Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi de présider ce soir la clôture de votre Assemblée Générale.
Cette invitation a pour moi d'autant plus de prix que vous êtes des acteurs de premier plan dans le domaine des technologies de l'information pour lequel j'ai été chargée par le Premier Ministre d'assurer la coordination des actions du gouvernement.
Les Corps techniques de l'Etat
Je connaissais, par mes études, les corps universitaires, qu'il s'agisse, par exemple, des professeurs et présidents d'université ou des anciens élèves de l'Ecole Normale Supérieure, et je les retrouve maintenant.
Les Corps techniques de l'Etat comme le Corps des Télécommunications, ou les anciens élèves de l'Ecole Polytechnique constituent davantage une découverte que je fais dans mes fonctions actuelles.
Les uns comme les autres jouent à mes yeux un rôle fondamental dans l'administration d'Etat, la recherche et les nouvelles technologies.
Votre corps étant relativement jeune, on ne peut citer spontanément de grands scientifiques comme ceux d'autres Corps, Joseph Le Verrier, Henri Poincaré, Conrad Schlumberger, Bernard Grégory, qui parmi beaucoup d'autres ont contribué à l'excellence de la France.
En dépit de cette relative jeunesse, votre Corps peut être fier d'avoir contribué de manière décisive à relever certains défis techniques.
Je pense par exemple à la couverture du territoire - tiens, déjà à l'époque ?! - en lignes téléphoniques fixes ou encore aux premières télécommunications satellitaires avec Pierre Marzin (Pleumeur-Bodou).
Plus près de nous, songeons à la carte à puce et surtout au GSM, au fantastique travail de coopération technique européenne dans lequel les laboratoires français se sont distingués par la qualité de leur engagement.
Cela aussi c'est l'excellence de la France !
Le Corps des télécommunications et les nouvelles technologies
Dans le rôle de coordination de la politique gouvernementale en matière de nouvelles technologies que j'ai rappelé, j'ai l'occasion de travailler avec le Conseil Stratégique des Technologies de l'Information, appelons-le CSTI, www.csti.pm.gouv.fr, dont j'apprécie le travail et les avis. Ils viennent aiguillonner un certain nombre de Ministères et d'autres instances en matière de développement des nouvelles technologies. C'est aussi un lieu d'expression des acteurs de la société civile en la matière.
J'aimerais illustrer également le rôle de votre Corps à travers l'Autorité de Régulation des Télécommunications , en rendant hommage à Jean-Michel Hubert et à son action dans le processus de dérégulation. Le www.art-telecom.fr, travail que j'ai vu cette instance accomplir en six mois est fondamental pour le développement des nouvelles technologies : je pense à la baisse des tarifs d'interconnexion haut débit, permettant depuis un mois des abonnements ADSL à 30 euros/mois, et la libéralisation du Wi-Fi. Saluons aussi la façon dont l'ART s'est saisie du sujet de l'Internet parallèlement à celui des télécommunications, ce qui n'était évident au départ ni techniquement, ni juridiquement.
Même si la pente reste forte en ce qui concerne le développement de la concurrence, le dégroupage ou encore la baisse des forfaits Internet grand public, je félicite Jean-Michel Hubert d'avoir su créer et innover au sein de cette structure où tout était à construire.
Je dirais également un mot de l'enjeu des nouvelles technologies ainsi que de leur périmètre. Par là, je n'entends pas tant le périmètre ministériel, que le défi qui se pose à la France et que le Premier Ministre a voulu relever.
Ainsi, je ne considère pas le GSM comme un enjeu des nouvelles technologies en France. Les questions de couverture du pays relèvent d'une problématique d'aménagement du territoire, pas de nouvelles technologies.
L'initiative du Président de la République au sujet de l'UMTS est d'une grande importante pour l'ensemble du secteur, opérateurs et équipementiers européens.
Vous avez posé, Monsieur Faure, un certain nombre de questions sur le prix des licences UMTS, sur l'état de disponibilité de la technologie ou encore sur la réelle demande du marché à l'égard de l'UMTS. Toutes ces questions méritent une réflexion renouvelée. Je pense aussi que nous devons à nos concitoyens un discours de vérité sur le sujet.
Pour moi, l'enjeu des "nouvelles technologies" c'est le développement de l'Internet et de ses usages en France.
Nous accusons, en effet, un retard important par rapport aux Etats-Unis et à d'autres pays européens dans trois domaines qui sont nos priorités d'action :
Le haut débit
L'équipement des ménages en ordinateurs
La recherche et le développement dans le domaine des technologies de l'information
Concernant le haut débit, la problématique est double : accès du plus grand nombre et aménagement du territoire.
