Texte intégral
J.-P. Elkabbach-. Le moment décisif pour les enseignants, neuvième journée d'action pour le Premier ministre, Comité avec 20 ministres - ça ne s'est jamais fait, je crois -, consacré à revaloriser le métier d'enseignant et à lancer probablement un débat national sur l'école. Si ce soir J.-P. Raffarin "vous offre la tête" de L. Ferry, est-ce que vous demandez aux enseignants de reprendre le travail ?
- "Non, parce que notre problème n'est pas "d'avoir la tête du ministre"."
Et s'il ajoute "la tête de - hypothèse impossible d'ailleurs - de X. Darcos", les deux ?
- "Pas plus."
Nous, on veut avoir des interlocuteurs, et des interlocuteurs qui aient des mandats pour répondre aux revendications."
Votre malaise et vos difficultés ont une certaine ancienneté, de quand datent-ils ?
- "Le conflit date d'octobre. Mais ce conflit est..."
Le malaise ?
- "Le malaise, c'est quelque chose de plus ancien. Vous savez, les enseignants qui sont en grève aujourd'hui, ils ont fait entre 85, 95, 97 l'effort de doubler le pourcentage d'une classe d'âge accédant au baccalauréat. Et puis, ils se sont trouvé dans une situation où cet effort n'arrivait plus à faire progresser les choses, avec un noyau dur d'élèves en difficulté, avec des inégalités de plus en plus fortes entre les établissements. Ils le vivent mal. Et la grève, l'action d'une certaine manière, c'est une façon de dire : on ne peut plus vivre ça ! On ne veut pas des régressions, on veut des améliorations."
Mais pour quelles raisons vous faut-il, tous les trois ans, et à quelques exceptions près, un ministre victime, un bouc émissaire, pourquoi ?
- "Pour une fois, je conteste la notion de bouc émissaire, parce que..."
Oui, mais ça se traduit comme ça...
- "Ca se traduit par une insatisfaction. Mais c'est aussi tout de même, d'abord parce qu'on prend des décisions assez calamiteuses, pas seulement pour les enseignants, parce que l'école c'est pas seulement les enseignants, j'insiste, et que l'on se trouve à chaque fois devant le même manque de dialogue social, c'est-à-dire des gens qui nous disent : je fais d'en haut ce qui est bon pour vous, et je vais vous convaincre que vous avez tort de ne pas trouver bien ce que j'ai décidé."
Et vous et vos amis vous dites jamais : nous, nous savons, aussi ?
- "Si, nous disons, nous avons une expérience, nous avons des propositions. Si je prends l'exemple de la décentralisation..."
On va y venir, on va y venir.
- "D'accord."
Vous dites un peu le mécontentement etc. Le Budget de l'Education, vous l'avez peut-être entendu mais les gens ne le savent pas, c'est 60 milliards d'euros, 23 % des dépenses de l'Etat. En dix ans, il a augmenté de près de 25 %, il y a 500 000 élèves de moins. A quel moment un syndicat, ou les enseignants, reconnaissent une part de responsabilité dans l'échec ou dans l'état du système éducatif ?
- "Je fais plusieurs remarque par rapport à ça. D'abord, les milliards ne signifient pas nécessairement des personnes, parce qu'il faut regarder ce qu'a été l'augmentation des emplois. En fait, sur la durée, cela n'est pas si gigantesque que ça, loin de là. Et l'école, ça ne peut pas se faire si on n'a pas des hommes et des femmes sur le terrain, dans les divers métiers."
Il y en a combien aujourd'hui ?
- "1,2 million de personnes à peu près. C'est effectivement beaucoup, et en même temps, les élèves en grande difficulté, si on n'a pas autour d'eux des équipes pluriprofessionnelles pour les prendre en charge, on n'y arrive pas. Et pour répondre encore plus complètement à votre question, une des choses qu'on a dites au ministre dès le début, c'est que nous on était prêts à discuter de priorités. Si on a des moyens supplémentaires ce n'est pas pour faire n'importe quoi, ce n'est pas pour arroser le sable, c'est d'abord pour lutter contre l'échec scolaire dans les zones les plus difficiles."
