Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur l'importance de la coopération régionale pour l'outre-mer, Basse-Terre le 7 février 2003.

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Circonstance : Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane les 7 et 8 février 2003 à Basse-Terre (Guadeloupe)-discours d'ouverture le 7

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Madame le Ministre, Présidente du Conseil régional de Guadeloupe,
Monsieur le Président du Conseil régional de Guyane,
Monsieur le Président du Conseil général de Guyane,
Monsieur le Maire de Basse-Terre,
Messieurs les Préfets,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureuse d'être aujourd'hui en Guadeloupe pour cette première Conférence de Coopération régionale Antilles-Guyane avec mon collègue Pierre-André WILTZER, Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie. Je tiens à remercie tout d'abord la présidente Lucette MICHAUX-CHEVRY qui nous accueille dans l'hémicycle du conseil régional de la Guadeloupe. Mes remerciements s'adressent aussi à tous les autres élus guadeloupéens présnets, particulièrement au maire de Basse-Terre qui nous reçoit si chaleureusement dans sa commune. Je salue aussi le président du conseil régional de Guyane, le représentant du président du conseil régional de la Martinique, le président du conseil général venu de Guyane ainsi que tous les autres élus de Martinique et de Guyane qui ont fait le déplacement jusqu'ici. Mes salutations vont aussi aux Ambassadeurs dans la région et à nos préfets, particulièrement au préfet VIAN qui, avec son équipe, s'est beaucoup investi dans la préparation de cette Conférence. Permettez-moi de rendre un hommage particulier à l'Ambassadeur Alain BRIOTTET, délégué à la coopération régionale Antilles-Guyane, qui est le président en titre de cette première Conférence de Coopération Régionale. Il a été, à côté de nos élus, un facilitateur de l'émergence de cette nouvelle forme d'action extérieure pour notre pays qu'est la coopération régionale. Il a su faire preuve, de l'avis de tous, d'un grand doigté, aidé en cela par sa longue expérience de diplomate, dans l'accompagnement de nos élus dans leurs nouvelles responsabilités dans le domaine international. Je regrette qu'il lui faille bientôt quitter ses fonctions, et je mesure combien il sera difficile de le remplacer. Qu'il reçoive ici l'expression de ma reconnaissance pour le travail accompli.
Cette première conférence de coopération régionale réunit, comme c'est sa vocation, tous ceux, élus comme hauts fonctionnaires, qui sont engagés dans cette action essentielle qui consiste à ouvrir davantage nos DFA à leur environnement régional.
Il ne s'agit pas bien sûr de faire de nos départements d'outre-mer de simples vitrines de la France, données à contempler à ceux qui , ne pouvant en profiter, tentent d'y accéder par l'immigration clandestine qui est finalement un facteur de déstabilisation économique et sociale de nos sociétés ultramarines.
Nous avons une toute autre conception de la vocation de nos départements d'outre-mer, particulièrement des DFA. Ils doivent être des lieux de l'excellence française dans des domaines tels que l'éducation, la santé, la recherche, la culture, la sécurité publique et civile et en faire profiter leurs voisins. Etre situé à proximité de l'un de nos DFA, ne doit pas être considéré par les Caribéens comme une source de frustration mais bel et bien comme une chance, comme une opportunité à saisir pour un avenir meilleur dans leur propre pays.
Cette vision du rôle de l'outre-mer est d'abord celle du Président de la République qui estime de surcroît qu'il n'y a pas de meilleurs interprètes pour la porter que les élus de nos régions et départements. Eux, mieux que d'autres, savent concilier attachement à la France et à son message universel avec leur identité qui les désigne comme les interlocuteurs naturels de leurs voisins des Caraïbes ou du plateau des Guyanes, avec lesquels ils partagent une histoire et des origines communes.
C'est ce qui avait conduit en 2001 le Président de la République à demander aux présidents de nos régions françaises d'Amérique de le représenter collectivement au Sommet de l'Association des Etats de la Caraïbe (AEC) sur l'île vénézuélienne de Margarita. La même démarche a été adoptée en novembre dernier pour la représentation française à la réunion ministérielle de l'AEC au Bélize. Qui peut douter que l'on puisse revenir désormais sur cette pratique admise par tous lors du prochain Sommet de cette organisation à Panama à la fin de cette année ?
