la sûreté des installations nucléaires, suivre les productions agricoles par télédétection, lutter contre les inondations, étudier l'érosion des sols et mettre au point des techniques agronomiques et aquacoles respectueuses de l'environnement. Nos organismes de recherche et de développement sont prêts à accroître leurs coopérations avec leurs partenaires chinois dans ces domaines et à explorer de nouveaux thèmes de coopération tels que celui du véhicule électrique et des énergies renouvelables. C'est dans cette perspective que je visiterai le Centre franco-chinois de l'énergie et de l'environnement de l'Université Tsinghua de Pékin.
*La création de laboratoires conjoints représente un autre aspect de cette inscription dans la durée car de telles structures permettent de rassembler efficacement les efforts des chercheurs de nos deux pays sur une longue durée. Je citerais à ce propos les exemples du laboratoire conjoint de recherche en informatique, automatique et mathématiques appliquées (LIAMA) de Pékin, du laboratoire conjoint de catalyse de Dahlian, qui associe des chercheurs de l'Académie des Sciences de Chine, du CNRS, de l'entreprise TOTAL, et du Centre sino-français de mathématiques appliquées de l'Université Fudan.
Le futur pôle sino-français des sciences du vivant et de la génomique de Shanghaï est appelé à jouer un rôle identique dans le secteur de la génomique humaine.
*Le dernier aspect sur lequel je souhaite insister concerne la valorisation de l'innovation scientifique et technologique, et la protection des droits de propriété intellectuelle, élément essentiel de tout système de recherche performant orienté vers les besoins de la société. La France, qui a fait de l'innovation un axe majeur de sa politique, a pris des dispositions législatives et incitatives pour soutenir les efforts dans ce domaine, et souhaite les amplifier au cours des prochaines années. Dans cette perspective, je note avec un grand intérêt la perspective de la tenue à Shanghai en décembre prochain d'un séminaire franco-chinois consacré à l'innovation et à la valorisation de la recherche et destiné à permettre un large échange entre les chercheurs et entrepreneurs de nos deux pays sur les enjeux de l'innovation, de la valorisation et de la création d'entreprises.
En ce qui concerne les moyens nécessaires pour soutenir les différents partenariats qui associeront nos chercheurs, je souhaiterais appeler votre attention sur trois outils qui me semblent devoir être privilégiés :
*Le Centre franco-chinois pour la recherche et la technologie, prochainement opérationnel à Pékin ;
*Les nouveaux programmes de recherche en réseaux, P2R, que nous nous proposons de mettre en place de manière bilatérale pour fédérer les efforts de nos organismes de recherche dans des domaines d'action prioritaires. Je souhaite que nous privilégiions quelques projets forts, 3 à 4, financés à bon niveau. La France est prête, pour sa part, à apporter une contribution de 150 000 Euros par projet pour sa durée de 4 ans et globalement 10 financements de bourses post-doctorales par an ;
*Le sixième PCRD, ouvert aux chercheurs étrangers hors Union Européenne.
Je souhaite, pour conclure, un plein succès à cette commission mixte. Je forme le vu que les travaux de ses membres permette d'évaluer les partenariats en cours et de tracer la voie à un renforcement de la coopération scientifique et technologique entre nos deux pays afin qu'ils partagent plus encore dans l'avenir cette culture de l'excellence.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 5 novembre 2002)