Texte intégral
J'ai trois raisons d'être heureux de vous rencontrer aujourd'hui.
La première, c'est le plaisir de la découverte. C'est la première fois que je vous reçois pour ce rendez-vous annuel, dont je sais l'importance. C'est donc pour moi l'occasion par excellence d'écouter vos préoccupations, vos voeux, d'aller à votre rencontre.
La deuxième, c'est de pouvoir vous accueillir dans des circonstances relativement sereines. L'année dernière, le monde entier, et notamment New York, étaient encore plongés dans la souffrance, à la suite des tragiques attentats du 11 septembre. Vous en particulier, qui avez subi de plein fouet ces terribles événements, vous avez su redoubler d'ardeur et de courage et je vous en félicite.
La troisième, c'est de rencontrer des hommes et des femmes dont l'action est aujourd'hui plus importante que jamais. Car ces attentats ont révélé la vulnérabilité d'un monde régi par la loi de l'interdépendance, de l'interpénétration de tous les problèmes, de toutes les crises, de tous les désordres : désormais, les équations individuelles incorporent des variables qui évoluent à l'autre bout du monde. Nul ne peut plus vivre à l'écart, en espérant ne pas avoir à se préoccuper de ce qui se passe à l'autre bout de la planète.
Vous, fonctionnaires internationaux, avez déjà pleinement conscience de cette nouvelle donne : votre choix professionnel le prouve, mieux que tout discours. L'instabilité du monde appelle à plus de solidarité, à plus de conscience, donc à plus d'actions menées, non pas au nom d'un pays et de ses intérêts particuliers, mais au nom de l'intérêt général et de la communauté mondiale. C'est pourquoi la France peut être fière de compter parmi ses ressortissants des hommes et des femmes tels que vous, qui avez fait le choix d'oeuvrer sous la bannière de l'ONU, luttant chaque jour pour la paix, la stabilité et la prospérité du monde.
A cet égard, nous nous réjouissons du nombre et de la qualité des postes éminents que détient actuellement la France au sein des Nations unies. Je tiens à saluer notamment, M. Jean-Marie Guehenno, qui est à la tête du département des Opérations de maintien de la paix ; Mme Elisabeth Lindenmayer, assistante spéciale du Secrétaire général ; M. Bernard Cocheme, administrateur de la caisse des Pensions des Nations unies ; Mme Annick de Marffy, directrice de la division des Affaires maritimes ; Mme Thérèse Gastaud, directrice des Relations publiques ; M. Jacques Loup, directeur du bureau "Afrique" du Programme des Nations unies pour le Développement.
Mais je salue également avec chaleur et gratitude chacun des fonctionnaires des Nations unies, quels que soient le niveau hiérarchique et la spécialisation professionnelle. Car tous, vous incarnez ce souffle que veut porter la France ; tous, vous agissez au nom de cette ambition et de cette vocation essentielle : bâtir un monde respectueux de chaque culture, de chaque Etat, de chaque individu.
Vous avez fait ce choix. Il est noble, mais aussi difficile.
D'abord parce que vous faites partie de la famille des expatriés de France, et qu'à ce titre vous êtes souvent confrontés à des problèmes complexes et difficiles à gérer, que ce soit la vie de famille, la scolarité de vos enfants, ou votre carrière : ceux parmi vous qui sont en disponibilité ou détachés d'autres administrations rencontrent des difficultés que je n'ignore pas lors du retour dans leur administration. Je souhaite vous assurer de mon attention à l'ensemble de ces questions.
La spécificité de vos missions amène certains d'entre vous à rencontrer également des problèmes de sécurité. En Afghanistan, dans les Balkans et dans toutes les trop nombreuses régions instables du monde, vous risquez parfois votre vie et j'en suis d'autant plus conscient que je viens de me rendre dans plusieurs de ces pays. Votre action y est aujourd'hui indispensable pour aider les populations au patient travail du rétablissement de la paix. J'ai vu, là-bas, les conditions dans lesquelles vous uvrez chaque jour à votre mission, honorable entre toutes.
Face à ces difficultés, face aux périls que vous affrontez, vous vous acquittez de votre tâche avec un dévouement, une loyauté et une efficacité qui font honneur à notre pays. Car, si vous êtes soumis aux légitimes devoirs d'impartialité et d'objectivité qu'impose votre statut de fonctionnaire international, vous incarnez néanmoins les valeurs que porte la France.
C'est pourquoi la présence française au sein de l'ONU est fondamentale. De nombreux départs à la retraite s'annoncent dans les années à venir : il faut que de nouvelles vocations viennent prendre le relais. La présence française doit se maintenir, c'est pour nous un objectif prioritaire. L'Etat entend se mobiliser pour susciter des candidatures et faciliter leur aboutissement, notamment à travers l'action de la mission des fonctionnaires internationaux.
