Texte intégral
Chers amis, chers camarades,
Je vous remercie d'avoir répondu massivement à l'invitation de notre confédération et de l'Union régionale Ile de France. Cette manifestation qui nous réunit dans la grande salle du ZENITH est un rendez-vous important pour la CGT. Important, car ce qu'il est convenu traditionnellement d'appeler la rentrée sociale est marqué cette année à la fois par les événements majeurs qui ont abouti au changement de la majorité politique dans notre pays et par la perspective, dans trois mois, des élections des Conseils de Prud'hommes le 11 décembre prochain.
Aujourd'hui, avec vous, la CGT veut faire le point sur la situation économique et sociale, sur les premières mesures politiques prises par le nouveau gouvernement et sur celles qu'il a d'ores et déjà annoncées. Aujourd'hui, la CGT veut, avec vous, analyser les prises de position du MEDEF. Aujourd'hui, la CGT lance officiellement et vigoureusement une grande campagne nationale pour les élections prud'homales, dans un tour de France d'une dizaine d'étapes qui s'achèvera à Toulouse le 3 décembre.
Nous allons identifier ensemble les enjeux de ces élections qui concernent des millions de salariés du secteur privé et du secteur public, démontrer qu'elles constituent un moment décisif pour affirmer la représentativité du mouvement syndical en général et celle de la CGT en particulier. Enfin, cette campagne va nous permettre de rencontrer " en direct " des dizaines de milliers de sympathisants et, à travers eux, des centaines de milliers d'autres salariés. Elle s'inscrit ainsi totalement dans la préparation de notre 47 ème congrès qui se tiendra au printemps prochain, un congrès que nous avons décidé de concevoir et de construire comme un moment intense de vie démocratique de notre organisation, en même temps qu'un témoignage public et authentique de la capacité de la CGT à affronter les problèmes de la société française dans un environnement européen et mondial complexe.
Nous sommes ensemble aujourd'hui pour réfléchir, mais aussi déterminés à agir dans une situation inédite issue des consultations politiques d'avant l'été avec, comme toujours, l'unité et les avancées sociales comme objectifs.
Depuis quelques mois un nouveau gouvernement est en place. Il a déjà donné le cap et pris de premières orientations et décisions dont la plupart sont pour le moins contestables au regard de nos attentes.
Au sein du patronat le MEDEF fait feu de tout bois. Il harcèle la nouvelle majorité politique, façon habile de manifester sa distance ou sa différence tout en réclamant ce qu'il estime être son dû. Il presse le gouvernement à agir vite, à prendre des décisions lourdes susceptibles de détériorer durablement la situation des salariés et plus largement la santé économique et sociale de notre pays.
Pour des millions de femmes et d'hommes il y a urgence à sortir au plus vite des schémas stéréotypés que l'on nous rabâche depuis des années. La réalité sociale de la région Ile de France ne déroge pas à cette nécessité.
Votre région, c'est la région " capitale ".
Avec 5 millions de salariés, c'est le premier bassin d'emploi européen.
C'est la région où est produit près de 30 % de la richesse nationale dans un espace social marqué par de fortes inégalités. C'est en Ile de France que sont regroupés près de 40 % des effectifs de la recherche. Près de la moitié des salariés sont ingénieurs, cadres, techniciens ou agents de maîtrise, ce qui nécessitera une campagne adaptée pour les prud'hommes. Mais c'est aussi 880 000 franciliens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, une progression du travail temporaire (un million de contrats sur les six premiers mois de cette année).
Terre de contrastes où l'affichage de l'argent côtoie une réelle pauvreté, où le travail informel s'installe, ce qui ne rend que plus légitimes les demandes de régularisation de ceux que l'on fait travailler sans papiers.
Une région où l'acuité des problèmes de logement, de transport se pose avec une force particulière.
Quelle attitude adopter dans cette situation ?
Il n'y a que deux réponses possibles :
osoit attendre d'hypothétiques jours meilleurs, faire le dos rond en se disant que le vent de l'histoire finira bien par éloigner la dépression,
osoit se dire qu'il en est comme de l'évolution du climat : beaucoup repose d'abord et avant tout sur des choix, des décisions, qu'il n'y a aucune fatalité d'aucune sorte et que les hommes et les femmes, s'ils et elles le décident, ont les moyens d'intervenir pour peser sur le cours des choses.
Ne laissons ni aux bonimenteurs ni aux malfaisants, pour ne pas dire aux malfaiteurs, le pouvoir de faire la pluie et le beau temps. La proposition et la mobilisation syndicale offrent un des principaux cadres d'intervention pour avoir prise sur les événements. Il faut nous en convaincre et nous en saisir avec lucidité et avec détermination.
Avec lucidité d'abord, et il convient de bien analyser cette situation inédite pour bien la comprendre.
Nous avons souligné à juste titre l'ampleur de la crise révélée par le scrutin présidentiel qualifié par de nombreux commentateurs de " choc ", de " séisme ".
Nous ne considérons pas à la CGT que cet événement ne serait qu'une mauvaise passe relevant d'une saute d'humeur passagère et destinée à ne rester qu'un mauvais souvenir. Le scrutin présidentiel du 21 avril a d'abord fonctionné comme un révélateur puissant et dramatique de la dégradation dangereuse du vécu social d'une grande partie de la société française, notamment de ceux qui vivent au jour le jour des difficultés matérielles et des humiliations personnelles ou collectives, des angoisses professionnelles ou familiales, toutes les souffrances ordinaires d'une précarité banalisée. Ce fait social constitue la manifestation la plus brutale et la plus nette d'un sentiment d'inquiétude qui atteint, à des degrés divers, une très large part de la société.
Rappelons brièvement les trois caractéristiques majeures du nouveau contexte politique résultant du scrutin présidentiel : le poids de l'extrême droite, un président élu dans des circonstances exceptionnelles et l'échec de la gauche.
La première est la capacité de l'extrême droite à réunir de nombreux suffrages en mettant en relation, sur fond de racisme et de xénophobie, le processus de mondialisation, l'immigration et la sécurité.
L'enracinement géographique du Front National et la diversification de son assise sociale sont accompagnés par l'abandon de toute autocensure : beaucoup se sont sentis " libérés " par le score du 21 avril et n'hésitent plus à se lâcher. Prenons y bien garde, ce mouvement peut évoluer comme il l'a fait en Italie et en Autriche et capter durablement et sans complexes l'adhésion importante des salariés les plus exposés au durcissement de l'exploitation du travail et les plus assujettis à la précarité de l'emploi. La consolidation du Front National dans le paysage politique français et le risque de sa normalisation progressive constituent une menace directe contre l'efficacité de notre combat pour l'unité et la solidarité entre tous les salariés.
Ce qu'on vit en France s'inscrit dans une évolution à l'échelle européenne. La Confédération Européenne des Syndicats incite justement le mouvement syndical à réagir fermement et à s'opposer clairement à ces courants politiques ; nous avons la responsabilité de mettre en évidence combien l'insécurité sociale est un fonds que ces forces exploitent sans vergogne.
La CGT a affirmé et continuera à affirmer que l'extrême droite incarne un système de pensée totalement opposé aux valeurs sociales et humaines qui sont au cur du combat syndical. Il n'y a aucune place, ni dans notre point de vue ni dans notre pratique, pour le racisme, la xénophobie, l'autoritarisme, la morgue ou l'étroitesse chauvine, l'exacerbation des peurs collectives et la manipulation démagogique des désarrois sociaux.
Parce que je sais que la plupart d'entre vous y ont apporté une part active, permettez-moi de vous remercier pour votre engagement dans la mobilisation historique du 1 er mai à Paris qui a vu des centaines de milliers de femmes et d'hommes, de toutes générations et de toutes origines, clamer ensemble leur attachement aux valeurs d'égalité, de liberté et de fraternité.
C'est pour ces valeurs que des centaines de camarades se sont, par le passé, engagés parfois au péril de leur vie. Parmi eux, il y a eu des hommes d'exception dont le dévouement et l'abnégation étaient sans limites et qui appellent toujours aujourd'hui notre plus grand respect et notre reconnaissance.
Au moment où nous apprenons avec une immense tristesse sa disparition je veux saluer, au nom de toute la CGT, la mémoire d'un métallo qui marquera à jamais l'histoire de Paris. Notre camarade Henri ROL-TANGUY.
Pour ce 1 er mai nous aurions aimé pouvoir constater une unanimité de la part des forces syndicales. La défection de certains, notamment à Paris et dans la région Ile de France, n'est-elle pas un signe de l'ampleur déjà atteinte par le mal ?
Comment ne verrions-nous pas l'analogie profonde qui existe entre ce cocktail dangereux que distille l'extrême droite et les idéologies fondamentalistes totalitaires au nom desquelles sont perpétrés des actes de terrorisme inqualifiables. En cette veille de l'anniversaire des terribles attentats qui ont endeuillé le peuple américain, je veux rappeler ici ce que nous avons dit en participant aux manifestations de recueillement du 14 septembre.
" Ce drame - disions-nous - frappe en premier lieu le peuple américain, la nation américaine. Nous comprenons son émotion et sa détermination à rechercher, poursuivre et condamner ceux qui ont accompli cet acte ignominieux, ceux qui l'ont commandité ou ceux qui, en ayant eu connaissance, l'ont soutenu ou l'ont toléré.
Mais cet événement dramatique a une portée plus large : la recherche de ses causes, la prise de conscience des dissensions politiques, des difficultés économiques, des inégalités sociales et des tensions culturelles dont il est le symptôme et le produit, concernent l'ensemble de la communauté internationale.
La justice et la prévention des crimes nécessitent une grande fermeté, mais aussi un très grand esprit de responsabilité, dans les opérations visant au démantèlement du terrorisme international. Les représailles, la guerre ne doivent plus être considérées comme des options inéluctables, car elles aggravent souvent les problèmes qu'elles étaient censées résoudre. La communauté internationale doit se poser concrètement et rapidement la question de l'avènement d'une nouvelle ère dans la conception des rapports économiques, politiques et stratégiques au niveau mondial ".
Ce que nous disions il y a presque un an garde toute sa pertinence.
Georges W. BUSH et l'administration américaine tournent délibérément le dos à cette conception. Ce comportement présente les plus graves dangers et nécessite une prise de conscience et une mobilisation de toutes les forces de paix en France et en Europe. Le sentiment profond de la communauté de destin de l'ensemble de la collectivité humaine et la conviction que son avenir exige plus de justice sociale, plus de démocratie, plus de responsabilité, plus de solidarité constituent chaque année le message profond de la célébration de la fête du travail dans le monde entier.
Deuxième fait essentiel des consultations politiques intervenues avant l'été :
La CGT est bien placée pour le savoir, Jacques CHIRAC, désormais Président de la République, n'a pas été élu avec 82 % des voix sur la base de son programme économique et social ! Le Président est élu par la mobilisation républicaine contre le candidat d'extrême droite présent au deuxième tour et dans un contexte d'abstention record pour ce type de consultation.
Le gouvernement qu'il a désigné ne doit pas perdre de vue cette évidence, il doit en avoir conscience et sera bien inspiré de faire preuve de beaucoup de retenue et d'écoute avant de mettre en place des projets et des réformes qui n'ont à aucun moment recueilli le soutien massif et explicite de la population.
Le troisième fait majeur est évidemment l'échec de la gauche.
Les partis de gauche se livrent à leur propre analyse des événements pour élucider les causes de cette nouvelle alternance politique. Pour la CGT, une des principales causes réside dans son incapacité à proposer une véritable alternative à la dérive dangereuse dans laquelle s'engage le monde capitaliste, c'est-à-dire le monde entier, à travers la domination des logiques de rentabilité financière. Quelles que soient leurs conclusions, parce que cela fait pleinement partie de nos prérogatives syndicales, nous leur disons tranquillement que, si les opinions, les analyses, les propositions formulées par la CGT sur de nombreux plans avaient été plus souvent prises en considération, alors, alors peut-être, les choses auraient été différentes.
