Texte intégral
J.-P. Elkabbach-.Entre votre proximité personnelle avec le président Chirac, votre fréquentation politique du Premier ministre et votre fauteuil sur le perchoir de l'Assemblée, vous voyez, vous entendez, vous savez beaucoup. Est-ce qu'il est vrai que, chez eux, sur le terrain, les élus entendent parler d'abord de l'Irak et de la guerre ou est-ce un bobard ?
- "Non, c'est vrai. Quand ils regardent la télévision ou quand ils écoutent la radio, on ne leur parle que de cela. Donc, il est normal qu'ils soient préoccupés. Et c'est préoccupant."
Mais vous pensez qu'on va vers des tensions, une intervention militaire ?
- "Quand vous regardez la télévision, vous voyez qu'on amasse 120 000 militaires aux portes de l'Irak, ce n'est pas pour cueillir des fraises ! C'est certainement avec des intentions d'intervention. La question se pose par rapport à la France où j'entends tout et son contraire. Et vis-à-vis du Parlement - puisque je suis président de l'Assemblée nationale -, je voudrais être très clair. Primo, il y aura un débat au Parlement ; j'ai posé la question lors des voeux au président de la République et il m'a répondu "oui" et il a confirmé cela lors des voeux aux ambassadeurs. Les choses sont claires."
Est-ce qu'il s'agira de demander à la représentation nationale son avis pour s'engager ou pas dans le guerre, c'est-à-dire avant la décision ?
- "Au Parlement, on vote sur un texte, on vote sur une loi ou on vote sur une déclaration de politique générale. La question de savoir aujourd'hui sur quoi on va voter se pose. Si on vote une éventuelle intervention américaine, cela n'a pas de sens. Si on vote sur une éventuelle nouvelle résolution des Nations unies, cela n'a pas de sens. Si on vote sur l'éventualité d'une participation de la France à une intervention militaire qui n'a pas encore eu lieu, cela n'a pas de sens. Par conséquent, au jour d'aujourd'hui, ce qui est acquis, c'est un débat et on verra après s'il est nécessaire d'aller au-delà. C'est de la responsabilité du Gouvernement et, à ce moment-là, le Gouvernement fera..."
Pourquoi est-ce que vous ne demandez pas au Gouvernement d'avoir telle ou telle position et de présenter tel ou tel texte ? Il y a la Constitution pour cela.
- "On sait très bien que la France - et le président de la République - dit qu'il faut une résolution des Nations unies, que le vote important va être au Conseil de sécurité des Nations unies, que pour l'instant il n'est pas question de prendre une position tant que les inspecteurs des Nations unies n'ont pas rendu leur rapport ou si les Américains ont connaissance de faits précis quant à des armes de destruction massive, qu'ils en fournissent les éléments. Or, aujourd'hui, rien n'a été transmis par les inspecteurs des Nations unies ; même ceux-ci demandent une prolongation de leurs délais pour pouvoir mieux faire leurs investigations."
On sait bien que leur donner un délai, c'est retarder le temps de la réponse militaire. Et vous disiez vous-même que G. Bush, en ce moment, renforce et déploie ses armées dans le Golfe.
- "Je vois d'une part les Américains qui renforcent leur arsenal militaire. Mais je vois aussi que la position de la France, telle qu'elle a été exprimée par le président de la République, qui est de dire que c'est aux Nations unies, à la suite d'une résolution, de prendre ces décisions, le temps n'est pas arrivé. Et c'est par rapport à ce temps-là que le Parlement français prendra ses décisions."
Donc, vous dites à l'opposition qui vous réclamait hier encore un débat et un vote qu'il y aura débat mais peut-être pas de vote ?
- "Je dis à l'opposition qu'il faut être très clair : à l'heure d'aujourd'hui, oui à un débat ; c'est nécessaire et le président de la République l'a souhaité. Pour ce qui concerne le vote, c'est la responsabilité du Gouvernement et on ne vote pas sur un texte ou une déclaration de politique générale."
Mais est-ce que vous demandez au Gouvernement qu'il y ait un vote ?
- "Moi, je ne demande rien pour l'instant. Je demande qu'il n'y ait pas la guerre."
Ça, on le dira à M. Bush... Débat à l'Assemblée nationale cet après-midi sur le plan Sécurité. La délinquance a baissé en ville, augmenté à la campagne et en banlieue. Il y a peut-être un début d'infléchissement de l'insécurité. Est-ce que la majorité UMP que vous voyez de haut, parfois indisciplinée, parfois bouillonnante pense que N. Sarkozy réussit ?
