Texte intégral
Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs les Présidents, les responsables d'associations, les élus et les préfets, les diplomates et toutes les autorités ici rassemblées, je suis très heureux de participer à cette réunion, parce que je suis un militant de la coopération décentralisée. Je vais laisser Pierre-André Wiltzer présider cette réunion, mais il faudra qu'il tienne compte de mes convictions ! Parce qu'en la matière, je suis croyant et pratiquant réunis et j'ai un certain nombre de convictions qui sont venues du terrain. Je crois que nous sommes vraiment là sur un sujet qui, pour la République, fonctionne bien : l'articulation entre la République, la diplomatie et les territoires, leurs ambitions et leurs initiatives. Au fond, on arrive à avoir une bonne articulation dans la coopération décentralisée. Il faut garder ce cap de bonne coopération avec cette articulation entre l'action de la France, l'action de la République française partout dans le monde, et les initiatives des collectivités territoriales qui peuvent être quelquefois être en aval de l'action, qui peuvent être quelquefois en amont de l'action de l'Etat, mais toujours en cohérence.
Vous le savez, nous entrons dans une période où la France parle au monde avec force, et que dans cette période troublée, les messages de la France sont, semble-t-il, entendus, pas toujours par toutes les autorités dirigeantes mais par une grande partie des peuples qui descendent dans la rue pour soutenir les positions de la France. La France, aujourd'hui, a une vision du monde, qu'elle entend faire partager avec conviction mais sans arrogance. C'est celle d'un monde de diversité, d'un monde multipolaire, d'un monde qui se donne les règles de son organisation. Un élément très important de notre ambition, aujourd'hui, est de faire en sorte que la France soit porteuse d'un message d'une gouvernance mondiale, d'une démarche au niveau mondial qui puisse, par des règles de droit, organiser les échanges, les partenariats, les initiatives des différents pays, qu'on ne soit pas dans la logique où un pays, une autorité, puisse engager de manière unilatérale des initiatives internationales qui pourraient porter atteinte à d'autres entités. C'est un élément très important, parce qu'au fond, le combat que nous menons aujourd'hui au Conseil de Sécurité de l'ONU est un combat voisin de celui que le président de la République a mené à Johannesburg et à Monterey, et que nous mènerons à Evian, avec la présidence du G8 que nous assumerons. C'est un projet voisin de ce que nous menons comme bataille sur le terrain de l'environnement, en plaidant pour une Organisation mondiale de l'environnement, c'est-à-dire pour qu'il y ait une prise de conscience des dangers que font peser certaines formes de développement à la planète, et que l'émission de gaz carbonique, avec des conséquences sur l'effet de serre, pose des questions graves à l'humanité puisque l'avenir de la planète dépend aujourd'hui d'un certain nombre de comportements des citoyens. Que ce soit pour la paix, que ce soit pour le développement du Sud, que ce soit pour l'environnement, la cause de la France aujourd'hui est la cause d'une organisation mondiale qui veut des structures, des règles de droit, qui fassent en sorte que nous puissions maîtriser cette mondialisation dont on a parfois le sentiment qu'elle accorde à l'humanisation une place périphérique. Nous voulons replacer l'humanisation comme priorité de la mondialisation. Et dans l'ensemble de ces sujets, la France a pris, prend et prendra un certain nombre d'initiatives, et le président de la République ainsi que notre diplomatie sont tout à fait engagés sur ces sujets.
Pour défendre ces idées, qui sont quelque part des idées plus grandes que nous-mêmes, même si elles viennent de notre Histoire, qu'elles viennent du siècle des Lumières, qu'elles viennent de notre pensée universaliste, qu'elles viennent d'un certain nombre de passages grands de l'histoire de France, il n'empêche qu'aujourd'hui le monde est vaste pour les idées de la France. C'est pour ça que la France a besoin du relais de tous ses visages, de tous ses territoires. Il est très important d'inscrire l'accent des collectivités territoriales en démultiplication de la présence française, mais aussi des messages de la France dans le monde. C'est pour ça que la coopération décentralisée, aujourd'hui, se trouve en ce début du XXIème siècle, comme finalement avec un nouvel élan possible pour ses initiatives. Puisque la France est de retour sur la scène internationale de manière forte, nous pensons que la coopération décentralisée doit nous permettre d'engager un certain nombre d'initiatives nouvelles, que ces initiatives soient pour la paix, que ces initiatives soient pour le développement, que ces initiatives soient pour l'environnement et le développement durable, l'ensemble de ces sujets sont évidemment très importants pour notre pays.