La présence française au sein des Nations unies constitue également la garantie d'une francophonie vivante. Vous savez à quel point il est essentiel de maintenir la diversité culturelle qu'apporte la Francophonie dans un monde qui tend à se complexifier, mais aussi, paradoxalement, à s'uniformiser. L'existence de cercles d'affinités culturelles ouverts sur les autres, tels que celui de la francophonie, est aujourd'hui un élément constitutif de la stabilité du monde : seul un véritable dialogue des cultures - de toutes les cultures - peut nous permettre de déjouer les pièges de la modernité, d'éviter les tentations du repli sur soi et de la fermeture ; tentations dangereuses, l'histoire l'a montré à maintes reprises.
Cette année a été de ce point de vue l'occasion d'avancées réelles.
D'abord, la nomination d'un coordinateur du multilinguisme a été confirmée. M. Miles Stoby constitue pour nos préoccupations un excellent relais ; il accepte d'envisager des solutions pragmatiques pour favoriser la diversité linguistique aux Nations unies.
Ensuite, l'adoption par consensus d'une résolution sur le multilinguisme, le 15 février dernier, atteste un véritable progrès : pour la première fois, la promotion du multilinguisme a cessé de se heurter à l'opposition des pays qui, comme les Etats-Unis, craignent son impact budgétaire, ou de ceux qui, comme le Japon, se rallient par dépit au monolinguisme.
Nous disposons donc maintenant d'outils techniques et politiques pour renforcer l'emploi du français, seconde langue de travail des Nations unies. Confirmons et renforçons ces avancées : demain elles s'avéreront capitales.
Je me réjouis également de la revitalisation de l'association des fonctionnaires internationaux de New York. Tout au long de l'année, d'importants efforts ont été accomplis afin de favoriser la renaissance de cette structure jusque-là moribonde. Le 5 septembre dernier, une assemblée générale a permis de former un bureau. Je salue ce succès, qui devrait faciliter l'entraide entre Français des Nations unies, réduire le sentiment d'isolement qu'ils peuvent parfois ressentir et leur permettre de mieux exprimer leurs besoins et leurs préoccupations. La rénovation de cette structure consolidera notre dialogue avec les fonctionnaires internationaux français et nous fournira aussi la possibilité de mieux les informer.
En ces jours porteurs d'inquiétudes mais aussi d'espoirs, tout ce qui peut renforcer le contact, l'action commune et le dialogue revêt une importance majeure. Les actions humanitaires, les missions souvent difficiles, les travaux quotidiens qui exigent persévérance et dévouement, toutes ces tâches dont vous vous acquittez avec honneur, sont autant d'éléments qui font pencher la balance du côté de l'espoir. Continuons à travailler ensemble pour les Nations unies, renouvelons nos efforts : nous écarterons ainsi les menaces qui pèsent sur notre avenir. Il n'y a pas de fatalité : notre volonté à tous assurera la réussite de nos projets. Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 septembre 2002)
La première, c'est le plaisir de la découverte. C'est la première fois que je vous reçois pour ce rendez-vous annuel, dont je sais l'importance. C'est donc pour moi l'occasion par excellence d'écouter vos préoccupations, vos voeux, d'aller à votre rencontre.
La deuxième, c'est de pouvoir vous accueillir dans des circonstances relativement sereines. L'année dernière, le monde entier, et notamment New York, étaient encore plongés dans la souffrance, à la suite des tragiques attentats du 11 septembre. Vous en particulier, qui avez subi de plein fouet ces terribles événements, vous avez su redoubler d'ardeur et de courage et je vous en félicite.
La troisième, c'est de rencontrer des hommes et des femmes dont l'action est aujourd'hui plus importante que jamais. Car ces attentats ont révélé la vulnérabilité d'un monde régi par la loi de l'interdépendance, de l'interpénétration de tous les problèmes, de toutes les crises, de tous les désordres : désormais, les équations individuelles incorporent des variables qui évoluent à l'autre bout du monde. Nul ne peut plus vivre à l'écart, en espérant ne pas avoir à se préoccuper de ce qui se passe à l'autre bout de la planète.
Vous, fonctionnaires internationaux, avez déjà pleinement conscience de cette nouvelle donne : votre choix professionnel le prouve, mieux que tout discours. L'instabilité du monde appelle à plus de solidarité, à plus de conscience, donc à plus d'actions menées, non pas au nom d'un pays et de ses intérêts particuliers, mais au nom de l'intérêt général et de la communauté mondiale. C'est pourquoi la France peut être fière de compter parmi ses ressortissants des hommes et des femmes tels que vous, qui avez fait le choix d'oeuvrer sous la bannière de l'ONU, luttant chaque jour pour la paix, la stabilité et la prospérité du monde.
A cet égard, nous nous réjouissons du nombre et de la qualité des postes éminents que détient actuellement la France au sein des Nations unies. Je tiens à saluer notamment, M. Jean-Marie Guehenno, qui est à la tête du département des Opérations de maintien de la paix ; Mme Elisabeth Lindenmayer, assistante spéciale du Secrétaire général ; M. Bernard Cocheme, administrateur de la caisse des Pensions des Nations unies ; Mme Annick de Marffy, directrice de la division des Affaires maritimes ; Mme Thérèse Gastaud, directrice des Relations publiques ; M. Jacques Loup, directeur du bureau "Afrique" du Programme des Nations unies pour le Développement.
