Texte intégral
(Point de presse conjoint à Paris, le 28 octobre 2002) :
Permettez-moi tout d'abord de dire à quel point je suis heureux de cette visite à Paris de mon collègue, le ministre des Affaires étrangères finlandais. C'est une satisfaction particulière pour moi et je souhaite rendre hommage à cette occasion à la Finlande qui est à la fois une très ancienne nation, vous le savez, mais aussi, un jeune Etat européen. L'adhésion de la Finlande est intervenue en 1995, mais, très vite, la Finlande est devenue un Etat pivot, à part entière et jouant tout son rôle dans notre Europe.
La présidence finlandaise, lors du deuxième semestre 1999 a marqué une étape particulièrement importante et réussie dans notre histoire de l'Europe :
- il y a eu le lancement de l'espace de liberté, de sécurité et de justice lors du Conseil européen de Tampere,
- il y a eu des décisions majeures lors du Conseil européen d'Helsinki où ont été ainsi décidés le démarrage des négociations d'adhésion avec six nouveaux pays et la reconnaissance de la candidature de la Turquie notamment.
Lors de cette réunion de travail et de ce déjeuner, nous avons évoqué les grands thèmes de l'actualité internationale, de l'actualité européenne et de nos relations bilatérales. Nous avons évoqué la situation des négociations au Conseil de sécurité sur l'Iraq, la situation du Proche-Orient. Nous avons évoqué la situation de la Russie, au lendemain de la prise d'otages, l'élargissement de l'Union après le Conseil européen de Bruxelles, vous savez que nos positions sont très proches. Le Conseil européen a permis d'obtenir un accord des Quinze qui ouvre la voie à la phase finale des négociations d'adhésion.
Dans ce contexte, la France et l'Allemagne vous le savez, ont trouvé les voies d'un accord et d'une proposition faite à l'ensemble de nos partenaires des Quinze, qui a montré le chemin en trouvant un accord sur le financement de l'agriculture dans l'Europe élargie.
La Finlande, qui est un pays de grande tradition agricole également, a des positions proches des nôtres sur ces questions et nous devrons bien sûr préparer ensemble les grandes échéances.
Nous avons évoqué rapidement les perspectives concernant Kaliningrad. Vous savez qu'un accord a été trouvé au Conseil européen de Bruxelles.
Nous avons évoqué en détail, les perspectives de la Convention sur l'avenir de l'Union. Aujourd'hui se tient la dixième session plénière de cette Convention. Le président Giscard d'Estaing présentera les grandes lignes de la future constitution européenne. J'ai présenté à mon homologue les priorités françaises qui sont, je crois, les mêmes pour la Finlande : à la fois une exigence de transparence, de démocratie et d'efficacité.
Nous avons évoqué les questions de politique étrangère et de défense européenne, la Finlande vous le savez contribue activement aux missions de Petersberg avec la participation des policiers finlandais à la future mission de police de l'Union en Bosnie. J'ai souligné combien il nous paraissait essentiel, pour la crédibilité de l'Union, qu'elle soit en mesure de relever l'OTAN en Macédoine. Vous connaissez à cet égard la position française.
Nous avons évoqué le protocole de Kyoto, son entrée en vigueur est pour nous prioritaire, et les Etats qui ne l'ont pas ratifié doivent, en ce qui nous concerne, le faire sans délai.
Enfin, nous avons aussi évoqué les questions bilatérales, nous avons examiné les moyens de renforcer notre coopération dans le domaine des biotechnologies, nous préparons un projet de déclaration conjointe qui pourrait être signé lors de la visite en France du Premier ministre Lipponen l'an prochain. Nous avons évoqué la possibilité de renouveler les échanges de diplomates entre nos deux administrations, après l'expérience très réussie que nous avons faite il y a deux ans.
Enfin, dans le domaine de la coopération éducative, nous avons demandé à nos amis finlandais la possibilité de créer une filière francophone au sein du lycée franco-finlandais d'Helsinki.
Voilà pour les éléments essentiels et je tiens, en conclusion, à redire tout le plaisir que j'ai d'accueillir mon collègue à Paris.
Q - (A propos de l'Iraq)
R - Tout à fait, nous voulons un accord à New York, nous le croyons possible et nous le souhaitons très rapidement. C'est à cela que nous travaillons. Nous avons développé tout au long des dernières semaines, une approche qui se veut constructive pour préparer une résolution des Nations unies qui permette le retour très rapidement des inspecteurs. Notre souci prioritaire, c'est le retour des inspecteurs et l'élimination des armes de destruction massives en Iraq. Il y a maintenant urgence, il est donc très important que cette résolution puisse être adoptée rapidement. C'est pour cela que j'ai dit à l'ensemble de mes collègues du Conseil de sécurité, je l'ai dit à Colin Powell, à Igor Ivanov, à nos principaux partenaires, nous sommes prêts à participer à une réunion au niveau ministériel du Conseil de sécurité pour lever les derniers blocages. Nous souhaitons bien sûr que cette résolution satisfasse aux grands principes auxquels nous sommes attachés, en particulier à l'exigence de morale et de légalité internationale. C'est là un des objectifs français, nous refusons toute clause d'automaticité du recours à la force, nous pensons qu'elle ne peut être qu'un dernier recours et dans ce contexte, il est très important que soit soigneusement encadré ce recours à la force dans la résolution, que soient définis les arrangements pratiques qui sont indispensables pour permettre le travail des inspecteurs. Nous devons être en mesure de faire confiance à M. Blix et aux inspecteurs.
A chaque étape du processus, le Conseil de sécurité doit être en mesure, à chaque étape, et vous savez que nous préconisons une démarche en deux temps, le Conseil de sécurité doit être en mesure de recueillir l'avis, l'opinion, les conseils de M. Blix et des inspecteurs des nations Unies.