Je constate, au fil de notre histoire, qu'un grand nombre de communes, d'agglomérations, de départements et de régions ont déjà mené des opérations exemplaires. Nous avons des opérations humanitaires, des opérations éducatives, nous avons des actions culturelles très importantes. Des territoires blessés, meurtris par des accidents naturels ou hélas humains, ont vu les collectivités territoriales françaises faire preuve de grande générosité. On a vu des festivals remobilisant la population grâce à des collectivités territoriales françaises s'engageant pour une présence culturelle et retrouver là un peu d'espoir pour un territoire profondément blessé. Nous avons maintenant un acquis et nous avons des méthodes de travail, nous avons une histoire sur ces différents sujets. Le bilan que nous portons de cette coopération est un bilan tout à fait positif, parce qu'au fond, on conjugue bien l'initiative, l'ambition des collectivités - il faut que les collectivités aient des ambitions, des programmes, des projets. Et à chaque fois qu'on trouve un ambassadeur qui sait bien articuler tout ça, naturellement, si les ambassadeurs boudent ce type d'initiatives, ils passent à côté de formidables développements. En revanche quand ils ont, ce qui est souvent le cas, la compréhension de ces initiatives, on voit une démultiplication formidable de la puissance, on se dit tous ensemble que nous servons la France chacun dans sa mission avec une certaine force et grâce à la coopération décentralisée. Je crois vraiment qu'il nous faut renforcer cette méthode de travail, parce que c'est une belle articulation entre République et territoires. Et puis c'est une articulation créative, parce qu'évidemment, sur le territoire métropolitain, chacun peut avoir ses propres initiatives et la même mission historico-géographique ; mais outre-mer, chaque territoire trouve sa place stratégique sur la planète, pour être un bon relais aussi d'un certain nombre d'initiatives. Je rentre de la Réunion et j'ai vu qu'il y avait un certain nombre de perspectives internationales qui ne sont pas indifférentes à l'avenir de la Réunion, mais qui ne sont pas non plus indifférentes à la présence de la France dans le monde et d'un certain nombre de partenariats. Donc je crois qu'il y a vraiment, pour la métropole comme pour l'Outre-Mer, des initiatives qui sont à prendre dans l'ensemble de domaines d'activité, que ce soit souvent lié à la générosité, c'est-à-dire à l'action humanitaire, au développement, à l'action culturelle, à tout ce qui fait l'initiative Sociale, avec un grand S", mais que ce soit aussi à l'initiative économique avec les échanges d'entreprises, les processus d'innovation, les conquêtes de marché, les présences à des foires, et notamment la participation à de grands projets de développement. Que ce soit sur le social ou sur l'économique, notre contribution est tout à fait renforcée.