- "Le problème n'est pas de savoir si N. Sarkozy réussit ou pas. Le problème est de savoir si nous avons aujourd'hui les moyens nécessaires pour mieux lutter contre l'insécurité. Or nous ne les avons pas et N. Sarkozy, très intelligemment, est en train de modifier notre législation pour donner aux services de police et de gendarmerie les moyens pratiques, précis, pour traquer les délinquants. Quand j'entends les gens qui nous disent que les droits de l'homme sont attaqués ou mis à mal par ce projet de loi, je dis d'abord que ceux qui mettent en cause les droits de l'homme, ce sont les délinquants. Donc, il faut être plus efficace dans la lutte contre l'insécurité. N. Sarkozy a raison."
Donc, cet après midi, il faut voter le texte de sécurité à la Sarkozy ?
- "Pas cet après-midi, parce qu'on commence à discuter. Mais oui, il faut le voter, il faut donner aux policiers et aux gendarmes les moyens de leur mission."
Les retraites : y aura-t-il un vote au Parlement ?
- "Naturellement. Je ne comprends pas ce qui se passe actuellement. J'entends M. Blondel dire que ce ne sont pas aux politiques de s'intéresser à ce sujet. Les syndicats veulent capter ce sujet. Mais les retraites intéressent tous les Français ! Nous avons eu des élections législatives il y a quelques mois, et nous avons reçu mandat de chaque Français pour régler les problèmes auxquels ils sont confrontés. Et le premier de ces problèmes, c'est celui des retraites car, compte tenu de la démographie, on ne pourra pas, dans six ans ou dans moins de six ans, régler les retraites."
Donc, la décision ne revient pas aux syndicats ?
- "Non, nous sommes en démocratie. C'est aux politiques de prendre leurs responsabilités. Et moi, je souhaite très profondément qu'on arrête de faire des commissions, des colloques et qu'enfin, on prenne les décisions."
Donc, pour vous, l'avenir des retraites est une affaire trop sérieuse et trop générale pour ne pas la laisser, d'abord, aux politiques plus qu'aux syndicats ?
- "Je ne dis pas ça. Je dis que c'est la responsabilité politique et que c'est à chacun, s'il a quelque chose à dire, de le dire, syndicats ou non syndicat."
Aujourd'hui, à Tours, le Medef va reconduire E.-A. Seillière à sa tête pour trois ans. Que le premier à le féliciter sur place et à s'adresser aux chefs d'entreprise soit J.-P. Raffarin, cela vous paraît normal ?
- "J.-P. Raffarin fait ce qu'il veut. Moi, je suis ravi pour le Medef qu'E.-A. Seillière soit réélu. C'est la responsabilité du Medef, ce n'est pas la mienne."
Vous allez lire demain "collusion"...
- "Je crois qu'E.-A. Seillière fait bien son travail au même titre que le responsable de la CGT. Ce sont des responsables professionnels et, par conséquent, ils font entendre la voix de leurs mandants."
Est-ce que J.-P. Raffarin vous a converti enfin à la décentralisation ?
- "Je ne suis pas hostile à la décentralisation..."
A sa décentralisation ?
- "Je crois qu'avant la décentralisation, il y a besoin d'un travail de simplification des procédures administratives."
C'est-à-dire que la décentralisation, selon vous, n'arrange rien, elle complique ?
- "La décentralisation n'a d'intérêt que si elle est précédée d'un travail essentiel de simplification des procédures et des échelons administratifs. Nous avons les communes, les communautés d'agglomération, les communautés de communes, les cantons, les circonscriptions, les départements, la région, la nation, l'Europe : c'est trop d'échelons administratifs."
Vous le dites à J.-P. Raffarin ?
- "Naturellement."
Est-ce que vous n'allez pas être dans une situation plutôt comique, au congrès, à Versailles, le mois prochain ? Vous allez présider une réunion des deux assemblées sur l'accélération de la décentralisation que vous désapprouvez ?
- "Je viens de vous dire que je ne suis pas contre la décentralisation ; je préférerais qu'elle soit précédée d'une phase de simplification administrative. Je pense que le mandat que les Français nous ont lancé lors des dernières élections est double : d'une part, restaurer l'autorité de l'Etat et d'autre part, que les fonctionnaires soient plus responsables et que les procédures soient plus simples, qu'on fasse confiance aux Français."
