Texte intégral
Mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord
Le Secrétaire d'Etat français au Commerce Extérieur, François Huwart,
tire des enseignements positifs de la conférence de Seattle.
Quelles leçons tirez-vous de l'échec de Seattle ?
- Mieux vaut pas d'accord pour lancer un cycle de négociations qu'un mauvais accord. C'est d'ailleurs ce que j'avais dit en arrivant ici. La majorité des membres de l'OMC, en refusant de poursuivre les travaux, fait la même analyse. Les pays en voie de développement, en particulier, veulent être membres à part entière de l'OMC. C'est cela qui s'est affirmé à Seattle. Je crois donc qu'aujourd'hui, l'OMC a gagné en légitimité, même si le cycle n'a pas été lancé.
Charlene Barshefsky, le représentante américaine, a déclaré qu'il y avait trop de dossiers, trop de pays, pour pouvoir faire avancer les choses...
Je ne suis pas d'accord avec Charlene Barshefsky. L'OMC doit couvrir l'ensemble des pays. C'est sa légitimité et c'est une nécessité. Raisonner autrement reviendrait à s'exonérer d'une vraie réflexion sur le fonctionnement du système. Et c'est parce que certains pays ont bloqué sur différents sujets que les autres membres se sont sentis non concernés par le processus général de négociation. C'est donc bien l'approche européenne, qui privilégiait un champ de négociation large, qui aurait permis de répondre aux aspirations de tous.
Vous semblez reprocher aux Américains leur manque de flexibilité...
Absolument. Que ce soit sur la question de l'environnement ou celle des normes sociales par rapport aux pays en développement. Des thèmes qui sont autant de préoccupations de la société civile. Et si l'Union européenne a été amené a prendre des initiatives telles que celle qui a été proposée pour les pays les plus pauvres, c'est bien la preuve que nous cherchions à débloquer la situation. Par ailleurs, je ne crois pas que c'est le dossier agricole qui a fait capoter ces négociations.
Pourra-t-on néanmoins s'entendre prochainement, notamment sur le terrain agricole ?
La cristallisation sur un certain nombre de dossiers comme l'agriculture n'a pas été une bonne chose. Le différend transatlantique mis en avant, non pas par les Européens, mais par certains autres pays, a pris une place excessive à Seattle. Du coup, beaucoup de sujets comme la concurrence ou l'investissement, qui sont importants en termes de croissance économique et de contrôle des multinationales dans les pays en développement, n'ont pas pu être discutés suffisamment. Si les discussions peuvent reprendre sur ces bases plus tard, ce sera tant mieux.
Nous avons observé au cours de cette conférence que le fonctionnement de l'OMC laissait à désirer...
Beaucoup de pays sont arrivés ici en disant qu'il fallait changer le fonctionnement de l'OMC. Je pense que la réunion de Seattle en aura apporté la preuve. Il faut plus de transparence pour ne pas exclure la majorité des pays du cur de la négociation.
Comment faut-il traiter les organisations de la société civile ?
Tous les jours j'ai fait le point avec elles ici. Je pense que les gouvernements et les parlements, légitimés par des élections, ne seraient pas suffisamment forts s'ils n'étaient pas capables d'organiser, en amont, une concertation avec ces organisations. En France, c'est exactement ce que le gouvernement a fait. Et c'est sans doute pour cela que la position française a été aussi consensuelle.
Propos recueillis par L. J. B. et M. D.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 13 janvier 2000)
Le Secrétaire d'Etat français au Commerce Extérieur, François Huwart,
tire des enseignements positifs de la conférence de Seattle.
Quelles leçons tirez-vous de l'échec de Seattle ?
- Mieux vaut pas d'accord pour lancer un cycle de négociations qu'un mauvais accord. C'est d'ailleurs ce que j'avais dit en arrivant ici. La majorité des membres de l'OMC, en refusant de poursuivre les travaux, fait la même analyse. Les pays en voie de développement, en particulier, veulent être membres à part entière de l'OMC. C'est cela qui s'est affirmé à Seattle. Je crois donc qu'aujourd'hui, l'OMC a gagné en légitimité, même si le cycle n'a pas été lancé.
Charlene Barshefsky, le représentante américaine, a déclaré qu'il y avait trop de dossiers, trop de pays, pour pouvoir faire avancer les choses...
Je ne suis pas d'accord avec Charlene Barshefsky. L'OMC doit couvrir l'ensemble des pays. C'est sa légitimité et c'est une nécessité. Raisonner autrement reviendrait à s'exonérer d'une vraie réflexion sur le fonctionnement du système. Et c'est parce que certains pays ont bloqué sur différents sujets que les autres membres se sont sentis non concernés par le processus général de négociation. C'est donc bien l'approche européenne, qui privilégiait un champ de négociation large, qui aurait permis de répondre aux aspirations de tous.
Vous semblez reprocher aux Américains leur manque de flexibilité...
Absolument. Que ce soit sur la question de l'environnement ou celle des normes sociales par rapport aux pays en développement. Des thèmes qui sont autant de préoccupations de la société civile. Et si l'Union européenne a été amené a prendre des initiatives telles que celle qui a été proposée pour les pays les plus pauvres, c'est bien la preuve que nous cherchions à débloquer la situation. Par ailleurs, je ne crois pas que c'est le dossier agricole qui a fait capoter ces négociations.
Pourra-t-on néanmoins s'entendre prochainement, notamment sur le terrain agricole ?
La cristallisation sur un certain nombre de dossiers comme l'agriculture n'a pas été une bonne chose. Le différend transatlantique mis en avant, non pas par les Européens, mais par certains autres pays, a pris une place excessive à Seattle. Du coup, beaucoup de sujets comme la concurrence ou l'investissement, qui sont importants en termes de croissance économique et de contrôle des multinationales dans les pays en développement, n'ont pas pu être discutés suffisamment. Si les discussions peuvent reprendre sur ces bases plus tard, ce sera tant mieux.
Nous avons observé au cours de cette conférence que le fonctionnement de l'OMC laissait à désirer...
Beaucoup de pays sont arrivés ici en disant qu'il fallait changer le fonctionnement de l'OMC. Je pense que la réunion de Seattle en aura apporté la preuve. Il faut plus de transparence pour ne pas exclure la majorité des pays du cur de la négociation.
Comment faut-il traiter les organisations de la société civile ?
Tous les jours j'ai fait le point avec elles ici. Je pense que les gouvernements et les parlements, légitimés par des élections, ne seraient pas suffisamment forts s'ils n'étaient pas capables d'organiser, en amont, une concertation avec ces organisations. En France, c'est exactement ce que le gouvernement a fait. Et c'est sans doute pour cela que la position française a été aussi consensuelle.
Propos recueillis par L. J. B. et M. D.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 13 janvier 2000)