Interview de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, à RFI le 3 septembre 2003, sur la future Constitution européenne et le rôle des relations franco-allemandes dans la construction de l'Europe.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Il y a un grand rendez-vous européen mais le plus important c'est la mise au point, la finalisation de cette Constitution pour laquelle le président de la Convention, Valéry Giscard d'Estaing, a beaucoup travaillé. Il y a eu une réunion, hier à Prague, des petits pays qui sont tentés de remettre en cause ce qui a été patiemment acquis à Bruxelles pendant des mois et des mois. Etes-vous un petit peu inquiète sur l'avenir de la Constitution européenne ?
R - Je ne suis pas du tout inquiète. Je trouve même que cette réunion a été très positive. D'abord, elle n'a pas réuni tous les petits pays, parce que les pays du Bénélux n'ont pas voulu se rendre à cette invitation à Prague. La Pologne, qui était invitée, s'est rendue à Prague. Ce qui résulte de cette réunion, c'est qu'il ne faut pas remettre fondamentalement en cause les travaux de la Convention. D'ailleurs, ce serait priver l'exercice de la Convention, un exercice démocratique unique en son genre - où les débats ont été très ouverts - de son intérêt. Avec la participation des ministres des Affaires étrangères de la plupart des pays, des parlementaires européens et des parlementaires nationaux, nous avons pu parvenir à un bon compromis, le plus acceptable par tous. Simplement, il est normal que tous ces pays qui se sont sentis un petit peu pressés à la fin de la Convention - parce que le président Giscard d'Estaing devait arrêter ses travaux -, et qui avaient admis de faire taire leurs différences, aient voulu ensuite s'exprimer. L'Europe est un lieu d'expression. Je suis très optimiste, précisément parce qu'après s'être exprimés, ces pays ont manifesté la volonté déterminée - comme l'est la nôtre - de faire aboutir les travaux de la Conférence intergouvernementale.
Q - La CIG commence ses travaux le 4 octobre, c'est très bientôt. Est-ce que vous croyez qu'un Traité de Rome sous la présidence italienne est envisageable ?
R - Il est tout à fait envisageable. D'ailleurs, je considère qu'un Traité de Rome n°2 - puisque le premier a été celui de la fondation de l'Europe - aurait beaucoup d'allure. Ce serait presque un symbole. C'est le souhait du président du Conseil européen, M. Berlusconi, et nous pensons que c'est tout à fait envisageable. Cela n'est pas sûr. Mais c'est très envisageable et sans doute souhaitable.
Q - Les Français et les Allemands qui sont traditionnellement les moteurs et qui ont repris goût à la construction européenne ces derniers temps, sont quand même dans une position difficile : les plus gros déficits publics européens sont les déficits français et allemand. Cela ne met-il pas ces deux pays en porte à faux pour redynamiser, pour donner un petit peu l'exemple ?
R - Si nous ne faisions rien, vous auriez raison. Mais précisément nos deux pays ont pris conscience de leurs responsabilités communes dans la construction européenne. Ils sont en particulier conscients de la nécessité pour eux de mener des réformes qui leur permettent d'être davantage en phase avec l'Europe, d'un point de vue politique mais aussi économique. J'indique à cet égard que le Conseil des ministres franco-allemand, qui réunira pour la deuxième fois - cette fois-ci, non plus à Paris, mais à Berlin, le 18 septembre prochain - les ministres des deux gouvernements, a inscrit à son ordre du jour, comme thème central, la relance de la croissance et la politique industrielle.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 septembre 2003)