Mais c'est toujours "des moyens ! des moyens !" on connaît le DVD...
- "Oui, mais des moyens pour travailler autrement, notamment pour travailler en équipe."
Mais quelle part de responsabilité sentez-vous que les enseignants ont ? Par exemple, comment se fait-il que depuis dix ans, les résultats au bac stagnent ? Que près de 160 000 jeunes, et vous l'avez dit vous-même, il y a un malaise, sortent du système scolaire sans diplôme, sans qualification ? Est-ce la faute à J. Lang, à C. Allègre, de Raffarin, de Ferry, de Darcos ? De qui ? Vous aussi un peu ou pas ?
- "C'est bien sûr la faute de tout le monde et évidemment les personnels. Ils ont une responsabilité mais ils n'ont pas une responsabilité première dans cette affaire. C'est que depuis des années, on s'est jamais posé dans notre société, la question : Qu'est-ce qu'on fait à l'école ? Comment on le fait ? Comment on rénove les pratiques ?"
C'est votre job...
- "et : quel investissement on utilise, on met dans l'école, pour que l'école soit aujourd'hui quelque chose qui corresponde aux besoins de la société ? C'est notre travail de revendiquer, mais aussi de proposer. Quand je parle de "travail en équipe", quand je parle, et c'est quelque chose sur quoi on n'a pas assez insisté, de "création d'une culture commune", je parle de..."
C'est peut-être le moment, puisque vous bien que des têtes en moins ou des postes plus ça ne règle rien. X. Darcos, le disait cette nuit dans Mots croisés, d'A. Chabot à France 2 : "Jean Pierre Raffarin pourrait faire des gestes d'ouverture à l'égard des enseignants". Aujourd'hui, lancement d'une vaste discussion pour restaurer l'estime civique à l'égard des enseignants, en prenant du temps, et en prenant en compte aussi certaines de vos suggestions, par exemple sur la fin de la carrière. A ce moment-là, est-ce que, les enseignants, vous mettez un terme au mouvement de grève ?
- "Moi, ce que je souhaite du Gouvernement, c'est sans doute de bonnes intentions, de bonnes paroles. Mais je souhaite immédiatement un certain nombre de gestes concrets, c'est-à-dire des annonces, qui nous permettent de nous retourner vers les personnels, et de leur dire : voilà, ça a progressé, qu'en pensez-vous, et que pensez-vous des suites de l'action ? Et pour ça..."
Quels gestes ? Aujourd'hui, c'est décisif.
- "Sur la décentralisation, nous souhaitons qu'on nous dise la loi qui va être présentée, ne comporte pas le volet Education et on rediscute. Par exemple, la rentrée, où nous allons avoir besoin, quoi qu'on dise, de quelques centaines et de quelques milliers de personnes de plus, par exemple dans l'encadrement éducatif."
Vous aurez 16 000 emplois publics d'assistants d'Education...
- "Et on en aura 10 à 15 000 de moins que ceux qu'on avait jusqu'à présent. Vous savez, les aides-éducateurs..."
Vous voyez, vous revenez sur les postes. Alors...
- "Oui, mais c'est parce qu'on ne peut pas faire..."
... alors, que voulez-vous de J.-P. Raffarin et de ses ministres, qui vont tous s'occuper de vous ? Si lui fait une ouverture et qu'il vous dit : un débat national sur l'école, vous dites oui, non ?
- "Pour que le débat national ait lieu et qu'on dise oui, il faut recréer la confiance en mettant en avant quelques mesures significatives."
Avez-vous un préalable alors que lui dit qu'il n'a pas de conditions ?
- "Ce n'est pas une question de "préalable" c'est une question d'efficacité. Le Gouvernement a besoin de retrouver la confiance, et pour retrouver la confiance, il faut montrer qu'il a entendu ce qui était demandé. On peut discuter ensuite des priorité, bien évidemment."
Donc, on peut engager une discussion de longue durée sur le problème de l'école et de l'Education ? Sinon c'est quoi, c'est la grève générale ?