En ce qui concerne haut débit et aménagement du territoire, la législation devra être clarifiée dans toutes ses composantes, à la fois pour les groupes fermés d'utilisateurs qui existent déjà, et, pour le futur, avec l'examen concret des possibilités de l'article L1511-6 et le second "paquet télécoms". Les technologies alternatives, avec les progrès réglementaires sur le Wi-Fi et les progrès techniques sur l'Internet satellitaire - voie de retour, capacités de routage du satellite - ont aussi leur rôle à jouer dans l'aménagement haut débit du territoire.
Le CIADT du 13 décembre devrait faire progresser ce sujet, aussi bien dans sa partie réglementaire que dans sa partie économique et technologique. Pourtant, la problématique d'aménagement du territoire, bien qu'elle soit d'une grande importance - et notamment pour de nombreuses zones d'entreprises et bassins d'emploi - n'est pas l'unique enjeu du haut débit, loin s'en faut. Il est important de rappeler que nous ne devons pas compter uniquement sur les zones d'aménagement du territoire pour atteindre notre objectif de 10 millions d'abonnés haut débit en 2007.
Je considère pour ma part que le haut débit - j'entends par là la liaison permanente à 128 kbits telle que des offres à 30 /mois commencent à la proposer - représente pour nos concitoyens la meilleure manière de s'approprier Internet et ses usages.
Pour ce qui relève de la R D dans le domaine des technologies de l'information, le CSTI a, là aussi, joué un rôle d'aiguillon, encore tout récemment.
Votre Corps participe très activement, je souhaite le souligner, aux grands réseaux nationaux de recherche, le RNRT (recherches en télécommunications) ou le RNTL (technologies logicielles), qu'il s'agisse d'animation de ces réseaux - via le Conseil Général des Technologies de l'Information - ou qu'il s'agisse de projets réalisés dans les laboratoires et les entreprises du secteur, projets auxquels vous participez. Je souhaite saluer à cet égard l'action menée par Jean Jerphagnon, qui a donné corps à une idée lancée par mon prédécesseur, François Fillon, en 1997, et qui vient de remettre un rapport d'évaluation du RNRT.
Je lui ai récemment écrit que je suivrais avec le plus grand soin les suites données à ce rapport. J'accorde une attention toute particulière aux suggestions visant à améliorer l'articulation avec les programmes européens du 6ème PCRD et la diffusion vers les PMI.
J'aimerais également évoquer "les laboratoires des usages". Suite à un avis du CSTI là encore, nous travaillons actuellement, en liaison avec les Ministères concernés, à une meilleure prise en compte des usages dans les réseaux d'aide à la recherche qui existent actuellement. Ceci pourrait se traduire par une ligne budgétaire spécifique aux usages dans chacun des réseaux. Par ailleurs nous réfléchissons à la labellisation "usages" d'un réseau de laboratoires, cette labellisation permettant de faire connaître un certain nombre de laboratoires plus axés sur les aspects sociétaux, dans l'objectif de mieux les faire travailler avec les laboratoires à vocation technologique.
Quelques messages au sujet des nouvelles technologies
A l'heure où nous sommes appelés à franchir une nouvelle étape de la décentralisation, il me semble très important de se pencher sur la compétence des régions en matière de nouvelles technologies, qu'il s'agisse des réseaux ou des usages.
Les collectivités locales doivent pouvoir appuyer leurs choix sur un corps d'experts indépendants ; ce corps doit être animé à l'échelle nationale et implanté à l'échelle locale.
Pour vous convaincre qu'il ne s'agit pas une question théorique, je vais vous citer simplement un exemple.
A l'heure où nous ouvrons Renater-3, avec des débits augmentés, un réseau maillé, avec le protocole IPv6 en natif, comment les réseaux régionaux de télécommunications, ceux notamment qui collectent le trafic de l'enseignement et de la recherche, vont-ils évoluer techniquement ?
Je pourrais citer de nombreux autres cas où cette expertise peut s'avérer nécessaire : la continuité du trafic, la qualité du service, les paliers d'investissement et leur absence de redondance. Cette question de l'expertise régionale indépendante pose de vrais enjeux, auxquels les Ingénieurs des Télécommunications peuvent très utilement contribuer à répondre.
Quelques messages au sujet de la recherche
Vous savez que dans mes missions figure la tâche, noble et difficile, d'attirer le plus grand nombre de jeunes vers les sciences et les technologies.