Mais l'on ne refait pas l'histoire ! Et c'est dans les circonstances d'aujourd'hui que la CGT doit assumer ses missions syndicales.
Nous sommes donc pleinement lucides de nos responsabilités mais certainement pas culpabilisés par des choix et des positions qui n'ont pas été de la compétence ou de la responsabilité de la CGT. Le syndicalisme a une tâche immense à assumer et notre syndicalisme en particulier. C'est là notre priorité.
Aucune rentrée n'est banale. Chacune est marquée par des événements spécifiques. Nul doute que cette rentrée 2002 portera les marques des problèmes sociaux. Comment sortir du marasme économique alors que la reprise s'éloigne ? Comment répondre aux besoins sociaux dont l'urgence ne cesse de croître ?
Faillite d'Enron ou de World Com faisant suite à la présentation de bilans truqués. Quasi cessation de paiement pour Vivendi en raison d'une stratégie d'acquisitions tous azimuts. France Telecom qui, après deux mois d'incertitudes, va annoncer un déficit de 10 à 15 milliards d'euros pour les six premiers mois de l'année " Rien ne va plus " au Royaume du capitalisme triomphant. L'été a vu s'amplifier une crise financière sans précédent et il est probable que la valse des PDG et capitaines de vaisseaux ne changera pas grand-chose ! Le CAC 40 a perdu 1/3 de sa valeur depuis début janvier. Les bourses de Londres, de New York, de Francfort n'arrêtent pas leur dégringolade , provoquant des faillites en chaîne, déstabilisant les firmes, des banques, parfois des pays entiers.
Nous qui sommes plus que critiques à l'égard du rôle des marchés financiers nous pourrions être tentés de nous réjouir d'une telle déconfiture. Mais voilà, on connaît bien le coup ! Quand la bourse monte il faut supprimer des emplois et comprimer les salaires pour que ça continue à monter ! C'est le théorème de Michelin version an 2000. Mais, si elle baisse, il faut dégraisser, il faut assainir ! C'est Alcatel version 2002. Dans tous les cas, le travail, l'emploi, les besoins sociaux sont les " variables d'ajustement ", comme le disent doctement tous les matins les commentateurs économiques. Et c'est nous tous qui nous retrouvons avec les plans de licenciements.
Dans les cas difficiles on fait appel à des spécialistes pour vous bourrer le mou : Alain MINC, un récidiviste, nous explique dans un long et besogneux article qu'il suffirait de mettre de " la morale dans les affaires ". Bien sûr les scandales existent. Bien sûr quelques dirigeants peu scrupuleux s'en mettent plein les poches. Les stocks options n'ont pas fait que des perdants, les revenus exigés et perçus par les grands managers atteignent des niveaux pharaoniques, les indemnités de départ qui leur sont servies par contrat, même lorsqu'ils ont été défaillants, ont un ordre de grandeur supérieur au niveau de bien des plans dits sociaux arrachés pied à pied et âprement négociés pour des centaines de salariés. Mais le problème va bien au-delà des malversations, de la spéculation et de la cupidité collective d'une couche sociale privilégiée.
Ne nous trompons pas, nous ne sommes pas face à la crise finale d'un capitalisme moribond, mais bien devant un formidable échec de celui-ci à affronter les problèmes nouveaux posés au développement humain. L'avenir de la planète, tout comme la sécurité des biens et des personnes sont déjà parmi les victimes de cette crise.
Les trois grandes vedettes du business show ne tiennent pas la route :
o" La nouvelle économie ", portée au pinacle il y a encore un an, est en miettes. Pourtant la mutation technologique est là et demande à s'accomplir pour répondre aux besoins sociaux nouveaux.
o" L'Assurance ", censée résoudre tous nos problèmes comme l'affirmait il y a encore quelques jours Denis KESSLER, est en échec lorsqu'il faut couvrir les nouveaux risques, ceux de l'hôpital, de l'amiante, ou les catastrophes naturelles.
J'en profite pour rappeler à tous ceux qui l'oublient que Denis KESSLER préside la Chambre patronale des sociétés d'assurances ; il faudra quand même bien un jour que les observateurs fonctionnant dans " les milieux autorisés ", comme disait COLUCHE, " s'autorisent à penser " que son obstination à détruire ou à dépecer notre Sécurité Sociale ne relève pas d'une simple coïncidence ! La vie l'aurait conduit dans l'immobilier, Denis KESSLER nous proposerait sans doute de vendre aux enchères l'Obélisque ou le Palais de l'Elysée pour équilibrer les finances publiques.
Dernières vedettes :
oLes privatisations ! Présentées comme le parangon de la modernité et de l'efficacité elles montrent leur vrai visage en Angleterre : on allait voir ce qu'on allait voir, les marchés financiers allaient faire " mieux rouler les trains " ou " améliorer la fourniture d'électricité ". Résultat, le gouvernement de Tony BLAIR est contraint de reprendre le contrôle de la société qui organise le trafic ferroviaire ! Et quant à British Energy, l'équivalent privatisé d'EDF, la valeur de son titre a perdu 70% en 12 mois.
Le gouvernement a dû intervenir dimanche soir pour éviter la faillite.
Et l'on veut nous resservir la privatisation des services publics comme la recette miracle !
Le temps d'une franche confrontation est venu pour faire les choix politiques et sociaux qui vont marquer notre société pendant les décennies à venir. Tout ne relève pas de la compétence syndicale. Il y a place pour un vrai débat politique. Mais nous avons notre mot à dire et nous le dirons ! Et au delà nous avons à peser syndicalement pour que chaque décision prenne en compte les intérêts du monde du travail. La CGT de ce point de vue n'a pas l'intention de rester les deux pieds dans le même sabot.
Je me félicite, d'ores et déjà, des mobilisations professionnelles en préparation comme celles des électriciens et gaziers, le 3 octobre ! Celle des intermittents du spectacle, le 16 septembre, pour l'indemnisation de leur période de chômage, ou celle des personnels d'Air France, demain, contre la privatisation.
N'en déplaise à nos détracteurs, la modernité n'est pas dans le camp de ceux qui vantent les mérites d'une logique économique qui sème exclusion, subordination, inégalités et discrimination.
Que les français et les salariés en particulier attendent du changement, c'est une évidence ; mais qu'on cesse de nous prendre pour des analphabètes ou des imbéciles.
Lorsque interrogés par le journal l'Expansion de ce mois-ci, 61 % des français considèrent dans ce sondage que nous sommes d'abord dans une crise générale du système capitaliste, ça a du sens !
Lorsqu'ils disent que ce sont d'abord les grands dirigeants d'entreprises les premiers responsables de cette crise, ça veut dire quelque chose !
Et lorsque les français concluent qu'à leurs yeux la première mesure à prendre serait une loi pour réglementer davantage le fonctionnement des marchés financiers, en vue de les contrôler et d'assurer la transparence, on ne peut pas faire comme si tout cela, justement, n'est et ne devra jamais être à l'ordre du jour !
Ce qui est en cause, ce ne sont pas les réformes en soi mais bien le sens et la portée de ces réformes.
Le gouvernement, en quelques semaines, a visité beaucoup plus de commissariats, de casernes et de prisons que d'entreprises. Il ferait bien d'y aller voir avant de prendre pour argent comptant ce que lui dit le patronat.
En France, 10% de la population active est privée d'emploi par la non insertion, la banalisation des contrats précaires et de l'intérim, ou par l'éviction, qu'elle résulte d'un licenciement ou d'un dispositif de retraite anticipée. Les petites entreprises emploient une proportion grandissante de la main-d'uvre, et leur politique salariale, inscrite dans un rapport de forces que nul contrepoids syndical ne vient tempérer, pèse de plus en plus sur le marché du travail. Le développement du temps partiel contraint, souvent sans réelle contrepartie de temps libre, tant les horaires sont morcelés, entraîne l'essor du nombre de salariés rémunérés à des niveaux très faibles : ils sont trois millions à toucher une rémunération inférieure à 750 euros (moins de 5 000 francs). Dans ces conditions, le moindre aléa peut dégénérer rapidement et durablement en une catastrophe sociale atteignant toute une famille et capable d'affecter plusieurs générations successives.
Le Président de la République a dit " il faut permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ".
Lorsque nous avons appris que les ministres voyaient leur salaire augmenter de 70 % en juillet, juste avant de partir en vacances, nous avons commencé à avoir des doutes.
Mais, lorsque nous avons découvert la teneur du projet de loi préparé sur le temps de travail, le SMIC, les allégements de charges, nous avons mieux compris l'orientation du chef de l'Etat.
Tout le monde doit savoir ce qu'il en est.
Le Premier Ministre souhaite être jugé sur son action et ses décisions, c'est justement ce que nous faisons.
On dit avoir écouté les syndicats avant d'arrêter les arbitrages, alors qu'en est-il réellement ?
Le gouvernement renonce (mais pour combien de temps) à revoir les modalités de décompte du travail de nuit, soit ! Il retire son projet d'étendre le compte épargne temps qui, imaginez-vous, consistait à permettre aux employeurs de reporter jusqu'à 300 jours de repos d'un salarié sur une période de 10 ans ! Là, c'était le pompon !
Il n'en demeure pas moins que l'ensemble des dispositions concernant le futur décret sur les heures supplémentaires, comme le projet de loi sur la mise à mort des 35 heures et l'évolution du SMIC appellent une réaction des plus larges de la part des salariés.
Le gouvernement choisit de répondre à la demande du MEDEF en procédant par un décret à l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires qui serait porté à 180 heures au lieu de 130 chaque année. Aujourd'hui, il renvoie à la négociation le taux de rémunération des heures supplémentaires qui pourront être ainsi plus ou moins payées en fonction des entreprises, avec une majoration plancher de 10 %. Pour les très petites entreprises ce sera même 10 % sans négociation..
Les entreprises gagneront en flexibilité pour leur main-d'uvre. Inévitablement, c'est une incitation au travail à temps partiel auquel on nous accolera, autant que de besoin, des heures supplémentaires pas chères. Certaines entreprises gagneront même de l'argent avec les aides versées au nom de l'unification des SMIC. La super cagnotte pour le patronat représentera 21 milliards d'euros en 2005 payés par le contribuable.
Vendredi, au moment même où se déroulait la réunion de la Commission Nationale des Conventions Collectives, le Premier Ministre déclarait, à Strasbourg, aux chefs d'entreprise qui l'entouraient : " Vous allez pouvoir revenir aux 39 heures pour un coût de 10 % ".
Ce n'est pas la CGT qui le dit, c'est le chef du gouvernement !
Nous savons donc à quoi nous en tenir et le calendrier nous est précisé : le 18 septembre le Conseil des Ministres sera saisi du projet de loi. Début octobre, la nouvelle Assemblée Nationale l'examinera. Tout un symbole pour un début de mandat !
Il faut donc réagir en conséquence. C'est la raison pour laquelle, dans un premier temps, la CGT appelle les salariés, individuellement, collectivement, à ne pas perdre de temps et à prendre des initiatives sur leur lieu de travail, à faire pression sur le gouvernement, les chambres patronales, les députés.
Par dizaines de milliers, manifestons notre désaccord avec la remise en cause des 35 heures et affirmons notre exigence d'une réduction du temps de travail pour tous.
Messages, pétitions, rassemblements, toutes les formes d'expression seront bonnes pour empêcher que la flexibilité et les emplois à temps partiel ne viennent gangrener encore davantage la vie au travail.
Il faut rappeler à celui qui n'était qu'alors candidat qu'il s'inquiétait des disparités sociales entre salariés, selon que l'on soit dans une grande ou une petite entreprise. Eh bien son gouvernement règle le problème en stoppant le processus alors qu'un salarié sur deux n'a pas encore la RTT, principalement dans les petites entreprises et, de plus, il s'apprête à donner le feu vert aux employeurs qui voudront réviser les accords 35 heures souvent âprement négociés.