- "Sinon, c'est la poursuite d'un mouvement, ce que je ne souhaite pas a priori. Parce que vous savez, il y a des collègues qui sont en grève reconductible depuis un mois, qui vont avoir des prélèvements et des pertes de salaire importants, ils ne font pas cela pour le plaisir. Ils sont, nos collègues les enseignants et les personnels de l'Education, attachés aux élèves. La preuve, il y en a qui continuent à faire cours tout en se déclarant grévistes."
Oui, et il y en a d'autres qui empêchent les examens !
- "De manière très minoritaire."
Oui, mais ça existe. Est-ce que justement, vous leur dites : ne faites pas ça ? Est-ce que ce matin, devant nous, vous demandez à tous les enseignants de faire passer le bac ?
- "Je ne leur demande pas pour faire l'instant de faire passer le bac, parce que le problème ne se pose pas encore. Je demande au Gouvernement de prendre les mesures qui évitent que le problème se pose. Et par ailleurs, je dis aux collègues : aujourd'hui, ne bloquez pas les examens parce que c'est pas une bonne méthode d'action dans la situation...Et je dis aussi, parce que tout va ensemble, au Gouvernement : respectez le droit de grève. Un enseignant qui est en grève, il est en grève, y compris pour les examens."
Ca, on ne le conteste pas. Mais est-ce, par exemple, le report du bac et des examens est possible pour vous ?
- "Pour l'instant, il est encore temps que le Gouvernement apporte les réponses qui empêchent que le problème se pose. Il se pose pour quelques épreuves de manière minoritaire, il faut peut-être réorganiser le calendrier..."
Mais pourquoi vous ne le dites pas monsieur Aschieri : non, il ne faut pas bloquer les examens ! Les parents, les élèves attendent, les types sont en train de se préparer pour les examens. Si vous dites que le Gouvernement joue avec le feu, vous, aussi, pourquoi ne l'éteignez-vous pas ?!
- "Je ne le dis pas, parce que je ne veux pas que le Gouvernement diffère ses annonce. Je répète..."
Il va les faire, vous lui répondez aussi vite...
- "Mais j'attends qu'elles soient faites."
Est-ce qu'il n'est pas facile de dire : on ne servira pas des élèves, le BTS, le bac bientôt, comme d'une masse à instrumentaliser ? On dit : moi, responsable de 180 000 personnes et d'enseignants, je dis : pas de report des examens, pas de report du bac."
- "Je dis qu'on ne se servira pas des élèves comme masse de manoeuvre, mais je dis en même temps : il y a la grève, et si la grève télescope les examens, il y aura objectivement problème, qu'on le veuille ou non."
Ca s'appelle "chantage" !
- "Ce n'est pas du "chantage" c'est une réalité objective. Il faut bien l'entendre. Et je trouve que le Gouvernement prendrait une sérieuse responsabilité que de ne pas voir ce problème et de ne pas faire les gestes."
Jeter de l'eau sur le feu, ou plutôt que de jeter de l'huile, jetez de l'eau, vous pouvez le faire. Est-ce que vous comprenez que les politiques qui ont été élus pour amender ou voter une loi, jouent bien leur rôle ? Est-ce que vous comprenez qu'ils aient, eux, la légitimité pour prendre le problème à leur tour : les retraites, la décentralisation ?
- "Je ne refuse pas la légitimité des politiques, mais je leur demande aussi de se concerter et de négocier. En décembre, J.-P. Raffarin écrivait dans Le Monde, quelque chose du type : "Je ne réformerai pas contre l'avis des personnels". Et il avait raison, parce qu'une réforme, même excellente, si elle se fait contre les gens qui sont chargés de l'appliquer c'est une mauvaise réforme. Et je lui demande aujourd'hui de tenir cette parole-là."
La décentralisation c'est un peu moins de pouvoir pour vous, c'est pour cela que nous n'aimez pas... Non pour vous personnellement, mais pour vous syndicat ? Honnêtement ?
- "Non, non...La décentralisation..."
Si on reconnaît les choses ?
- "La décentralisation, c'est qu'on a une école de plus en plus inégale et que ce n'est pas la décentralisation qui va réduire ces inégalités, c'est le contraire. C'est ça le débat qu'on voudrait avoir."
En tout cas, il est possible que vous l'ayez.
