Texte intégral
Exposé introductif de M. Sautter, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie :
Je voudrais vous dire d'abord les deux surprises que j'ai éprouvées en participant à ce premier G7.
La première surprise c'est que j'ai gagné le G7 dans une Nissan avec le drapeau français; c'est une impression assez surprenante mais très réconfortante.
La deuxième surprise, c'est qu'alors que certains organes de presse annonçaient une réunion tendue, je crois que nous pouvons dire que nous avons participé à une réunion sans confrontation.J'ai eu le sentiment que nous avons abouti à des conclusions claires, que vous trouverez relatées dans le communiqué, qui montrent que le G7 est un organisme doué d'une forte cohésion et qui assume clairement ses responsabilités dans le domaine financier.
Je vais passer rapidement en revue les différents thèmes qui ont été abordés, en commençant par le thème de l'économie.
Après un exposé très remarquable de Michel Camdessus, auquel le G7 a rendu hommage puisque c'était sa dernière réunion, tous les participants sont tombés d'accord sur le fait que nous étions heureux qu'une reprise forte de l'économie mondiale soit à l'oeuvre dans un contexte de stabilité des prix.
Je crois que le G7 a joué un rôle, Jean-Claude Trichet en témoignera mieux que moi, depuis notamment sa réunion de septembre 19998. Après que l'économie mondiale ait été tirée par un seul moteur, le moteur américain, le moteur européen le deuxième moteur, s'est mis en marche, et après des exposés du gouverneur de la BCE, Wim Duisemberg, après le commentaire du ministre des Finances portugais, qui préside l'Union Européenne (UE), M. Pinamura, je crois que tout le monde est tombé d'accord que la zone Euro connaissait une véritable reprise, et que cela se faisait sans tension sur les prix.
Je dois dire, comme représentant de la France, que j'ai reçu des compliments sur la très bonne tenue de la croissance française. Il y a quelque temps que nous n'avions pas eu ce type de remarques et je crois que l'on peut, très modestement, en montrer quelques satisfactions.
En ce qui concerne le Japon, le diagnostic n'a pas fondamentalement changé depuis le mois de septembre : des signes de reprise sont en train de s'affirmer, mais il faut que la politique économique, et surtout la politique monétaire continuent à soutenir la croissance. Le gouverneur de la Banque du Japon a renouvelé, en la matière des engagements.
Un point que vous trouverez important dans le communiqué, c'est l'insistance sur les nouvelles technologies. Le chairman Greenspan nous a fait un exposé très remarquable sur l'apport des nouvelles technologies à la croissance américaine. Il nous montré que ces nouvelles technologies de l'information avait eu pour conséquence de relever la pente de productivité américaine, sans que cela se traduise par une montée du chômage. Je crois que tous les pays présents au G7 ont une commune volonté de mettre en oeuvre ces nouvelles technologies, comme une source de croissance additionnelle, comme une possibilité d'accroître le potentiel de croissance.
Sur les taux de changes, vous vous attendiez, pour certains d'entre vous, à des discussions qui auraient été sérieuses. Nous avons simplement parlé du yen avec les autorités japonaises et je crois que le communiqué reflète bien le sentiment que le niveau élevé du yen pourrait freiner la reprise en cours de l'économie japonaise et que les autorités japonaises, qui ont en la matière un souci partagé par les autres pays, vont continuer à agir en la matière pour donner à la reprise japonaise le maximum de chances.
En ce qui concerne l'architecture financière, ce G7 n'avait pas pour but de conclure, mais de travailler de telle façon que les réformes qui ont été engagées au sommet de Cologne puissent être menées à terme pour le sommet d'Okinawa. Le ministre Finances japonais, Kiichi Miyazawa, nous a semblé très engagé pour déboucher à Okinawa.
Je vous rappelle les principaux dossiers.