Attirer les jeunes vers la science cela s'applique aussi, et peut-être même surtou,t aux plus brillants d'entre eux ; je pense, par exemple à ceux qui ont suivi les études scientifiques de haut niveau dispensées à l'Ecole Polytechnique.
Etre "dans la botte" ne doit pas empêcher de commencer une carrière dans la recherche. Un quart des nouveaux membres de votre Corps, qui s'est brillamment illustré dans le passé à cet égard, je l'ai mentionné, continue à commencer sa vie professionnelle dans la recherche.
Même s'ils ne font pas l'intégralité de leur carrière dans la recherche, il me paraît crucial que ces brillants éléments aient la possibilité de mener un travail d'approfondissement dans les disciplines scientifiques de leur choix.
Cette voie de formation a d'ailleurs été choisie par certains de vos plus brillants représentants : j'ai cité Pierre Marzin, je citerais cette fois-ci Didier Lombard, cette liste n'étant bien évidemment pas exhaustive.
C'est parce que votre Corps a su comprendre l'importance de l'approfondissement technique d'un sujet, comme celui des télécommunications fixes, puis d'Internet ou du GSM, qu'il est aujourd'hui un acteur-clef de la politique d'Etat en matière de technologies de l'information. C'est aussi pour cela qu'il est très présent dans les grandes entreprises du secteur, ou encore dans les entreprises innovantes de toute taille.
Je vous encourage donc vivement à maintenir cette "voie de la recherche" et je suis prête à vous y aider, avec les Ministres concernés.
Je vous invite aussi à insuffler à vos jeunes l'esprit de création. Je vous incite à les encourager à bénéficier pleinement des dispositions du plan pour la création d'entreprises élaboré par le Gouvernement. Vous connaissez les dispositifs qui permettent à un chercheur public de créer son entreprise. Là aussi, si des blocages administratifs persistent, je suis prête à vous aider à les lever.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Voilà les quelques réflexions que votre réunion m'évoquent. Je suis heureuse d'avoir pu les partager avec vous et je forme le voeu qu'elles permettent de poursuivre des échanges et des collaborations déjà fructueuses dans le domaine des nouvelles technologies. Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 9 décembre 2002)
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi de présider ce soir la clôture de votre Assemblée Générale.
Cette invitation a pour moi d'autant plus de prix que vous êtes des acteurs de premier plan dans le domaine des technologies de l'information pour lequel j'ai été chargée par le Premier Ministre d'assurer la coordination des actions du gouvernement.
Les Corps techniques de l'Etat
Je connaissais, par mes études, les corps universitaires, qu'il s'agisse, par exemple, des professeurs et présidents d'université ou des anciens élèves de l'Ecole Normale Supérieure, et je les retrouve maintenant.
Les Corps techniques de l'Etat comme le Corps des Télécommunications, ou les anciens élèves de l'Ecole Polytechnique constituent davantage une découverte que je fais dans mes fonctions actuelles.
Les uns comme les autres jouent à mes yeux un rôle fondamental dans l'administration d'Etat, la recherche et les nouvelles technologies.
Votre corps étant relativement jeune, on ne peut citer spontanément de grands scientifiques comme ceux d'autres Corps, Joseph Le Verrier, Henri Poincaré, Conrad Schlumberger, Bernard Grégory, qui parmi beaucoup d'autres ont contribué à l'excellence de la France.
En dépit de cette relative jeunesse, votre Corps peut être fier d'avoir contribué de manière décisive à relever certains défis techniques.
Je pense par exemple à la couverture du territoire - tiens, déjà à l'époque ?! - en lignes téléphoniques fixes ou encore aux premières télécommunications satellitaires avec Pierre Marzin (Pleumeur-Bodou).
Plus près de nous, songeons à la carte à puce et surtout au GSM, au fantastique travail de coopération technique européenne dans lequel les laboratoires français se sont distingués par la qualité de leur engagement.
Cela aussi c'est l'excellence de la France !
Le Corps des télécommunications et les nouvelles technologies
Dans le rôle de coordination de la politique gouvernementale en matière de nouvelles technologies que j'ai rappelé, j'ai l'occasion de travailler avec le Conseil Stratégique des Technologies de l'Information, appelons-le CSTI, www.csti.pm.gouv.fr, dont j'apprécie le travail et les avis. Ils viennent aiguillonner un certain nombre de Ministères et d'autres instances en matière de développement des nouvelles technologies. C'est aussi un lieu d'expression des acteurs de la société civile en la matière.
