Texte intégral
Lutte ouvrière (09/07/2002)
CONTRE LES COUPS QU'ILS NOUS PREPARENT
La nouvelle Assemblée commence cette semaine à mettre en musique la politique annoncée par Raffarin la semaine dernière. A part l'amnistie qui fera peut-être quelques heureux parmi ceux qui ont accumulé des contraventions pour non paiement du stationnement, les travailleurs n'ont certainement rien de bon à en attendre.
Pour financer la réduction de 5 % de l'impôt sur le revenu dont profiteront surtout ceux qui ont des revenus élevés, le gouvernement annonce des économies sur les services publics. Si la police et la gendarmerie bénéficieront d'embauches supplémentaires, on annonce en revanche que, dans les autres services publics, les partants ne seront pas remplacés. Cela signifie du travail supplémentaire pour ceux qui restent et des services publics des plus dégradés.
Le gouvernement annonce pour l'année qui vient une réforme des retraites. Bien qu'il ait été discret sur les modalités de cette réforme, elle se traduira par une diminution des retraites de base. Et si le gouvernement se sent assez fort, il reprendra là où Balladur a commencé et où Juppé a échoué : après avoir allongé le temps de cotisation pour le secteur privé, l'allonger pour le secteur public. On arrive à ce résultat aberrant qu'alors que l'intensification du rythme de travail et l'exploitation accrue augmentent la productivité d'année en année, on oblige les travailleurs à travailler plus longtemps et pour une retraite plus faible. Voilà, entre autres, d'où viennent les profits faramineux qui, ensuite, partent en fumée dans la spéculation boursière.
Pour le reste, pour les salaires, pour la Sécurité sociale, le gouvernement en appelle à la négociation entre partenaires sociaux. Mais, dans le contexte actuel, cela signifie que le patronat impose à peu près tout ce qu'il veut imposer, en faisant cautionner ses décisions par des syndicats assez dociles pour les contresigner.
En matière de privatisations, le gouvernement de droite continuera la politique menée par la gauche. Préparée sous Jospin, la privatisation d'EDF et de GDF se poursuivra sous Raffarin. D'autres secteurs suivront, avec toutes les conséquences que la recherche du profit implique pour des services utiles à la collectivité. Plus les jours passent, plus il se révèle, par exemple, que la responsabilité de la récente catastrophe aérienne au-dessus de l'Allemagne incombe à la société privée à qui a été concédée la gestion du contrôle aérien dans le secteur où le crash s'est produit et qui fait travailler des contrôleurs en nombre insuffisant sur du matériel défectueux.
Et, bien entendu, Raffarin ne fera pas plus que Jospin contre les plans de licenciements qui se multiplient.
Reste la politique sécuritaire, argument électoral de Chirac. Elle se concrétise par de l'argent supplémentaire pour la police et la gendarmerie, par des opérations "coup de poing" dans des quartiers populaires et par l'agitation médiatique du ministre de l'Intérieur. Cela ne changera rien à la vie dans les cités populaires mais cela est fait pour plaire à l'électorat réactionnaire.
La même démagogie sécuritaire autorise l'emprisonnement dans des prisons taudis des adolescents dès 13 ans alors qu'on se prépare à amnistier les affaires politico-financières où sont mouillés des députés, des ministres et jusqu'au chef de l'Etat.
Sur le plan parlementaire comme sur le plan gouvernemental, la politique des cinq prochaines années est toute tracée entre une droite qui dispose de tous les leviers du pouvoir et une gauche principalement préoccupée de faire oublier ses cinq ans de gestion gouvernementale.
Mais ce qui est décisif, ce n'est pas ce qui se passe au Parlement. Les cinq ans passés ont amplement montré que le monde du travail n'a rien à attendre du gouvernement, quelle que soit sa couleur politique. La classe ouvrière a la capacité de réagir et a la force de faire reculer le patronat et le gouvernement. Ceux qui nous gouvernent en on fait l'expérience dans le passé et parfois à des moments où ils s'y attendaient le moins.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 10 juillet 2002)
Lutte ouvrière (15/07/2002)
LA RENTREE QU'ILS NOUS PREPARENT... OU LA RENTREE QU'ILS SE PREPARENT ?