Et puisqu'aucun syndicat n'a donné son accord, alors nous devons, si le gouvernement persiste, pouvoir envisager de faire des choses ensemble, dans l'unité. La CGT y est pleinement disposée et propose aux autres confédérations d'en discuter dans les prochaines heures.
En quelques jours, la mobilisation peut être très large si nous nous y mettons dès maintenant.
En lisant la presse d'affaires étrangère, les éditoriaux qui supplient le gouvernement français à ne pas hésiter sur les réformes impopulaires, on perçoit mieux encore les enjeux relatifs au sort qui sera fait aux 35 heures dans notre pays.
La plupart des gouvernements et le patronat européens sont, en effet, confrontés à un développement des mobilisations syndicales.
Sur les salaires, en Allemagne, et plus récemment en Grande-Bretagne avec une mobilisation des plus importantes depuis 30 ans pour les salaires et la dignité.
En d'autres pays, ce sont les attaques portées par différents gouvernements de droite contre les codes du travail, les systèmes de protection sociale.
En Espagne, après la grève du 20 juin lors du Sommet de Séville, les syndicats préparent une nouvelle mobilisation pour la protection sociale, le 5 octobre.
Au Portugal, après une manifestation en juillet, c'est la grève qui est envisagée pour la défense du Code du Travail.
En Italie, la CGIL poursuit ses mobilisations sur l'article 18 du Code du travail et prépare une grève le 18 octobre.
En Suisse, le 31 août, une importante manifestation refusait un processus de privatisation de la sécurité Sociale.
La législation et les droits des salariés sont souvent dans le collimateur dans les pays d'Europe centrale et les Balkans. C'est le cas en Pologne, en Hongrie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, mais aussi en Russie, Biélorussie, Ukraine où des réactions se sont multipliées durant tout le premier semestre.
Tout cela témoigne à la fois de la similitude des situations. Tout cela confirme la nécessité d'articuler notre intervention nationale au cadre européen en étant partie prenante des rendez-vous qui permettent aux salariés d'Europe d'exiger que le progrès social soit un des moteurs de la construction européenne.
Il y aura des suites aux euro manifestations de Nice, Barcelone et Bruxelles.
Voyons bien que la mise à mort des 35 heures à la française est attendue par beaucoup pour anéantir la revendication des 35 heures dans toute l'Europe.
Des enquêtes commandées par le Ministère des Affaires sociales, il apparaît que 60 % des salariés bénéficiant des 35 heures sont satisfaits.
Ecoutons plutôt ce que disent les autres 40 % : absence d'embauche suffisante, polyvalence subie et gel des rémunérations sont les principales critiques. C'est à cela qu'il faut répondre en priorité.
La loi sur les 35 heures a provoqué en son temps un véritable " réflexe de classe " dans le patronat. Rappelons nous la véhémence du langage, SEILLIERE se répandant sur les ondes pour dénoncer ce qu'il appelait une " aberration ", avec ce ton dont peuvent difficilement se départir ceux qui sont nés pour commander : mais mon ami vous n'y êtes pas, après les congés payés en 36 la RTT est une pure aberration !
Vous avez remarqué combien le MEDEF, hier partisan à tout crin du dialogue social entre " partenaires ", presse la majorité de droite aux responsabilités pour qu'avec des lois et des décrets elle détruise les 35 heures partout où c'est possible.
Nous ne laisserons pas accabler les 35 heures de tous les maux. Notre expérience nous conduit à des conclusions opposées à celles de la majorité de droite et des gens du MEDEF. Des dizaines de milliers d'emplois ont été créés.
Des milliers d'emplois à temps partiel ou à durée déterminée ont été transformés en emplois à plein temps et en CDI. C'est un acquis pour tous et pas seulement pour ceux qui en ont directement bénéficié. C'est cela aussi la solidarité revendicative.
La Réduction du temps de travail constitue un défi majeur pour l'ensemble du mouvement syndical. Elle ouvre des perspectives revendicatives nouvelles à beaucoup de salariés et de syndicats, mais l'essentiel reste à faire. Dans ce domaine, comme dans d'autres, nous avons rencontré les limites que nous imposent l'insuffisance de la syndicalisation et la faiblesse de l'implantation syndicale.
Il s'agit maintenant de repenser la relation entre temps de travail, temps privé et temps social. Le processus 35 heures a permis de remettre l'organisation du travail au centre de l'activité revendicative. La flexibilisation, les flux tendus, l'extension du travail posté, du travail des samedis et des dimanches et du temps partiel contraint, et la mise sous tension permanente du personnel d'encadrement ne sont pas un tribut éternel à payer au nom de la concurrence et de la modernité. Les exigences et les méfaits d'une conception intensive de la productivité deviendront progressivement insupportables : si pour certains " le temps c'est de l'argent ", pour un salarié son temps c'est sa vie.
Alors gagner plus, évidemment.
Nous disons il faut d'abord permettre de gagner plus à ceux qui travaillent déjà beaucoup ! C'est la condition pour mieux vivre. C'est le moyen pour élargir les débouchés. C'est aussi la manière de reconnaître la valeur du travail et l'effort de chacun. Il faut en finir avec une vision qui fait du salaire et des cotisations sociales seulement un coût pour l'entreprise. La rémunération du salarié c'est à la fois la reconnaissance que le travail est la source principale de richesses et le principal débouché pour la production. Notre conclusion est claire : il n'y aura de relance durable de la croissance sans une dynamique salariale nouvelle. Nous n'avons pas attendu cette rentrée pour le dire. C'est cela que nous voulons négocier partout dans les branches et avec le gouvernement.
Le 20 août paraissait à la une du Figaro une tribune cosignée par Ernest Antoine SEILLIERE et Denis KESSLER sur le thème " Le nouveau gouvernement et les réformes ". Elle était pompeusement intitulée " Refondation, an II ". Je dis pompeusement parce qu'il ne me serait jamais venu à l'idée de me représenter ces deux personnages sous les traits de ces fameux soldats de l'an II, révolutionnaires " sans culottes ", sans chaussures et donc sans pompes !
Qu'est-ce qui inspire cette envolée révolutionnaire ? La réponse se trouve dans l'interview au Parisien du 28 août donnée par le bon Monsieur SEILLIERE : " nous voulons être dans la compétition européenne et mondiale au même niveau que les autres qui n'ont ni les 35 heures, ni nos entraves à la restructuration ".
Ce que Monsieur SEILLIERE appelle des entraves à la restructuration, c'est en gros ce que les autres appellent le Code du Travail. Je vous dis ça c'est au cas où certains d'entre vous n'auraient pas entravé de quoi il cause !
" Il faut oser " disent-ils et ils précisent immédiatement un objectif essentiel de leur audace : " la réforme en profondeur du SMIC ", afin, je cite, de " dépolitiser la question des salaires parce que cela a conduit à priver d'emploi les personnes les moins qualifiées " et de " laisser au gouvernement le soin de définir une politique des revenus par des mécanismes fiscaux comme la prime pour l'emploi ou l'impôt négatif ". Soyons clairs, en fait de réforme du SMIC, le MEDEF demande son abolition ! Sa logique est d'un cynisme étincelant : laissez nous les mains libres pour faire des salariés flexibles, ne nous soumettez pas à des obligations pour les rémunérations et délivrez nous des cotisations sociales en abaissant les charges patronales. Ainsi soit il !
Non ! Contrairement à ce que clame le MEDEF, le SMIC n'est pas une survivance, le témoin d'une civilisation passée. Le SMIC demeure un outil de solidarité et de progrès ! Il est bon que le gouvernement n'ait pas repris à son compte la disparition du SMIC.
C'est bien aussi que la sortie du dispositif des multiples SMIC se fasse " par le haut ". Mais soyons clairs : la majorité des smicards seront loin de bénéficier d'une augmentation de 11,5 % qu'on leur fait miroiter. De plus, la contrepartie est une augmentation massive des exonérations de cotisation octroyées aux entreprises.
Ces constats déterminent les deux priorités de la CGT :
o-rendre effectif le droit à l'emploi dans des conditions qui donnent la possibilité à chacun de s'insérer durablement dans le monde du travail, puis de bénéficier des droits et des moyens permettant de construire des projets d'avenir professionnels et personnels.
opermettre à tous les salariés de vivre une vraie vie, en revalorisant les salaires, en garantissant le niveau et les droits à la retraite, en assurant l'accès à des services publics de qualité.
Ces priorités exigent une politique de protection, de prévention et de promotion sociale qui contienne et contrôle les pouvoirs de l'employeur, qui oblige les entreprises à participer collectivement à l'organisation ou au financement des grandes fonctions indispensables à l'amélioration des conditions de vie au travail et hors travail, à une vision plus solidaire des rapports sociaux, à une conception durable du développement.
Notre revendication d'un nouveau statut du travail salarié destiné à " garantir à chaque salarié tout au long de sa vie des droits qui lui permettent d'exercer un travail, de se former, et d'avoir le parcours professionnel et le déroulement de carrière auxquels il aspire " acquiert dans un tel contexte une importance stratégique.
Nous ne connaissons pas encore les arbitrages budgétaires définitifs pour 2003.
Les informations qui transpirent depuis quelques jours inquiètent.
Côté fiscalité, ce sont " des choix de classe " qui se confirment puisque les trois mesures phares qui sont en cours d'élaboration vont toutes dans le même sens : un nouvel allégement de l'impôt sur le revenu qui profitera aux ménages les plus aisés, une nouvelle baisse de la Taxe professionnelle pour les entreprises et les nouvelles exonérations de cotisations patronales à la Sécurité sociale pour couronner le tout.
Chacun connaît le vieux dicton populaire, un peu fataliste : " il pleut toujours là où c'est mouillé ". Mais là, force est de constater que le gouvernement en fait beaucoup pour les mêmes qui ne sont pas les plus à plaindre. Plutôt que de mettre en cause le développement de l'emploi précaire et le principe de l'irresponsabilité des entreprises vis-à-vis des dégâts sociaux provoqués par leurs objectifs ou leurs erreurs de gestion, nos gouvernants s'obstinent à stigmatiser la dépense publique et à prôner la réduction des prélèvements fiscaux et sociaux indispensables tant à la justice sociale qu'à l'efficacité de l'économie.
Renoncer à des projets pour de nouvelles infrastructures peut avoir de lourdes conséquences, notamment en matière de transport dans une région comme l'Ile de France.
L'annulation de l'Exposition internationale de Seine Saint Denis est un mauvais coup pour le département parisien le plus frappé par le chômage.
Qu'il faille discuter de l'évolution des services publics de l'Etat pour qu'ils répondent mieux aux besoins, non seulement nous sommes d'accord, mais cela fait longtemps que nous nous battons pour cet objectif ! Faire croire que c'est en organisant des coupes claires dans les effectifs de l'enseignement, de la recherche, du Trésor public ou de la jeunesse et des sports que l'on y arrivera relève d'une démagogie dangereuse.
En matière de retraite, les salariés ont bien perçu que nous sommes rentrés dans une phase décisive. Le gouvernement a fixé son calendrier. Les négociations s'ouvriront après les élections prud'homales. Il n'est pas besoin d'être devin pour pronostiquer une sérieuse confrontation. Chacun se prépare, avec au centre, l'avenir de notre système de retraite par répartition et donc l'avenir pour des millions de retraités d'aujourd'hui et des salariés qui le seront demain.
Le MEDEF l'a bien compris. Il manoeuvre pour pouvoir peser au maximum sur la négociation qui doit s'ouvrir avec le gouvernement. Tel est bien le sens de sa position mardi dernier lors de la discussion sur le prolongement du dispositif de retraite complémentaire permettant chaque année à plusieurs centaines de milliers de salariés du secteur privé de toucher une retraite à taux plein dès 60 ans, sans abattement.
La logique aurait voulu que syndicats et patronat se donnent le temps de la discussion toute l'année 2003 sans prendre en otage les dizaines de milliers de salariés qui, chaque mois, demandent la liquidation de leur dossier de retraite.
