Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Pourquoi n'êtes-vous, ni vous ni M.-G. Buffet, à Calais, aux côtés des réfugiés ?
- "Je soutiens tout à fait mon ami J. Hénin, maire de Calais, qui mène une politique tout à fait équilibrée à ce propos. Il ne souhaite pas qu'à Calais, il y ait un Sangatte bis. Il souhaite que l'Etat prenne ses responsabilités, apporte des réponses humaines aux questions posées. Quand N. Sarkozy semble vouloir apporter ces réponses, il ne considère pas qu'elles sont négatives. Mais en même temps, la réalité est là, il est confronté à des problèmes. Je soutiens sa démarche de mon ami Hénin."
J. Hénin, il faut le rappeler, a demandé au ministre de l'Intérieur de faire évacuer, dans trois heures, après l'ultimatum par les policiers, l'église où sont en ce moment les 100 ou 120 immigrants...
- "Et en même temps, il a dit que les choses devaient se faire dans des conditions humaines, avec un statut prenant en compte la situation de chacun et chacune, prenant notamment en compte la situation de ces hommes et des ces femmes. Pour ceux qui peuvent avoir le droit d'asile, ils doivent pouvoir l'avoir. Il propose des solutions humaines. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'en même temps, ces hommes qui arrivent là avec une idée sur l'Occident - un véritable paradis - pourquoi quittent-ils leur pays ? Parce qu'il y a la misère, il y a des difficultés... Donc, sur le fond des choses, cela ne passera pas seulement par une politique adaptée sur le terrain..."
Vous pensez qu'il faut laisser ouvert Sangatte ?
- "Non, je ne pense pas qu'il faille laisser ouvert Sangatte ni en créer un deuxième à proximité. Il faut des solutions immédiates et adaptées, mais attaquons au problème de fond. On les repousse toujours : c'est la coopération avec ces pays en difficulté, c'est la prise en compte que dans des régions du monde, il y a une pauvreté accentuée et que ces gens-là, de toute façon, iront vers l'Occident, s'il n'y a pas effectivement des problèmes réglés par ailleurs..."
C'est la mondialisation... Autrement dit, pour vous, le Parti communiste ne doit pas se livrer à une concurrence avec des associations d'extrême-gauche ?
- "Ce n'est pas une question de concurrence. Partout, il y a des droits à défendre, il faut être là où les droits sont à défendre. Je suis pour les droits de l'homme, je suis pour la prise en compte des situations humaines difficiles. Mais en même temps, il faut avoir une attitude réaliste. Aider ces hommes et ces femmes, ce n'est pas les laisser croire qu'ils vont pouvoir passer en Angleterre, croire qu'ils vont avoir une solution dans des Sangatte bis, ailleurs que là où ils ont déjà connu les difficultés que l'on sait."
F. Fillon va présenter au Conseil des ministres sa réforme de la loi Guigou, dite de modernisation sociale. Il n'abroge pas la loi selon le voeu du Medef mais il en suspend sept articles pour 18 mois et qu'il appelle les syndicats à la négociation. Qu'en pensez-vous, vous qui avez toujours combattu cette loi ?
- "Monsieur Fillon montre de façon éclatante, pour ceux qui s'interrogeraient encore, avec les députés impatients de l'UMP, que ce gouvernement met en oeuvre la politique du Medef..."
Là, ce n'est pas le cas...
- "Mais si, c'est le cas, concrètement ! Il y a beaucoup d'hypocrisie dans l'attitude du gouvernement actuel. J'ai pensé un moment employer la formule de "duplicité". Non, c'est de l'hypocrisie. D'abord, on lance l'idée que le Medef a demandé le maximum et on fait le moitié. Comme ça, on a le sentiment d'avoir fait une mesure qui serait presque à gauche ! Mais la politique de monsieur Raffarin est une politique ultralibérale, ultraréactionnaire. Cette politique vise tout simplement, avec la disposition de monsieur Fillon, alors qu'il se passe quelque chose de gravissime en France, des plans sociaux sont annoncés, massifs, des gens vont être licenciés pour des raisons qui tiennent à l'augmentation en Bourse des gros actionnaires, ces gens ne vont plus être protégés, alors qu'avec les limites de ce que l'on a pu faire dans le gouvernement précédent, j'avais fait passer un certain nombre de propositions visant à ce que leurs conditions soient prises en compte..."