- "Je l'espère."
La prochaine fois nous parlerons d'autres mesures pour l'école : la violence, la laïcité, parce qu'on n'en parle jamais du côté des syndicats. Merci, monsieur Aschieri...
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 mai 2003)
- "Non, parce que notre problème n'est pas "d'avoir la tête du ministre"."
Et s'il ajoute "la tête de - hypothèse impossible d'ailleurs - de X. Darcos", les deux ?
- "Pas plus."
Nous, on veut avoir des interlocuteurs, et des interlocuteurs qui aient des mandats pour répondre aux revendications."
Votre malaise et vos difficultés ont une certaine ancienneté, de quand datent-ils ?
- "Le conflit date d'octobre. Mais ce conflit est..."
Le malaise ?
- "Le malaise, c'est quelque chose de plus ancien. Vous savez, les enseignants qui sont en grève aujourd'hui, ils ont fait entre 85, 95, 97 l'effort de doubler le pourcentage d'une classe d'âge accédant au baccalauréat. Et puis, ils se sont trouvé dans une situation où cet effort n'arrivait plus à faire progresser les choses, avec un noyau dur d'élèves en difficulté, avec des inégalités de plus en plus fortes entre les établissements. Ils le vivent mal. Et la grève, l'action d'une certaine manière, c'est une façon de dire : on ne peut plus vivre ça ! On ne veut pas des régressions, on veut des améliorations."
Mais pour quelles raisons vous faut-il, tous les trois ans, et à quelques exceptions près, un ministre victime, un bouc émissaire, pourquoi ?
- "Pour une fois, je conteste la notion de bouc émissaire, parce que..."
Oui, mais ça se traduit comme ça...
- "Ca se traduit par une insatisfaction. Mais c'est aussi tout de même, d'abord parce qu'on prend des décisions assez calamiteuses, pas seulement pour les enseignants, parce que l'école c'est pas seulement les enseignants, j'insiste, et que l'on se trouve à chaque fois devant le même manque de dialogue social, c'est-à-dire des gens qui nous disent : je fais d'en haut ce qui est bon pour vous, et je vais vous convaincre que vous avez tort de ne pas trouver bien ce que j'ai décidé."
Et vous et vos amis vous dites jamais : nous, nous savons, aussi ?
- "Si, nous disons, nous avons une expérience, nous avons des propositions. Si je prends l'exemple de la décentralisation..."
On va y venir, on va y venir.
- "D'accord."
Vous dites un peu le mécontentement etc. Le Budget de l'Education, vous l'avez peut-être entendu mais les gens ne le savent pas, c'est 60 milliards d'euros, 23 % des dépenses de l'Etat. En dix ans, il a augmenté de près de 25 %, il y a 500 000 élèves de moins. A quel moment un syndicat, ou les enseignants, reconnaissent une part de responsabilité dans l'échec ou dans l'état du système éducatif ?
- "Je fais plusieurs remarque par rapport à ça. D'abord, les milliards ne signifient pas nécessairement des personnes, parce qu'il faut regarder ce qu'a été l'augmentation des emplois. En fait, sur la durée, cela n'est pas si gigantesque que ça, loin de là. Et l'école, ça ne peut pas se faire si on n'a pas des hommes et des femmes sur le terrain, dans les divers métiers."
Il y en a combien aujourd'hui ?
- "1,2 million de personnes à peu près. C'est effectivement beaucoup, et en même temps, les élèves en grande difficulté, si on n'a pas autour d'eux des équipes pluriprofessionnelles pour les prendre en charge, on n'y arrive pas. Et pour répondre encore plus complètement à votre question, une des choses qu'on a dites au ministre dès le début, c'est que nous on était prêts à discuter de priorités. Si on a des moyens supplémentaires ce n'est pas pour faire n'importe quoi, ce n'est pas pour arroser le sable, c'est d'abord pour lutter contre l'échec scolaire dans les zones les plus difficiles."
Mais c'est toujours "des moyens ! des moyens !" on connaît le DVD...
- "Oui, mais des moyens pour travailler autrement, notamment pour travailler en équipe."