Q - ... pour que la France présente son propre texte alternatif à celui des Etats-Unis, au cas où celui des Etats-Unis ne satisferait pas les exigences françaises ?
R - Actuellement, il n'y a pas de blocage. Tous les jours, nous sommes en contact avec nos partenaires des Nations unies, j'ai au téléphone les différents ministres compétents, M. Powell, M. Ivanov, M. Straw, ou d'autres, le ministre chinois notamment, ou d'autres membres non permanents du Conseil de sécurité. Il n'y a pas de blocage, des progrès ont été faits et l'idée française d'une démarche en deux temps est aujourd'hui acceptée par l'ensemble des membres du Conseil de sécurité.
Il nous faut aboutir, lever les dernières ambiguïtés, et c'est le sentiment français qui continue de peser sur cette résolution. Il faut éviter que nous ayons un dispositif qui globalement satisfasse à cette exigence d'une démarche en deux temps, et que d'autres dispositions, au sein de cette résolution puissent paraître contredire cette exigence de consultation à chaque étape du Conseil de sécurité;
Mais c'est un travail que nous sommes en train d'effectuer en liaison avec nos partenaires, nous avons bon espoir de pouvoir le faire rapidement et nous sommes très désireux, dans les toutes prochaines heures, dans les tous prochains jours d'arriver à un accord. Nous travaillons actuellement sur un texte américain, nous avons fait des propositions sur la base de leur texte, c'est dire à quel point nous sommes désireux de développer une approche constructive et positive au sein du Conseil de sécurité.
Q - Vous dites qu'il y a urgence, quel est l'élément nouveau qui vous fait dire cela ?
R - Il y a une grande urgence car depuis l'Assemblée générale des Nations unies où nous avons vu une très grande unité de la communauté internationale qui s'est manifestée pour adresser un message ferme à l'Iraq. Depuis cette période, nous n'avons cessé de plaider pour une approche positive, pour une approche unanime du Conseil de sécurité et de la communauté internationale. Notre conviction, c'est que lorsque la communauté internationale est unie, elle est efficace et c'est pour cela que Saddam Hussein a accepté le retour des inspecteurs. Nous pensons qu'il nous faut, dans le cadre du projet de résolution que nous voulons adopter préserver cette unanimité, cette unité du Conseil de sécurité. Je l'ai dit, nous avons fait beaucoup de progrès, la démarche en deux temps est maintenant acceptée par l'ensemble de nos partenaires. Il nous faut préciser justement un certain nombre de points parce que nous voulons éviter toute ambiguïté. Nous voulons que le principe de responsabilité, le principe de sécurité collective puisse jouer à plein. C'est la condition de l'efficacité de notre action et c'est pour cela que, bien que nous soyons aujourd'hui près du but, nous estimons qu'il faut que la résolution soit véritablement claire, ferme et nette. Il faut à la fois de la détermination, de la mobilisation et de l'urgence car il est temps que les inspecteurs puissent se rendre sur place pour faire leur travail. L'objectif de la France, nous l'avons dit depuis le début, c'est le retour des inspecteurs et l'élimination des armes de destruction massives. Nous avons une communauté internationale qui partage cet objectif, ne nous laissons pas divertir par d'autres considérations, concentrons-nous sur cet objectif, c'est aujourd'hui la priorité.
Q - Quelles sont les dernières ambiguïtés à lever ?
R - Il y a deux éléments importants à définir dans cette résolution. Les arrangements pratiques d'abord et concernant la position française, nous l'avons exprimé à plusieurs reprises, nous voulons faire confiance à la CCVINU, à M. Blix, aux inspecteurs pour, à chaque étape, leur donner nos conseils, nous donner leurs sentiments, leur avis sur le point de la situation et sur ce qu'il convient de faire. Du point de vue des arrangements pratiques, nous estimons qu'ils sont les mieux placés.
Le deuxième point est évidemment de bien préciser dans quelle circonstance le recours à la force est possible, vous savez que nous avons défendu le principe d'une démarche en deux temps, et dans ce contexte, nous estimons qu'il faut être cohérent et qu'il faut donc éviter toute ambiguïté à ce sujet. S'il y a deux temps, dans un premier temps la résolution des Nations unies doit fixer les arrangements pratiques, la règle du jeu, si les Iraquiens ne satisfont pas à cette règle du jeu, s'il y a des entorses qui sont commises, alors le Conseil de sécurité doit être saisi, il doit se réunir, examiner l'ensemble des options sur la base des rapports de M. Blix et des inspecteurs. A partir de là, les décisions nécessaires doivent être prises, y compris, le cas échéant, nous l'avons dit, nous ne cessons de le dire, ce qui marque la détermination française, y compris le recours à la force éventuellement.
Q - Le recours à la force semble faire blocage. Pour les Américains, la réunion du Conseil de sécurité serait plutôt consultative que décisionnelle, quel est votre point de vue et où en est-on des consultations pour tenir une réunion ministérielle qui éviterait le dépôt d'une résolution française ?
R - Les négociations, les consultations continuent à New York, elles n'ont pas cessé y compris au cours du week-end. J'étais en contact avec mes principaux partenaires sur ces questions pour faire avancer cette résolution. Des progrès sont faits, c'est donc je crois, de part et d'autres, de la part de l'ensemble des ministres concernés et des pays concernés, une approche constructive qui tend à l'emporter.