Mais je salue également avec chaleur et gratitude chacun des fonctionnaires des Nations unies, quels que soient le niveau hiérarchique et la spécialisation professionnelle. Car tous, vous incarnez ce souffle que veut porter la France ; tous, vous agissez au nom de cette ambition et de cette vocation essentielle : bâtir un monde respectueux de chaque culture, de chaque Etat, de chaque individu.
Vous avez fait ce choix. Il est noble, mais aussi difficile.
D'abord parce que vous faites partie de la famille des expatriés de France, et qu'à ce titre vous êtes souvent confrontés à des problèmes complexes et difficiles à gérer, que ce soit la vie de famille, la scolarité de vos enfants, ou votre carrière : ceux parmi vous qui sont en disponibilité ou détachés d'autres administrations rencontrent des difficultés que je n'ignore pas lors du retour dans leur administration. Je souhaite vous assurer de mon attention à l'ensemble de ces questions.
La spécificité de vos missions amène certains d'entre vous à rencontrer également des problèmes de sécurité. En Afghanistan, dans les Balkans et dans toutes les trop nombreuses régions instables du monde, vous risquez parfois votre vie et j'en suis d'autant plus conscient que je viens de me rendre dans plusieurs de ces pays. Votre action y est aujourd'hui indispensable pour aider les populations au patient travail du rétablissement de la paix. J'ai vu, là-bas, les conditions dans lesquelles vous uvrez chaque jour à votre mission, honorable entre toutes.
Face à ces difficultés, face aux périls que vous affrontez, vous vous acquittez de votre tâche avec un dévouement, une loyauté et une efficacité qui font honneur à notre pays. Car, si vous êtes soumis aux légitimes devoirs d'impartialité et d'objectivité qu'impose votre statut de fonctionnaire international, vous incarnez néanmoins les valeurs que porte la France.
C'est pourquoi la présence française au sein de l'ONU est fondamentale. De nombreux départs à la retraite s'annoncent dans les années à venir : il faut que de nouvelles vocations viennent prendre le relais. La présence française doit se maintenir, c'est pour nous un objectif prioritaire. L'Etat entend se mobiliser pour susciter des candidatures et faciliter leur aboutissement, notamment à travers l'action de la mission des fonctionnaires internationaux.
La présence française au sein des Nations unies constitue également la garantie d'une francophonie vivante. Vous savez à quel point il est essentiel de maintenir la diversité culturelle qu'apporte la Francophonie dans un monde qui tend à se complexifier, mais aussi, paradoxalement, à s'uniformiser. L'existence de cercles d'affinités culturelles ouverts sur les autres, tels que celui de la francophonie, est aujourd'hui un élément constitutif de la stabilité du monde : seul un véritable dialogue des cultures - de toutes les cultures - peut nous permettre de déjouer les pièges de la modernité, d'éviter les tentations du repli sur soi et de la fermeture ; tentations dangereuses, l'histoire l'a montré à maintes reprises.
Cette année a été de ce point de vue l'occasion d'avancées réelles.
D'abord, la nomination d'un coordinateur du multilinguisme a été confirmée. M. Miles Stoby constitue pour nos préoccupations un excellent relais ; il accepte d'envisager des solutions pragmatiques pour favoriser la diversité linguistique aux Nations unies.
Ensuite, l'adoption par consensus d'une résolution sur le multilinguisme, le 15 février dernier, atteste un véritable progrès : pour la première fois, la promotion du multilinguisme a cessé de se heurter à l'opposition des pays qui, comme les Etats-Unis, craignent son impact budgétaire, ou de ceux qui, comme le Japon, se rallient par dépit au monolinguisme.
Nous disposons donc maintenant d'outils techniques et politiques pour renforcer l'emploi du français, seconde langue de travail des Nations unies. Confirmons et renforçons ces avancées : demain elles s'avéreront capitales.
Je me réjouis également de la revitalisation de l'association des fonctionnaires internationaux de New York. Tout au long de l'année, d'importants efforts ont été accomplis afin de favoriser la renaissance de cette structure jusque-là moribonde. Le 5 septembre dernier, une assemblée générale a permis de former un bureau. Je salue ce succès, qui devrait faciliter l'entraide entre Français des Nations unies, réduire le sentiment d'isolement qu'ils peuvent parfois ressentir et leur permettre de mieux exprimer leurs besoins et leurs préoccupations. La rénovation de cette structure consolidera notre dialogue avec les fonctionnaires internationaux français et nous fournira aussi la possibilité de mieux les informer.
En ces jours porteurs d'inquiétudes mais aussi d'espoirs, tout ce qui peut renforcer le contact, l'action commune et le dialogue revêt une importance majeure. Les actions humanitaires, les missions souvent difficiles, les travaux quotidiens qui exigent persévérance et dévouement, toutes ces tâches dont vous vous acquittez avec honneur, sont autant d'éléments qui font pencher la balance du côté de l'espoir. Continuons à travailler ensemble pour les Nations unies, renouvelons nos efforts : nous écarterons ainsi les menaces qui pèsent sur notre avenir. Il n'y a pas de fatalité : notre volonté à tous assurera la réussite de nos projets. Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 septembre 2002)