Mais quelle part de responsabilité sentez-vous que les enseignants ont ? Par exemple, comment se fait-il que depuis dix ans, les résultats au bac stagnent ? Que près de 160 000 jeunes, et vous l'avez dit vous-même, il y a un malaise, sortent du système scolaire sans diplôme, sans qualification ? Est-ce la faute à J. Lang, à C. Allègre, de Raffarin, de Ferry, de Darcos ? De qui ? Vous aussi un peu ou pas ?
- "C'est bien sûr la faute de tout le monde et évidemment les personnels. Ils ont une responsabilité mais ils n'ont pas une responsabilité première dans cette affaire. C'est que depuis des années, on s'est jamais posé dans notre société, la question : Qu'est-ce qu'on fait à l'école ? Comment on le fait ? Comment on rénove les pratiques ?"
C'est votre job...
- "et : quel investissement on utilise, on met dans l'école, pour que l'école soit aujourd'hui quelque chose qui corresponde aux besoins de la société ? C'est notre travail de revendiquer, mais aussi de proposer. Quand je parle de "travail en équipe", quand je parle, et c'est quelque chose sur quoi on n'a pas assez insisté, de "création d'une culture commune", je parle de..."
C'est peut-être le moment, puisque vous bien que des têtes en moins ou des postes plus ça ne règle rien. X. Darcos, le disait cette nuit dans Mots croisés, d'A. Chabot à France 2 : "Jean Pierre Raffarin pourrait faire des gestes d'ouverture à l'égard des enseignants". Aujourd'hui, lancement d'une vaste discussion pour restaurer l'estime civique à l'égard des enseignants, en prenant du temps, et en prenant en compte aussi certaines de vos suggestions, par exemple sur la fin de la carrière. A ce moment-là, est-ce que, les enseignants, vous mettez un terme au mouvement de grève ?
- "Moi, ce que je souhaite du Gouvernement, c'est sans doute de bonnes intentions, de bonnes paroles. Mais je souhaite immédiatement un certain nombre de gestes concrets, c'est-à-dire des annonces, qui nous permettent de nous retourner vers les personnels, et de leur dire : voilà, ça a progressé, qu'en pensez-vous, et que pensez-vous des suites de l'action ? Et pour ça..."
Quels gestes ? Aujourd'hui, c'est décisif.
- "Sur la décentralisation, nous souhaitons qu'on nous dise la loi qui va être présentée, ne comporte pas le volet Education et on rediscute. Par exemple, la rentrée, où nous allons avoir besoin, quoi qu'on dise, de quelques centaines et de quelques milliers de personnes de plus, par exemple dans l'encadrement éducatif."
Vous aurez 16 000 emplois publics d'assistants d'Education...
- "Et on en aura 10 à 15 000 de moins que ceux qu'on avait jusqu'à présent. Vous savez, les aides-éducateurs..."
Vous voyez, vous revenez sur les postes. Alors...
- "Oui, mais c'est parce qu'on ne peut pas faire..."
... alors, que voulez-vous de J.-P. Raffarin et de ses ministres, qui vont tous s'occuper de vous ? Si lui fait une ouverture et qu'il vous dit : un débat national sur l'école, vous dites oui, non ?
- "Pour que le débat national ait lieu et qu'on dise oui, il faut recréer la confiance en mettant en avant quelques mesures significatives."
Avez-vous un préalable alors que lui dit qu'il n'a pas de conditions ?
- "Ce n'est pas une question de "préalable" c'est une question d'efficacité. Le Gouvernement a besoin de retrouver la confiance, et pour retrouver la confiance, il faut montrer qu'il a entendu ce qui était demandé. On peut discuter ensuite des priorité, bien évidemment."
Donc, on peut engager une discussion de longue durée sur le problème de l'école et de l'Education ? Sinon c'est quoi, c'est la grève générale ?
- "Sinon, c'est la poursuite d'un mouvement, ce que je ne souhaite pas a priori. Parce que vous savez, il y a des collègues qui sont en grève reconductible depuis un mois, qui vont avoir des prélèvements et des pertes de salaire importants, ils ne font pas cela pour le plaisir. Ils sont, nos collègues les enseignants et les personnels de l'Education, attachés aux élèves. La preuve, il y en a qui continuent à faire cours tout en se déclarant grévistes."
