Interview de M. Jacques Barrot, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Journal du Dimanche" du 20 juillet 2003, sur la baisse de la TVA sur la restauration, la baisse de rémunération du livret A et celle de la fiscalité et sur la réforme des retraites, de l'assurance maladie et de l'Etat.

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Média : Le Journal du Dimanche

Texte intégral

Jacques Barrot, Président du Groupe UMP de l'Assemblée nationale, Député de la Haute-Loire
L'éventuelle baisse de la TVA sur la restauration vous réjouit-elle ?
Oui, notamment pour l'emploi, même si le contexte est difficile. Le gouvernement, qui se débat déjà avec des recettes budgétaires en baisse, devra en apprécier les modalités et la date d'application.
Et celle des rémunérations du livret A ?
Elles est raisonnable dans un contexte de taux d'intérêt bas et surtout légitime dans la mesure où elle relancerait la construction de logements sociaux.
Les promesses de baisse des impôts sur le revenu sont-elles compromises ?
Non, mais elles devront être très ciblées afin d'encourager l'épargne retraite et d'amorcer une généralisation des assurances complémentaires dans le cadre des nécessaires adaptations de l'assurance maladie. La baisse des prélèvements obligatoire reste le cap, mais il faudra plus de patience que prévu.
La réforme des retraites est-elle close avec la fin du débat parlementaire ?
Non. Il faut ouvrir très vite le débat sur la pénibilité des métiers, sur le travail des seniors, sur la gestion des ressources humaines dans la fonction publique. La tâche en incombe d'abord aux partenaires sociaux, mais les parlementaires doivent y être très attentifs. D'une manière générale, nous voulons repenser le suivi des textes et des décisions politiques. Nous en parlerons lors de nos journées parlementaires de Nancy.
Craignez-vous de nouvelles grèves à la rentrée ?
Nous allons redoubler d'ardeur pour convaincre du bien-fondé des réformes les Français de bonne volonté. Ne confondons pas ces derniers avec les poignées de contestataires tous azimuts prêts à faire feu de tout bois. Sur l'assurance maladie, certains tenteront évidemment de faire croire que le statu quo est préférable à l'adaptation. Nous devrons tenir bon. Toute forme d'immobilisme plombe notre protection sociale.
Aller de la rue au Parlement, est-ce le bon chemin d'une réforme ?
C'est une forme de pathologie sociale ! Il faut rénover les courroies de transmission, rétablir la confiance des Français dans leurs représentants politiques et syndicaux ! On ne peut soigner une société qui passe son temps dans la rue. Les partenaires sociaux doivent trouver ensemble les meilleures procédures de négociation possibles. Le droit de grève est un acquis. Pour le préserver, il faut le mettre à l'abri des abus qui affaiblissent sa légitimité. Le service garanti dans la fonction publique peut-être une des solutions. Là encore, aux partenaires sociaux de faire preuve d'imagination ! La contestation radicale qui s'est greffée sur les intermittents du spectacle ne leur a sans doute pas rendu service. La ligne jaune a été dépassée mais le problème aurait dû être traité depuis longtemps, l'assurance chômage ne peut seule tenir lieu de financement de la politique des festivals.
Comment jugez-vous votre adversaire socialiste ?
Au lieu de travailler à des solutions alternatives, le PS surfe sur toutes les oppositions, étouffant dans ses clameurs les plus éclairés d'entre eux. Il s'offusque par exemple du déremboursement de médicaments, mais ce sont des décisions prises par nos prédécesseurs que nous entérinons ! Leur démagogie nous facilite peut-être la tâche, mais elle ne rend pas service à la République. Un adversaire plus responsable nous stimulerait davantage.
Et vos priorités aujourd'hui ?
Sauver l'assurance maladie et remembrer l'Etat. Il y a plusieurs clés, tout ne passe pas par la loi. Nous devons regrouper des organismes ou des fonctions de l'Etat par pôles, un pôle sanitaire, par exemple, géré par des agences régionales de santé. Cela créerait des synergies et de substantielles économies.
Nous ne devons pas réduire la réforme de l'Etat à la seule formule " ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux ". Il faut valoriser les mérites, de manière individuelle ou collective. Par ailleurs, il nous faut remobiliser et responsabiliser tous les acteurs de l'assurance maladie, les aides soignants mais aussi les soignés ! Nous avons engagé cette année de grandes réformes (retraite), ouvert de nouveaux chantiers (immigration, code pénal, code civil), corrigé sans esprit de revanche les égarements de la période Jospin (la loi Gayssot sur l'urbanisme, par exemple, qui entravait l'action des maires). Nous devons être toujours plus à l'écoute des Français.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 23 juillet 2003)