Je voudrais vous dire que ce que nous avons connu à ce stade de notre développement est un succès. Je souhaite que nous franchissions une étape nouvelle. Les collectivités territoriales, dans la décentralisation, doivent assumer une action internationale. Nous ne devons pas avoir peur de l'action internationale des collectivités territoriales, l'Etat n'a pas à être frileux sur les initiatives des collectivités territoriales. Les collectivités territoriales doivent avoir la sagesse de s'inscrire dans des cohérences nationales. Je crois qu'aujourd'hui, il est évident que la carte du monde est assez clairement définie quant à notre diplomatie et qu'il y a certains voyages qui apparaîtraient d'évidence inopportuns, mais c'est de la bonne intelligence. Et donc, on ne peut pas imaginer qu'on soit amenés à conduire une destinée de collectivités territoriales sans le QI, c'est-à-dire la "Qualité internationale" minimum pour réussir ! Donc je ne suis pas inquiet. C'est pour cela que je souhaite que départements, régions, villes aussi, assument une stratégie internationale, et n'aient pas peur... Nous sommes dans un monde, aujourd'hui, où la France a besoin de ses territoires, pour faire en sorte que ses messages soient entendus, que ses initiatives soient développées. Il faut donc vraiment assumer cette dimension internationale, sous différentes formes. Je pense aux régions frontalières, qui peuvent engager des partenariats, je suis pour des accords entre régions de chaque côté de la frontière, pour qu'elles bâtissent des projets. Je suis pour qu'on ait des accords naturellement aussi à plusieurs régions sur un pays qui fait partie de nos pays cibles. Je suis tout à fait favorable à ce que les collectivités territoriales, dans leur mission je dirais de pédagogie intérieure, parce que les citoyens se sentent représentés par les collectivités territoriales, nous soyons dans les collectivités territoriales, les uns les autres aussi des militants de l'ouverture, de l'échange, du respect de l'autre, du respect des cultures, de la découverte. Il faut ouvrir l'ensemble de nos villes, de nos départements et de nos régions aux contacts, aux échanges, à la connaissance de l'autre et au respect de l'autre. C'est pour cela que le gouvernement est très ouvert à vos initiatives et tient à les soutenir, et vraiment que vous vous sentiez libres de vos audaces. Vous ne trouverez pas dans le gouvernement de gens qui limiteront quelques ambitions, à partir naturellement où vous mettez vous-même des moyens derrière ces ambitions. Nous sommes entre gens responsables, nous savons de quoi nous parlons, mais n'hésitons pas à cette audace internationale. Je suis assez frappé de voir combien, dans les pays européens, très souvent la dimension internationale est plus intégrée à la vie quotidienne que chez nous. Je pense que les collectivités locales sont les premiers espaces de la vie quotidienne ; ce n'est que dans ces espaces-là qu'on peut aller à la rencontre de la dimension internationale. Je souhaite donc vraiment qu'on soit très audacieux sur ces sujets.
Ce qui me paraît très important, c'est que d'une part les collectivités territoriales ne se dispersent pas. Globalement, les finances publiques posent les mêmes équations à chacun des acteurs : si nous nous dispersons, nous n'aurons pas d'efficacité. Se disperser dans l'espace, se disperser dans le temps, sont souvent des conditions d'échec. En revanche, des capacités sur un petit nombre de pays d'intervention, et le tout dans la durée, donnent des résultats très impressionnants. Lorsque nous circulons partout dans le monde, nous voyons des collectivités territoriales françaises qui ont mené des actions ciblées et durables et qui ont des résultats dont elles peuvent être fières. Cette fierté-là rejaillit sur l'ensemble de notre communauté nationale. Il faut éviter la dispersion, et donc que cette commission permette de concentrer un peu les échanges pour pouvoir dégager des priorités et que l'on puisse coordonner les actions, de manière à éviter de disperser et gaspiller les moyens. Mais j'ai vu dans le passé, surtout quand on a des ambassadeurs qui sont prêts à bien jouer le jeu - j'en connais un qui avait réussi à mettre des petites régions avec des grandes régions, des régions de droite avec des régions de gauche, des activités des uns avec des activités des autres, en fait au cur de tout ça, il y avait un pilote qui était le diplomate de la France, chacun trouvait sa place dans le système, chacun trouvait la signature de son action et donc de son identité, le tout étant fait en grande cohérence avec les autorités nationales et territoriales, et finalement dans l'intérêt de tous. Il faut garder cette logique, c'est une logique qui est très importante en ce qui concerne la nécessité d'une cohérence.
