Texte intégral
Monsieur le maire de Sommières, cher Alain Danilet,
Monsieur le Président du Conseil régional et cher collègue, cher Jacques Blanc,
Monsieur le Président du Conseil général, Monsieur le député, cher Damien Alary,
Monsieur le Préfet,
Messieurs les sénateurs, mes chers collègues, chers amis Alain Journet et Simon Sutour,
Mesdames et Messieurs les élus,
J'ai, comme tous les Français, découvert avec stupeur et effroi, les terribles images de la catastrophe qui s'est abattue sur vous en septembre dernier.
Vous le comprendrez, je ne saurais aller plus avant dans mon propos sans avoir présenté, au nom du Sénat tout entier, mes plus vives et plus attristées condoléances à toutes les familles des victimes de ce sinistre, victimes hélas trop nombreuses, en particulier dans le Gard.
Vous m'avez, Monsieur le Maire, cher ami Alain Danilet, rappelé, au cours de ma visite, les circonstances apocalyptiques qui se sont abattues en particulier sur Sommières.
Elle est traversée, comme chacun le sait, par Le Vidourle, fleuve hélas tristement célèbre pour ses crues très rapides liées aux pluies violentes des climats méditerranéens, au point que le terme " vidourlade " a fait le tour du monde.
1723, 1772, 1858, 1891, 1933, 1958, chacune de ces années a, de façon plus ou moins dramatique, été marquée par une de ses crues terribles.
Le 8 et le 9 septembre 2002 ont été, à nouveau, pour votre commune, une véritable tragédie.
Si la catastrophe a pris, chez vous, des proportions dramatiques, votre commune, hélas, ne fait pas figure d'exception. Je note avec effroi que 295 des 353 communes que compte le Gard, ont été reconnues en état de catastrophe naturelle
J'ai donc tenu, au-delà d'un simple témoignage, à vous délivrer un message fort de soutien, avant de pouvoir écouter vos analyses, vos revendications, voire vos propositions.
Dans notre société médiatique, en effet, trop souvent, une fois la première vague d'émotion passée, l'élan de solidarité tend à s'essouffler, voire à être, si vous me permettez l'expression, " relégué " au second plan par d'autres événements dramatiques ultérieurs.
C'est donc le sens principal de mon déplacement que de vous dire : la Nation ne vous oublie pas.
C'est en dehors de tout battage médiatique que j'ai choisi, au-delà des quelques propositions que je formulerai devant vous, de venir vous écouter pour être votre interprète, votre relais, votre porte-voix, pour qu'au sein des institutions votre détresse et vos difficultés ne soient ni oubliées ni simplement un peu perdues de vue.
Je n'oublie pas que je suis le Président du Sénat, assemblée parlementaire à part entière, mais aussi maison des collectivités territoriales et avocat proche et solidaire des élus locaux.
La solidarité n'est pas un vain mot. Solidarité encouragée par le Sénat, avec une aide ciblée pour la restauration des écoles primaires. Solidarité de l'ensemble des sénateurs appelés à mobiliser les collectivités qu'ils dirigent, à l'instar du département des Vosges que j'ai " mis à contribution ". Solidarité dont a aussi témoigné le geste remarquable de Laurent Blanc, qui a organisé, au profit des départements sinistrés, l'emblématique match de football de la semaine dernière.
*
Alors, je tiens à prendre un peu de recul sur les dramatiques événements de septembre, afin de pouvoir analyser ce qui s'est passé et voir en quoi nous pourrions mieux prévenir, si ce n'est la survenue des catastrophes elles-mêmes, du moins mieux faire face à leurs conséquences.
Mais, je le dis d'emblée : ne rêvons pas, nous n'aurons jamais, hélas, de société à risque zéro. Le risque zéro n'existe pas et n'existera jamais.
A vous, élus locaux, qui êtes au premier rang, qui êtes les plus directement exposés, tant à la gestion d'un drame de cette nature qu'aux inévitables critiques d'une population meurtrie, je tiens à vous rendre hommage. Vous rendre hommage pour tout ce que vous avez fait pendant ces heures sombres : merci pour votre dévouement et votre abnégation !
Vous l'avez compris, je n'admettrai pas que vous, élus locaux, et principalement vous les maires, puissiez être en quoi que ce soit les boucs émissaires trop commodes de telles tragédies.