Le président préside mais il ne vote pas, c'est une chance parce que vous ne l'auriez pas votée ?
- "Puisque je préside, laissez-moi présider."
Le 22 janvier, dans huit jours, à Versailles, cela va être plus simple : vous allez présider une réunion mixte, députés allemands, députés français - Bundestag-Assemblée, pour les 40 ans de l'accord de Gaulle-Adenauer. Ce sera une image assez historique.
- "Oui, c'est très important. C'est de montrer que les Allemands et les Français cheminent ensemble vers l'Union européenne et dans l'Union européenne, et qu'il n'y a pas de construction de l'Europe sans un profond accord entre la France et l'Allemagne."
Est-ce que cela veut dire que c'est le début d'une nouvelle habitude : réunir les Parlements nationaux quand il y aura des problèmes intéressants pour les deux, ou des problèmes de l'Europe ?
- "Je crois qu'il est très important, aujourd'hui, que les Parlements, notamment français et allemands, se réunissent chaque fois qu'il y a des questions qui interpellent l'opinion publique, la conscience des Européens."
Monsieur Chirac invite ce soir à dîner le chancelier Schröder. Le président de la République paraît décidé à relancer les relations entre Paris et Berlin qui sont souvent fraîches. Comment ?
- "Par ses contacts, par une coordination complète des gouvernements, par justement ce rapprochement entre les représentants de la Nation, par une conception qui est la nôtre, qui est de faire en sorte que l'histoire ne vienne pas perturber l'avenir. Nous sommes européens, nous sommes convaincus qu'il faut construire l'Europe, naturellement avec les Allemands, naturellement avec les autres partenaires, mais que s'il n'y a pas une entente parfaite entre Allemands et Français, l'Europe ne pourra pas avancer."
Quand vous étiez petit, vous avez vu le chancelier Adenauer ?
- "J'ai vu le chancelier Adenauer et j'ai vu de Gaulle et Adenauer, et j'ai compris, ce jour-là, qu'au-delà du destin des hommes, il fallait penser au destin de l'Europe et de la France."
Ah, que c'est beau !...
- "Non, ce n'est pas beau mais c'est exigeant. Je n'appartiens pas à cette génération, mais j'ai vu, par mes parents et grands-parents, ce que la guerre pouvait semer de drames, de haines et de souffrances. Et moi, je ne veux plus de cette guerre."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 janvier 2003)
- "Non, c'est vrai. Quand ils regardent la télévision ou quand ils écoutent la radio, on ne leur parle que de cela. Donc, il est normal qu'ils soient préoccupés. Et c'est préoccupant."
Mais vous pensez qu'on va vers des tensions, une intervention militaire ?
- "Quand vous regardez la télévision, vous voyez qu'on amasse 120 000 militaires aux portes de l'Irak, ce n'est pas pour cueillir des fraises ! C'est certainement avec des intentions d'intervention. La question se pose par rapport à la France où j'entends tout et son contraire. Et vis-à-vis du Parlement - puisque je suis président de l'Assemblée nationale -, je voudrais être très clair. Primo, il y aura un débat au Parlement ; j'ai posé la question lors des voeux au président de la République et il m'a répondu "oui" et il a confirmé cela lors des voeux aux ambassadeurs. Les choses sont claires."
Est-ce qu'il s'agira de demander à la représentation nationale son avis pour s'engager ou pas dans le guerre, c'est-à-dire avant la décision ?
- "Au Parlement, on vote sur un texte, on vote sur une loi ou on vote sur une déclaration de politique générale. La question de savoir aujourd'hui sur quoi on va voter se pose. Si on vote une éventuelle intervention américaine, cela n'a pas de sens. Si on vote sur une éventuelle nouvelle résolution des Nations unies, cela n'a pas de sens. Si on vote sur l'éventualité d'une participation de la France à une intervention militaire qui n'a pas encore eu lieu, cela n'a pas de sens. Par conséquent, au jour d'aujourd'hui, ce qui est acquis, c'est un débat et on verra après s'il est nécessaire d'aller au-delà. C'est de la responsabilité du Gouvernement et, à ce moment-là, le Gouvernement fera..."
Pourquoi est-ce que vous ne demandez pas au Gouvernement d'avoir telle ou telle position et de présenter tel ou tel texte ? Il y a la Constitution pour cela.