J'aimerais illustrer également le rôle de votre Corps à travers l'Autorité de Régulation des Télécommunications , en rendant hommage à Jean-Michel Hubert et à son action dans le processus de dérégulation. Le www.art-telecom.fr, travail que j'ai vu cette instance accomplir en six mois est fondamental pour le développement des nouvelles technologies : je pense à la baisse des tarifs d'interconnexion haut débit, permettant depuis un mois des abonnements ADSL à 30 euros/mois, et la libéralisation du Wi-Fi. Saluons aussi la façon dont l'ART s'est saisie du sujet de l'Internet parallèlement à celui des télécommunications, ce qui n'était évident au départ ni techniquement, ni juridiquement.
Même si la pente reste forte en ce qui concerne le développement de la concurrence, le dégroupage ou encore la baisse des forfaits Internet grand public, je félicite Jean-Michel Hubert d'avoir su créer et innover au sein de cette structure où tout était à construire.
Je dirais également un mot de l'enjeu des nouvelles technologies ainsi que de leur périmètre. Par là, je n'entends pas tant le périmètre ministériel, que le défi qui se pose à la France et que le Premier Ministre a voulu relever.
Ainsi, je ne considère pas le GSM comme un enjeu des nouvelles technologies en France. Les questions de couverture du pays relèvent d'une problématique d'aménagement du territoire, pas de nouvelles technologies.
L'initiative du Président de la République au sujet de l'UMTS est d'une grande importante pour l'ensemble du secteur, opérateurs et équipementiers européens.
Vous avez posé, Monsieur Faure, un certain nombre de questions sur le prix des licences UMTS, sur l'état de disponibilité de la technologie ou encore sur la réelle demande du marché à l'égard de l'UMTS. Toutes ces questions méritent une réflexion renouvelée. Je pense aussi que nous devons à nos concitoyens un discours de vérité sur le sujet.
Pour moi, l'enjeu des "nouvelles technologies" c'est le développement de l'Internet et de ses usages en France.
Nous accusons, en effet, un retard important par rapport aux Etats-Unis et à d'autres pays européens dans trois domaines qui sont nos priorités d'action :
Le haut débit
L'équipement des ménages en ordinateurs
La recherche et le développement dans le domaine des technologies de l'information
Concernant le haut débit, la problématique est double : accès du plus grand nombre et aménagement du territoire.
En ce qui concerne haut débit et aménagement du territoire, la législation devra être clarifiée dans toutes ses composantes, à la fois pour les groupes fermés d'utilisateurs qui existent déjà, et, pour le futur, avec l'examen concret des possibilités de l'article L1511-6 et le second "paquet télécoms". Les technologies alternatives, avec les progrès réglementaires sur le Wi-Fi et les progrès techniques sur l'Internet satellitaire - voie de retour, capacités de routage du satellite - ont aussi leur rôle à jouer dans l'aménagement haut débit du territoire.
Le CIADT du 13 décembre devrait faire progresser ce sujet, aussi bien dans sa partie réglementaire que dans sa partie économique et technologique. Pourtant, la problématique d'aménagement du territoire, bien qu'elle soit d'une grande importance - et notamment pour de nombreuses zones d'entreprises et bassins d'emploi - n'est pas l'unique enjeu du haut débit, loin s'en faut. Il est important de rappeler que nous ne devons pas compter uniquement sur les zones d'aménagement du territoire pour atteindre notre objectif de 10 millions d'abonnés haut débit en 2007.
Je considère pour ma part que le haut débit - j'entends par là la liaison permanente à 128 kbits telle que des offres à 30 /mois commencent à la proposer - représente pour nos concitoyens la meilleure manière de s'approprier Internet et ses usages.
Pour ce qui relève de la R D dans le domaine des technologies de l'information, le CSTI a, là aussi, joué un rôle d'aiguillon, encore tout récemment.
Votre Corps participe très activement, je souhaite le souligner, aux grands réseaux nationaux de recherche, le RNRT (recherches en télécommunications) ou le RNTL (technologies logicielles), qu'il s'agisse d'animation de ces réseaux - via le Conseil Général des Technologies de l'Information - ou qu'il s'agisse de projets réalisés dans les laboratoires et les entreprises du secteur, projets auxquels vous participez. Je souhaite saluer à cet égard l'action menée par Jean Jerphagnon, qui a donné corps à une idée lancée par mon prédécesseur, François Fillon, en 1997, et qui vient de remettre un rapport d'évaluation du RNRT.