Comment expliquer que ceux qui le feront avant le 2 octobre 2003 pourront bénéficier du régime actuel alors que ceux qui auront 60 ans après cette date ne sauront pas à quelle sauce ils seront accommodés. Le patronat a-t-il l'intention de conclure des discussions aussi importantes à la faveur de l'été 2003, période estivale propice aux mauvais coups ?
L'ambition du MEDEF est une fois de plus de remettre en cause le plus rapidement possible le droit de partir à 60 ans avec un niveau de retraite convenable. La CGT ne pouvait donc pas souscrire à un accord qui, s'il résolvait la situation immédiate de 200 000 salariés, entraînait la précarité pour tous les autres.
La fermeté de la CGT sur ce dossier sera sans faille. L'objectif est bien de parvenir à garantir notre système de retraite pour toutes les générations, ceux qui vont bientôt prendre leur retraite, comme les millions de jeunes qui débutent leur activité professionnelle.
Ainsi, avec l'ensemble de nos fédérations et unions départementales, nous avons décidé de consacrer les 25 et 26 septembre à multiplier les initiatives sur l'avenir de nos retraites. La CGT va ainsi faire connaître plus largement encore ses positions et propositions. L'engagement de tous sera, là aussi, décisif.
Le MEDEF regrettait dernièrement qu'en 1995 ce qu'il appelle le " camp des conservateurs " soit entré en résistance et ait réussi finalement à l'emporter.
Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la CGT sera effectivement entrée en résistance et elle en est fière. Résister aux empiétements des employeurs, toujours tentés de plier les salariés aux exigences de la rentabilité et aux contraintes de la production, peser pour une répartition des richesses produites plus favorable au travail, sont les deux motivations essentielles de l'activité syndicale. A entendre ces messieurs, il faudrait toujours se plier à leurs conceptions : c'est d'ailleurs ce qu'ils appellent la flexibilité ! Eh bien non, la CGT ne se plie pas et elle invite les salariés à bien conserver la faculté de rester debout.
Il y a des acquis sociaux fondamentaux qui méritent d'être conservés et si c'est être conservateurs que de les défendre, et encore mieux de les améliorer, nous le serons !
Le MEDEF est coutumier d'excès, dans le propos comme dans ses attitudes, mais le plus fondamental est bien qu'il agit et s'exprime d'abord et avant tout pour ramasser le plus vite possible la mise, il presse le gouvernement à passer outre les résistances pour réformer en profondeur la société française. Mais la réforme n'est pas le progrès : on le voit bien avec les 35 heures où le MEDEF exige le retour en arrière !
Bien sûr il cherchera tactiquement par tous les biais à isoler la CGT en essayant de lui coller l'étiquette caricaturale du front du refus. Ce serait tellement commode d'arriver à faire croire que les patrons n'ont que de bonnes intentions et que ce seraient les syndicats les éternels empêcheurs de tourner en rond qui pourriraient le monde qu'ils veulent nous donner.
On nous dit qu'il y aurait surenchère syndicale du fait des élections prud'homales.
De quelle surenchère parle-t-on ? Personnellement, je n'en vois pas ! Nous pensons même que le mouvement syndical français est plutôt timoré, que si les confédérations syndicales s'en donnaient les moyens il y aurait bien d'autres perspectives possibles que de retarder ou limiter les mauvais coups.
Là est la clef pour faire évoluer la situation sociale en France. Le syndicalisme doit se rassembler, se renforcer, les salariés en ont besoin si l'on veut vraiment donner du contenu à la mobilisation et à la négociation sociale.
Où est la surenchère lorsqu'on ne reconnaît même pas le droit aux salariés de se syndiquer et de s'organiser dans leur entreprise ?
Lorsqu'on veut assimiler ceux qui revendiquent à des délinquants ?
On peut même se poser la question de savoir si l'Etat français ne serait pas condamnable devant les instances du Bureau international du travail au motif du grand nombre d'atteintes portées au libre exercice des droits syndicaux dans les entreprises.
Nous saluons la mobilisation au sein du groupe Pinault Printemps La Redoute qui a contraint la direction à retirer sa plainte à l'égard de 20 militants que l'on voulait faire comparaître devant un tribunal.
Alors, oui, il va y avoir des élections syndicales, oui, cela sous-entend une certaine compétition. Nous n'avons pas l'intention, pour ce qui nous concerne, de la conduire en tirant à vue sur le voisin.
Il faut cependant que les salariés connaissent les raisons qui conduisent chaque organisation à défendre telle ou telle position.
Il faut que chaque salarié puisse se faire librement son propre jugement sur le comportement des uns ou des autres pendant et à la fin des négociations.
Avons-nous eu tort ou raison en refusant la dernière convention d'indemnisation du chômage qui laisse à la charge de la collectivité 60 % des chômeurs ?
Avons-nous eu tort ou raison, à l'époque, de demander au gouvernement d'être plus précis et plus directif sur la mise en place des 35 heures dans les entreprises ?
Avons-nous eu tort ou raison de rejeter, après la mobilisation de janvier 2000, le texte sur les retraites complémentaires qui stipule expressément qu'il faudrait, à l'avenir, privilégier un nouvel allongement de la durée de cotisations des salariés dans la réforme des retraites ?
C'est aussi sur tout cela qu'il faudra se prononcer le 11 décembre.
Combien de décisions unilatérales des employeurs ou des pouvoirs publics ?
Combien de lois ou de décrets sans même consulter l'opinion des salariés et de leurs représentants, alors qu'on intervient sur leurs conditions de vie et de travail ?
Combien de négociations qui se concluent par la signature d'accords minoritaires qui ne tiennent pas compte de l'opinion des salariés ?
A ce propos, je veux redire devant vous combien il devient de plus en plus insupportable pour la CGT que les règles de la négociation dans notre pays ne tiennent absolument pas compte de l'expression démocratique des salariés.
Le patronat a beau jeu de vouloir négocier les droits sociaux par entreprise, voire même par établissement. Lorsqu'il rencontre une présence syndicale - ce qui est malheureusement loin d'être le cas partout- il sait pouvoir contourner l'obstacle puisqu'il lui suffit d'obtenir une signature de l'une des 5 confédérations pour mettre en uvre un accord.
Cette situation n'est plus tenable et il aurait été salutaire que le gouvernement précédent ait le courage et l'audace d'ouvrir le chantier de la démocratie sociale !
Je veux rappeler les principales propositions de la CGT à ce sujet :
1. Tous les salariés, quelle que soit la taille de l'entreprise dans laquelle ils travaillent, doivent régulièrement pouvoir élire leurs représentants. Il faut, en particulier, combler le vide dans les petites entreprises par des délégués de site ou de branche par bassin d'emploi.
2. Il faut tenir compte de ce que disent les salariés aux élections professionnelles. Ainsi, seuls doivent être mis en uvre les accords signés par des organisations syndicales représentant une majorité des salariés concernés par la négociation.
3. Il faut renouer avec l'élection directe, par les assurés sociaux, de leurs représentants dans les organismes de la Sécurité Sociale.
Vous savez, comme moi, que d'autres confédérations ne souhaitent pas - et pour cause - changer les règles en vigueur. Le gouvernement renvoie d'ailleurs le traitement du sujet à plus tard.
Pourquoi avoir peur de la démocratie ?
Pourquoi rester figé sur un système obsolète qui porte atteinte à la crédibilité même du syndicalisme ?
L'entreprise ne peut pas rester le seul lieu où, dès que l'on franchit le seuil de la porte, la démocratie n'aurait pas droit de cité !
Si le paysage syndical français doit évoluer, c'est d'abord aux salariés d'en décider. Toutes les confédérations syndicales ne doivent pas perdre de vue qu'elles sont d'abord dépositaires d'un droit de représentation qui impose de rendre des comptes de son mandat aux salariés.
Je vous invite, chers Camarades et chers amis, à pousser cette exigence de réformes démocratiques dans vos entreprises et vos branches professionnelles.
Chacun comprend, dans les circonstances actuelles, combien les élections prud'homales du 11 décembre représentent un rendez-vous de première importance pour notre avenir à tous.
L'enjeu est multiple, chacun doit en prendre la mesure.
Le premier enjeu, bien sûr, concerne la qualité des juges salariés qui seront élus à l'issue de cette consultation nationale.
Nous avons encore quelques jours pour compléter nos listes de candidates et de candidats qui seront représentatifs de la réalité sociale de la région, des diversités culturelles et professionnelles. Nous progresserons, je l'espère, vers la parité.
Les militantes et les militants présentés par la CGT peuvent s'appuyer sur une organisation qui a l'expérience et l'expertise nécessaires.
Dans les différentes sections, nous pourrons nous servir de notre propre bilan pour mettre en évidence que, dans bien des cas, nous avons contribué à réparer des préjudices, à sanctionner des employeurs voulant ignorer le droit.
Les élections prud'homales sont le seul rendez-vous permettant aux salariés de s'exprimer ensemble sur des listes syndicales ; une opération vérité, en quelque sorte, de la représentativité des uns et des autres. C'est la seule occasion, qui se renouvelle tous les 5 ans, offerte aux chômeurs, aux salariés des petites entreprises qui n'ont ni DP, ni CE, d'exprimer leur opinion . Quelles que soient leur nationalité, leur branche professionnelle, leur place dans l'entreprise, tous peuvent voter.
Le 11 décembre, les salariés procéderont à des élections et, dans le même temps, ils adresseront plusieurs messages.
Par leur vote, ils apporteront indirectement leur soutien à une démarche et à des objectifs syndicaux.
En ce sens, la question que chaque salarié devra aussi se poser au moment de voter c'est : " dans les circonstances présentes, quel peut être le vote le plus efficace, quel est le syndicat qui me semble le plus pertinent, à qui dois-je donner mon soutien sachant que cela aura des conséquences pour ma situation et celle de mes proches " ?
A cette question, il va nous falloir convaincre que c'est la CGT la bonne réponse.
Le bulletin de vote qui va porter le progrès social, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin de vote qui fera réfléchir le gouvernement et le MEDEF à deux fois, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour l'avenir des retraites, de la Sécu, des salaires et des 35 heures, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour le tous ensemble, pour l'unité, pour l'efficacité, c'est le bulletin CGT.
Tout le monde est donc concerné par les répercussions de ce grand rendez-vous social. Ceux qui sont électeurs comme ceux qui ne le sont pas ; je pense aux retraités ou aux titulaires de la Fonction Publique qui peuvent aussi apporter leur pierre à la campagne nationale pour gagner le vote CGT.
Les trois mois qui sont devant nous appellent une mobilisation générale pour contrarier ceux qui redoutent le verdict et qui espèrent, en secret, que l'institution serait condamnée si d'aventure la participation au scrutin était largement minoritaire.
On ne nous facilitera sans doute pas la tâche, mais en nous y mettant tous nous relèverons ce défi.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant va pouvoir, dans son entourage familial, professionnel, aller chercher les voix, une à une, pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Près de 17 millions d'électeurs inscrits, dont 3,8 millions en Ile de France, c'est dire combien le résultat ici est déterminant. Cela nécessite un déploiement en conséquence.
Le 11 décembre peut paraître lointain et pourtant, c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
oen vérifiant que les salariés sont bien inscrits et sur les bonnes listes électorales,
oen faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre, une date que chaque salarié doit tout de suite cocher sur son agenda.
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation.
Dans ces milliers de rencontres et de contacts, nous ne devons pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales.
Je le dis très amicalement à ceux d'entre-vous qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine ; notre journal, La Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Chers Camarades et chers amis,
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
Si nous y mettons toute notre détermination, notre confiance, si dans les jours et les semaines qui viennent nous nous engageons résolument, sur chaque lieu de travail, dans la mobilisation et la campagne eh bien, tous ensemble, nous gagnerons sur les revendications et aux élections du 11 décembre.