D'abord, construire un cadre opérationnel pour l'association du secteur privé à la résolution des crises, cadre opérationnel dans lequel le FMI sera appelé à jouer un rôle important. Il y a eu dans le passé des solutions au cas par cas, sur la Corée, sur le Pakistan, sur l'Ukraine, pour donner quelques exemples, et je crois que nous avons tous été d'accord, et moi j'y ai insisté, sur le fait que l'argent public ne devait pas servir à rembourser des prêteurs privés aventureux. Nous avons pris la résolution de conclure d'ici la réunion de printemps, à Washington, en avril et de rendre compte au conseil d'Okinawa.
Deuxième sujet, celui de la réglementation des hedge funds. Il ne s'agit évidemment pas d'empêcher des individus ou des institutions de prendre des risques, mais il s'agit, pour contribuer à la stabilité financière, de faire en sorte que ces fonds soient transparents. Nous attendons, d'ici le mois d'avril, les conclusions du Forum de stabilité financière. Tous les participants ont conscience de l'enjeu, et à partir des conclusions du forum de stabilité financière, nous pourrons déboucher sur des solutions concrètes.
Troisième sujet, celui des centres offshore. Nous souhaitons tous qu'ils ne contrarient pas la recherche collective de stabilité financière, et qu'ils appliquent, comme les autres, les normes prudentielles. C'est pourquoi nous faisons la différence entre les centres offshore coopératifs et les centres offshore non coopératifs. Je crois que, là encore, nous allons travailler sur la base des conclusions du Forum de stabilité financière qui rendra son rapport en mars, ou au mois d'avril.
Autre point relatif à l'architecture financière : Larry Summers a évoqué la réforme du FMI. Je crois qu'il y avait un accord d'ensemble pour dire qu'il fallait continuer à travailler sur ce thème et procéder à une évaluation des facilités de crédits du fond, mais disons que, pour moi en tous cas, il s'agissait d'ajustements, et pas de remise en cause fondamentale du rôle du FMI. En particulier, j'ai beaucoup insisté sur le fait que si nous voulons que des pays moins avancés deviennent des économies émergentes de marché, il était important que le FMI y joue un rôle continu et efficace.
Quatrième point, la lutte contre les pratiques abusives. C'est un sujet sur lequel Dominique Strauss-Khan avait été le premier, je crois, à demander une action résolue de la collectivité internationale contre un certain nombre de "flibustiers". J'ai pu constater aujourd'hui que cet objectif est maintenant partagé par tous les membres du G7 et que le travail sur ce point avance bien. Travail au sein du GAFI, que vous connaissez, sur l'identification des centres offshore qui facilitent le blanchiment, coopération aussi à l'OCDE sur les paradis fiscaux, coopération encore dans les organisations financières internationales sur des règles de bonne gouvernance. Là encore, l'objectif du G7 est de conclure d'ici Okinawa.
Dernier point ou peut-être avant dernier point que je veux présenter rapidement, c'est l'initiative pour l'allégement de la dette des pays pauvres très endettés. C'est moi qui ait introduit la discussion sur ce sujet en soulignant que les engagements qui avaient été pris à Cologne devaient déboucher sur des résultats concrets, qu'il y avait des points positifs et des points peut-être un peu plus préoccupants.
Un point positif est d'abord que le FMI a mis en place les financements nécessaires, notamment en incluant des ventes d'or.
Autre point positif, c'est le fait que l'UE a mis de l'argent de côté pour cette initiative, 680 millions d'euros, plus ce qui touche à ses propres créances, ce qui fait environ un milliards d'euros.
Troisième point positif, c'est le rôle du club de Paris qui a accepté d'aller jusqu'à 90 % des crédits.
Ce qui est moins positif, je le cite rapidement, c'est qu'actuellement, aucun pays endetté n'a atteint le point d'éligibilité, alors que l'engagement pris à Cologne prévoit que 75% des pays remplissent les conditions pour devenir éligibles d'ici la fin de l'an 2000.
Deuxième point moins positif, c'est le fait que certaines contributions bilatérales restent encore à finaliser.