- "On sait très bien que la France - et le président de la République - dit qu'il faut une résolution des Nations unies, que le vote important va être au Conseil de sécurité des Nations unies, que pour l'instant il n'est pas question de prendre une position tant que les inspecteurs des Nations unies n'ont pas rendu leur rapport ou si les Américains ont connaissance de faits précis quant à des armes de destruction massive, qu'ils en fournissent les éléments. Or, aujourd'hui, rien n'a été transmis par les inspecteurs des Nations unies ; même ceux-ci demandent une prolongation de leurs délais pour pouvoir mieux faire leurs investigations."
On sait bien que leur donner un délai, c'est retarder le temps de la réponse militaire. Et vous disiez vous-même que G. Bush, en ce moment, renforce et déploie ses armées dans le Golfe.
- "Je vois d'une part les Américains qui renforcent leur arsenal militaire. Mais je vois aussi que la position de la France, telle qu'elle a été exprimée par le président de la République, qui est de dire que c'est aux Nations unies, à la suite d'une résolution, de prendre ces décisions, le temps n'est pas arrivé. Et c'est par rapport à ce temps-là que le Parlement français prendra ses décisions."
Donc, vous dites à l'opposition qui vous réclamait hier encore un débat et un vote qu'il y aura débat mais peut-être pas de vote ?
- "Je dis à l'opposition qu'il faut être très clair : à l'heure d'aujourd'hui, oui à un débat ; c'est nécessaire et le président de la République l'a souhaité. Pour ce qui concerne le vote, c'est la responsabilité du Gouvernement et on ne vote pas sur un texte ou une déclaration de politique générale."
Mais est-ce que vous demandez au Gouvernement qu'il y ait un vote ?
- "Moi, je ne demande rien pour l'instant. Je demande qu'il n'y ait pas la guerre."
Ça, on le dira à M. Bush... Débat à l'Assemblée nationale cet après-midi sur le plan Sécurité. La délinquance a baissé en ville, augmenté à la campagne et en banlieue. Il y a peut-être un début d'infléchissement de l'insécurité. Est-ce que la majorité UMP que vous voyez de haut, parfois indisciplinée, parfois bouillonnante pense que N. Sarkozy réussit ?
- "Le problème n'est pas de savoir si N. Sarkozy réussit ou pas. Le problème est de savoir si nous avons aujourd'hui les moyens nécessaires pour mieux lutter contre l'insécurité. Or nous ne les avons pas et N. Sarkozy, très intelligemment, est en train de modifier notre législation pour donner aux services de police et de gendarmerie les moyens pratiques, précis, pour traquer les délinquants. Quand j'entends les gens qui nous disent que les droits de l'homme sont attaqués ou mis à mal par ce projet de loi, je dis d'abord que ceux qui mettent en cause les droits de l'homme, ce sont les délinquants. Donc, il faut être plus efficace dans la lutte contre l'insécurité. N. Sarkozy a raison."
Donc, cet après midi, il faut voter le texte de sécurité à la Sarkozy ?
- "Pas cet après-midi, parce qu'on commence à discuter. Mais oui, il faut le voter, il faut donner aux policiers et aux gendarmes les moyens de leur mission."
Les retraites : y aura-t-il un vote au Parlement ?
- "Naturellement. Je ne comprends pas ce qui se passe actuellement. J'entends M. Blondel dire que ce ne sont pas aux politiques de s'intéresser à ce sujet. Les syndicats veulent capter ce sujet. Mais les retraites intéressent tous les Français ! Nous avons eu des élections législatives il y a quelques mois, et nous avons reçu mandat de chaque Français pour régler les problèmes auxquels ils sont confrontés. Et le premier de ces problèmes, c'est celui des retraites car, compte tenu de la démographie, on ne pourra pas, dans six ans ou dans moins de six ans, régler les retraites."
Donc, la décision ne revient pas aux syndicats ?
- "Non, nous sommes en démocratie. C'est aux politiques de prendre leurs responsabilités. Et moi, je souhaite très profondément qu'on arrête de faire des commissions, des colloques et qu'enfin, on prenne les décisions."
Donc, pour vous, l'avenir des retraites est une affaire trop sérieuse et trop générale pour ne pas la laisser, d'abord, aux politiques plus qu'aux syndicats ?
- "Je ne dis pas ça. Je dis que c'est la responsabilité politique et que c'est à chacun, s'il a quelque chose à dire, de le dire, syndicats ou non syndicat."