Vous ne regrettez pas d'avoir participer au gouvernement Jospin ?
- "Certainement pas ! Je regrette que la politique qui a été menée, on n'ait pas pu l'infléchir, parce qu'on n'a pas été assez puissant dans cette affaire, on n'a peut-être pas su faire parler mieux les citoyens, les salariés, pour soutenir notre ligne. Mais en tout état de cause, je ne regrette pas. Pour ceux qui s'interrogeaient hier de savoir si la politique qu'on menait sur la modernisation sociale était bien une politique anti-droite, eh bien, ils ont aujourd'hui le résultat : la droite casse un certain nombre de choses qu'on a faîtes avancer."
Vous avez entendu le commentaire de N. Beytout tout à l'heure : la France est de moins en moins compétitive. Elle passe du vingtième au trentième rang sur 80 nations. L'enquête parle du "déclin de la France". Il y a plusieurs raisons. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous une part de responsabilité ?
- "Depuis des années, on a abandonné la politique industrielle de la France, on a joué la financiarisation, la Bourse plutôt que l'économie réelle. Et aujourd'hui, on est face à une situation effectivement dégradée. Aujourd'hui, on va encore accentuer cette situation si les plans sociaux dont je parlais tout à l'heure affaiblissent notre économie, parce qu'en fait, la seule volonté des gros actionnaires de ces entreprises est le niveau de leur profit en Bourse. Si on en reste à cette financiarisation, on est cuit et la France passera après au quarantième rang. Donc, il faut réagir, c'est le sens de la démarche des communistes."
Vous vouliez une direction à deux têtes pour le Parti communiste. Cela n'a pas marché. Pourtant, c'est vous qui aviez inventé et poussé M.-G. Buffet. Qu'est-ce que vous ressentez, sincèrement, vous l'auteur qui est un peu abandonné par sa créature ?
- "Je ne crois pas qu'il faille dire que je suis abandonné ! On a tenté la codirection. J'ai effectivement proposé que M.-G. Buffet devienne secrétaire nationale du Parti communiste. J'avais dit, dix ans après mon arrivée à la direction du Parti communiste, que je ne souhaitais pas être plus de dix ans à cette direction, parce que je crois que ce n'est pas bon, qu'il faut une rotation. Mais en même temps, j'ai effectivement proposé cette codirection et il s'avère que cela s'est "mal goupillé"..."
Alors, vous tournez la page ?
- "Non, je ne tourne pas la page... Je voudrais dire simplement que M.-G. Buffet était secrétaire nationale et en même temps ministre de L. Jospin, et moi, j'étais président et en même temps candidat à la présidentielle. Cela ne pouvait pas fonctionner. Tirons-en les enseignements, ce n'est pas dramatique."
Vous dites que vous avez tenté la déstalinisation du PC et qu'il reste des obstacles. Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'en 2002, il reste du stalinisme dans le PC ?
- "La matrice soviétique, la matrice stalinienne dans laquelle a été le Parti communiste, on n'en est pas définitivement sorti. Avec la mutation que j'ai proposée au Parti communiste, cette transformation qui vise à ce qu'on n'ait pas une organisation hypercentralisée, une organisation qui ne soit pas dans une culture du repli mais dans une culture constructive, ouverte, je crois avoir contribué à ouvrir le Parti communiste. Mais on va continuer... Il ne faut pas dissimuler que oui il y a eu des obstacles, oui il y en a encore, oui, quand j'entends un certain nombre de gens considérer que lorsque je propose des ouvertures, il s'agit d'un "glissement", une sorte de "trahison sociale-démocrate", ils se trompent. Je combats la sociale-démocratie, mais au sens démocratique du terme. Je ne suis pas social-démocrate, mais en même temps, je veux un Parti communiste beaucoup plus ouvert sur la société, sinon on n'y arrivera pas."
Mais pourquoi dire que l'on devient social-démocrate serait une catastrophe ?
- "C'est exactement ce que je vous dis !"
Et c'est aussi valable pour le PS ?