Le deuxième élément que je voudrais donner en conclusion, c'est la nécessité de faire en sorte que nous soyons clairement dans le XXIème siècle, sur les sujets de l'avenir. Je pense que nous devons veiller à investir les grands sujets qui sont les sujets du monde de demain. Il y a le sujet de l'eau, il y a le sujet des maladies, il y a des épidémies, il y a des sujets très importants qui sont ceux des voies de communication, il y a des grands sujets qui sont des sujets internationaux... Nous ne pouvons pas avoir une coopération décentralisée très active si nous sommes déconnectés avec les préoccupations mondiales, globales, des partenaires qui bénéficient de ces initiatives de coopération. C'est pour ça que je crois vraiment qu'il est très important que nous puissions développer et une logique de cohérence et en même temps une logique un peu d'innovation, de nous projeter dans l'avenir. Les collectivités territoriales sont la richesse de la République. Je suis et je reste girondin malgré les fonctions que j'occupe. On me rappelle tous les jours qu'il faut rester un peu jacobin, mais je me bats pour que ma part de girondin reste très active. Ce que je souhaite vraiment, c'est que les collectivités territoriales prennent des initiatives, lancent des projets, se positionnent en avant des différentes actions sur les très grands sujets. C'est bien que les collectivités accompagnent les ministres, quand les ministres ont tracé les routes et que viennent derrière les collectivités territoriales ; c'est encore mieux quand les collectivités territoriales ouvrent la voie des ministres. Je pense que cet objectif-là, qu'est les régions devant, les territoires devant, est capable d'innover, de lancer des programmes, de mobiliser des initiatives. C'est très important et c'est comme cela que l'on donnera à la coopération décentralisée toutes ses lettres de noblesse pour que vraiment, les collectivités territoriales responsables, responsables devant leurs électeurs parce que c'est de l'argent public pour lequel il faut des justifications, il faut aller expliquer pourquoi on va dans tel pays, pourquoi on mène telle action, tout ceci demande de la transparence et tout ceci demande de la pédagogie. Ce que je souhaite vraiment, c'est que tout ceci se fasse au service du pays et de la République, et c'est pour cela que je souhaite qu'il y ait de l'audace dans cette initiative.
J'apprécie donc beaucoup, Monsieur le Préfet, les initiatives qui ont été prises ces dernières années, par le Quai d'Orsay notamment. Quand on voyait un préfet au Quai d'Orsay, vous imaginez déjà combien les positions sont fortes avec les deux cultures rassemblées. On a reçu tous les ambassadeurs à la fin de l'été et on leur a expliqué combien la coopération décentralisée était une perspective d'avenir importante. Les ministres, Pierre-André Wiltzer ici et Dominique de Villepin également, sont très motivés sur ces sujets-là. Je souhaite vraiment que vous puissiez ici débattre de tout cela et que nous puissions ensemble dire que nous portons tous et nos racines territoriales, mais aussi le bleu, le blanc et le rouge qui nous rassemblent et que nous faisons fouetter partout sur la planète. Merci à vous tous."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 19 mars 2003)
Vous le savez, nous entrons dans une période où la France parle au monde avec force, et que dans cette période troublée, les messages de la France sont, semble-t-il, entendus, pas toujours par toutes les autorités dirigeantes mais par une grande partie des peuples qui descendent dans la rue pour soutenir les positions de la France. La France, aujourd'hui, a une vision du monde, qu'elle entend faire partager avec conviction mais sans arrogance. C'est celle d'un monde de diversité, d'un monde multipolaire, d'un monde qui se donne les règles de son organisation. Un élément très important de notre ambition, aujourd'hui, est de faire en sorte que la France soit porteuse d'un message d'une gouvernance mondiale, d'une démarche au niveau mondial qui puisse, par des règles de droit, organiser les échanges, les partenariats, les initiatives des différents pays, qu'on ne soit pas dans la logique où un pays, une autorité, puisse engager de manière unilatérale des initiatives internationales qui pourraient porter atteinte à d'autres entités. C'est un élément très important, parce qu'au fond, le combat que nous menons aujourd'hui au Conseil de Sécurité de l'ONU est un combat voisin de celui que le président de la République a mené à Johannesburg et à Monterey, et que nous mènerons à Evian, avec la présidence du G8 que nous assumerons. C'est un projet voisin de ce que nous menons comme bataille sur le terrain de l'environnement, en plaidant pour une Organisation mondiale de l'environnement, c'est-à-dire pour qu'il y ait une prise de conscience des dangers que font peser certaines formes de développement à la planète, et que l'émission de gaz carbonique, avec des conséquences sur l'effet de serre, pose des questions graves à l'humanité puisque l'avenir de la planète dépend aujourd'hui d'un certain nombre de comportements des citoyens. Que ce soit pour la paix, que ce soit pour le développement du Sud, que ce soit pour l'environnement, la cause de la France aujourd'hui est la cause d'une organisation mondiale qui veut des structures, des règles de droit, qui fassent en sorte que nous puissions maîtriser cette mondialisation dont on a parfois le sentiment qu'elle accorde à l'humanisation une place périphérique. Nous voulons replacer l'humanisation comme priorité de la mondialisation. Et dans l'ensemble de ces sujets, la France a pris, prend et prendra un certain nombre d'initiatives, et le président de la République ainsi que notre diplomatie sont tout à fait engagés sur ces sujets.
