Texte intégral
Monsieur le Président, cher Jean BALIGAND,
Monsieur le Président de MUTAVENIR, cher Jean-Philippe CHOUVET,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Vice-président du Conseil régional, cher Jean-Loup FLEURET,
Messieurs le Président des Jeunes Agriculteurs, cher Jérôme DESPEY,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Directeurs,
Chers amis,
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous retrouve aujourd'hui en Rhône Alpes, pour saluer l'action de GROUPAMA en faveur de l'installation en agriculture. Avoir choisi ce château au coeur de l'un des vignobles les plus connus hors de nos frontières pour fêter le vingtième anniversaire de MUTAVENIR est une heureuse initiative dont je tiens, Monsieur le Président, à vous féliciter. Vous me permettrez également de dire un mot particulier pour nos amis de Saône-et-Loire, qui vous ont rejoint et que le coeur comme la géographie rapprochent souvent de notre région.
Rhône-Alpes fut une terre pionnière du mouvement mutualiste agricole. Plus tôt qu'ailleurs, il a contribué ici à renforcer la solidarité économique des territoires. Ses idées généreuses de solidarité, de partage et d'entraide ont trouvé ici des hommes d'exception pour les servir. Comme vous, j'en suis sûr, je pense en particulier à Alexandre BONJEAN. Lyon a ainsi toujours été au coeur du réseau mutualiste, et c'est véritablement depuis cette ville que son rayonnement a pu s'étendre au reste de notre pays.
Votre compréhension, comme responsable mutualiste, des besoins des agriculteurs, tient, sans doute, à ce que beaucoup d'entre vous en ont embrassé la profession. Vous en avez retiré le souci constant de l'innovation, et c'est animés de cet esprit que vous pouvez répondre aux sollicitations quotidiennes comme aux cas les plus graves.
Votre institution est aujourd'hui confrontée à l'évolution de l'environnement économique et financier international, mais je sais que vous mettrez la même audace et la même détermination que vos aînés à en relever les défis. Vous avez su intégrer la pluriactivité, reconnaître la diversité du monde rural et en devenir des partenaires privilégiés.
Le monde rural occupe, d'ailleurs, une importance majeure dans la politique que je veux conduire. Durant le premier semestre, certains d'entre vous le savent peut-être, je proposerai au Conseil des ministres un projet de loi en faveur du monde rural, qui devrait être déposé devant le Parlement d'ici la fin de l'année.
Je souhaite ainsi m'attacher aux préoccupations les plus concrètes du monde rural. Lever les obstacles économiques qui freinent son développement, favoriser les partenariats, encourager le développement des territoires les plus isolés, préserver et mettre en valeur le patrimoine naturel et bâti, favoriser - au nom de l'égalité des chances - l'accès de tous aux services : tels sont les objectifs principaux qui me guideront.
Mais cette politique n'aura de sens que si elle est sous-tendue par une activité agricole vigoureuse. Car sans paysan actif, il n'y aura pas de campagne dynamique. J'entends donc que, même s'ils n'en sont plus les seuls acteurs, les agriculteurs demeurent la pierre angulaire de notre espace rural, le " coeur battant " de nos campagnes,
Votre réseau a su prendre en compte les besoins du monde rural, nouer des partenariats avec ses acteurs, qu'ils travaillent où non dans l'agriculture, et gagner la confiance des collectivités locales, pour devenir - chacun le sait ici - le premier assureur agricole et le premier assureur des collectivités territoriales de notre région.
Mais en conquérant cette place éminente, vous n'avez pas abandonné votre identité, ni sacrifié votre coeur de métier. Car en vingt ans, MUTAVENIR - dont le succès doit beaucoup à la détermination de Pierre JARRIER, que je salue - a apporté son concours a près de 20 000 jeunes agriculteurs.
Ce combat pour le renouvellement des générations, l'Etat l'a engagé en 1973 alors que Jacques CHIRAC était Ministre de l'Agriculture. Il demeure pour moi une priorité absolue, car il n'y a pas d'agriculture moderne sans un renouvellement des générations.
Toutefois, il ne pourra être véritablement remporté que si le métier d'agriculteur conserve un attrait suffisant et offre un revenu décent à ceux qui l'on choisit. Dans une société marquée par les valeurs du non-travail, un tel choix requiert, en effet, beaucoup de courage et une grande détermination.
C'est pourquoi nous devons, tout d'abord, mieux faire connaître la noblesse et la diversité des métiers agricoles. Dès cette année, j'ai voulu faire du Fonds de communication sur les métiers de l'agriculture une réalité, dotée dans la loi de Finances de 2 millions d'euros. J'ai également doté le Fonds d'Incitation et de Communication pour l'Installation en Agriculture (FICIA) de 10 millions d'euros.
Nous devons également redonner au monde agricole un cadre stabilisé et des perspectives, car ils sont le préalable à tout investissement. Favoriser l'agrandissement est certes plus aisé que promouvoir l'installation. Mais le jeune agriculteur sera d'autant plus disposé à s'installer qu'il ressentira un climat positif à son égard et sera assuré de développer son activité dans un contexte prévisible.
Nous devons enfin apporter au jeune le soutien de la collectivité et lui faire une vraie place dans le monde agricole. Avec les Jeunes Agriculteurs, j'ai entrepris de rénover notre dispositif en faveur de l'installation. Déjà, plusieurs actions ont pu être mises en uvre en ce sens : la condition liée au revenu minimal est désormais appréciée avec souplesse pour le versement de la deuxième fraction de la Dotation aux Jeunes Agriculteurs (DJA). Les prêts bonifiés à l'installation sont conservés. La pratique professionnelle peut être prise en compte pour ouvrir le droit à s'installer. Enfin, les crédits d'animation dans le cadre des PIDIL ont été augmentés pour que les Points info-Installation puissent également traiter de la transmission.
D'autres actions sont en cours d'étude, notamment la possibilité d'attribuer en totalité la DJA dès l'installation. Cette mesure pourrait s'accompagner, lorsque la situation du jeune le rendrait nécessaire, d'un suivi économique, technique ou financier durant les trois premières années d'installation. Une réflexion est également menée sur la suppression de la pratique du contrôle systématique de viabilité de l'exploitation au bout de la troisième année. Enfin, dans les prochaines semaines, je proposerai au Premier Ministre un certain nombre de mesures fiscales pour inciter les transmissions d'exploitations. L'aide à la transmission de l'exploitation (ATE) pourrait ainsi être revalorisée.
Au coté de l'action du Gouvernement, MUTAVENIR est un dispositif complet qui permet aux jeunes agriculteurs d'être à la fois aidés, accompagnés et conseillés. Il permet également un échange et s'avère être une pépinière de futurs responsables pour l'institution.
Notre agriculture a tout à gagner à la multiplication de ses initiatives, fondées sur les valeurs de solidarité et de partage. Hier, la mortalité du bétail ou l'incendie en était l'objet. Aujourd'hui, le renouvellement des générations doit en devenir l'un des principaux objectifs.
Comme Luc GUYAU le déclarait récemment, " l'installation doit être notre priorité, un véritable choix de société, l'occasion de faire jouer les valeurs de solidarité et de mutualisme, qui sont au coeur de notre profession ". Parce que plus que tout acteur du monde agricole, GROUPAMA incarne ces valeurs, il a vocation à jouer un rôle majeur dans le renouveau de notre agriculture et du monde rural, auquel je m'attache.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 4 avril 2003)