- "Tous les partis politiques sont traversés par une crise grave, où il y a des enjeux de pouvoir. En proposant de ne plus être président du Parti communiste à partir d'avril, j'ai voulu ne pas entrer dans une querelle ou une démarche de pouvoir. J'ai voulu que les idées puissent être débattues et triomphent. Il faut se mettre en tête qu'en France, on peut très bien ne plus être le numéro 1 d'un parti, sans que pour autant on soit complètement..."
Vous voulez créer une fondation politique, indépendante du PC, qui ne lui devra rien. Il paraît que vous voulez en parler avec J.-P. Raffarin ?
- "Qui ne devra rien au PC ? Mais je suis communiste, je vais tout faire pour mon parti, c'est évident. Mais la fondation politique, par nature, sera indépendante du parti. Aujourd'hui, il faut réfléchir à ces laboratoires d'idées, ces boîtes à idées nécessaires, qui manquent..."
Avec quelles ressources ?
- "Une fondation est un établissement public, il y a des ressources d'Etat et il y a des ressources privées. Les ressources d'Etat passent par la reconnaissance par l'Etat de cette fondation. Il y a déjà d'autres fondations qui existent..."
Mais si on n'est pas membre du PC, on n'entre pas dans la réformation ? Ou est-elle ouverte à tous ? Même aux socio-démocrates, mais à des gens libéraux que vous appelez des "réactionnaires", tous pourront venir réfléchir avec vous ?
- "Mais bien sûr. Il y a la nécessité d'inventer ensemble de nouvelles formes dans la vie politique. Je crois que ce type de fondation peut y contribuer. La démarche d'ouverture qui a été la mienne dans le PC ne change pas parce que je suis à l'initiative d'une fondation, au contraire."
Vous remarquez que même le Parti communiste chinois est en train de s'ouvrir aux patrons privés, qui vont avoir la carte du PC. On raconte qu'au mois de mai, après le congrès du PCF et faisant ce qu'il vous plaît, vous allez raser votre barbe ?
- "Non, je garde mon identité !"
Parce que l'identité, c'est la barbe ?!
- "C'est une partie de mon identité !"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 novembre 2002)
- "Je soutiens tout à fait mon ami J. Hénin, maire de Calais, qui mène une politique tout à fait équilibrée à ce propos. Il ne souhaite pas qu'à Calais, il y ait un Sangatte bis. Il souhaite que l'Etat prenne ses responsabilités, apporte des réponses humaines aux questions posées. Quand N. Sarkozy semble vouloir apporter ces réponses, il ne considère pas qu'elles sont négatives. Mais en même temps, la réalité est là, il est confronté à des problèmes. Je soutiens sa démarche de mon ami Hénin."
J. Hénin, il faut le rappeler, a demandé au ministre de l'Intérieur de faire évacuer, dans trois heures, après l'ultimatum par les policiers, l'église où sont en ce moment les 100 ou 120 immigrants...
- "Et en même temps, il a dit que les choses devaient se faire dans des conditions humaines, avec un statut prenant en compte la situation de chacun et chacune, prenant notamment en compte la situation de ces hommes et des ces femmes. Pour ceux qui peuvent avoir le droit d'asile, ils doivent pouvoir l'avoir. Il propose des solutions humaines. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'en même temps, ces hommes qui arrivent là avec une idée sur l'Occident - un véritable paradis - pourquoi quittent-ils leur pays ? Parce qu'il y a la misère, il y a des difficultés... Donc, sur le fond des choses, cela ne passera pas seulement par une politique adaptée sur le terrain..."
Vous pensez qu'il faut laisser ouvert Sangatte ?
- "Non, je ne pense pas qu'il faille laisser ouvert Sangatte ni en créer un deuxième à proximité. Il faut des solutions immédiates et adaptées, mais attaquons au problème de fond. On les repousse toujours : c'est la coopération avec ces pays en difficulté, c'est la prise en compte que dans des régions du monde, il y a une pauvreté accentuée et que ces gens-là, de toute façon, iront vers l'Occident, s'il n'y a pas effectivement des problèmes réglés par ailleurs..."