Aujourd'hui, à Tours, le Medef va reconduire E.-A. Seillière à sa tête pour trois ans. Que le premier à le féliciter sur place et à s'adresser aux chefs d'entreprise soit J.-P. Raffarin, cela vous paraît normal ?
- "J.-P. Raffarin fait ce qu'il veut. Moi, je suis ravi pour le Medef qu'E.-A. Seillière soit réélu. C'est la responsabilité du Medef, ce n'est pas la mienne."
Vous allez lire demain "collusion"...
- "Je crois qu'E.-A. Seillière fait bien son travail au même titre que le responsable de la CGT. Ce sont des responsables professionnels et, par conséquent, ils font entendre la voix de leurs mandants."
Est-ce que J.-P. Raffarin vous a converti enfin à la décentralisation ?
- "Je ne suis pas hostile à la décentralisation..."
A sa décentralisation ?
- "Je crois qu'avant la décentralisation, il y a besoin d'un travail de simplification des procédures administratives."
C'est-à-dire que la décentralisation, selon vous, n'arrange rien, elle complique ?
- "La décentralisation n'a d'intérêt que si elle est précédée d'un travail essentiel de simplification des procédures et des échelons administratifs. Nous avons les communes, les communautés d'agglomération, les communautés de communes, les cantons, les circonscriptions, les départements, la région, la nation, l'Europe : c'est trop d'échelons administratifs."
Vous le dites à J.-P. Raffarin ?
- "Naturellement."
Est-ce que vous n'allez pas être dans une situation plutôt comique, au congrès, à Versailles, le mois prochain ? Vous allez présider une réunion des deux assemblées sur l'accélération de la décentralisation que vous désapprouvez ?
- "Je viens de vous dire que je ne suis pas contre la décentralisation ; je préférerais qu'elle soit précédée d'une phase de simplification administrative. Je pense que le mandat que les Français nous ont lancé lors des dernières élections est double : d'une part, restaurer l'autorité de l'Etat et d'autre part, que les fonctionnaires soient plus responsables et que les procédures soient plus simples, qu'on fasse confiance aux Français."
Le président préside mais il ne vote pas, c'est une chance parce que vous ne l'auriez pas votée ?
- "Puisque je préside, laissez-moi présider."
Le 22 janvier, dans huit jours, à Versailles, cela va être plus simple : vous allez présider une réunion mixte, députés allemands, députés français - Bundestag-Assemblée, pour les 40 ans de l'accord de Gaulle-Adenauer. Ce sera une image assez historique.
- "Oui, c'est très important. C'est de montrer que les Allemands et les Français cheminent ensemble vers l'Union européenne et dans l'Union européenne, et qu'il n'y a pas de construction de l'Europe sans un profond accord entre la France et l'Allemagne."
Est-ce que cela veut dire que c'est le début d'une nouvelle habitude : réunir les Parlements nationaux quand il y aura des problèmes intéressants pour les deux, ou des problèmes de l'Europe ?
- "Je crois qu'il est très important, aujourd'hui, que les Parlements, notamment français et allemands, se réunissent chaque fois qu'il y a des questions qui interpellent l'opinion publique, la conscience des Européens."
Monsieur Chirac invite ce soir à dîner le chancelier Schröder. Le président de la République paraît décidé à relancer les relations entre Paris et Berlin qui sont souvent fraîches. Comment ?
- "Par ses contacts, par une coordination complète des gouvernements, par justement ce rapprochement entre les représentants de la Nation, par une conception qui est la nôtre, qui est de faire en sorte que l'histoire ne vienne pas perturber l'avenir. Nous sommes européens, nous sommes convaincus qu'il faut construire l'Europe, naturellement avec les Allemands, naturellement avec les autres partenaires, mais que s'il n'y a pas une entente parfaite entre Allemands et Français, l'Europe ne pourra pas avancer."
Quand vous étiez petit, vous avez vu le chancelier Adenauer ?
- "J'ai vu le chancelier Adenauer et j'ai vu de Gaulle et Adenauer, et j'ai compris, ce jour-là, qu'au-delà du destin des hommes, il fallait penser au destin de l'Europe et de la France."
Ah, que c'est beau !...
- "Non, ce n'est pas beau mais c'est exigeant. Je n'appartiens pas à cette génération, mais j'ai vu, par mes parents et grands-parents, ce que la guerre pouvait semer de drames, de haines et de souffrances. Et moi, je ne veux plus de cette guerre."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 janvier 2003)