Oui, Mesdames et Messieurs les élus locaux, vous avez su, dans ces circonstances terribles, honorer l'écharpe tricolore que vos concitoyens vous ont conférée !
Je tiens aussi à rendre hommage aux services de l'Etat qui ont réagi de façon exemplaire dans la mise en uvre, aussi rapide que possible, des secours.
Au-delà de cet hommage républicain, je vous propose, si vous le voulez bien, de tenter de prendre, comme je l'ai déjà indiqué, un peu de recul par rapport à ce drame.
En effet, même si ce type de circonstances météorologiques exceptionnelles ne peut être maîtrisé, nous devons, néanmoins, nous pencher, et cela bien au-delà du seul cas du Gard, sur une meilleure identification des risques naturels, mais aussi industriels et technologiques auxquels nos citoyens peuvent être exposés.
Nous sommes de plus en plus tenus de prévoir l'imprévisible !
Car, nous le savons, les zones de risques identifiés se comptent par millier sur notre territoire national, puisque, notamment, l'on estime à plus de 5.000 le nombre de plans de prévention des risques (PPR) prescrits ou devant être prescrits.
Car, lorsqu'une catastrophe se produit, qu'entend-on, si ce n'est la légitime et fondamentale question : aurait-on pu prévoir et éviter un tel drame ?
A l'évidence, ce qui s'est passé ici doit nous inspirer la volonté farouche du " plus jamais ça " !
Alors, oui, ici et là, il nous faudra être plus rigoureux, plus intransigeants, ce qui ne manquera pas de mécontenter nombre de riverains, qu'il nous faudra souvent protéger d'eux-mêmes.
A nous de prendre nos responsabilités, à nous de savoir faire accepter les douloureux arbitrages entre la sécurité des personnes et, accessoirement, des biens et les différentes implantations, tant en matière d'habitat que d'entreprises.
Aux responsables économiques et aux citoyens de savoir faire preuve de lucidité, de civisme, en un mot à eux de prendre leur part de conscience dans cet esprit de responsabilité.
Par ailleurs, il nous faudra pouvoir nous appuyer sur des moyens financiers enfin suffisants que l'Etat aurait dû, depuis longue date, affecter à la réalisation des plans de prévention des risques (PPR) qui sont, je vous le rappelle, prescrits par le représentant de l'Etat dans le département.
Nous devrons aussi veiller à renforcer nos systèmes d'alerte, notamment en ce qui concerne la survenue des crues, sachant que les conditions météorologiques endommagent ou détruisent bien souvent, dans ce cas, une partie des moyens d'information et de communication.
Pourquoi ne pas envisager, en exploitant les ressources des nouvelles technologies de l'information, dans l'ensemble des secteurs exposés ou susceptibles d'être concernés par un risque, un système d'alarme individuel dans chaque domicile, qui pourrait être déclenché sans faire de hiérarchie, soit par le maire, soit par les services de l'Etat ?
Plus généralement, je m'interroge, dans le cadre de la relance de la décentralisation, sur le renforcement du pouvoir des collectivités locales dans la politique de prévention des risques.
Ainsi je verrais avec avantage une telle compétence être ouverte aux régions ou aux départements, dans le cadre du futur droit à l'expérimentation.
Pourquoi, en effet, ne pas autoriser ceux des conseils régionaux ou généraux qui souhaiteraient s'emparer de ce dossier et des moyens financiers qui l'accompagnent à devenir coordinateurs, en amont, de la politique de prévention des risques ?
Alors, Mesdames et Messieurs, sachez-le, l'exercice de cette compétence impliquera, bien entendu, " la responsabilité de la responsabilité "
Mais j'ai la conviction qu'avec leur connaissance des réalités locales, les élus locaux sont souvent les mieux placés pour prendre des décisions stratégiques.
Enfin, je considère qu'il est nécessaire de promouvoir une meilleure coordination des moyens de prévention des risques au niveau national. La réalisation de cet objectif pourrait être favorisé par l'institution d'un véritable secrétariat d'Etat à la prévention des risques.
Mais je me suis déjà longuement exprimé et je tiens à ce que nous puissions maintenant dialoguer librement.
Je vous remercie.