Nous voulons évidemment lever les derniers obstacles et c'est dans cet esprit que nous travaillons. Le recours à la force pour la France, nous l'avons dit à plusieurs reprises ne peut être qu'un dernier recours, tout doit être fait pour que ce soit véritablement la dernière option possible et c'est pour cela que nous voulons une résolution qui soit à la fois claire, ferme, déterminée, qui adresse un message très fort à l'Iraq. Vous savez que l'ensemble des pays de la communauté internationale sont d'accord pour cet objectif, y compris le monde arabe. Nous voulons donc préserver cette unité de la communauté internationale car c'est la garantie de l'efficacité de toute action internationale. Si nous voulons être efficaces, il faut que nous soyons légitimes, que nous soyons porteurs d'un message de justice. Il faut donc que nous soyons unis. C'est là ce qui nous guide aujourd'hui, ce qui nous conduit à souhaiter si fortement nous appuyer sur des principes. Nous pensons que dès lors que nous sommes dans le cadre des Nations unies et du Conseil de sécurité, il faut que la responsabilité collective s'exerce à plein, cette responsabilité, cette sécurité collective ne peut pas se déléguer. Nous ne pouvons pas faire une partie du chemin avec les Nations unies et en même temps, imaginer qu'un chèque en blanc puisse être fait. Il ne peut pas y avoir à la fois une action collective et une action unilatérale, il faut choisir, et nous sommes déterminés à prendre nos responsabilités dans le cadre de cette sécurité collective car nous sommes convaincus que c'est la seule façon d'être vraiment efficaces dans une crise et par définition, le propre d'une crise, c'est qu'elle ne se règle pas en un jour. La détermination dont il faut faire preuve, la capacité et la volonté dont il faut faire preuve sont des affaires de longue durée, dans la longue durée, il faut l'énergie de la communauté internationale et je pense que nous sommes d'autant plus fondés à travailler ensemble, tous ensemble, dans le cadre du Conseil de sécurité, qu'aujourd'hui, nous partageons les mêmes objectifs et la même détermination qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la lutte contre le risque de prolifération.
Q - Concernant les territoires palestiniens, allez-vous agir pour sauver cette région de cette situation dramatique dans laquelle elle se trouve ?
R - Nous sommes évidemment très mobilisés et nous avons marqué, les uns et les autres, notre douleur devant la multiplication des attentats terroristes qui ont eu lieu au cours des dernières semaines. Nous avons exprimé aussi notre impatience devant la recherche d'une solution à cette épreuve cruelle qui est celle du Proche-Orient. Nous pensons qu'il est vraiment temps que la communauté internationale se mobilise, prenne toutes ses responsabilités. Nous l'avons évoqué lors de notre déjeuner, nous l'avons évoqué à Quinze, il est très important que le quartette puisse déterminer en liaison avec les uns et les autres, une feuille de route qui soit la référence pour l'ensemble de la communauté internationale. Nous ne pouvons pas accepter cette situation de crise ouverte qui est celle du Proche-Orient, cette situation d'injustice qui nourrit tant d'insatisfaction, d'humiliations, de frustrations. Nous pensons que nous avons tous le devoir aujourd'hui de contribuer à trouver une solution juste, équitable, partant du fait que l'ensemble de la communauté internationale reconnaît aujourd'hui la nécessité de l'objectif : la création de deux Etats capables de vivre en paix et en sécurité, l'un à côté de l'autre.
Aujourd'hui, forts de cet objectif commun, il est indispensable de se mobiliser et nous sommes convaincus qu'aucune politique de sécurité seule ne peut permettre de résoudre les problèmes d'insécurité. Il faut véritablement une perspective politique, une action politique, une volonté collective pour aboutir à une solution. Cet objectif nous mobilise et guide aujourd'hui notre action.
Q - Concernant l'Iraq, qu'est-ce qui vous fait être aussi confiant aujourd'hui ?
R - Le travail d'abord, la détermination, la volonté et le sentiment de l'objectif commun. Il y a aujourd'hui, sur la scène internationale, au sein de la communauté internationale, un objectif commun qui est d'agir. Le problème n'est pas d'agir ou non, nous voulons tous agir, nous pensons tous que le statu quo en Iraq est inacceptable, il est important de se mobiliser pour éliminer les armes de destruction massives qui peuvent exister dans ce pays. Le problème c'est comment être efficace dans la durée, sur ce dossier comme sur d'autres. On le voit bien au-delà de la crise iraquienne, il y a d'autres enjeux, y compris de prolifération avec la Corée du Nord par exemple. Pour être efficace, nous avons une conviction et je pense qu'elle est largement partagée par la communauté internationale, c'est qu'il faut être unis, légitimes dans l'action qui est menée, or, aujourd'hui, seul le Conseil de sécurité, seules les Nations unies offrent le cadre propice à l'unité, à la légitimité et à l'efficacité de l'action internationale.
Q - On peut imaginer que tout ce compte à rebours est calqué sur les élections aux Etats-Unis car les américains ont envie de "sortir" une résolution d'ici au 5 novembre. Peut-on imaginer qu'il n'y ait pas d'accord le cas échéant, que les Etats-Unis appliquent seuls la politique qu'ils ont décidée à l'égard de l'Iraq ? L'unité internationale sans la voix américaine, à terme, cela peut être une action américaine au détriment de l'avis de la communauté internationale ?
R - Nous l'avons mesuré à chaque étape des consultations engagées à New York, il y a une relation de travail tout à fait excellente avec les Etats-Unis, j'ai régulièrement eu l'occasion de voir Colin Powell, nous avons fait des progrès importants , nous voulons continuer dans cette voie et nous pensons que c'est possible. Si la France est si mobilisée aujourd'hui, tellement engagée dans la recherche d'une solution, c'est parce qu'elle est bien convaincue que, non seulement c'est possible, mais que c'est nécessaire pour être efficace dans la durée.