Pour défendre ces idées, qui sont quelque part des idées plus grandes que nous-mêmes, même si elles viennent de notre Histoire, qu'elles viennent du siècle des Lumières, qu'elles viennent de notre pensée universaliste, qu'elles viennent d'un certain nombre de passages grands de l'histoire de France, il n'empêche qu'aujourd'hui le monde est vaste pour les idées de la France. C'est pour ça que la France a besoin du relais de tous ses visages, de tous ses territoires. Il est très important d'inscrire l'accent des collectivités territoriales en démultiplication de la présence française, mais aussi des messages de la France dans le monde. C'est pour ça que la coopération décentralisée, aujourd'hui, se trouve en ce début du XXIème siècle, comme finalement avec un nouvel élan possible pour ses initiatives. Puisque la France est de retour sur la scène internationale de manière forte, nous pensons que la coopération décentralisée doit nous permettre d'engager un certain nombre d'initiatives nouvelles, que ces initiatives soient pour la paix, que ces initiatives soient pour le développement, que ces initiatives soient pour l'environnement et le développement durable, l'ensemble de ces sujets sont évidemment très importants pour notre pays.
Je constate, au fil de notre histoire, qu'un grand nombre de communes, d'agglomérations, de départements et de régions ont déjà mené des opérations exemplaires. Nous avons des opérations humanitaires, des opérations éducatives, nous avons des actions culturelles très importantes. Des territoires blessés, meurtris par des accidents naturels ou hélas humains, ont vu les collectivités territoriales françaises faire preuve de grande générosité. On a vu des festivals remobilisant la population grâce à des collectivités territoriales françaises s'engageant pour une présence culturelle et retrouver là un peu d'espoir pour un territoire profondément blessé. Nous avons maintenant un acquis et nous avons des méthodes de travail, nous avons une histoire sur ces différents sujets. Le bilan que nous portons de cette coopération est un bilan tout à fait positif, parce qu'au fond, on conjugue bien l'initiative, l'ambition des collectivités - il faut que les collectivités aient des ambitions, des programmes, des projets. Et à chaque fois qu'on trouve un ambassadeur qui sait bien articuler tout ça, naturellement, si les ambassadeurs boudent ce type d'initiatives, ils passent à côté de formidables développements. En revanche quand ils ont, ce qui est souvent le cas, la compréhension de ces initiatives, on voit une démultiplication formidable de la puissance, on se dit tous ensemble que nous servons la France chacun dans sa mission avec une certaine force et grâce à la coopération décentralisée. Je crois vraiment qu'il nous faut renforcer cette méthode de travail, parce que c'est une belle articulation entre République et territoires. Et puis c'est une articulation créative, parce qu'évidemment, sur le territoire métropolitain, chacun peut avoir ses propres initiatives et la même mission historico-géographique ; mais outre-mer, chaque territoire trouve sa place stratégique sur la planète, pour être un bon relais aussi d'un certain nombre d'initiatives. Je rentre de la Réunion et j'ai vu qu'il y avait un certain nombre de perspectives internationales qui ne sont pas indifférentes à l'avenir de la Réunion, mais qui ne sont pas non plus indifférentes à la présence de la France dans le monde et d'un certain nombre de partenariats. Donc je crois qu'il y a vraiment, pour la métropole comme pour l'Outre-Mer, des initiatives qui sont à prendre dans l'ensemble de domaines d'activité, que ce soit souvent lié à la générosité, c'est-à-dire à l'action humanitaire, au développement, à l'action culturelle, à tout ce qui fait l'initiative Sociale, avec un grand S", mais que ce soit aussi à l'initiative économique avec les échanges d'entreprises, les processus d'innovation, les conquêtes de marché, les présences à des foires, et notamment la participation à de grands projets de développement. Que ce soit sur le social ou sur l'économique, notre contribution est tout à fait renforcée.