(Source http://www.senat.fr, le 21 novembre 2002)
Monsieur le Président du Conseil régional et cher collègue, cher Jacques Blanc,
Monsieur le Président du Conseil général, Monsieur le député, cher Damien Alary,
Monsieur le Préfet,
Messieurs les sénateurs, mes chers collègues, chers amis Alain Journet et Simon Sutour,
Mesdames et Messieurs les élus,
J'ai, comme tous les Français, découvert avec stupeur et effroi, les terribles images de la catastrophe qui s'est abattue sur vous en septembre dernier.
Vous le comprendrez, je ne saurais aller plus avant dans mon propos sans avoir présenté, au nom du Sénat tout entier, mes plus vives et plus attristées condoléances à toutes les familles des victimes de ce sinistre, victimes hélas trop nombreuses, en particulier dans le Gard.
Vous m'avez, Monsieur le Maire, cher ami Alain Danilet, rappelé, au cours de ma visite, les circonstances apocalyptiques qui se sont abattues en particulier sur Sommières.
Elle est traversée, comme chacun le sait, par Le Vidourle, fleuve hélas tristement célèbre pour ses crues très rapides liées aux pluies violentes des climats méditerranéens, au point que le terme " vidourlade " a fait le tour du monde.
1723, 1772, 1858, 1891, 1933, 1958, chacune de ces années a, de façon plus ou moins dramatique, été marquée par une de ses crues terribles.
Le 8 et le 9 septembre 2002 ont été, à nouveau, pour votre commune, une véritable tragédie.
Si la catastrophe a pris, chez vous, des proportions dramatiques, votre commune, hélas, ne fait pas figure d'exception. Je note avec effroi que 295 des 353 communes que compte le Gard, ont été reconnues en état de catastrophe naturelle
J'ai donc tenu, au-delà d'un simple témoignage, à vous délivrer un message fort de soutien, avant de pouvoir écouter vos analyses, vos revendications, voire vos propositions.
Dans notre société médiatique, en effet, trop souvent, une fois la première vague d'émotion passée, l'élan de solidarité tend à s'essouffler, voire à être, si vous me permettez l'expression, " relégué " au second plan par d'autres événements dramatiques ultérieurs.
C'est donc le sens principal de mon déplacement que de vous dire : la Nation ne vous oublie pas.
C'est en dehors de tout battage médiatique que j'ai choisi, au-delà des quelques propositions que je formulerai devant vous, de venir vous écouter pour être votre interprète, votre relais, votre porte-voix, pour qu'au sein des institutions votre détresse et vos difficultés ne soient ni oubliées ni simplement un peu perdues de vue.
Je n'oublie pas que je suis le Président du Sénat, assemblée parlementaire à part entière, mais aussi maison des collectivités territoriales et avocat proche et solidaire des élus locaux.
La solidarité n'est pas un vain mot. Solidarité encouragée par le Sénat, avec une aide ciblée pour la restauration des écoles primaires. Solidarité de l'ensemble des sénateurs appelés à mobiliser les collectivités qu'ils dirigent, à l'instar du département des Vosges que j'ai " mis à contribution ". Solidarité dont a aussi témoigné le geste remarquable de Laurent Blanc, qui a organisé, au profit des départements sinistrés, l'emblématique match de football de la semaine dernière.
*
Alors, je tiens à prendre un peu de recul sur les dramatiques événements de septembre, afin de pouvoir analyser ce qui s'est passé et voir en quoi nous pourrions mieux prévenir, si ce n'est la survenue des catastrophes elles-mêmes, du moins mieux faire face à leurs conséquences.
Mais, je le dis d'emblée : ne rêvons pas, nous n'aurons jamais, hélas, de société à risque zéro. Le risque zéro n'existe pas et n'existera jamais.
A vous, élus locaux, qui êtes au premier rang, qui êtes les plus directement exposés, tant à la gestion d'un drame de cette nature qu'aux inévitables critiques d'une population meurtrie, je tiens à vous rendre hommage. Vous rendre hommage pour tout ce que vous avez fait pendant ces heures sombres : merci pour votre dévouement et votre abnégation !
Vous l'avez compris, je n'admettrai pas que vous, élus locaux, et principalement vous les maires, puissiez être en quoi que ce soit les boucs émissaires trop commodes de telles tragédies.