Croyez-moi, aujourd'hui les défis auxquels fait face le monde, le terrorisme, la prolifération, l'intégrisme sont d'une si grande importance qu'il est nécessaire de prendre la mesure de tout cela. Il n'y a pas de solution ponctuelle, il n'y a pas de remède miracle. Il y a bien un défi, un défi majeur qui implique la mobilisation de toute la diplomatie, qui implique des efforts de la part de l'ensemble des pays de la communauté internationale. je l'ai vérifié, tout à l'heure lors de notre déjeuner, il y a, de la part de l'ensemble des pays, et la Finlande l'exprime très fortement, le sentiment que c'est la responsabilité de la communauté internationale.
Ce n'est pas le problème d'un pays, c'est le problème de tous les pays et nous pouvons, nous devons agir ensemble. C'est la garantie de l'efficacité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)
(Interview à la télévision finlandaise MTV3 à Paris, le 28 octobre 2002) :
Q - Monsieur le Ministre, Bruxelles, c'était un nouveau départ pour les relations franco-allemandes ?
R - Oui, je crois que c'est à cette occasion véritablement que la relation entre la France et l'Allemagne a montré le rôle déterminant qui pouvait être le sien dans la construction européenne. Nous avons fait une proposition à nos amis allemands, à l'ensemble des Quinze. Cette proposition a pu être acceptée et a ouvert la voie à l'élargissement. Je crois que c'est un succès.
Q - Et est-ce que cette nouvelle entente doit se traduire aussi dans l'échange, comme par exemple dans le travail à la Convention ? On a vu que la nature de la Convention doit changer. L'Allemagne a changé son représentant, c'est maintenant le ministre des Affaires étrangères. Qu'est-ce que va faire la France ?
R - La relation entre la France et l'Allemagne, c'est une relation ancienne et fondatrice de l'Union européenne. Nous avons à coeur de maintenir l'importance de cette relation et en particulier, vous le savez, au début de l'année prochaine, ce sera le quarantième anniversaire du Traité de l'Elysée. Donc il y a une dynamique de ces relations que nous voulons continuer à développer bien évidemment.
La Convention, vous l'évoquez, c'est aussi une des grandes échéances de l'Europe, à côté de l'élargissement. Il y a la nécessité d'approfondir notre relation commune, de trouver des institutions efficaces, démocratiques et transparentes. Bien évidemment, nous voulons faire en sorte d'être à même d'avoir des propositions communes avec nos amis allemands.
Q - Mais vraiment, concrètement, est-ce que le fait que M. Fischer va être à la Convention, va changer quelque chose pour le choix des représentants français ?
R - Nous sommes convaincus que dans le cadre de la Convention, le rôle des relations entre la France et l'Allemagne doit être décisif. Le rôle des personnes est évidemment important mais en tout cas, ce que je peux dire, c'est que la diplomatie est tout entière mobilisée pour développer des propositions, pour le service et l'aboutissement de la Convention.
Q - Il y a cette proposition d'un président pour l'Europe. Il y en a beaucoup qui disent que cela ne résout pas le problème d'une entente sur la politique étrangère commune. M. Solana a dit que ce n'était pas un recours miracle. Qu'est-ce que vous en dites ?
R - La France propose à la fois, une Présidence du Conseil européen, une Présidence stable, qui puisse s'inscrire dans la durée, peut-être un mandat de deux ans et demi renouvelable ce qui ferait cinq ans et d'autre part essayer d'avoir un ministre des Affaires étrangères de l'Europe qui puisse assister ce président du Conseil, pouvoir faire une synthèse entre l'action conduite aujourd'hui par M. Solana et M. Patten. Je trouve qu'il est important que, véritablement, l'Europe ait à la fois des hommes pour l'incarner et des procédures qui lui permettent d'être plus efficace.
Q - En ce qui concerne le Pacte de stabilité, on voit que l'Allemagne va faire des changements structurels pour arriver à la fin. Que fait la France ?
R - La France est engagée à respecter ce Pacte de stabilité qui s'impose à l'ensemble des pays européens. Nous voulons le faire évidemment à notre rythme et avec la flexibilité indispensable pour ce faire mais l'objectif est bien là : il faut respecter le Pacte de stabilité et nous voulons nous conformer aux exigences de ce Pacte de stabilité.
Q - Il y a le rabais britannique. Tony Blair était très négatif au départ. Maintenant, depuis l'entente franco-allemande, est ce qu'il a changé son avis ?
R - Vous savez, à partir de 2006, c'est l'ensemble des dépenses budgétaires de l'Europe qu'il faudra considérer. Notre conviction c'est qu'il faut une maîtrise globale des dépenses du budget européen. Bien sûr, cela veut dire la Politique agricole commune, et nous avons accepté de plafonner la dépense agricole, tout en garantissant le financement de cette Politique agricole jusqu'en 2013. Nous pensons que l'ensemble des dépenses est concerné. La compensation britannique, doit aussi faire partie de cet ensemble. Nous devons faire des efforts mais nous devons faire des efforts tous ensemble. C'est à la fois la règle de solidarité de l'Europe et en même temps la règle impérative de responsabilité. Cet esprit commun, nous l'avons en partage. Et je crois que nous avons le même désir de faire cette Union européenne, une Union européenne responsable et forte au niveau international.