(Source http://www.cgt.fr, le 12 septembre 2002)
Je vous remercie d'avoir répondu massivement à l'invitation de notre confédération et de l'Union régionale Ile de France. Cette manifestation qui nous réunit dans la grande salle du ZENITH est un rendez-vous important pour la CGT. Important, car ce qu'il est convenu traditionnellement d'appeler la rentrée sociale est marqué cette année à la fois par les événements majeurs qui ont abouti au changement de la majorité politique dans notre pays et par la perspective, dans trois mois, des élections des Conseils de Prud'hommes le 11 décembre prochain.
Aujourd'hui, avec vous, la CGT veut faire le point sur la situation économique et sociale, sur les premières mesures politiques prises par le nouveau gouvernement et sur celles qu'il a d'ores et déjà annoncées. Aujourd'hui, la CGT veut, avec vous, analyser les prises de position du MEDEF. Aujourd'hui, la CGT lance officiellement et vigoureusement une grande campagne nationale pour les élections prud'homales, dans un tour de France d'une dizaine d'étapes qui s'achèvera à Toulouse le 3 décembre.
Nous allons identifier ensemble les enjeux de ces élections qui concernent des millions de salariés du secteur privé et du secteur public, démontrer qu'elles constituent un moment décisif pour affirmer la représentativité du mouvement syndical en général et celle de la CGT en particulier. Enfin, cette campagne va nous permettre de rencontrer " en direct " des dizaines de milliers de sympathisants et, à travers eux, des centaines de milliers d'autres salariés. Elle s'inscrit ainsi totalement dans la préparation de notre 47 ème congrès qui se tiendra au printemps prochain, un congrès que nous avons décidé de concevoir et de construire comme un moment intense de vie démocratique de notre organisation, en même temps qu'un témoignage public et authentique de la capacité de la CGT à affronter les problèmes de la société française dans un environnement européen et mondial complexe.
Nous sommes ensemble aujourd'hui pour réfléchir, mais aussi déterminés à agir dans une situation inédite issue des consultations politiques d'avant l'été avec, comme toujours, l'unité et les avancées sociales comme objectifs.
Depuis quelques mois un nouveau gouvernement est en place. Il a déjà donné le cap et pris de premières orientations et décisions dont la plupart sont pour le moins contestables au regard de nos attentes.
Au sein du patronat le MEDEF fait feu de tout bois. Il harcèle la nouvelle majorité politique, façon habile de manifester sa distance ou sa différence tout en réclamant ce qu'il estime être son dû. Il presse le gouvernement à agir vite, à prendre des décisions lourdes susceptibles de détériorer durablement la situation des salariés et plus largement la santé économique et sociale de notre pays.
Pour des millions de femmes et d'hommes il y a urgence à sortir au plus vite des schémas stéréotypés que l'on nous rabâche depuis des années. La réalité sociale de la région Ile de France ne déroge pas à cette nécessité.
Votre région, c'est la région " capitale ".
Avec 5 millions de salariés, c'est le premier bassin d'emploi européen.
C'est la région où est produit près de 30 % de la richesse nationale dans un espace social marqué par de fortes inégalités. C'est en Ile de France que sont regroupés près de 40 % des effectifs de la recherche. Près de la moitié des salariés sont ingénieurs, cadres, techniciens ou agents de maîtrise, ce qui nécessitera une campagne adaptée pour les prud'hommes. Mais c'est aussi 880 000 franciliens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, une progression du travail temporaire (un million de contrats sur les six premiers mois de cette année).
Terre de contrastes où l'affichage de l'argent côtoie une réelle pauvreté, où le travail informel s'installe, ce qui ne rend que plus légitimes les demandes de régularisation de ceux que l'on fait travailler sans papiers.
Une région où l'acuité des problèmes de logement, de transport se pose avec une force particulière.
Quelle attitude adopter dans cette situation ?
Il n'y a que deux réponses possibles :
osoit attendre d'hypothétiques jours meilleurs, faire le dos rond en se disant que le vent de l'histoire finira bien par éloigner la dépression,
osoit se dire qu'il en est comme de l'évolution du climat : beaucoup repose d'abord et avant tout sur des choix, des décisions, qu'il n'y a aucune fatalité d'aucune sorte et que les hommes et les femmes, s'ils et elles le décident, ont les moyens d'intervenir pour peser sur le cours des choses.
Ne laissons ni aux bonimenteurs ni aux malfaisants, pour ne pas dire aux malfaiteurs, le pouvoir de faire la pluie et le beau temps. La proposition et la mobilisation syndicale offrent un des principaux cadres d'intervention pour avoir prise sur les événements. Il faut nous en convaincre et nous en saisir avec lucidité et avec détermination.
Avec lucidité d'abord, et il convient de bien analyser cette situation inédite pour bien la comprendre.
Nous avons souligné à juste titre l'ampleur de la crise révélée par le scrutin présidentiel qualifié par de nombreux commentateurs de " choc ", de " séisme ".
Nous ne considérons pas à la CGT que cet événement ne serait qu'une mauvaise passe relevant d'une saute d'humeur passagère et destinée à ne rester qu'un mauvais souvenir. Le scrutin présidentiel du 21 avril a d'abord fonctionné comme un révélateur puissant et dramatique de la dégradation dangereuse du vécu social d'une grande partie de la société française, notamment de ceux qui vivent au jour le jour des difficultés matérielles et des humiliations personnelles ou collectives, des angoisses professionnelles ou familiales, toutes les souffrances ordinaires d'une précarité banalisée. Ce fait social constitue la manifestation la plus brutale et la plus nette d'un sentiment d'inquiétude qui atteint, à des degrés divers, une très large part de la société.
Rappelons brièvement les trois caractéristiques majeures du nouveau contexte politique résultant du scrutin présidentiel : le poids de l'extrême droite, un président élu dans des circonstances exceptionnelles et l'échec de la gauche.
La première est la capacité de l'extrême droite à réunir de nombreux suffrages en mettant en relation, sur fond de racisme et de xénophobie, le processus de mondialisation, l'immigration et la sécurité.
L'enracinement géographique du Front National et la diversification de son assise sociale sont accompagnés par l'abandon de toute autocensure : beaucoup se sont sentis " libérés " par le score du 21 avril et n'hésitent plus à se lâcher. Prenons y bien garde, ce mouvement peut évoluer comme il l'a fait en Italie et en Autriche et capter durablement et sans complexes l'adhésion importante des salariés les plus exposés au durcissement de l'exploitation du travail et les plus assujettis à la précarité de l'emploi. La consolidation du Front National dans le paysage politique français et le risque de sa normalisation progressive constituent une menace directe contre l'efficacité de notre combat pour l'unité et la solidarité entre tous les salariés.
Ce qu'on vit en France s'inscrit dans une évolution à l'échelle européenne. La Confédération Européenne des Syndicats incite justement le mouvement syndical à réagir fermement et à s'opposer clairement à ces courants politiques ; nous avons la responsabilité de mettre en évidence combien l'insécurité sociale est un fonds que ces forces exploitent sans vergogne.
La CGT a affirmé et continuera à affirmer que l'extrême droite incarne un système de pensée totalement opposé aux valeurs sociales et humaines qui sont au cur du combat syndical. Il n'y a aucune place, ni dans notre point de vue ni dans notre pratique, pour le racisme, la xénophobie, l'autoritarisme, la morgue ou l'étroitesse chauvine, l'exacerbation des peurs collectives et la manipulation démagogique des désarrois sociaux.
Parce que je sais que la plupart d'entre vous y ont apporté une part active, permettez-moi de vous remercier pour votre engagement dans la mobilisation historique du 1 er mai à Paris qui a vu des centaines de milliers de femmes et d'hommes, de toutes générations et de toutes origines, clamer ensemble leur attachement aux valeurs d'égalité, de liberté et de fraternité.
C'est pour ces valeurs que des centaines de camarades se sont, par le passé, engagés parfois au péril de leur vie. Parmi eux, il y a eu des hommes d'exception dont le dévouement et l'abnégation étaient sans limites et qui appellent toujours aujourd'hui notre plus grand respect et notre reconnaissance.
Au moment où nous apprenons avec une immense tristesse sa disparition je veux saluer, au nom de toute la CGT, la mémoire d'un métallo qui marquera à jamais l'histoire de Paris. Notre camarade Henri ROL-TANGUY.
Pour ce 1 er mai nous aurions aimé pouvoir constater une unanimité de la part des forces syndicales. La défection de certains, notamment à Paris et dans la région Ile de France, n'est-elle pas un signe de l'ampleur déjà atteinte par le mal ?
Comment ne verrions-nous pas l'analogie profonde qui existe entre ce cocktail dangereux que distille l'extrême droite et les idéologies fondamentalistes totalitaires au nom desquelles sont perpétrés des actes de terrorisme inqualifiables. En cette veille de l'anniversaire des terribles attentats qui ont endeuillé le peuple américain, je veux rappeler ici ce que nous avons dit en participant aux manifestations de recueillement du 14 septembre.
" Ce drame - disions-nous - frappe en premier lieu le peuple américain, la nation américaine. Nous comprenons son émotion et sa détermination à rechercher, poursuivre et condamner ceux qui ont accompli cet acte ignominieux, ceux qui l'ont commandité ou ceux qui, en ayant eu connaissance, l'ont soutenu ou l'ont toléré.
Mais cet événement dramatique a une portée plus large : la recherche de ses causes, la prise de conscience des dissensions politiques, des difficultés économiques, des inégalités sociales et des tensions culturelles dont il est le symptôme et le produit, concernent l'ensemble de la communauté internationale.
La justice et la prévention des crimes nécessitent une grande fermeté, mais aussi un très grand esprit de responsabilité, dans les opérations visant au démantèlement du terrorisme international. Les représailles, la guerre ne doivent plus être considérées comme des options inéluctables, car elles aggravent souvent les problèmes qu'elles étaient censées résoudre. La communauté internationale doit se poser concrètement et rapidement la question de l'avènement d'une nouvelle ère dans la conception des rapports économiques, politiques et stratégiques au niveau mondial ".
Ce que nous disions il y a presque un an garde toute sa pertinence.
Georges W. BUSH et l'administration américaine tournent délibérément le dos à cette conception. Ce comportement présente les plus graves dangers et nécessite une prise de conscience et une mobilisation de toutes les forces de paix en France et en Europe. Le sentiment profond de la communauté de destin de l'ensemble de la collectivité humaine et la conviction que son avenir exige plus de justice sociale, plus de démocratie, plus de responsabilité, plus de solidarité constituent chaque année le message profond de la célébration de la fête du travail dans le monde entier.
Deuxième fait essentiel des consultations politiques intervenues avant l'été :
La CGT est bien placée pour le savoir, Jacques CHIRAC, désormais Président de la République, n'a pas été élu avec 82 % des voix sur la base de son programme économique et social ! Le Président est élu par la mobilisation républicaine contre le candidat d'extrême droite présent au deuxième tour et dans un contexte d'abstention record pour ce type de consultation.
Le gouvernement qu'il a désigné ne doit pas perdre de vue cette évidence, il doit en avoir conscience et sera bien inspiré de faire preuve de beaucoup de retenue et d'écoute avant de mettre en place des projets et des réformes qui n'ont à aucun moment recueilli le soutien massif et explicite de la population.
Le troisième fait majeur est évidemment l'échec de la gauche.
Les partis de gauche se livrent à leur propre analyse des événements pour élucider les causes de cette nouvelle alternance politique. Pour la CGT, une des principales causes réside dans son incapacité à proposer une véritable alternative à la dérive dangereuse dans laquelle s'engage le monde capitaliste, c'est-à-dire le monde entier, à travers la domination des logiques de rentabilité financière. Quelles que soient leurs conclusions, parce que cela fait pleinement partie de nos prérogatives syndicales, nous leur disons tranquillement que, si les opinions, les analyses, les propositions formulées par la CGT sur de nombreux plans avaient été plus souvent prises en considération, alors, alors peut-être, les choses auraient été différentes.
