Texte intégral
Monsieur le Représentant de l'ambassade de Pologne,
Monsieur le Président de la Fondation France-Pologne,
Lorsque l'invitation m'a été faite de clôturer le Forum de la Fondation France-Pologne, c'est avec un très grand plaisir que j'ai tenu à y répondre.Voilà dix ans en effet, j'engageais le Conseil général des Cotes d'Armor, dont j'étais alors le président, dans cette aventure de coopération et d'amitié avec la Pologne.
Je ne vous cacherai donc pas la satisfaction qui est la mienne d'être aujourd'hui parmi vous, comme ministre délégué à la coopération et à la francophonie, pour célébrer ce dixième anniversaire de votre fondation.
L'événement est important et votre présence en atteste : vous êtes près de 700 acteurs et élus locaux de France et de Pologne réunis à Paris pour rendre compte, au cours de cette journée, des ateliers de travail organisés en province depuis mercredi afin de débattre des thèmes porteurs d'un renforcement de notre partenariat.
Née en 1989 de la volonté du gouvernement français de soutenir la construction de la démocratie en Pologne, elle a été et demeure un acteur essentiel pour préparer l'adhésion de ce pays à l'Union européenne.
Vous le savez, la Pologne occupe dans le coeur des Français une place singulière et ce n'est évidemment pas un hasard, si aux heures les plus difficiles de leur histoire, les polonais nous ont toujours trouvé à leurs côtés. Ainsi s'est progressivement construit, consolidé puis intensifié un mouvement de solidarité puissant, actif, particulièrement dans les années 80, pour les raisons que l'on sait.
La mise en place de la Fondation France-Pologne, a répondu au besoin, naturellement, très vite apparu, d'organiser ce foisonnement d'initiatives, plurielles, spontanées, par définition sympathiques, parfois brouillonnes afin de susciter dans les années 90 le développement de véritables partenariats dans des secteurs d'activité très variés.
Au cours de ces dix années, la Fondation France-Pologne a ainsi fortement contribué à articuler les initiatives existantes. Mais elle a aussi très largement favorisé une meilleure couverture géographique de nos interventions dans nos pays respectifs.
Les conditions étaient alors enfin réunies pour que la coopération décentralisée connaisse, avec l'aide de l'Etat cette fois, et avant même que la loi ne l'y autorise, un essor véritablement dynamique dont nous recueillons aujourd'hui les fruits. J'ajouterai que ce processus a placé directement la démocratie locale, comme concept et comme réalité institutionnelle, au centre de notre aventure commune.
Comme je vous l'indiquais en préambule, je sais, pour l'avoir vécu comme Président du Conseil général des Côtes d'Armor, au nom duquel je signais en 1991 un accord de coopération avec la Voïvodie de Warmie-Mazurie, le rôle essentiel, et pas seulement en termes financiers, que la Fondation a joué en ce sens. Comme élu breton je mesure aussi, concrètement, la valeur et l'utilité de l'aide apportée au développement de nos échanges, en particulier dans le domaine de l'agriculture, un domaine si essentiel, ont vient d'en rappeler l'importance, pour nos deux pays. Les échanges entre professionnels, ceux de l'agro-alimentaire notamment, se sont multipliés et sont désormais couramment intégrés dans nos relations. Mais c'est surtout dans les domaines de la justice, de la santé, de l'enseignement universitaire et scolaire, grâce à l'engagement de militants associatifs, que très tôt, dès 1981, a émergé une volonté solidaire qui n'a fait depuis que se fortifier.
Les échanges n'ont cessé de se diversifier. J'en cite pour preuve cette création, dont je ne suis pas peu fier, d'un centre franco-polonais à Olsztyn, devenu un véritable point d'ancrage de notre coopération entre collectivités.
A l'évocation de ce passé commun, je ne peux manquer de saluer le rôle éminent de Jacques de Chalendar, président fondateur de France-Pologne, auquel je veux à rendre ici un hommage tout particulier. Notre forte présence aujourd'hui ce bilan qu'ensemble nous dressons de nos actions de collaboration, portent très largement la marque de son engagement et de son grand professionnalisme.
C'est aussi pour célébrer le dixième anniversaire de votre Fondation, de notre Fondation, que nous sommes réunis. Cet anniversaire, associé à l'entrée proche de la Pologne dans l'Union européenne, constitue un passage symbolique, qui nous invite à mesurer le chemin parcouru.
Il y a dix ans, presque jour pour jour, disparaissait le mur de Berlin, sous l'action déterminée d'hommes et de femmes qui avaient fait le choix de l'ouverture démocratique au monde, synonyme d'un meilleur avenir dans la liberté et la responsabilité. A l'approche du prochain millénaire, nous avons le devoir de continuer à faire vivre les espoirs et les aspirations nés de cet événement majeur. C'est bien à cela qu'aujourd'hui, ensemble, nous nous attachons. Les Polonais, qui furent des acteurs essentiels dans cette évolution. Ils ont ainsi permis à l'Europe trop longtemps désunie de retrouver enfin un destin commun. L'économie de la Pologne est en forte croissance, ses institutions démocratiques sont stables, efficaces, son intégration à l'économie de marché s'est réalisée de façon plus satisfaisante que nous pouvions le craindre au départ.
Les conditions sont remplies pour que la Pologne puisse être bientôt un nouveau partenaire au sein de notre Union, et pour qu'elle y occupe sa place, toute sa place. La France, vous le savez, a toujours été à vos côtés dans ce processus de préparation à l'adhésion.