Avec mon collègue et ami, le ministre des Affaires étrangères finlandais, nous partageons le même souci de faire en sorte que cette Europe puisse jouer tout son rôle, rôle au Proche Orient, rôle en Iraq ou son rôle dans l'ensemble des crises, du terrorisme, des questions de prolifération. Il y a là un grand défi. Il faut bien sûr une Europe forte sur le plan international pour avoir une véritable stabilité du monde.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)
Permettez-moi tout d'abord de dire à quel point je suis heureux de cette visite à Paris de mon collègue, le ministre des Affaires étrangères finlandais. C'est une satisfaction particulière pour moi et je souhaite rendre hommage à cette occasion à la Finlande qui est à la fois une très ancienne nation, vous le savez, mais aussi, un jeune Etat européen. L'adhésion de la Finlande est intervenue en 1995, mais, très vite, la Finlande est devenue un Etat pivot, à part entière et jouant tout son rôle dans notre Europe.
La présidence finlandaise, lors du deuxième semestre 1999 a marqué une étape particulièrement importante et réussie dans notre histoire de l'Europe :
- il y a eu le lancement de l'espace de liberté, de sécurité et de justice lors du Conseil européen de Tampere,
- il y a eu des décisions majeures lors du Conseil européen d'Helsinki où ont été ainsi décidés le démarrage des négociations d'adhésion avec six nouveaux pays et la reconnaissance de la candidature de la Turquie notamment.
Lors de cette réunion de travail et de ce déjeuner, nous avons évoqué les grands thèmes de l'actualité internationale, de l'actualité européenne et de nos relations bilatérales. Nous avons évoqué la situation des négociations au Conseil de sécurité sur l'Iraq, la situation du Proche-Orient. Nous avons évoqué la situation de la Russie, au lendemain de la prise d'otages, l'élargissement de l'Union après le Conseil européen de Bruxelles, vous savez que nos positions sont très proches. Le Conseil européen a permis d'obtenir un accord des Quinze qui ouvre la voie à la phase finale des négociations d'adhésion.
Dans ce contexte, la France et l'Allemagne vous le savez, ont trouvé les voies d'un accord et d'une proposition faite à l'ensemble de nos partenaires des Quinze, qui a montré le chemin en trouvant un accord sur le financement de l'agriculture dans l'Europe élargie.
La Finlande, qui est un pays de grande tradition agricole également, a des positions proches des nôtres sur ces questions et nous devrons bien sûr préparer ensemble les grandes échéances.
Nous avons évoqué rapidement les perspectives concernant Kaliningrad. Vous savez qu'un accord a été trouvé au Conseil européen de Bruxelles.
Nous avons évoqué en détail, les perspectives de la Convention sur l'avenir de l'Union. Aujourd'hui se tient la dixième session plénière de cette Convention. Le président Giscard d'Estaing présentera les grandes lignes de la future constitution européenne. J'ai présenté à mon homologue les priorités françaises qui sont, je crois, les mêmes pour la Finlande : à la fois une exigence de transparence, de démocratie et d'efficacité.
Nous avons évoqué les questions de politique étrangère et de défense européenne, la Finlande vous le savez contribue activement aux missions de Petersberg avec la participation des policiers finlandais à la future mission de police de l'Union en Bosnie. J'ai souligné combien il nous paraissait essentiel, pour la crédibilité de l'Union, qu'elle soit en mesure de relever l'OTAN en Macédoine. Vous connaissez à cet égard la position française.
Nous avons évoqué le protocole de Kyoto, son entrée en vigueur est pour nous prioritaire, et les Etats qui ne l'ont pas ratifié doivent, en ce qui nous concerne, le faire sans délai.
Enfin, nous avons aussi évoqué les questions bilatérales, nous avons examiné les moyens de renforcer notre coopération dans le domaine des biotechnologies, nous préparons un projet de déclaration conjointe qui pourrait être signé lors de la visite en France du Premier ministre Lipponen l'an prochain. Nous avons évoqué la possibilité de renouveler les échanges de diplomates entre nos deux administrations, après l'expérience très réussie que nous avons faite il y a deux ans.
Enfin, dans le domaine de la coopération éducative, nous avons demandé à nos amis finlandais la possibilité de créer une filière francophone au sein du lycée franco-finlandais d'Helsinki.
Voilà pour les éléments essentiels et je tiens, en conclusion, à redire tout le plaisir que j'ai d'accueillir mon collègue à Paris.
Q - (A propos de l'Iraq)
R - Tout à fait, nous voulons un accord à New York, nous le croyons possible et nous le souhaitons très rapidement. C'est à cela que nous travaillons. Nous avons développé tout au long des dernières semaines, une approche qui se veut constructive pour préparer une résolution des Nations unies qui permette le retour très rapidement des inspecteurs. Notre souci prioritaire, c'est le retour des inspecteurs et l'élimination des armes de destruction massives en Iraq. Il y a maintenant urgence, il est donc très important que cette résolution puisse être adoptée rapidement. C'est pour cela que j'ai dit à l'ensemble de mes collègues du Conseil de sécurité, je l'ai dit à Colin Powell, à Igor Ivanov, à nos principaux partenaires, nous sommes prêts à participer à une réunion au niveau ministériel du Conseil de sécurité pour lever les derniers blocages. Nous souhaitons bien sûr que cette résolution satisfasse aux grands principes auxquels nous sommes attachés, en particulier à l'exigence de morale et de légalité internationale. C'est là un des objectifs français, nous refusons toute clause d'automaticité du recours à la force, nous pensons qu'elle ne peut être qu'un dernier recours et dans ce contexte, il est très important que soit soigneusement encadré ce recours à la force dans la résolution, que soient définis les arrangements pratiques qui sont indispensables pour permettre le travail des inspecteurs. Nous devons être en mesure de faire confiance à M. Blix et aux inspecteurs.
A chaque étape du processus, le Conseil de sécurité doit être en mesure, à chaque étape, et vous savez que nous préconisons une démarche en deux temps, le Conseil de sécurité doit être en mesure de recueillir l'avis, l'opinion, les conseils de M. Blix et des inspecteurs des nations Unies.