Dans son intervention télévisée du 14 juillet, Chirac a réaffirmé que la baisse des impôts et des charges sociales était son principal objectif, et que c'est d'après lui un "choix de survie" pour "éviter de nous enfoncer par rapport à nos voisins". Par baisse des impôts, il faut entendre, bien sûr, non pas la baisse de la TVA, cet impôt inique qui fait que les plus pauvres se voient voler par l'Etat près de 20% de leurs maigres ressources, mais la baisse des impôts sur le revenu, ou des impôts sur les bénéfices des sociétés, qui profiteront essentiellement aux plus riches. Quant à justifier ces mesures en prétendant que c'est une nécessité pour ne pas "nous enfoncer", c'est se moquer du monde.
Diminuer les impôts que paient les plus riches, ceux que paient les sociétés, baisser les charges sociales, n'a jamais permis de créer des emplois, ni de rendre les entreprises plus compétitives sur le marché mondial. Si les capitalistes voulaient rendre leurs entreprises plus compétitives, il leur suffirait de renoncer à une partie de leurs profits, et de vendre moins cher. Mais ce qu'ils veulent, c'est tout le contraire, c'est faire plus de profits, c'est accumuler davantage de richesses. Et toute la politique de Chirac consiste à les aider à atteindre ce but, en dissimulant comme toujours les décisions qui ne visent qu'à défendre les intérêts des privilégiés sous des phrases creuses sur "l'intérêt de la France" et de prétendues nécessités économiques.
Ces cadeaux promis au grand patronat ne seront pas sans conséquences pour les travailleurs, car chaque dégrèvement de charges sociales, c'est moins d'argent pour financer les allocations chômage, la Sécurité sociale, les retraites. Chaque diminution d'impôt dont bénéficient les plus riches, c'est moins d'argent dans les caisses de l'Etat, c'est à dire moins d'argent pour les services publics, pour les transports en commun, les hôpitaux, l'enseignement, la construction de logements sociaux. D'autant que le gouvernement n'entend pas réduire le budget des armées, et a déjà annoncé la mise en chantier d'un deuxième porte-avions du type du ruineux "Charles de Gaulle".
Après cela, Chirac peut bien annoncer l'ouverture pour son second mandat de trois grands chantiers, relatifs à la sécurité routière, à la lutte contre le cancer et à l'aide aux handicapés, en se gardant bien de dire comment ils seraient financés. Qui peut croire que ces promesses l'engageront plus que celles concernant la résorption de la "fracture sociale" dont il avait tant parlé il y a sept ans.
Quant au fait que Chirac se soit prononcé pour la mise en place d'une "structure" permettant au gouvernement "d'intervenir massivement pour apporter des solutions lorsqu'il y a des plans sociaux", certains commentateurs ont voulu y voir l'amorce d'une politique plus sociale. Mais il n'y a là dedans que des mots. Il n'y a aucun engagement du chef de l'Etat à limiter, et encore moins à empêcher, les licenciements collectifs qui n'ont jamais été aussi nombreux que ces derniers mois. Si Chirac propose des "solutions", ce sera encore une manière d'aider le grand patronat. Et la seule chose qu'on peut déduire avec certitude de ses propos, c'est qu'il n'envisage pas l'avenir sans une nouvelle série de "plans sociaux".
En fait, ce que nous a annoncé Chirac, est sous des dehors patelins, une véritable offensive contre le monde du travail. Il pourra se targuer, en menant une telle politique, d'avoir été élu, grâce à la démission de la gauche parlementaire, par plus de 80% des votants. Mais quelques centaines de milliers de grévistes peuvent peser plus lourd, dans la vie sociale, que des millions d'électeurs. Juppé l'avait appris à ses dépens à l'automne 1995. D'autres pourraient bien l'apprendre en 2002.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 18 juillet 2002)
CONTRE LES COUPS QU'ILS NOUS PREPARENT
La nouvelle Assemblée commence cette semaine à mettre en musique la politique annoncée par Raffarin la semaine dernière. A part l'amnistie qui fera peut-être quelques heureux parmi ceux qui ont accumulé des contraventions pour non paiement du stationnement, les travailleurs n'ont certainement rien de bon à en attendre.