Enfin, troisième point moins positif, c'est qu'un certain nombre de banques régionales sont encore à la recherche des financements nécessaires à leur propre contribution.
Je crois malgré tout que l'ensemble des participants ont considéré qu'il fallait aller activement de l'avant. J'ai annoncé, au nom de la France, que nous irions jusqu'à 100 % d'annulation des crédits commerciaux bilatéraux, crédits commerciaux qui sont ceux qui sont éligibles au traitement du Club de Paris. Cette annonce a été relevée, notamment par nos amis britanniques, nos amis américains et italiens. Je crois qu'il y a là une initiative française qui rejoint d'autres initiatives et qui va dans le sens de donner le maximum de chances de développement aux pays qui sont très pauvres et très endettés.
Le dernier point que je mentionnerai et j'arrêterai là cet exposé introductif, c'est que nous avons parlé de la Russie. Nous avons eu un échange d'information avec le ministre russe des finances, avec aussi le commissaire européen M. Pedro Solbes Mira, et nous avons décidé de nous retrouver après les élections présidentielles russes pour examiner au fond le problème de la convalescence russe.
Voilà ce que je souhaitais dire en introduction, le gouverneur va certainement compléter ce que j'ai dit.
Exposé introductif de Monsieur Trichet, Gouverneur de la Banque de France :
Très brièvement, je trouve que ce que le ministre des Finances vient de dire est très complet et évidemment très pertinent.
Pour ma part, je commenterai simplement ce qui a été dit sur l'économie européenne.
Elle est effectivement, tout le monde le sait, évidemment beaucoup plus dynamique que ce qui était encore le cas il y quelques mois et au sein de cette économie, l'économie française l'est à son tour. Nos propres prévisions proches -pour le trimestre qui vient de s'écouler et pour le premier trimestre de cette année- sont évidemment très encourageantes en ce qui concerne les indices propres de la Banque de France. C'est vrai de la zone euro dans son ensemble et je crois que c'est un élément qui est très important pour l'équilibre mondial.
Il est très important en particulier que cette croissance puisse être durable et donc qu'elle soit soutenable le plus longtemps possible dans les meilleures conditions possibles. C'est le sentiment, je crois, de l'ensemble des membres du conseil des gouverneurs de la BCE.
En ce qui concerne l'architecture financière internationale, j'ai trouvé, comme le ministre le disait il y a un instant, que la conversation avait été très bonne, très riche, très stimulante, avec des exposés qui portaient tous sur les sujets centraux.
Il m'a semblé que l'on a vraiment beaucoup de choses qui peuvent déboucher finalement relativement vite, lors de la réunion de printemps, avec des groupes de travail qui fonctionnent dans l'ensemble très activement sur les différents sujets qui ont été évoqués par le ministre.
Il y a un point sur lequel il faut qu'on soit très attentif me semble-t-il, c'est qu'il n'y ait pas de différence entre les groupe variés qui se concentrent sur ces sujets - le forum de stabilité financière, il y a le groupe des 20, il y a le FMI. Le sentiment, me semble-t-il, de l'ensemble du G7 est de veiller à ce que l'articulation soit parfaite entre ces différents groupes qui sont tous nécessaires d'ailleurs.
J'ai noté qu'il y a encore des petites nuances, des petites différences, comme le disait le ministre, sur le rôle du FMI, sur le point de savoir comment on peut améliorer les choses concernant les "hedges funds".
Il y encore aussi des nuances sur ce qu'il convient de préconiser aux pays émergents et aux pays du tiers-monde en général, sur le régime de changes notamment.
Tout cela demande à être creusé : je n'ai pas vu de désaccord, mais encore matière à creuser pour arriver à un consensus qui soit opérationnel et aussi utile que possible et j'ai noté, comme le disais le ministre il y a un instant, l'initiative française, je n'y insiste pas.