Je voudrais vous dire que ce que nous avons connu à ce stade de notre développement est un succès. Je souhaite que nous franchissions une étape nouvelle. Les collectivités territoriales, dans la décentralisation, doivent assumer une action internationale. Nous ne devons pas avoir peur de l'action internationale des collectivités territoriales, l'Etat n'a pas à être frileux sur les initiatives des collectivités territoriales. Les collectivités territoriales doivent avoir la sagesse de s'inscrire dans des cohérences nationales. Je crois qu'aujourd'hui, il est évident que la carte du monde est assez clairement définie quant à notre diplomatie et qu'il y a certains voyages qui apparaîtraient d'évidence inopportuns, mais c'est de la bonne intelligence. Et donc, on ne peut pas imaginer qu'on soit amenés à conduire une destinée de collectivités territoriales sans le QI, c'est-à-dire la "Qualité internationale" minimum pour réussir ! Donc je ne suis pas inquiet. C'est pour cela que je souhaite que départements, régions, villes aussi, assument une stratégie internationale, et n'aient pas peur... Nous sommes dans un monde, aujourd'hui, où la France a besoin de ses territoires, pour faire en sorte que ses messages soient entendus, que ses initiatives soient développées. Il faut donc vraiment assumer cette dimension internationale, sous différentes formes. Je pense aux régions frontalières, qui peuvent engager des partenariats, je suis pour des accords entre régions de chaque côté de la frontière, pour qu'elles bâtissent des projets. Je suis pour qu'on ait des accords naturellement aussi à plusieurs régions sur un pays qui fait partie de nos pays cibles. Je suis tout à fait favorable à ce que les collectivités territoriales, dans leur mission je dirais de pédagogie intérieure, parce que les citoyens se sentent représentés par les collectivités territoriales, nous soyons dans les collectivités territoriales, les uns les autres aussi des militants de l'ouverture, de l'échange, du respect de l'autre, du respect des cultures, de la découverte. Il faut ouvrir l'ensemble de nos villes, de nos départements et de nos régions aux contacts, aux échanges, à la connaissance de l'autre et au respect de l'autre. C'est pour cela que le gouvernement est très ouvert à vos initiatives et tient à les soutenir, et vraiment que vous vous sentiez libres de vos audaces. Vous ne trouverez pas dans le gouvernement de gens qui limiteront quelques ambitions, à partir naturellement où vous mettez vous-même des moyens derrière ces ambitions. Nous sommes entre gens responsables, nous savons de quoi nous parlons, mais n'hésitons pas à cette audace internationale. Je suis assez frappé de voir combien, dans les pays européens, très souvent la dimension internationale est plus intégrée à la vie quotidienne que chez nous. Je pense que les collectivités locales sont les premiers espaces de la vie quotidienne ; ce n'est que dans ces espaces-là qu'on peut aller à la rencontre de la dimension internationale. Je souhaite donc vraiment qu'on soit très audacieux sur ces sujets.