Q - ... pour que la France présente son propre texte alternatif à celui des Etats-Unis, au cas où celui des Etats-Unis ne satisferait pas les exigences françaises ?
R - Actuellement, il n'y a pas de blocage. Tous les jours, nous sommes en contact avec nos partenaires des Nations unies, j'ai au téléphone les différents ministres compétents, M. Powell, M. Ivanov, M. Straw, ou d'autres, le ministre chinois notamment, ou d'autres membres non permanents du Conseil de sécurité. Il n'y a pas de blocage, des progrès ont été faits et l'idée française d'une démarche en deux temps est aujourd'hui acceptée par l'ensemble des membres du Conseil de sécurité.
Il nous faut aboutir, lever les dernières ambiguïtés, et c'est le sentiment français qui continue de peser sur cette résolution. Il faut éviter que nous ayons un dispositif qui globalement satisfasse à cette exigence d'une démarche en deux temps, et que d'autres dispositions, au sein de cette résolution puissent paraître contredire cette exigence de consultation à chaque étape du Conseil de sécurité;
Mais c'est un travail que nous sommes en train d'effectuer en liaison avec nos partenaires, nous avons bon espoir de pouvoir le faire rapidement et nous sommes très désireux, dans les toutes prochaines heures, dans les tous prochains jours d'arriver à un accord. Nous travaillons actuellement sur un texte américain, nous avons fait des propositions sur la base de leur texte, c'est dire à quel point nous sommes désireux de développer une approche constructive et positive au sein du Conseil de sécurité.
Q - Vous dites qu'il y a urgence, quel est l'élément nouveau qui vous fait dire cela ?
R - Il y a une grande urgence car depuis l'Assemblée générale des Nations unies où nous avons vu une très grande unité de la communauté internationale qui s'est manifestée pour adresser un message ferme à l'Iraq. Depuis cette période, nous n'avons cessé de plaider pour une approche positive, pour une approche unanime du Conseil de sécurité et de la communauté internationale. Notre conviction, c'est que lorsque la communauté internationale est unie, elle est efficace et c'est pour cela que Saddam Hussein a accepté le retour des inspecteurs. Nous pensons qu'il nous faut, dans le cadre du projet de résolution que nous voulons adopter préserver cette unanimité, cette unité du Conseil de sécurité. Je l'ai dit, nous avons fait beaucoup de progrès, la démarche en deux temps est maintenant acceptée par l'ensemble de nos partenaires. Il nous faut préciser justement un certain nombre de points parce que nous voulons éviter toute ambiguïté. Nous voulons que le principe de responsabilité, le principe de sécurité collective puisse jouer à plein. C'est la condition de l'efficacité de notre action et c'est pour cela que, bien que nous soyons aujourd'hui près du but, nous estimons qu'il faut que la résolution soit véritablement claire, ferme et nette. Il faut à la fois de la détermination, de la mobilisation et de l'urgence car il est temps que les inspecteurs puissent se rendre sur place pour faire leur travail. L'objectif de la France, nous l'avons dit depuis le début, c'est le retour des inspecteurs et l'élimination des armes de destruction massives. Nous avons une communauté internationale qui partage cet objectif, ne nous laissons pas divertir par d'autres considérations, concentrons-nous sur cet objectif, c'est aujourd'hui la priorité.
Q - Quelles sont les dernières ambiguïtés à lever ?
R - Il y a deux éléments importants à définir dans cette résolution. Les arrangements pratiques d'abord et concernant la position française, nous l'avons exprimé à plusieurs reprises, nous voulons faire confiance à la CCVINU, à M. Blix, aux inspecteurs pour, à chaque étape, leur donner nos conseils, nous donner leurs sentiments, leur avis sur le point de la situation et sur ce qu'il convient de faire. Du point de vue des arrangements pratiques, nous estimons qu'ils sont les mieux placés.
Le deuxième point est évidemment de bien préciser dans quelle circonstance le recours à la force est possible, vous savez que nous avons défendu le principe d'une démarche en deux temps, et dans ce contexte, nous estimons qu'il faut être cohérent et qu'il faut donc éviter toute ambiguïté à ce sujet. S'il y a deux temps, dans un premier temps la résolution des Nations unies doit fixer les arrangements pratiques, la règle du jeu, si les Iraquiens ne satisfont pas à cette règle du jeu, s'il y a des entorses qui sont commises, alors le Conseil de sécurité doit être saisi, il doit se réunir, examiner l'ensemble des options sur la base des rapports de M. Blix et des inspecteurs. A partir de là, les décisions nécessaires doivent être prises, y compris, le cas échéant, nous l'avons dit, nous ne cessons de le dire, ce qui marque la détermination française, y compris le recours à la force éventuellement.
Q - Le recours à la force semble faire blocage. Pour les Américains, la réunion du Conseil de sécurité serait plutôt consultative que décisionnelle, quel est votre point de vue et où en est-on des consultations pour tenir une réunion ministérielle qui éviterait le dépôt d'une résolution française ?
R - Les négociations, les consultations continuent à New York, elles n'ont pas cessé y compris au cours du week-end. J'étais en contact avec mes principaux partenaires sur ces questions pour faire avancer cette résolution. Des progrès sont faits, c'est donc je crois, de part et d'autres, de la part de l'ensemble des ministres concernés et des pays concernés, une approche constructive qui tend à l'emporter.