Et nous souhaitons qu'il puisse en être de même dans toutes les autres enceintes régionales.
Bien évidemment, le rôle de nos élus ne saurait être réduit à une tâche de représentation. J'ai réclamé et obtenu qu'ils soient étroitement associés à la définition des instructions de la délégation qu'ils dirigent. Ils peuvent ainsi, tout en faisant leur, les intérêts nationaux qu'il s'agit de défendre, exprimer leur sensibilité propre et aider à faire mieux percevoir par Paris celle de leurs voisins.
La coopération régionale est dotée de ses outils propres. Le Fonds de Coopération Régionale mis en place dans chaque DOM, dotés annuellement d'une somme de 5 millions de francs, soit 762.245 euros, permettent des actions concrètes dont l'Ambassadeur BRIOTTET dressera, tout à l'heure le bilan. Et vous travaillerez ensuite à en déterminer les grandes orientations pour les mois qui viennent.
Mais les moyens propres de la coopération régionale peuvent être démultipliés si on leur associe l'effort accompli par la France dans le cadre de son Fonds de Solidarité Prioritaire ou des crédits de coopération dispensés par le Ministère dont Pierre André WILTZER a la charge. Et sa présence, dont je le remercie de tout cur, témoigne du souci que nous avons tous les deux de faire travailler ensemble, avec les élus, nos administrations respectives qui n'en n'avaient pas jusque là l'habitude.
Nos DOM, quelles que soient les évolutions institutionnelles que leurs habitants choisiront de suivre, resteront dans l'Union européenne dont ils constituent, en tant que régions ultrapériphériques, les frontières vives. A ce titre, ils bénéficient de fonds structurels importants et notamment des crédits INTERREG précisément destinés à favoriser l'insertion des régions dans leur environnement géographique proche. Et je me réjouis de l'événement que constituera dans deux semaines le lancement du programme INTERREG pour les Caraïbes ici même.
Mais la coopération régionale ne peut prendre sa pleine dimension que dans l'ouverture aux autres : aux Etats voisins et à leurs populations en premier lieu, à l'ensemble des acteurs de la politique française et européenne du développement qu'ils soient élus ou fonctionnaires, mais surtout aux entrepreneurs, aux décideurs économiques et à la société civile en général. Ne l'oublions pas, la coopération régionale, ce n'est pas seulement une affaire d'Etat ou de Gouvernement, c'est aussi le rôle des entreprises qui doivent y tenir toute leur place.
Si j'ai voulu absolument venir ouvrir et assister aux travaux de cette première Conférence de Coopération Régionale c'est pour partager avec vous la conviction que, loin d'être anecdotique, la coopération régionale est un élément essentiel pour l'outre-mer français de demain, particulièrement dans cette région du monde. J'ai envie de dire, la coopération régionale, arrêtons d'en parler et agissons tous ensemble pour lui donner un contenu concret, pour dynamiser encore davantage ces échanges qui sont source de prospérité mais sans oublier que nous avons aussi à nous attaquer à des phénomènes inquiétants, comme l'immigration clandestine ou l'essor des grands trafics. Je suis certaine que vos travaux seront empreints de cette ardente incitation.
Je terminerai en rappelant que tous les services de l'Etat, qu'il s'agisse de l'Ambassadeur délégué à la coopération régionale, de nos Ambassades dans la région, de nos préfectures, sont à votre disposition, Madame et Messieurs les Présidents de région, pour vous accompagner et vous aider dans cette tâche difficile mais passionnante, car vous êtes les véritables acteurs de cette coopération et vous êtes aussi les porte-parole de la France dans cette région du monde. Les expériences récentes à l'AEC ont montré que la France pouvait être fière d'être ainsi représentée par des élus responsables, compétents et qui méritent donc notre confiance et notre respect.
Je souhaite que nous puissions poursuivre dans cette voie qui est celle de l'efficacité grâce à une relation de travail étroite, constructive et permettant de prendre en compte toutes les sensibilités. Les positions défendues par la France seront ainsi, c'est ma conviction, beaucoup mieux comprises et acceptées dans la région.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 11 février 2003)