Oui, et il y en a d'autres qui empêchent les examens !
- "De manière très minoritaire."
Oui, mais ça existe. Est-ce que justement, vous leur dites : ne faites pas ça ? Est-ce que ce matin, devant nous, vous demandez à tous les enseignants de faire passer le bac ?
- "Je ne leur demande pas pour faire l'instant de faire passer le bac, parce que le problème ne se pose pas encore. Je demande au Gouvernement de prendre les mesures qui évitent que le problème se pose. Et par ailleurs, je dis aux collègues : aujourd'hui, ne bloquez pas les examens parce que c'est pas une bonne méthode d'action dans la situation...Et je dis aussi, parce que tout va ensemble, au Gouvernement : respectez le droit de grève. Un enseignant qui est en grève, il est en grève, y compris pour les examens."
Ca, on ne le conteste pas. Mais est-ce, par exemple, le report du bac et des examens est possible pour vous ?
- "Pour l'instant, il est encore temps que le Gouvernement apporte les réponses qui empêchent que le problème se pose. Il se pose pour quelques épreuves de manière minoritaire, il faut peut-être réorganiser le calendrier..."
Mais pourquoi vous ne le dites pas monsieur Aschieri : non, il ne faut pas bloquer les examens ! Les parents, les élèves attendent, les types sont en train de se préparer pour les examens. Si vous dites que le Gouvernement joue avec le feu, vous, aussi, pourquoi ne l'éteignez-vous pas ?!
- "Je ne le dis pas, parce que je ne veux pas que le Gouvernement diffère ses annonce. Je répète..."
Il va les faire, vous lui répondez aussi vite...
- "Mais j'attends qu'elles soient faites."
Est-ce qu'il n'est pas facile de dire : on ne servira pas des élèves, le BTS, le bac bientôt, comme d'une masse à instrumentaliser ? On dit : moi, responsable de 180 000 personnes et d'enseignants, je dis : pas de report des examens, pas de report du bac."
- "Je dis qu'on ne se servira pas des élèves comme masse de manoeuvre, mais je dis en même temps : il y a la grève, et si la grève télescope les examens, il y aura objectivement problème, qu'on le veuille ou non."
Ca s'appelle "chantage" !
- "Ce n'est pas du "chantage" c'est une réalité objective. Il faut bien l'entendre. Et je trouve que le Gouvernement prendrait une sérieuse responsabilité que de ne pas voir ce problème et de ne pas faire les gestes."
Jeter de l'eau sur le feu, ou plutôt que de jeter de l'huile, jetez de l'eau, vous pouvez le faire. Est-ce que vous comprenez que les politiques qui ont été élus pour amender ou voter une loi, jouent bien leur rôle ? Est-ce que vous comprenez qu'ils aient, eux, la légitimité pour prendre le problème à leur tour : les retraites, la décentralisation ?
- "Je ne refuse pas la légitimité des politiques, mais je leur demande aussi de se concerter et de négocier. En décembre, J.-P. Raffarin écrivait dans Le Monde, quelque chose du type : "Je ne réformerai pas contre l'avis des personnels". Et il avait raison, parce qu'une réforme, même excellente, si elle se fait contre les gens qui sont chargés de l'appliquer c'est une mauvaise réforme. Et je lui demande aujourd'hui de tenir cette parole-là."
La décentralisation c'est un peu moins de pouvoir pour vous, c'est pour cela que nous n'aimez pas... Non pour vous personnellement, mais pour vous syndicat ? Honnêtement ?
- "Non, non...La décentralisation..."
Si on reconnaît les choses ?
- "La décentralisation, c'est qu'on a une école de plus en plus inégale et que ce n'est pas la décentralisation qui va réduire ces inégalités, c'est le contraire. C'est ça le débat qu'on voudrait avoir."
En tout cas, il est possible que vous l'ayez.
- "Je l'espère."
La prochaine fois nous parlerons d'autres mesures pour l'école : la violence, la laïcité, parce qu'on n'en parle jamais du côté des syndicats. Merci, monsieur Aschieri...
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 mai 2003)