Interview de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, dans "Le Journal du dimanche" du 11 mai 2003, sur la référence à l'héritage religieux de l'Europe dans le préambule de la constitution européenne, la réprésentation des membres de l'Union à la Commission et la proposition franco-allemande de création d'un poste de président de l'Union européenne.

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Média : Le Journal du Dimanche

Texte intégral

Q - Dans le préambule de la future constitution de la l'Union, il sera fait allusion à "l'héritage religieux" de l'Europe. Cela vous choque-t-il ?
R - La France n'est pas dogmatiquement opposée à une référence à l'héritage religieux dans un préambule qui décrirait la façon dont s'est construite l'identité européenne à travers les siècles. Toutefois, tout dépendra de sa formulation. La France reste attachée à la laïcité comme principe permettant de respecter l'égalité entre les différentes religions et les citoyens qui s'en réclament. Laïcité qui permet en outre d'assurer l'équilibre entre les religions, les sensibilités philosophiques et les valeurs humanistes.
Q - Les vingt-cinq pays de l'Union doivent-ils être représentés au sein de la Commission européenne ?
R - Le problème du caractère pléthorique de la Commission ne doit pas être sous-estimé. Chacun est conscient de la nécessité de renforcer l'efficacité de la Commission comme garante de l'intérêt général européen. Avec les Pays-Bas, la France a d'ailleurs fait des propositions qui vont en ce sens. Avec l'Allemagne, la France a aussi proposé de conférer au président de la Commission un rôle de direction plus affirmé et plus dynamique. La proposition de la Convention de restreindre à une quinzaine de membres l'effectif de la Commission peut aussi être regardée comme contribuant à cette efficacité. La France n'a pas suggéré d'amender cette proposition.
Q - Etes-vous favorable au maintien d'une "présidence tournante" tous les six mois ou plaidez-vous pour la création d'un poste de président ?
R - Comment voulez-vous, dans l'Europe à vingt-cinq, qu'un président, assumant son rôle de président ou de Premier ministre dans son propre pays, soit en mesure d'assurer la cohésion nécessaire au sein du Conseil européen ? Conseil dont dépend le succès de projets de longue haleine comme l'euro ou l'élargissement. C'est pourquoi, avec l'Allemagne, la France a proposé une présidence à temps plein, une présidence stable de deux ans et demi renouvelable.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mai 2003)