Oui, Mesdames et Messieurs les élus locaux, vous avez su, dans ces circonstances terribles, honorer l'écharpe tricolore que vos concitoyens vous ont conférée !
Je tiens aussi à rendre hommage aux services de l'Etat qui ont réagi de façon exemplaire dans la mise en uvre, aussi rapide que possible, des secours.
Au-delà de cet hommage républicain, je vous propose, si vous le voulez bien, de tenter de prendre, comme je l'ai déjà indiqué, un peu de recul par rapport à ce drame.
En effet, même si ce type de circonstances météorologiques exceptionnelles ne peut être maîtrisé, nous devons, néanmoins, nous pencher, et cela bien au-delà du seul cas du Gard, sur une meilleure identification des risques naturels, mais aussi industriels et technologiques auxquels nos citoyens peuvent être exposés.
Nous sommes de plus en plus tenus de prévoir l'imprévisible !
Car, nous le savons, les zones de risques identifiés se comptent par millier sur notre territoire national, puisque, notamment, l'on estime à plus de 5.000 le nombre de plans de prévention des risques (PPR) prescrits ou devant être prescrits.
Car, lorsqu'une catastrophe se produit, qu'entend-on, si ce n'est la légitime et fondamentale question : aurait-on pu prévoir et éviter un tel drame ?
A l'évidence, ce qui s'est passé ici doit nous inspirer la volonté farouche du " plus jamais ça " !
Alors, oui, ici et là, il nous faudra être plus rigoureux, plus intransigeants, ce qui ne manquera pas de mécontenter nombre de riverains, qu'il nous faudra souvent protéger d'eux-mêmes.
A nous de prendre nos responsabilités, à nous de savoir faire accepter les douloureux arbitrages entre la sécurité des personnes et, accessoirement, des biens et les différentes implantations, tant en matière d'habitat que d'entreprises.
Aux responsables économiques et aux citoyens de savoir faire preuve de lucidité, de civisme, en un mot à eux de prendre leur part de conscience dans cet esprit de responsabilité.
Par ailleurs, il nous faudra pouvoir nous appuyer sur des moyens financiers enfin suffisants que l'Etat aurait dû, depuis longue date, affecter à la réalisation des plans de prévention des risques (PPR) qui sont, je vous le rappelle, prescrits par le représentant de l'Etat dans le département.
Nous devrons aussi veiller à renforcer nos systèmes d'alerte, notamment en ce qui concerne la survenue des crues, sachant que les conditions météorologiques endommagent ou détruisent bien souvent, dans ce cas, une partie des moyens d'information et de communication.
Pourquoi ne pas envisager, en exploitant les ressources des nouvelles technologies de l'information, dans l'ensemble des secteurs exposés ou susceptibles d'être concernés par un risque, un système d'alarme individuel dans chaque domicile, qui pourrait être déclenché sans faire de hiérarchie, soit par le maire, soit par les services de l'Etat ?
Plus généralement, je m'interroge, dans le cadre de la relance de la décentralisation, sur le renforcement du pouvoir des collectivités locales dans la politique de prévention des risques.
Ainsi je verrais avec avantage une telle compétence être ouverte aux régions ou aux départements, dans le cadre du futur droit à l'expérimentation.
Pourquoi, en effet, ne pas autoriser ceux des conseils régionaux ou généraux qui souhaiteraient s'emparer de ce dossier et des moyens financiers qui l'accompagnent à devenir coordinateurs, en amont, de la politique de prévention des risques ?
Alors, Mesdames et Messieurs, sachez-le, l'exercice de cette compétence impliquera, bien entendu, " la responsabilité de la responsabilité "
Mais j'ai la conviction qu'avec leur connaissance des réalités locales, les élus locaux sont souvent les mieux placés pour prendre des décisions stratégiques.
Enfin, je considère qu'il est nécessaire de promouvoir une meilleure coordination des moyens de prévention des risques au niveau national. La réalisation de cet objectif pourrait être favorisé par l'institution d'un véritable secrétariat d'Etat à la prévention des risques.
Mais je me suis déjà longuement exprimé et je tiens à ce que nous puissions maintenant dialoguer librement.
Je vous remercie.
(Source http://www.senat.fr, le 21 novembre 2002)