Le contact avec les russes a été certainement très utile aussi : il nous invite à continuer la réflexion très attentivement plutôt que de considérer que les choses sont parfaitement éclairées dès maintenant.
Questions réponses :
Q : Avez vous discuté aujourd'hui du choix du successeur de M. Camdessus à la tête du FMI? quelle est la position de la France ?
Réponse de Monsieur Sautter, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie :
Nous n'avons pas abordé durant la réunion du G7 la question de la succession de Michel Camdessus.
Nous nous sommes bornés à rendre un hommage collectif à Michel Camdessus qui, durant ces treize années de mandat a donné au FMI une nouvelle stature et une présence absolument vitale pour le traitement des crises qui se sont succédés. Donc, nous n'avons pas parlé du choix de son successeur.
Alors si vous me demandez ma position personnelle, je peux vous dire que je souhaite vivement que la tradition soit respectée.
Je crois qu'au Japon, en Europe, dans tous les pays, on respecte les traditions, et la tradition est que le directeur général du FMI est un européen, alors que le responsable de la Banque mondiale est un américain. Mon souhait est donc que Michel Camdessus qui est un homme de très très grande valeur, soit remplacé par un européen qui lui aussi soit de très très grande valeur. C'est le seul commentaire que je ferai.
Q : Etes vous inquiet concernant la chute possible de la bourse américaine? Concernant la succession de M. Camdessus, avez-vous l'intention de recommander un français à ce poste ?
Dans le corps de son très très bel exposé, le chairman Greenspan a expliqué que les nouvelles technologies provoquaient un accroissement de la rentabilité d'un certain nombre de secteurs qui tenaient une place de plus en plus importantes dans l'économie américaine et qui, je le souhaite, tiendront une place de plus en plus importante dans les économies européennes et aussi dans l'économie japonaise. Alan Greenspan expliquait, au moins partiellement, la montée de la bourse américaine par cette fameuse révolution digitale.
Voilà ce que je peux dire comme commentaire. Je n'ai pas personnellement d'inquiétude particulière sur ce sujet. Peut-être peut-il y avoir des corrections - les marchés financiers ne montent pas éternellement. Nous en avons eu une de 7% en France et en Europe au début de l'année et je crois que de telles corrections sont normales. Mais le trend est un trend ascendant, parce qu'il s'appuie non pas sur des spéculations, mais sur un phénomène réel qui est l'émergence de nouvelles industries, de nouvelles entreprises qui apportent un nouveau potentiel de croissance, un nouveau potentiel d'emplois, et aussi un nouveau potentiel de prospérité boursière.
En ce qui concerne la succession de M. Camdessus, j'ai dit tout ce que j'avais à dire. Il n'y a pas de candidat français officiel, donc je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit jusqu'à présent.
Q : M. le ministre, le communiqué insiste en ce qui concerne les Etats-Unis sur la nécessité d'un accroissement de l'épargne nationale. Est-ce que Larry Summers a explicité la manière dont ce résultat pourrait être atteint alors que le trend historique ne cesse de décliner et que l'on est arrivé maintenant à un taux d'épargne négatif.
R : Je ne sais pas si le taux d'épargne des ménages américains est négatif.
Ce qui est important, et je crois que c'est la preuve que le G7 fonctionne bien, c'est que ce point ait été mentionné dans le communiqué. Cela veut dire que chacun des pays du G7 a des réformes structurelles à opérer. Nous n'avons pas eu de détail particulier sur le moyen de renforcer l'épargne aux Etats Unis. Ce qui était clair dans l'exposé de M. Greenspan, c'est que la rentabilité réelle assez forte des nouvelles industries avait une tendance spontanée à attirer de l'épargne étrangère. Aura-t-elle tendance à sécréter de l'épargne américaine? C'est une question sur laquelle il faudra réfléchir et observer dans les années qui suivent.