Mais l'on ne refait pas l'histoire ! Et c'est dans les circonstances d'aujourd'hui que la CGT doit assumer ses missions syndicales.
Nous sommes donc pleinement lucides de nos responsabilités mais certainement pas culpabilisés par des choix et des positions qui n'ont pas été de la compétence ou de la responsabilité de la CGT. Le syndicalisme a une tâche immense à assumer et notre syndicalisme en particulier. C'est là notre priorité.
Aucune rentrée n'est banale. Chacune est marquée par des événements spécifiques. Nul doute que cette rentrée 2002 portera les marques des problèmes sociaux. Comment sortir du marasme économique alors que la reprise s'éloigne ? Comment répondre aux besoins sociaux dont l'urgence ne cesse de croître ?
Faillite d'Enron ou de World Com faisant suite à la présentation de bilans truqués. Quasi cessation de paiement pour Vivendi en raison d'une stratégie d'acquisitions tous azimuts. France Telecom qui, après deux mois d'incertitudes, va annoncer un déficit de 10 à 15 milliards d'euros pour les six premiers mois de l'année " Rien ne va plus " au Royaume du capitalisme triomphant. L'été a vu s'amplifier une crise financière sans précédent et il est probable que la valse des PDG et capitaines de vaisseaux ne changera pas grand-chose ! Le CAC 40 a perdu 1/3 de sa valeur depuis début janvier. Les bourses de Londres, de New York, de Francfort n'arrêtent pas leur dégringolade , provoquant des faillites en chaîne, déstabilisant les firmes, des banques, parfois des pays entiers.
Nous qui sommes plus que critiques à l'égard du rôle des marchés financiers nous pourrions être tentés de nous réjouir d'une telle déconfiture. Mais voilà, on connaît bien le coup ! Quand la bourse monte il faut supprimer des emplois et comprimer les salaires pour que ça continue à monter ! C'est le théorème de Michelin version an 2000. Mais, si elle baisse, il faut dégraisser, il faut assainir ! C'est Alcatel version 2002. Dans tous les cas, le travail, l'emploi, les besoins sociaux sont les " variables d'ajustement ", comme le disent doctement tous les matins les commentateurs économiques. Et c'est nous tous qui nous retrouvons avec les plans de licenciements.
Dans les cas difficiles on fait appel à des spécialistes pour vous bourrer le mou : Alain MINC, un récidiviste, nous explique dans un long et besogneux article qu'il suffirait de mettre de " la morale dans les affaires ". Bien sûr les scandales existent. Bien sûr quelques dirigeants peu scrupuleux s'en mettent plein les poches. Les stocks options n'ont pas fait que des perdants, les revenus exigés et perçus par les grands managers atteignent des niveaux pharaoniques, les indemnités de départ qui leur sont servies par contrat, même lorsqu'ils ont été défaillants, ont un ordre de grandeur supérieur au niveau de bien des plans dits sociaux arrachés pied à pied et âprement négociés pour des centaines de salariés. Mais le problème va bien au-delà des malversations, de la spéculation et de la cupidité collective d'une couche sociale privilégiée.
Ne nous trompons pas, nous ne sommes pas face à la crise finale d'un capitalisme moribond, mais bien devant un formidable échec de celui-ci à affronter les problèmes nouveaux posés au développement humain. L'avenir de la planète, tout comme la sécurité des biens et des personnes sont déjà parmi les victimes de cette crise.
Les trois grandes vedettes du business show ne tiennent pas la route :
o" La nouvelle économie ", portée au pinacle il y a encore un an, est en miettes. Pourtant la mutation technologique est là et demande à s'accomplir pour répondre aux besoins sociaux nouveaux.
o" L'Assurance ", censée résoudre tous nos problèmes comme l'affirmait il y a encore quelques jours Denis KESSLER, est en échec lorsqu'il faut couvrir les nouveaux risques, ceux de l'hôpital, de l'amiante, ou les catastrophes naturelles.
J'en profite pour rappeler à tous ceux qui l'oublient que Denis KESSLER préside la Chambre patronale des sociétés d'assurances ; il faudra quand même bien un jour que les observateurs fonctionnant dans " les milieux autorisés ", comme disait COLUCHE, " s'autorisent à penser " que son obstination à détruire ou à dépecer notre Sécurité Sociale ne relève pas d'une simple coïncidence ! La vie l'aurait conduit dans l'immobilier, Denis KESSLER nous proposerait sans doute de vendre aux enchères l'Obélisque ou le Palais de l'Elysée pour équilibrer les finances publiques.
Dernières vedettes :
oLes privatisations ! Présentées comme le parangon de la modernité et de l'efficacité elles montrent leur vrai visage en Angleterre : on allait voir ce qu'on allait voir, les marchés financiers allaient faire " mieux rouler les trains " ou " améliorer la fourniture d'électricité ". Résultat, le gouvernement de Tony BLAIR est contraint de reprendre le contrôle de la société qui organise le trafic ferroviaire ! Et quant à British Energy, l'équivalent privatisé d'EDF, la valeur de son titre a perdu 70% en 12 mois.
Le gouvernement a dû intervenir dimanche soir pour éviter la faillite.
Et l'on veut nous resservir la privatisation des services publics comme la recette miracle !
Le temps d'une franche confrontation est venu pour faire les choix politiques et sociaux qui vont marquer notre société pendant les décennies à venir. Tout ne relève pas de la compétence syndicale. Il y a place pour un vrai débat politique. Mais nous avons notre mot à dire et nous le dirons ! Et au delà nous avons à peser syndicalement pour que chaque décision prenne en compte les intérêts du monde du travail. La CGT de ce point de vue n'a pas l'intention de rester les deux pieds dans le même sabot.
Je me félicite, d'ores et déjà, des mobilisations professionnelles en préparation comme celles des électriciens et gaziers, le 3 octobre ! Celle des intermittents du spectacle, le 16 septembre, pour l'indemnisation de leur période de chômage, ou celle des personnels d'Air France, demain, contre la privatisation.
N'en déplaise à nos détracteurs, la modernité n'est pas dans le camp de ceux qui vantent les mérites d'une logique économique qui sème exclusion, subordination, inégalités et discrimination.
Que les français et les salariés en particulier attendent du changement, c'est une évidence ; mais qu'on cesse de nous prendre pour des analphabètes ou des imbéciles.
Lorsque interrogés par le journal l'Expansion de ce mois-ci, 61 % des français considèrent dans ce sondage que nous sommes d'abord dans une crise générale du système capitaliste, ça a du sens !
Lorsqu'ils disent que ce sont d'abord les grands dirigeants d'entreprises les premiers responsables de cette crise, ça veut dire quelque chose !
Et lorsque les français concluent qu'à leurs yeux la première mesure à prendre serait une loi pour réglementer davantage le fonctionnement des marchés financiers, en vue de les contrôler et d'assurer la transparence, on ne peut pas faire comme si tout cela, justement, n'est et ne devra jamais être à l'ordre du jour !
Ce qui est en cause, ce ne sont pas les réformes en soi mais bien le sens et la portée de ces réformes.
Le gouvernement, en quelques semaines, a visité beaucoup plus de commissariats, de casernes et de prisons que d'entreprises. Il ferait bien d'y aller voir avant de prendre pour argent comptant ce que lui dit le patronat.
En France, 10% de la population active est privée d'emploi par la non insertion, la banalisation des contrats précaires et de l'intérim, ou par l'éviction, qu'elle résulte d'un licenciement ou d'un dispositif de retraite anticipée. Les petites entreprises emploient une proportion grandissante de la main-d'uvre, et leur politique salariale, inscrite dans un rapport de forces que nul contrepoids syndical ne vient tempérer, pèse de plus en plus sur le marché du travail. Le développement du temps partiel contraint, souvent sans réelle contrepartie de temps libre, tant les horaires sont morcelés, entraîne l'essor du nombre de salariés rémunérés à des niveaux très faibles : ils sont trois millions à toucher une rémunération inférieure à 750 euros (moins de 5 000 francs). Dans ces conditions, le moindre aléa peut dégénérer rapidement et durablement en une catastrophe sociale atteignant toute une famille et capable d'affecter plusieurs générations successives.
Le Président de la République a dit " il faut permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ".
Lorsque nous avons appris que les ministres voyaient leur salaire augmenter de 70 % en juillet, juste avant de partir en vacances, nous avons commencé à avoir des doutes.
Mais, lorsque nous avons découvert la teneur du projet de loi préparé sur le temps de travail, le SMIC, les allégements de charges, nous avons mieux compris l'orientation du chef de l'Etat.
Tout le monde doit savoir ce qu'il en est.
Le Premier Ministre souhaite être jugé sur son action et ses décisions, c'est justement ce que nous faisons.
On dit avoir écouté les syndicats avant d'arrêter les arbitrages, alors qu'en est-il réellement ?
Le gouvernement renonce (mais pour combien de temps) à revoir les modalités de décompte du travail de nuit, soit ! Il retire son projet d'étendre le compte épargne temps qui, imaginez-vous, consistait à permettre aux employeurs de reporter jusqu'à 300 jours de repos d'un salarié sur une période de 10 ans ! Là, c'était le pompon !
Il n'en demeure pas moins que l'ensemble des dispositions concernant le futur décret sur les heures supplémentaires, comme le projet de loi sur la mise à mort des 35 heures et l'évolution du SMIC appellent une réaction des plus larges de la part des salariés.
Le gouvernement choisit de répondre à la demande du MEDEF en procédant par un décret à l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires qui serait porté à 180 heures au lieu de 130 chaque année. Aujourd'hui, il renvoie à la négociation le taux de rémunération des heures supplémentaires qui pourront être ainsi plus ou moins payées en fonction des entreprises, avec une majoration plancher de 10 %. Pour les très petites entreprises ce sera même 10 % sans négociation..
Les entreprises gagneront en flexibilité pour leur main-d'uvre. Inévitablement, c'est une incitation au travail à temps partiel auquel on nous accolera, autant que de besoin, des heures supplémentaires pas chères. Certaines entreprises gagneront même de l'argent avec les aides versées au nom de l'unification des SMIC. La super cagnotte pour le patronat représentera 21 milliards d'euros en 2005 payés par le contribuable.
Vendredi, au moment même où se déroulait la réunion de la Commission Nationale des Conventions Collectives, le Premier Ministre déclarait, à Strasbourg, aux chefs d'entreprise qui l'entouraient : " Vous allez pouvoir revenir aux 39 heures pour un coût de 10 % ".
Ce n'est pas la CGT qui le dit, c'est le chef du gouvernement !
Nous savons donc à quoi nous en tenir et le calendrier nous est précisé : le 18 septembre le Conseil des Ministres sera saisi du projet de loi. Début octobre, la nouvelle Assemblée Nationale l'examinera. Tout un symbole pour un début de mandat !
Il faut donc réagir en conséquence. C'est la raison pour laquelle, dans un premier temps, la CGT appelle les salariés, individuellement, collectivement, à ne pas perdre de temps et à prendre des initiatives sur leur lieu de travail, à faire pression sur le gouvernement, les chambres patronales, les députés.
Par dizaines de milliers, manifestons notre désaccord avec la remise en cause des 35 heures et affirmons notre exigence d'une réduction du temps de travail pour tous.
Messages, pétitions, rassemblements, toutes les formes d'expression seront bonnes pour empêcher que la flexibilité et les emplois à temps partiel ne viennent gangrener encore davantage la vie au travail.
Il faut rappeler à celui qui n'était qu'alors candidat qu'il s'inquiétait des disparités sociales entre salariés, selon que l'on soit dans une grande ou une petite entreprise. Eh bien son gouvernement règle le problème en stoppant le processus alors qu'un salarié sur deux n'a pas encore la RTT, principalement dans les petites entreprises et, de plus, il s'apprête à donner le feu vert aux employeurs qui voudront réviser les accords 35 heures souvent âprement négociés.