C'est la mondialisation... Autrement dit, pour vous, le Parti communiste ne doit pas se livrer à une concurrence avec des associations d'extrême-gauche ?
- "Ce n'est pas une question de concurrence. Partout, il y a des droits à défendre, il faut être là où les droits sont à défendre. Je suis pour les droits de l'homme, je suis pour la prise en compte des situations humaines difficiles. Mais en même temps, il faut avoir une attitude réaliste. Aider ces hommes et ces femmes, ce n'est pas les laisser croire qu'ils vont pouvoir passer en Angleterre, croire qu'ils vont avoir une solution dans des Sangatte bis, ailleurs que là où ils ont déjà connu les difficultés que l'on sait."
F. Fillon va présenter au Conseil des ministres sa réforme de la loi Guigou, dite de modernisation sociale. Il n'abroge pas la loi selon le voeu du Medef mais il en suspend sept articles pour 18 mois et qu'il appelle les syndicats à la négociation. Qu'en pensez-vous, vous qui avez toujours combattu cette loi ?
- "Monsieur Fillon montre de façon éclatante, pour ceux qui s'interrogeraient encore, avec les députés impatients de l'UMP, que ce gouvernement met en oeuvre la politique du Medef..."
Là, ce n'est pas le cas...
- "Mais si, c'est le cas, concrètement ! Il y a beaucoup d'hypocrisie dans l'attitude du gouvernement actuel. J'ai pensé un moment employer la formule de "duplicité". Non, c'est de l'hypocrisie. D'abord, on lance l'idée que le Medef a demandé le maximum et on fait le moitié. Comme ça, on a le sentiment d'avoir fait une mesure qui serait presque à gauche ! Mais la politique de monsieur Raffarin est une politique ultralibérale, ultraréactionnaire. Cette politique vise tout simplement, avec la disposition de monsieur Fillon, alors qu'il se passe quelque chose de gravissime en France, des plans sociaux sont annoncés, massifs, des gens vont être licenciés pour des raisons qui tiennent à l'augmentation en Bourse des gros actionnaires, ces gens ne vont plus être protégés, alors qu'avec les limites de ce que l'on a pu faire dans le gouvernement précédent, j'avais fait passer un certain nombre de propositions visant à ce que leurs conditions soient prises en compte..."
Vous ne regrettez pas d'avoir participer au gouvernement Jospin ?
- "Certainement pas ! Je regrette que la politique qui a été menée, on n'ait pas pu l'infléchir, parce qu'on n'a pas été assez puissant dans cette affaire, on n'a peut-être pas su faire parler mieux les citoyens, les salariés, pour soutenir notre ligne. Mais en tout état de cause, je ne regrette pas. Pour ceux qui s'interrogeaient hier de savoir si la politique qu'on menait sur la modernisation sociale était bien une politique anti-droite, eh bien, ils ont aujourd'hui le résultat : la droite casse un certain nombre de choses qu'on a faîtes avancer."
Vous avez entendu le commentaire de N. Beytout tout à l'heure : la France est de moins en moins compétitive. Elle passe du vingtième au trentième rang sur 80 nations. L'enquête parle du "déclin de la France". Il y a plusieurs raisons. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous une part de responsabilité ?
- "Depuis des années, on a abandonné la politique industrielle de la France, on a joué la financiarisation, la Bourse plutôt que l'économie réelle. Et aujourd'hui, on est face à une situation effectivement dégradée. Aujourd'hui, on va encore accentuer cette situation si les plans sociaux dont je parlais tout à l'heure affaiblissent notre économie, parce qu'en fait, la seule volonté des gros actionnaires de ces entreprises est le niveau de leur profit en Bourse. Si on en reste à cette financiarisation, on est cuit et la France passera après au quarantième rang. Donc, il faut réagir, c'est le sens de la démarche des communistes."
Vous vouliez une direction à deux têtes pour le Parti communiste. Cela n'a pas marché. Pourtant, c'est vous qui aviez inventé et poussé M.-G. Buffet. Qu'est-ce que vous ressentez, sincèrement, vous l'auteur qui est un peu abandonné par sa créature ?