Nous voulons évidemment lever les derniers obstacles et c'est dans cet esprit que nous travaillons. Le recours à la force pour la France, nous l'avons dit à plusieurs reprises ne peut être qu'un dernier recours, tout doit être fait pour que ce soit véritablement la dernière option possible et c'est pour cela que nous voulons une résolution qui soit à la fois claire, ferme, déterminée, qui adresse un message très fort à l'Iraq. Vous savez que l'ensemble des pays de la communauté internationale sont d'accord pour cet objectif, y compris le monde arabe. Nous voulons donc préserver cette unité de la communauté internationale car c'est la garantie de l'efficacité de toute action internationale. Si nous voulons être efficaces, il faut que nous soyons légitimes, que nous soyons porteurs d'un message de justice. Il faut donc que nous soyons unis. C'est là ce qui nous guide aujourd'hui, ce qui nous conduit à souhaiter si fortement nous appuyer sur des principes. Nous pensons que dès lors que nous sommes dans le cadre des Nations unies et du Conseil de sécurité, il faut que la responsabilité collective s'exerce à plein, cette responsabilité, cette sécurité collective ne peut pas se déléguer. Nous ne pouvons pas faire une partie du chemin avec les Nations unies et en même temps, imaginer qu'un chèque en blanc puisse être fait. Il ne peut pas y avoir à la fois une action collective et une action unilatérale, il faut choisir, et nous sommes déterminés à prendre nos responsabilités dans le cadre de cette sécurité collective car nous sommes convaincus que c'est la seule façon d'être vraiment efficaces dans une crise et par définition, le propre d'une crise, c'est qu'elle ne se règle pas en un jour. La détermination dont il faut faire preuve, la capacité et la volonté dont il faut faire preuve sont des affaires de longue durée, dans la longue durée, il faut l'énergie de la communauté internationale et je pense que nous sommes d'autant plus fondés à travailler ensemble, tous ensemble, dans le cadre du Conseil de sécurité, qu'aujourd'hui, nous partageons les mêmes objectifs et la même détermination qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la lutte contre le risque de prolifération.
Q - Concernant les territoires palestiniens, allez-vous agir pour sauver cette région de cette situation dramatique dans laquelle elle se trouve ?
R - Nous sommes évidemment très mobilisés et nous avons marqué, les uns et les autres, notre douleur devant la multiplication des attentats terroristes qui ont eu lieu au cours des dernières semaines. Nous avons exprimé aussi notre impatience devant la recherche d'une solution à cette épreuve cruelle qui est celle du Proche-Orient. Nous pensons qu'il est vraiment temps que la communauté internationale se mobilise, prenne toutes ses responsabilités. Nous l'avons évoqué lors de notre déjeuner, nous l'avons évoqué à Quinze, il est très important que le quartette puisse déterminer en liaison avec les uns et les autres, une feuille de route qui soit la référence pour l'ensemble de la communauté internationale. Nous ne pouvons pas accepter cette situation de crise ouverte qui est celle du Proche-Orient, cette situation d'injustice qui nourrit tant d'insatisfaction, d'humiliations, de frustrations. Nous pensons que nous avons tous le devoir aujourd'hui de contribuer à trouver une solution juste, équitable, partant du fait que l'ensemble de la communauté internationale reconnaît aujourd'hui la nécessité de l'objectif : la création de deux Etats capables de vivre en paix et en sécurité, l'un à côté de l'autre.
Aujourd'hui, forts de cet objectif commun, il est indispensable de se mobiliser et nous sommes convaincus qu'aucune politique de sécurité seule ne peut permettre de résoudre les problèmes d'insécurité. Il faut véritablement une perspective politique, une action politique, une volonté collective pour aboutir à une solution. Cet objectif nous mobilise et guide aujourd'hui notre action.
Q - Concernant l'Iraq, qu'est-ce qui vous fait être aussi confiant aujourd'hui ?
R - Le travail d'abord, la détermination, la volonté et le sentiment de l'objectif commun. Il y a aujourd'hui, sur la scène internationale, au sein de la communauté internationale, un objectif commun qui est d'agir. Le problème n'est pas d'agir ou non, nous voulons tous agir, nous pensons tous que le statu quo en Iraq est inacceptable, il est important de se mobiliser pour éliminer les armes de destruction massives qui peuvent exister dans ce pays. Le problème c'est comment être efficace dans la durée, sur ce dossier comme sur d'autres. On le voit bien au-delà de la crise iraquienne, il y a d'autres enjeux, y compris de prolifération avec la Corée du Nord par exemple. Pour être efficace, nous avons une conviction et je pense qu'elle est largement partagée par la communauté internationale, c'est qu'il faut être unis, légitimes dans l'action qui est menée, or, aujourd'hui, seul le Conseil de sécurité, seules les Nations unies offrent le cadre propice à l'unité, à la légitimité et à l'efficacité de l'action internationale.
Q - On peut imaginer que tout ce compte à rebours est calqué sur les élections aux Etats-Unis car les américains ont envie de "sortir" une résolution d'ici au 5 novembre. Peut-on imaginer qu'il n'y ait pas d'accord le cas échéant, que les Etats-Unis appliquent seuls la politique qu'ils ont décidée à l'égard de l'Iraq ? L'unité internationale sans la voix américaine, à terme, cela peut être une action américaine au détriment de l'avis de la communauté internationale ?
R - Nous l'avons mesuré à chaque étape des consultations engagées à New York, il y a une relation de travail tout à fait excellente avec les Etats-Unis, j'ai régulièrement eu l'occasion de voir Colin Powell, nous avons fait des progrès importants , nous voulons continuer dans cette voie et nous pensons que c'est possible. Si la France est si mobilisée aujourd'hui, tellement engagée dans la recherche d'une solution, c'est parce qu'elle est bien convaincue que, non seulement c'est possible, mais que c'est nécessaire pour être efficace dans la durée.