Et puisqu'aucun syndicat n'a donné son accord, alors nous devons, si le gouvernement persiste, pouvoir envisager de faire des choses ensemble, dans l'unité. La CGT y est pleinement disposée et propose aux autres confédérations d'en discuter dans les prochaines heures.
En quelques jours, la mobilisation peut être très large si nous nous y mettons dès maintenant.
En lisant la presse d'affaires étrangère, les éditoriaux qui supplient le gouvernement français à ne pas hésiter sur les réformes impopulaires, on perçoit mieux encore les enjeux relatifs au sort qui sera fait aux 35 heures dans notre pays.
La plupart des gouvernements et le patronat européens sont, en effet, confrontés à un développement des mobilisations syndicales.
Sur les salaires, en Allemagne, et plus récemment en Grande-Bretagne avec une mobilisation des plus importantes depuis 30 ans pour les salaires et la dignité.
En d'autres pays, ce sont les attaques portées par différents gouvernements de droite contre les codes du travail, les systèmes de protection sociale.
En Espagne, après la grève du 20 juin lors du Sommet de Séville, les syndicats préparent une nouvelle mobilisation pour la protection sociale, le 5 octobre.
Au Portugal, après une manifestation en juillet, c'est la grève qui est envisagée pour la défense du Code du Travail.
En Italie, la CGIL poursuit ses mobilisations sur l'article 18 du Code du travail et prépare une grève le 18 octobre.
En Suisse, le 31 août, une importante manifestation refusait un processus de privatisation de la sécurité Sociale.
La législation et les droits des salariés sont souvent dans le collimateur dans les pays d'Europe centrale et les Balkans. C'est le cas en Pologne, en Hongrie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, mais aussi en Russie, Biélorussie, Ukraine où des réactions se sont multipliées durant tout le premier semestre.
Tout cela témoigne à la fois de la similitude des situations. Tout cela confirme la nécessité d'articuler notre intervention nationale au cadre européen en étant partie prenante des rendez-vous qui permettent aux salariés d'Europe d'exiger que le progrès social soit un des moteurs de la construction européenne.
Il y aura des suites aux euro manifestations de Nice, Barcelone et Bruxelles.
Voyons bien que la mise à mort des 35 heures à la française est attendue par beaucoup pour anéantir la revendication des 35 heures dans toute l'Europe.
Des enquêtes commandées par le Ministère des Affaires sociales, il apparaît que 60 % des salariés bénéficiant des 35 heures sont satisfaits.
Ecoutons plutôt ce que disent les autres 40 % : absence d'embauche suffisante, polyvalence subie et gel des rémunérations sont les principales critiques. C'est à cela qu'il faut répondre en priorité.
La loi sur les 35 heures a provoqué en son temps un véritable " réflexe de classe " dans le patronat. Rappelons nous la véhémence du langage, SEILLIERE se répandant sur les ondes pour dénoncer ce qu'il appelait une " aberration ", avec ce ton dont peuvent difficilement se départir ceux qui sont nés pour commander : mais mon ami vous n'y êtes pas, après les congés payés en 36 la RTT est une pure aberration !
Vous avez remarqué combien le MEDEF, hier partisan à tout crin du dialogue social entre " partenaires ", presse la majorité de droite aux responsabilités pour qu'avec des lois et des décrets elle détruise les 35 heures partout où c'est possible.
Nous ne laisserons pas accabler les 35 heures de tous les maux. Notre expérience nous conduit à des conclusions opposées à celles de la majorité de droite et des gens du MEDEF. Des dizaines de milliers d'emplois ont été créés.
Des milliers d'emplois à temps partiel ou à durée déterminée ont été transformés en emplois à plein temps et en CDI. C'est un acquis pour tous et pas seulement pour ceux qui en ont directement bénéficié. C'est cela aussi la solidarité revendicative.
La Réduction du temps de travail constitue un défi majeur pour l'ensemble du mouvement syndical. Elle ouvre des perspectives revendicatives nouvelles à beaucoup de salariés et de syndicats, mais l'essentiel reste à faire. Dans ce domaine, comme dans d'autres, nous avons rencontré les limites que nous imposent l'insuffisance de la syndicalisation et la faiblesse de l'implantation syndicale.
Il s'agit maintenant de repenser la relation entre temps de travail, temps privé et temps social. Le processus 35 heures a permis de remettre l'organisation du travail au centre de l'activité revendicative. La flexibilisation, les flux tendus, l'extension du travail posté, du travail des samedis et des dimanches et du temps partiel contraint, et la mise sous tension permanente du personnel d'encadrement ne sont pas un tribut éternel à payer au nom de la concurrence et de la modernité. Les exigences et les méfaits d'une conception intensive de la productivité deviendront progressivement insupportables : si pour certains " le temps c'est de l'argent ", pour un salarié son temps c'est sa vie.
Alors gagner plus, évidemment.
Nous disons il faut d'abord permettre de gagner plus à ceux qui travaillent déjà beaucoup ! C'est la condition pour mieux vivre. C'est le moyen pour élargir les débouchés. C'est aussi la manière de reconnaître la valeur du travail et l'effort de chacun. Il faut en finir avec une vision qui fait du salaire et des cotisations sociales seulement un coût pour l'entreprise. La rémunération du salarié c'est à la fois la reconnaissance que le travail est la source principale de richesses et le principal débouché pour la production. Notre conclusion est claire : il n'y aura de relance durable de la croissance sans une dynamique salariale nouvelle. Nous n'avons pas attendu cette rentrée pour le dire. C'est cela que nous voulons négocier partout dans les branches et avec le gouvernement.
Le 20 août paraissait à la une du Figaro une tribune cosignée par Ernest Antoine SEILLIERE et Denis KESSLER sur le thème " Le nouveau gouvernement et les réformes ". Elle était pompeusement intitulée " Refondation, an II ". Je dis pompeusement parce qu'il ne me serait jamais venu à l'idée de me représenter ces deux personnages sous les traits de ces fameux soldats de l'an II, révolutionnaires " sans culottes ", sans chaussures et donc sans pompes !
Qu'est-ce qui inspire cette envolée révolutionnaire ? La réponse se trouve dans l'interview au Parisien du 28 août donnée par le bon Monsieur SEILLIERE : " nous voulons être dans la compétition européenne et mondiale au même niveau que les autres qui n'ont ni les 35 heures, ni nos entraves à la restructuration ".
Ce que Monsieur SEILLIERE appelle des entraves à la restructuration, c'est en gros ce que les autres appellent le Code du Travail. Je vous dis ça c'est au cas où certains d'entre vous n'auraient pas entravé de quoi il cause !
" Il faut oser " disent-ils et ils précisent immédiatement un objectif essentiel de leur audace : " la réforme en profondeur du SMIC ", afin, je cite, de " dépolitiser la question des salaires parce que cela a conduit à priver d'emploi les personnes les moins qualifiées " et de " laisser au gouvernement le soin de définir une politique des revenus par des mécanismes fiscaux comme la prime pour l'emploi ou l'impôt négatif ". Soyons clairs, en fait de réforme du SMIC, le MEDEF demande son abolition ! Sa logique est d'un cynisme étincelant : laissez nous les mains libres pour faire des salariés flexibles, ne nous soumettez pas à des obligations pour les rémunérations et délivrez nous des cotisations sociales en abaissant les charges patronales. Ainsi soit il !
Non ! Contrairement à ce que clame le MEDEF, le SMIC n'est pas une survivance, le témoin d'une civilisation passée. Le SMIC demeure un outil de solidarité et de progrès ! Il est bon que le gouvernement n'ait pas repris à son compte la disparition du SMIC.
C'est bien aussi que la sortie du dispositif des multiples SMIC se fasse " par le haut ". Mais soyons clairs : la majorité des smicards seront loin de bénéficier d'une augmentation de 11,5 % qu'on leur fait miroiter. De plus, la contrepartie est une augmentation massive des exonérations de cotisation octroyées aux entreprises.
Ces constats déterminent les deux priorités de la CGT :
o-rendre effectif le droit à l'emploi dans des conditions qui donnent la possibilité à chacun de s'insérer durablement dans le monde du travail, puis de bénéficier des droits et des moyens permettant de construire des projets d'avenir professionnels et personnels.
opermettre à tous les salariés de vivre une vraie vie, en revalorisant les salaires, en garantissant le niveau et les droits à la retraite, en assurant l'accès à des services publics de qualité.
Ces priorités exigent une politique de protection, de prévention et de promotion sociale qui contienne et contrôle les pouvoirs de l'employeur, qui oblige les entreprises à participer collectivement à l'organisation ou au financement des grandes fonctions indispensables à l'amélioration des conditions de vie au travail et hors travail, à une vision plus solidaire des rapports sociaux, à une conception durable du développement.
Notre revendication d'un nouveau statut du travail salarié destiné à " garantir à chaque salarié tout au long de sa vie des droits qui lui permettent d'exercer un travail, de se former, et d'avoir le parcours professionnel et le déroulement de carrière auxquels il aspire " acquiert dans un tel contexte une importance stratégique.
Nous ne connaissons pas encore les arbitrages budgétaires définitifs pour 2003.
Les informations qui transpirent depuis quelques jours inquiètent.
Côté fiscalité, ce sont " des choix de classe " qui se confirment puisque les trois mesures phares qui sont en cours d'élaboration vont toutes dans le même sens : un nouvel allégement de l'impôt sur le revenu qui profitera aux ménages les plus aisés, une nouvelle baisse de la Taxe professionnelle pour les entreprises et les nouvelles exonérations de cotisations patronales à la Sécurité sociale pour couronner le tout.
Chacun connaît le vieux dicton populaire, un peu fataliste : " il pleut toujours là où c'est mouillé ". Mais là, force est de constater que le gouvernement en fait beaucoup pour les mêmes qui ne sont pas les plus à plaindre. Plutôt que de mettre en cause le développement de l'emploi précaire et le principe de l'irresponsabilité des entreprises vis-à-vis des dégâts sociaux provoqués par leurs objectifs ou leurs erreurs de gestion, nos gouvernants s'obstinent à stigmatiser la dépense publique et à prôner la réduction des prélèvements fiscaux et sociaux indispensables tant à la justice sociale qu'à l'efficacité de l'économie.
Renoncer à des projets pour de nouvelles infrastructures peut avoir de lourdes conséquences, notamment en matière de transport dans une région comme l'Ile de France.
L'annulation de l'Exposition internationale de Seine Saint Denis est un mauvais coup pour le département parisien le plus frappé par le chômage.
Qu'il faille discuter de l'évolution des services publics de l'Etat pour qu'ils répondent mieux aux besoins, non seulement nous sommes d'accord, mais cela fait longtemps que nous nous battons pour cet objectif ! Faire croire que c'est en organisant des coupes claires dans les effectifs de l'enseignement, de la recherche, du Trésor public ou de la jeunesse et des sports que l'on y arrivera relève d'une démagogie dangereuse.
En matière de retraite, les salariés ont bien perçu que nous sommes rentrés dans une phase décisive. Le gouvernement a fixé son calendrier. Les négociations s'ouvriront après les élections prud'homales. Il n'est pas besoin d'être devin pour pronostiquer une sérieuse confrontation. Chacun se prépare, avec au centre, l'avenir de notre système de retraite par répartition et donc l'avenir pour des millions de retraités d'aujourd'hui et des salariés qui le seront demain.
Le MEDEF l'a bien compris. Il manoeuvre pour pouvoir peser au maximum sur la négociation qui doit s'ouvrir avec le gouvernement. Tel est bien le sens de sa position mardi dernier lors de la discussion sur le prolongement du dispositif de retraite complémentaire permettant chaque année à plusieurs centaines de milliers de salariés du secteur privé de toucher une retraite à taux plein dès 60 ans, sans abattement.
La logique aurait voulu que syndicats et patronat se donnent le temps de la discussion toute l'année 2003 sans prendre en otage les dizaines de milliers de salariés qui, chaque mois, demandent la liquidation de leur dossier de retraite.