Je lui ai récemment écrit que je suivrais avec le plus grand soin les suites données à ce rapport. J'accorde une attention toute particulière aux suggestions visant à améliorer l'articulation avec les programmes européens du 6ème PCRD et la diffusion vers les PMI.
J'aimerais également évoquer "les laboratoires des usages". Suite à un avis du CSTI là encore, nous travaillons actuellement, en liaison avec les Ministères concernés, à une meilleure prise en compte des usages dans les réseaux d'aide à la recherche qui existent actuellement. Ceci pourrait se traduire par une ligne budgétaire spécifique aux usages dans chacun des réseaux. Par ailleurs nous réfléchissons à la labellisation "usages" d'un réseau de laboratoires, cette labellisation permettant de faire connaître un certain nombre de laboratoires plus axés sur les aspects sociétaux, dans l'objectif de mieux les faire travailler avec les laboratoires à vocation technologique.
Quelques messages au sujet des nouvelles technologies
A l'heure où nous sommes appelés à franchir une nouvelle étape de la décentralisation, il me semble très important de se pencher sur la compétence des régions en matière de nouvelles technologies, qu'il s'agisse des réseaux ou des usages.
Les collectivités locales doivent pouvoir appuyer leurs choix sur un corps d'experts indépendants ; ce corps doit être animé à l'échelle nationale et implanté à l'échelle locale.
Pour vous convaincre qu'il ne s'agit pas une question théorique, je vais vous citer simplement un exemple.
A l'heure où nous ouvrons Renater-3, avec des débits augmentés, un réseau maillé, avec le protocole IPv6 en natif, comment les réseaux régionaux de télécommunications, ceux notamment qui collectent le trafic de l'enseignement et de la recherche, vont-ils évoluer techniquement ?
Je pourrais citer de nombreux autres cas où cette expertise peut s'avérer nécessaire : la continuité du trafic, la qualité du service, les paliers d'investissement et leur absence de redondance. Cette question de l'expertise régionale indépendante pose de vrais enjeux, auxquels les Ingénieurs des Télécommunications peuvent très utilement contribuer à répondre.
Quelques messages au sujet de la recherche
Vous savez que dans mes missions figure la tâche, noble et difficile, d'attirer le plus grand nombre de jeunes vers les sciences et les technologies.
Attirer les jeunes vers la science cela s'applique aussi, et peut-être même surtou,t aux plus brillants d'entre eux ; je pense, par exemple à ceux qui ont suivi les études scientifiques de haut niveau dispensées à l'Ecole Polytechnique.
Etre "dans la botte" ne doit pas empêcher de commencer une carrière dans la recherche. Un quart des nouveaux membres de votre Corps, qui s'est brillamment illustré dans le passé à cet égard, je l'ai mentionné, continue à commencer sa vie professionnelle dans la recherche.
Même s'ils ne font pas l'intégralité de leur carrière dans la recherche, il me paraît crucial que ces brillants éléments aient la possibilité de mener un travail d'approfondissement dans les disciplines scientifiques de leur choix.
Cette voie de formation a d'ailleurs été choisie par certains de vos plus brillants représentants : j'ai cité Pierre Marzin, je citerais cette fois-ci Didier Lombard, cette liste n'étant bien évidemment pas exhaustive.
C'est parce que votre Corps a su comprendre l'importance de l'approfondissement technique d'un sujet, comme celui des télécommunications fixes, puis d'Internet ou du GSM, qu'il est aujourd'hui un acteur-clef de la politique d'Etat en matière de technologies de l'information. C'est aussi pour cela qu'il est très présent dans les grandes entreprises du secteur, ou encore dans les entreprises innovantes de toute taille.
Je vous encourage donc vivement à maintenir cette "voie de la recherche" et je suis prête à vous y aider, avec les Ministres concernés.
Je vous invite aussi à insuffler à vos jeunes l'esprit de création. Je vous incite à les encourager à bénéficier pleinement des dispositions du plan pour la création d'entreprises élaboré par le Gouvernement. Vous connaissez les dispositifs qui permettent à un chercheur public de créer son entreprise. Là aussi, si des blocages administratifs persistent, je suis prête à vous aider à les lever.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Voilà les quelques réflexions que votre réunion m'évoquent. Je suis heureuse d'avoir pu les partager avec vous et je forme le voeu qu'elles permettent de poursuivre des échanges et des collaborations déjà fructueuses dans le domaine des nouvelles technologies. Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 9 décembre 2002)