Pour financer la réduction de 5 % de l'impôt sur le revenu dont profiteront surtout ceux qui ont des revenus élevés, le gouvernement annonce des économies sur les services publics. Si la police et la gendarmerie bénéficieront d'embauches supplémentaires, on annonce en revanche que, dans les autres services publics, les partants ne seront pas remplacés. Cela signifie du travail supplémentaire pour ceux qui restent et des services publics des plus dégradés.
Le gouvernement annonce pour l'année qui vient une réforme des retraites. Bien qu'il ait été discret sur les modalités de cette réforme, elle se traduira par une diminution des retraites de base. Et si le gouvernement se sent assez fort, il reprendra là où Balladur a commencé et où Juppé a échoué : après avoir allongé le temps de cotisation pour le secteur privé, l'allonger pour le secteur public. On arrive à ce résultat aberrant qu'alors que l'intensification du rythme de travail et l'exploitation accrue augmentent la productivité d'année en année, on oblige les travailleurs à travailler plus longtemps et pour une retraite plus faible. Voilà, entre autres, d'où viennent les profits faramineux qui, ensuite, partent en fumée dans la spéculation boursière.
Pour le reste, pour les salaires, pour la Sécurité sociale, le gouvernement en appelle à la négociation entre partenaires sociaux. Mais, dans le contexte actuel, cela signifie que le patronat impose à peu près tout ce qu'il veut imposer, en faisant cautionner ses décisions par des syndicats assez dociles pour les contresigner.
En matière de privatisations, le gouvernement de droite continuera la politique menée par la gauche. Préparée sous Jospin, la privatisation d'EDF et de GDF se poursuivra sous Raffarin. D'autres secteurs suivront, avec toutes les conséquences que la recherche du profit implique pour des services utiles à la collectivité. Plus les jours passent, plus il se révèle, par exemple, que la responsabilité de la récente catastrophe aérienne au-dessus de l'Allemagne incombe à la société privée à qui a été concédée la gestion du contrôle aérien dans le secteur où le crash s'est produit et qui fait travailler des contrôleurs en nombre insuffisant sur du matériel défectueux.
Et, bien entendu, Raffarin ne fera pas plus que Jospin contre les plans de licenciements qui se multiplient.
Reste la politique sécuritaire, argument électoral de Chirac. Elle se concrétise par de l'argent supplémentaire pour la police et la gendarmerie, par des opérations "coup de poing" dans des quartiers populaires et par l'agitation médiatique du ministre de l'Intérieur. Cela ne changera rien à la vie dans les cités populaires mais cela est fait pour plaire à l'électorat réactionnaire.
La même démagogie sécuritaire autorise l'emprisonnement dans des prisons taudis des adolescents dès 13 ans alors qu'on se prépare à amnistier les affaires politico-financières où sont mouillés des députés, des ministres et jusqu'au chef de l'Etat.
Sur le plan parlementaire comme sur le plan gouvernemental, la politique des cinq prochaines années est toute tracée entre une droite qui dispose de tous les leviers du pouvoir et une gauche principalement préoccupée de faire oublier ses cinq ans de gestion gouvernementale.
Mais ce qui est décisif, ce n'est pas ce qui se passe au Parlement. Les cinq ans passés ont amplement montré que le monde du travail n'a rien à attendre du gouvernement, quelle que soit sa couleur politique. La classe ouvrière a la capacité de réagir et a la force de faire reculer le patronat et le gouvernement. Ceux qui nous gouvernent en on fait l'expérience dans le passé et parfois à des moments où ils s'y attendaient le moins.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 10 juillet 2002)
Lutte ouvrière (15/07/2002)
LA RENTREE QU'ILS NOUS PREPARENT... OU LA RENTREE QU'ILS SE PREPARENT ?