Comment expliquer que ceux qui le feront avant le 2 octobre 2003 pourront bénéficier du régime actuel alors que ceux qui auront 60 ans après cette date ne sauront pas à quelle sauce ils seront accommodés. Le patronat a-t-il l'intention de conclure des discussions aussi importantes à la faveur de l'été 2003, période estivale propice aux mauvais coups ?
L'ambition du MEDEF est une fois de plus de remettre en cause le plus rapidement possible le droit de partir à 60 ans avec un niveau de retraite convenable. La CGT ne pouvait donc pas souscrire à un accord qui, s'il résolvait la situation immédiate de 200 000 salariés, entraînait la précarité pour tous les autres.
La fermeté de la CGT sur ce dossier sera sans faille. L'objectif est bien de parvenir à garantir notre système de retraite pour toutes les générations, ceux qui vont bientôt prendre leur retraite, comme les millions de jeunes qui débutent leur activité professionnelle.
Ainsi, avec l'ensemble de nos fédérations et unions départementales, nous avons décidé de consacrer les 25 et 26 septembre à multiplier les initiatives sur l'avenir de nos retraites. La CGT va ainsi faire connaître plus largement encore ses positions et propositions. L'engagement de tous sera, là aussi, décisif.
Le MEDEF regrettait dernièrement qu'en 1995 ce qu'il appelle le " camp des conservateurs " soit entré en résistance et ait réussi finalement à l'emporter.
Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la CGT sera effectivement entrée en résistance et elle en est fière. Résister aux empiétements des employeurs, toujours tentés de plier les salariés aux exigences de la rentabilité et aux contraintes de la production, peser pour une répartition des richesses produites plus favorable au travail, sont les deux motivations essentielles de l'activité syndicale. A entendre ces messieurs, il faudrait toujours se plier à leurs conceptions : c'est d'ailleurs ce qu'ils appellent la flexibilité ! Eh bien non, la CGT ne se plie pas et elle invite les salariés à bien conserver la faculté de rester debout.
Il y a des acquis sociaux fondamentaux qui méritent d'être conservés et si c'est être conservateurs que de les défendre, et encore mieux de les améliorer, nous le serons !
Le MEDEF est coutumier d'excès, dans le propos comme dans ses attitudes, mais le plus fondamental est bien qu'il agit et s'exprime d'abord et avant tout pour ramasser le plus vite possible la mise, il presse le gouvernement à passer outre les résistances pour réformer en profondeur la société française. Mais la réforme n'est pas le progrès : on le voit bien avec les 35 heures où le MEDEF exige le retour en arrière !
Bien sûr il cherchera tactiquement par tous les biais à isoler la CGT en essayant de lui coller l'étiquette caricaturale du front du refus. Ce serait tellement commode d'arriver à faire croire que les patrons n'ont que de bonnes intentions et que ce seraient les syndicats les éternels empêcheurs de tourner en rond qui pourriraient le monde qu'ils veulent nous donner.
On nous dit qu'il y aurait surenchère syndicale du fait des élections prud'homales.
De quelle surenchère parle-t-on ? Personnellement, je n'en vois pas ! Nous pensons même que le mouvement syndical français est plutôt timoré, que si les confédérations syndicales s'en donnaient les moyens il y aurait bien d'autres perspectives possibles que de retarder ou limiter les mauvais coups.
Là est la clef pour faire évoluer la situation sociale en France. Le syndicalisme doit se rassembler, se renforcer, les salariés en ont besoin si l'on veut vraiment donner du contenu à la mobilisation et à la négociation sociale.
Où est la surenchère lorsqu'on ne reconnaît même pas le droit aux salariés de se syndiquer et de s'organiser dans leur entreprise ?
Lorsqu'on veut assimiler ceux qui revendiquent à des délinquants ?
On peut même se poser la question de savoir si l'Etat français ne serait pas condamnable devant les instances du Bureau international du travail au motif du grand nombre d'atteintes portées au libre exercice des droits syndicaux dans les entreprises.
Nous saluons la mobilisation au sein du groupe Pinault Printemps La Redoute qui a contraint la direction à retirer sa plainte à l'égard de 20 militants que l'on voulait faire comparaître devant un tribunal.
Alors, oui, il va y avoir des élections syndicales, oui, cela sous-entend une certaine compétition. Nous n'avons pas l'intention, pour ce qui nous concerne, de la conduire en tirant à vue sur le voisin.
Il faut cependant que les salariés connaissent les raisons qui conduisent chaque organisation à défendre telle ou telle position.
Il faut que chaque salarié puisse se faire librement son propre jugement sur le comportement des uns ou des autres pendant et à la fin des négociations.
Avons-nous eu tort ou raison en refusant la dernière convention d'indemnisation du chômage qui laisse à la charge de la collectivité 60 % des chômeurs ?
Avons-nous eu tort ou raison, à l'époque, de demander au gouvernement d'être plus précis et plus directif sur la mise en place des 35 heures dans les entreprises ?
Avons-nous eu tort ou raison de rejeter, après la mobilisation de janvier 2000, le texte sur les retraites complémentaires qui stipule expressément qu'il faudrait, à l'avenir, privilégier un nouvel allongement de la durée de cotisations des salariés dans la réforme des retraites ?
C'est aussi sur tout cela qu'il faudra se prononcer le 11 décembre.
Combien de décisions unilatérales des employeurs ou des pouvoirs publics ?
Combien de lois ou de décrets sans même consulter l'opinion des salariés et de leurs représentants, alors qu'on intervient sur leurs conditions de vie et de travail ?
Combien de négociations qui se concluent par la signature d'accords minoritaires qui ne tiennent pas compte de l'opinion des salariés ?
A ce propos, je veux redire devant vous combien il devient de plus en plus insupportable pour la CGT que les règles de la négociation dans notre pays ne tiennent absolument pas compte de l'expression démocratique des salariés.
Le patronat a beau jeu de vouloir négocier les droits sociaux par entreprise, voire même par établissement. Lorsqu'il rencontre une présence syndicale - ce qui est malheureusement loin d'être le cas partout- il sait pouvoir contourner l'obstacle puisqu'il lui suffit d'obtenir une signature de l'une des 5 confédérations pour mettre en uvre un accord.
Cette situation n'est plus tenable et il aurait été salutaire que le gouvernement précédent ait le courage et l'audace d'ouvrir le chantier de la démocratie sociale !
Je veux rappeler les principales propositions de la CGT à ce sujet :
1. Tous les salariés, quelle que soit la taille de l'entreprise dans laquelle ils travaillent, doivent régulièrement pouvoir élire leurs représentants. Il faut, en particulier, combler le vide dans les petites entreprises par des délégués de site ou de branche par bassin d'emploi.
2. Il faut tenir compte de ce que disent les salariés aux élections professionnelles. Ainsi, seuls doivent être mis en uvre les accords signés par des organisations syndicales représentant une majorité des salariés concernés par la négociation.
3. Il faut renouer avec l'élection directe, par les assurés sociaux, de leurs représentants dans les organismes de la Sécurité Sociale.
Vous savez, comme moi, que d'autres confédérations ne souhaitent pas - et pour cause - changer les règles en vigueur. Le gouvernement renvoie d'ailleurs le traitement du sujet à plus tard.
Pourquoi avoir peur de la démocratie ?
Pourquoi rester figé sur un système obsolète qui porte atteinte à la crédibilité même du syndicalisme ?
L'entreprise ne peut pas rester le seul lieu où, dès que l'on franchit le seuil de la porte, la démocratie n'aurait pas droit de cité !
Si le paysage syndical français doit évoluer, c'est d'abord aux salariés d'en décider. Toutes les confédérations syndicales ne doivent pas perdre de vue qu'elles sont d'abord dépositaires d'un droit de représentation qui impose de rendre des comptes de son mandat aux salariés.
Je vous invite, chers Camarades et chers amis, à pousser cette exigence de réformes démocratiques dans vos entreprises et vos branches professionnelles.
Chacun comprend, dans les circonstances actuelles, combien les élections prud'homales du 11 décembre représentent un rendez-vous de première importance pour notre avenir à tous.
L'enjeu est multiple, chacun doit en prendre la mesure.
Le premier enjeu, bien sûr, concerne la qualité des juges salariés qui seront élus à l'issue de cette consultation nationale.
Nous avons encore quelques jours pour compléter nos listes de candidates et de candidats qui seront représentatifs de la réalité sociale de la région, des diversités culturelles et professionnelles. Nous progresserons, je l'espère, vers la parité.
Les militantes et les militants présentés par la CGT peuvent s'appuyer sur une organisation qui a l'expérience et l'expertise nécessaires.
Dans les différentes sections, nous pourrons nous servir de notre propre bilan pour mettre en évidence que, dans bien des cas, nous avons contribué à réparer des préjudices, à sanctionner des employeurs voulant ignorer le droit.
Les élections prud'homales sont le seul rendez-vous permettant aux salariés de s'exprimer ensemble sur des listes syndicales ; une opération vérité, en quelque sorte, de la représentativité des uns et des autres. C'est la seule occasion, qui se renouvelle tous les 5 ans, offerte aux chômeurs, aux salariés des petites entreprises qui n'ont ni DP, ni CE, d'exprimer leur opinion . Quelles que soient leur nationalité, leur branche professionnelle, leur place dans l'entreprise, tous peuvent voter.
Le 11 décembre, les salariés procéderont à des élections et, dans le même temps, ils adresseront plusieurs messages.
Par leur vote, ils apporteront indirectement leur soutien à une démarche et à des objectifs syndicaux.
En ce sens, la question que chaque salarié devra aussi se poser au moment de voter c'est : " dans les circonstances présentes, quel peut être le vote le plus efficace, quel est le syndicat qui me semble le plus pertinent, à qui dois-je donner mon soutien sachant que cela aura des conséquences pour ma situation et celle de mes proches " ?
A cette question, il va nous falloir convaincre que c'est la CGT la bonne réponse.
Le bulletin de vote qui va porter le progrès social, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin de vote qui fera réfléchir le gouvernement et le MEDEF à deux fois, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour l'avenir des retraites, de la Sécu, des salaires et des 35 heures, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour le tous ensemble, pour l'unité, pour l'efficacité, c'est le bulletin CGT.
Tout le monde est donc concerné par les répercussions de ce grand rendez-vous social. Ceux qui sont électeurs comme ceux qui ne le sont pas ; je pense aux retraités ou aux titulaires de la Fonction Publique qui peuvent aussi apporter leur pierre à la campagne nationale pour gagner le vote CGT.
Les trois mois qui sont devant nous appellent une mobilisation générale pour contrarier ceux qui redoutent le verdict et qui espèrent, en secret, que l'institution serait condamnée si d'aventure la participation au scrutin était largement minoritaire.
On ne nous facilitera sans doute pas la tâche, mais en nous y mettant tous nous relèverons ce défi.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant va pouvoir, dans son entourage familial, professionnel, aller chercher les voix, une à une, pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Près de 17 millions d'électeurs inscrits, dont 3,8 millions en Ile de France, c'est dire combien le résultat ici est déterminant. Cela nécessite un déploiement en conséquence.
Le 11 décembre peut paraître lointain et pourtant, c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
oen vérifiant que les salariés sont bien inscrits et sur les bonnes listes électorales,
oen faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre, une date que chaque salarié doit tout de suite cocher sur son agenda.
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation.
Dans ces milliers de rencontres et de contacts, nous ne devons pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales.
Je le dis très amicalement à ceux d'entre-vous qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine ; notre journal, La Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Chers Camarades et chers amis,
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
Si nous y mettons toute notre détermination, notre confiance, si dans les jours et les semaines qui viennent nous nous engageons résolument, sur chaque lieu de travail, dans la mobilisation et la campagne eh bien, tous ensemble, nous gagnerons sur les revendications et aux élections du 11 décembre.
(Source http://www.cgt.fr, le 12 septembre 2002)