Ce qui me paraît très important, c'est que d'une part les collectivités territoriales ne se dispersent pas. Globalement, les finances publiques posent les mêmes équations à chacun des acteurs : si nous nous dispersons, nous n'aurons pas d'efficacité. Se disperser dans l'espace, se disperser dans le temps, sont souvent des conditions d'échec. En revanche, des capacités sur un petit nombre de pays d'intervention, et le tout dans la durée, donnent des résultats très impressionnants. Lorsque nous circulons partout dans le monde, nous voyons des collectivités territoriales françaises qui ont mené des actions ciblées et durables et qui ont des résultats dont elles peuvent être fières. Cette fierté-là rejaillit sur l'ensemble de notre communauté nationale. Il faut éviter la dispersion, et donc que cette commission permette de concentrer un peu les échanges pour pouvoir dégager des priorités et que l'on puisse coordonner les actions, de manière à éviter de disperser et gaspiller les moyens. Mais j'ai vu dans le passé, surtout quand on a des ambassadeurs qui sont prêts à bien jouer le jeu - j'en connais un qui avait réussi à mettre des petites régions avec des grandes régions, des régions de droite avec des régions de gauche, des activités des uns avec des activités des autres, en fait au cur de tout ça, il y avait un pilote qui était le diplomate de la France, chacun trouvait sa place dans le système, chacun trouvait la signature de son action et donc de son identité, le tout étant fait en grande cohérence avec les autorités nationales et territoriales, et finalement dans l'intérêt de tous. Il faut garder cette logique, c'est une logique qui est très importante en ce qui concerne la nécessité d'une cohérence.
Le deuxième élément que je voudrais donner en conclusion, c'est la nécessité de faire en sorte que nous soyons clairement dans le XXIème siècle, sur les sujets de l'avenir. Je pense que nous devons veiller à investir les grands sujets qui sont les sujets du monde de demain. Il y a le sujet de l'eau, il y a le sujet des maladies, il y a des épidémies, il y a des sujets très importants qui sont ceux des voies de communication, il y a des grands sujets qui sont des sujets internationaux... Nous ne pouvons pas avoir une coopération décentralisée très active si nous sommes déconnectés avec les préoccupations mondiales, globales, des partenaires qui bénéficient de ces initiatives de coopération. C'est pour ça que je crois vraiment qu'il est très important que nous puissions développer et une logique de cohérence et en même temps une logique un peu d'innovation, de nous projeter dans l'avenir. Les collectivités territoriales sont la richesse de la République. Je suis et je reste girondin malgré les fonctions que j'occupe. On me rappelle tous les jours qu'il faut rester un peu jacobin, mais je me bats pour que ma part de girondin reste très active. Ce que je souhaite vraiment, c'est que les collectivités territoriales prennent des initiatives, lancent des projets, se positionnent en avant des différentes actions sur les très grands sujets. C'est bien que les collectivités accompagnent les ministres, quand les ministres ont tracé les routes et que viennent derrière les collectivités territoriales ; c'est encore mieux quand les collectivités territoriales ouvrent la voie des ministres. Je pense que cet objectif-là, qu'est les régions devant, les territoires devant, est capable d'innover, de lancer des programmes, de mobiliser des initiatives. C'est très important et c'est comme cela que l'on donnera à la coopération décentralisée toutes ses lettres de noblesse pour que vraiment, les collectivités territoriales responsables, responsables devant leurs électeurs parce que c'est de l'argent public pour lequel il faut des justifications, il faut aller expliquer pourquoi on va dans tel pays, pourquoi on mène telle action, tout ceci demande de la transparence et tout ceci demande de la pédagogie. Ce que je souhaite vraiment, c'est que tout ceci se fasse au service du pays et de la République, et c'est pour cela que je souhaite qu'il y ait de l'audace dans cette initiative.
J'apprécie donc beaucoup, Monsieur le Préfet, les initiatives qui ont été prises ces dernières années, par le Quai d'Orsay notamment. Quand on voyait un préfet au Quai d'Orsay, vous imaginez déjà combien les positions sont fortes avec les deux cultures rassemblées. On a reçu tous les ambassadeurs à la fin de l'été et on leur a expliqué combien la coopération décentralisée était une perspective d'avenir importante. Les ministres, Pierre-André Wiltzer ici et Dominique de Villepin également, sont très motivés sur ces sujets-là. Je souhaite vraiment que vous puissiez ici débattre de tout cela et que nous puissions ensemble dire que nous portons tous et nos racines territoriales, mais aussi le bleu, le blanc et le rouge qui nous rassemblent et que nous faisons fouetter partout sur la planète. Merci à vous tous."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 19 mars 2003)