Croyez-moi, aujourd'hui les défis auxquels fait face le monde, le terrorisme, la prolifération, l'intégrisme sont d'une si grande importance qu'il est nécessaire de prendre la mesure de tout cela. Il n'y a pas de solution ponctuelle, il n'y a pas de remède miracle. Il y a bien un défi, un défi majeur qui implique la mobilisation de toute la diplomatie, qui implique des efforts de la part de l'ensemble des pays de la communauté internationale. je l'ai vérifié, tout à l'heure lors de notre déjeuner, il y a, de la part de l'ensemble des pays, et la Finlande l'exprime très fortement, le sentiment que c'est la responsabilité de la communauté internationale.
Ce n'est pas le problème d'un pays, c'est le problème de tous les pays et nous pouvons, nous devons agir ensemble. C'est la garantie de l'efficacité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)
(Interview à la télévision finlandaise MTV3 à Paris, le 28 octobre 2002) :
Q - Monsieur le Ministre, Bruxelles, c'était un nouveau départ pour les relations franco-allemandes ?
R - Oui, je crois que c'est à cette occasion véritablement que la relation entre la France et l'Allemagne a montré le rôle déterminant qui pouvait être le sien dans la construction européenne. Nous avons fait une proposition à nos amis allemands, à l'ensemble des Quinze. Cette proposition a pu être acceptée et a ouvert la voie à l'élargissement. Je crois que c'est un succès.
Q - Et est-ce que cette nouvelle entente doit se traduire aussi dans l'échange, comme par exemple dans le travail à la Convention ? On a vu que la nature de la Convention doit changer. L'Allemagne a changé son représentant, c'est maintenant le ministre des Affaires étrangères. Qu'est-ce que va faire la France ?
R - La relation entre la France et l'Allemagne, c'est une relation ancienne et fondatrice de l'Union européenne. Nous avons à coeur de maintenir l'importance de cette relation et en particulier, vous le savez, au début de l'année prochaine, ce sera le quarantième anniversaire du Traité de l'Elysée. Donc il y a une dynamique de ces relations que nous voulons continuer à développer bien évidemment.
La Convention, vous l'évoquez, c'est aussi une des grandes échéances de l'Europe, à côté de l'élargissement. Il y a la nécessité d'approfondir notre relation commune, de trouver des institutions efficaces, démocratiques et transparentes. Bien évidemment, nous voulons faire en sorte d'être à même d'avoir des propositions communes avec nos amis allemands.
Q - Mais vraiment, concrètement, est-ce que le fait que M. Fischer va être à la Convention, va changer quelque chose pour le choix des représentants français ?
R - Nous sommes convaincus que dans le cadre de la Convention, le rôle des relations entre la France et l'Allemagne doit être décisif. Le rôle des personnes est évidemment important mais en tout cas, ce que je peux dire, c'est que la diplomatie est tout entière mobilisée pour développer des propositions, pour le service et l'aboutissement de la Convention.
Q - Il y a cette proposition d'un président pour l'Europe. Il y en a beaucoup qui disent que cela ne résout pas le problème d'une entente sur la politique étrangère commune. M. Solana a dit que ce n'était pas un recours miracle. Qu'est-ce que vous en dites ?
R - La France propose à la fois, une Présidence du Conseil européen, une Présidence stable, qui puisse s'inscrire dans la durée, peut-être un mandat de deux ans et demi renouvelable ce qui ferait cinq ans et d'autre part essayer d'avoir un ministre des Affaires étrangères de l'Europe qui puisse assister ce président du Conseil, pouvoir faire une synthèse entre l'action conduite aujourd'hui par M. Solana et M. Patten. Je trouve qu'il est important que, véritablement, l'Europe ait à la fois des hommes pour l'incarner et des procédures qui lui permettent d'être plus efficace.
Q - En ce qui concerne le Pacte de stabilité, on voit que l'Allemagne va faire des changements structurels pour arriver à la fin. Que fait la France ?
R - La France est engagée à respecter ce Pacte de stabilité qui s'impose à l'ensemble des pays européens. Nous voulons le faire évidemment à notre rythme et avec la flexibilité indispensable pour ce faire mais l'objectif est bien là : il faut respecter le Pacte de stabilité et nous voulons nous conformer aux exigences de ce Pacte de stabilité.
Q - Il y a le rabais britannique. Tony Blair était très négatif au départ. Maintenant, depuis l'entente franco-allemande, est ce qu'il a changé son avis ?
R - Vous savez, à partir de 2006, c'est l'ensemble des dépenses budgétaires de l'Europe qu'il faudra considérer. Notre conviction c'est qu'il faut une maîtrise globale des dépenses du budget européen. Bien sûr, cela veut dire la Politique agricole commune, et nous avons accepté de plafonner la dépense agricole, tout en garantissant le financement de cette Politique agricole jusqu'en 2013. Nous pensons que l'ensemble des dépenses est concerné. La compensation britannique, doit aussi faire partie de cet ensemble. Nous devons faire des efforts mais nous devons faire des efforts tous ensemble. C'est à la fois la règle de solidarité de l'Europe et en même temps la règle impérative de responsabilité. Cet esprit commun, nous l'avons en partage. Et je crois que nous avons le même désir de faire cette Union européenne, une Union européenne responsable et forte au niveau international.
Avec mon collègue et ami, le ministre des Affaires étrangères finlandais, nous partageons le même souci de faire en sorte que cette Europe puisse jouer tout son rôle, rôle au Proche Orient, rôle en Iraq ou son rôle dans l'ensemble des crises, du terrorisme, des questions de prolifération. Il y a là un grand défi. Il faut bien sûr une Europe forte sur le plan international pour avoir une véritable stabilité du monde.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)