- "Je ne crois pas qu'il faille dire que je suis abandonné ! On a tenté la codirection. J'ai effectivement proposé que M.-G. Buffet devienne secrétaire nationale du Parti communiste. J'avais dit, dix ans après mon arrivée à la direction du Parti communiste, que je ne souhaitais pas être plus de dix ans à cette direction, parce que je crois que ce n'est pas bon, qu'il faut une rotation. Mais en même temps, j'ai effectivement proposé cette codirection et il s'avère que cela s'est "mal goupillé"..."
Alors, vous tournez la page ?
- "Non, je ne tourne pas la page... Je voudrais dire simplement que M.-G. Buffet était secrétaire nationale et en même temps ministre de L. Jospin, et moi, j'étais président et en même temps candidat à la présidentielle. Cela ne pouvait pas fonctionner. Tirons-en les enseignements, ce n'est pas dramatique."
Vous dites que vous avez tenté la déstalinisation du PC et qu'il reste des obstacles. Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'en 2002, il reste du stalinisme dans le PC ?
- "La matrice soviétique, la matrice stalinienne dans laquelle a été le Parti communiste, on n'en est pas définitivement sorti. Avec la mutation que j'ai proposée au Parti communiste, cette transformation qui vise à ce qu'on n'ait pas une organisation hypercentralisée, une organisation qui ne soit pas dans une culture du repli mais dans une culture constructive, ouverte, je crois avoir contribué à ouvrir le Parti communiste. Mais on va continuer... Il ne faut pas dissimuler que oui il y a eu des obstacles, oui il y en a encore, oui, quand j'entends un certain nombre de gens considérer que lorsque je propose des ouvertures, il s'agit d'un "glissement", une sorte de "trahison sociale-démocrate", ils se trompent. Je combats la sociale-démocratie, mais au sens démocratique du terme. Je ne suis pas social-démocrate, mais en même temps, je veux un Parti communiste beaucoup plus ouvert sur la société, sinon on n'y arrivera pas."
Mais pourquoi dire que l'on devient social-démocrate serait une catastrophe ?
- "C'est exactement ce que je vous dis !"
Et c'est aussi valable pour le PS ?
- "Tous les partis politiques sont traversés par une crise grave, où il y a des enjeux de pouvoir. En proposant de ne plus être président du Parti communiste à partir d'avril, j'ai voulu ne pas entrer dans une querelle ou une démarche de pouvoir. J'ai voulu que les idées puissent être débattues et triomphent. Il faut se mettre en tête qu'en France, on peut très bien ne plus être le numéro 1 d'un parti, sans que pour autant on soit complètement..."
Vous voulez créer une fondation politique, indépendante du PC, qui ne lui devra rien. Il paraît que vous voulez en parler avec J.-P. Raffarin ?
- "Qui ne devra rien au PC ? Mais je suis communiste, je vais tout faire pour mon parti, c'est évident. Mais la fondation politique, par nature, sera indépendante du parti. Aujourd'hui, il faut réfléchir à ces laboratoires d'idées, ces boîtes à idées nécessaires, qui manquent..."
Avec quelles ressources ?
- "Une fondation est un établissement public, il y a des ressources d'Etat et il y a des ressources privées. Les ressources d'Etat passent par la reconnaissance par l'Etat de cette fondation. Il y a déjà d'autres fondations qui existent..."
Mais si on n'est pas membre du PC, on n'entre pas dans la réformation ? Ou est-elle ouverte à tous ? Même aux socio-démocrates, mais à des gens libéraux que vous appelez des "réactionnaires", tous pourront venir réfléchir avec vous ?
- "Mais bien sûr. Il y a la nécessité d'inventer ensemble de nouvelles formes dans la vie politique. Je crois que ce type de fondation peut y contribuer. La démarche d'ouverture qui a été la mienne dans le PC ne change pas parce que je suis à l'initiative d'une fondation, au contraire."
Vous remarquez que même le Parti communiste chinois est en train de s'ouvrir aux patrons privés, qui vont avoir la carte du PC. On raconte qu'au mois de mai, après le congrès du PCF et faisant ce qu'il vous plaît, vous allez raser votre barbe ?
- "Non, je garde mon identité !"
Parce que l'identité, c'est la barbe ?!
- "C'est une partie de mon identité !"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 novembre 2002)