La force de la Fondation aura été de développer son activité, j'allais dire son militantisme, à la charnière de deux des périodes les plus cruciales de la vie récente de la Pologne : l'après-chute du mur de Berlin et l'entrée officielle de la Pologne sur la scène européenne.
En examinant le bilan de ces dix années de coopération commune, je veux pouvoir exprimer notre satisfaction, unanime, devant l'excellence et la qualité de nos partenariats respectifs. C'est, incontestablement, un bel exemple de coopération décentralisée puisque plus de 6o collectivités territoriales françaises et polonaises y participent désormais. Permettez-moi d'en citer quelques-unes, pardonnez-moi de ne pas toutes les citer : le Nord-Pas-de-Calais, l'Alsace, Rhône-Alpes et Lyon, la Bretagne et les Côtes d'Armor, la Bourgogne mais aussi Katowice, Wroclaw, Lodz, Poznan, Olsztyn... Plus de 1500 élus polonais ont été reçus en formation ainsi que des centaines de fonctionnaires territoriaux. Des milliers d'étudiants et de cadres d'entreprise ont bénéficié de formations, de stages d'accueil. Plus d'une centaine d'accords de jumelages ont été signés entre les villes de nos deux pays. Quel bilan, quel message d'espoir pour l'avenir de nos jeunes que d'avoir réussi un tel pari et d'avoir favorisé tant de liens d'amitié et de collaboration complice.
Au cours de ces deux années et demie, je me suis beaucoup investi dans la coopération décentralisée. Traditionnellement et pour des raisons qui tiennent à notre histoire, cette coopération a surtout été orientée en direction des pays du sud, l'Afrique notamment. Pas question de tourner le dos à notre histoire mais la réussite de ces échanges avec la Pologne ne peut que nous inviter à renforcer davantage encore nos partenariats vers l'Est de l'Europe.
Ce succès me conforte dans notre choix de faire de la coopération décentralisée une priorité de l'action du ministère des Affaires étrangères. Cette dimension a été totalement intégrée dans la récente réforme de notre dispositif de coopération et l'ayant pratiquée en tant qu'élu local, la développant aujourd'hui dans mes responsabilités nationales, vous aurez compris que cette forme de coopération revêt pour moi une importance toute particulière. Résolument tournée vers la société civile, elle constitue un outil efficace et approprié au service du développement des solidarités entre les pays partenaires et au développement de la démocratie.
Dans quelques semaines, j'aurai l'occasion, à la demande du Premier ministre, de présenter en Conseil des ministres une communication sur cette question.
J'espère profondément voir la coopération décentralisée se renforcer encore. Accompagner les acteurs, les conseiller dans leurs projets, leur donner la parole, les inviter à développer davantage leurs initiatives, susciter des rencontres comme celle d'aujourd'hui afin qu'ils puissent confronter leurs expériences, évoquer les difficultés qu'ils rencontrent et chercher les moyens de les dépasser. Voilà le cadre que nous proposons à nos collectivités locales pour leurs relations avec leurs partenaires.
Le Forum et les thèmes fondamentaux qui l'animent depuis mercredi dernier me paraissent s'inscrire pleinement dans cette démarche.
Dix ans passés ensemble. Nous avons appris à nous connaître, nous savons nos forces et nos faiblesses. C'est pour nous, pour notre coopération, pour la Fondation, une étape en même temps qu'un tournant.
Il convient, ensemble, de trouver les voies d'une coopération nouvelle. C'est bien le sens de ce Forum et de vos différents ateliers. La formule que vous avez adoptée pour la présentation de votre brochure, heureusement intitulée "passerelles pour l'Europe", me paraît riche de sens et d'une forte symbolique pour décrire ce qu'ensemble nous avons fait, ce que nous faisons aujourd'hui, ce que nous ferons demain. Cette passerelle jetée entre la France et la Pologne nous indique la voie à suivre. Je suis pour ma part, et au nom du gouvernement français, il me plaît de le rappeler, ouvert aux idées et aux propositions issues de vos débats et de vos rencontres, dont on m'a dit toute la richesse.
Nous devons rester à l'écoute des attentes de nos collectivités pour inscrire nos actions dans la durée. Dans cet esprit, il me paraît important que la mobilisation des collectivités françaises soit de plus en plus forte pour continuer à accompagner la Pologne dans son processus de pré-adhésion à l'Union européenne.
Les fonds communautaires actuellement mobilisables doivent être pleinement utilisés à cet effet. Il est de notre devoir de maintenir notre aide à la Pologne dans son effort pour consolider la décentralisation mise en place récemment. C'est pourquoi nous devons continuer à encourager les échanges entre les élus, entre les entreprises, entre l'ensemble des partenaires du tissu économique de nos deux pays.
Nous devons continuer à oeuvrer dans ce sens. C'est bien d'ailleurs le message qui ressort de vos débats et de vos conclusions au cours de ces journées passées ensemble.
Mesdames et Messieurs,
Dans un contexte d'évolution et de changement, de nouveaux liens ont été tissés entre nos populations, entre les femmes et les hommes qui font la richesse de nos relations. Des valeurs, des amitiés se sont renforcées, qui constituent aujourd'hui un patrimoine commun que nous devons savoir préserver et consolider. Au moment où nos amis polonais vont rentrer chez eux, c'est le voeu que je forme pour les années à venir. Vive l'amitié entre la France et la Pologne. Vive l'amitié entre les collectivités de nos deux pays./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 novembre 1999)