Dans son intervention télévisée du 14 juillet, Chirac a réaffirmé que la baisse des impôts et des charges sociales était son principal objectif, et que c'est d'après lui un "choix de survie" pour "éviter de nous enfoncer par rapport à nos voisins". Par baisse des impôts, il faut entendre, bien sûr, non pas la baisse de la TVA, cet impôt inique qui fait que les plus pauvres se voient voler par l'Etat près de 20% de leurs maigres ressources, mais la baisse des impôts sur le revenu, ou des impôts sur les bénéfices des sociétés, qui profiteront essentiellement aux plus riches. Quant à justifier ces mesures en prétendant que c'est une nécessité pour ne pas "nous enfoncer", c'est se moquer du monde.
Diminuer les impôts que paient les plus riches, ceux que paient les sociétés, baisser les charges sociales, n'a jamais permis de créer des emplois, ni de rendre les entreprises plus compétitives sur le marché mondial. Si les capitalistes voulaient rendre leurs entreprises plus compétitives, il leur suffirait de renoncer à une partie de leurs profits, et de vendre moins cher. Mais ce qu'ils veulent, c'est tout le contraire, c'est faire plus de profits, c'est accumuler davantage de richesses. Et toute la politique de Chirac consiste à les aider à atteindre ce but, en dissimulant comme toujours les décisions qui ne visent qu'à défendre les intérêts des privilégiés sous des phrases creuses sur "l'intérêt de la France" et de prétendues nécessités économiques.
Ces cadeaux promis au grand patronat ne seront pas sans conséquences pour les travailleurs, car chaque dégrèvement de charges sociales, c'est moins d'argent pour financer les allocations chômage, la Sécurité sociale, les retraites. Chaque diminution d'impôt dont bénéficient les plus riches, c'est moins d'argent dans les caisses de l'Etat, c'est à dire moins d'argent pour les services publics, pour les transports en commun, les hôpitaux, l'enseignement, la construction de logements sociaux. D'autant que le gouvernement n'entend pas réduire le budget des armées, et a déjà annoncé la mise en chantier d'un deuxième porte-avions du type du ruineux "Charles de Gaulle".
Après cela, Chirac peut bien annoncer l'ouverture pour son second mandat de trois grands chantiers, relatifs à la sécurité routière, à la lutte contre le cancer et à l'aide aux handicapés, en se gardant bien de dire comment ils seraient financés. Qui peut croire que ces promesses l'engageront plus que celles concernant la résorption de la "fracture sociale" dont il avait tant parlé il y a sept ans.
Quant au fait que Chirac se soit prononcé pour la mise en place d'une "structure" permettant au gouvernement "d'intervenir massivement pour apporter des solutions lorsqu'il y a des plans sociaux", certains commentateurs ont voulu y voir l'amorce d'une politique plus sociale. Mais il n'y a là dedans que des mots. Il n'y a aucun engagement du chef de l'Etat à limiter, et encore moins à empêcher, les licenciements collectifs qui n'ont jamais été aussi nombreux que ces derniers mois. Si Chirac propose des "solutions", ce sera encore une manière d'aider le grand patronat. Et la seule chose qu'on peut déduire avec certitude de ses propos, c'est qu'il n'envisage pas l'avenir sans une nouvelle série de "plans sociaux".
En fait, ce que nous a annoncé Chirac, est sous des dehors patelins, une véritable offensive contre le monde du travail. Il pourra se targuer, en menant une telle politique, d'avoir été élu, grâce à la démission de la gauche parlementaire, par plus de 80% des votants. Mais quelques centaines de milliers de grévistes peuvent peser plus lourd, dans la vie sociale, que des millions d'électeurs. Juppé l'avait appris à ses dépens à l'automne 1995. D'autres pourraient bien l'apprendre en 2002.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 18 juillet 2002)