Réponse de M. Trichet, Gouverneur de la Banque de France :
Ayant participé à beaucoup de G7, je suis moi même frappé par cette mention, qui prouve que en effet, il y a un diagnostic qui nous est tous commun et c'est un point qui, à l'évidence, demande à être corrigé. Chacun à son travail à faire chez lui et il y a là une question dont les 7 reconnaissent qu'elle constitue en effet un homework pour nos amis.
Q : Le communiqué commun n'a rien dit concernant le niveau de l'euro. Pensez vous que ce niveau soit satisfaisant?
R : Le communiqué n'a rien dit sur l'euro, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à dire. Il n'y a rien à signaler de particulier.
Ce que le communiqué mentionne, c'est l'existence d'une reprise assez forte de l'économie européenne, et la nécessité, je vais y revenir, de mener des politiques macro-économiques et structurelles adaptées : je crois que c'est la seule mention, ce qui montre que les fondamentaux de l'euro sont bons et qu'il n'y a donc pas à parler davantage de l'euro.
Mais vous me donnez l'occasion de préciser un point sur lequel M. Pinamura, le ministre portugais a insisté à juste titre, c'est la relation entre les politiques économiques d'ensemble et les politiques structurelles. M. Pinamura, je dois dire au nom des européens, a développé le raisonnement suivant : la croissance retrouvée de l'Europe est le bon moment pour engager un certain nombre de réformes structurelles, notamment dans les domaines de l'innovation, du soutien à la création d'entreprises, du capital risque, dans le domaine de la formation aussi, pour avoir les techniciens, les ingénieurs, les chercheurs qui sont nécessaires dans les nouvelles activités.
M. Pinamura a beaucoup insisté sur ce lien : la politique macro-économique conduit à la croissance, et la croissance favorise les réformes structurelles. En retour, le ministre a insisté sur le fait que les réformes structurelles peuvent soutenir la croissance et accroître le potentiel de croissance.
Il est clair que si les pays européens, et c'est la politique que la France est en train de mener actuellement et elle n'est pas la seule, si les pays européens renforcent leur potentiel dans le domaine technologique, dans le domaine de la création de nouvelles entreprises, dans les nouveaux secteurs des technologies de l'information et des biotechnologies, si la France et les pays européens accentuent l'effort de formation pour que ceux qui n'ont pas d'emploi accèdent à l'emploi et pour que ceux qui ont un emploi puissent accéder à des qualifications plus fortes, tout ceci doit relever le potentiel de croissance.
De ce point de vue là, la démonstration de M. Greenspan était convaincante : si l'on mène ces politiques structurelles, on peut avoir plus d'emplois et donc aller plus vite vers cet objectif de retour au plein emploi que certains pays européens ont déjà atteint et que la France vise, avec beaucoup de volonté, d'ici la fin de cette décennie.
Q : Le communiqué ne fait pas état de la politique monétaire dans la zone euro. Peut-être M. Duisemberg en a-t-il parlé?
R :M. Duisemberg a fait un exposé très clair, premièrement sur la reprise européenne, je ne vais pas y revenir, sur le fait que cette reprise européenne se fait sans tension inflationniste -même si nous avons dû intégrer dans les prix la hausse du prix du pétrole.
Le président Duisemberg a insité sur le fait qu'il fallait continuer avec le policy-mix que nous avons pratiqué depuis quelques temps, c'est à dire des politiques sérieuses dans le domaine des finances publiques d'un côté - réduction des déficits, progression des dépenses nettement inférieure à la progression du PIB, allégements d'impôt, c'est la philosophie des perspectives pluriannuelles que la France va transmettre la semaine prochaine à ses partenaires de l'euro et au gouverneur de la BCE.
Il beaucoup insisté sur la nécessité de poursuivre des politiques strictes dans le domaine des finances publiques, et en même temps d'avoir une politique monétaire qui veille à la stabilité des prix - qui n'est pas en cause en Europe actuellement - et qui veille aussi à soutenir, dans la mesure du possible, la croissance. Vous savez que nous avons en Europe des taux d'intérêts qui sont exceptionnellement bas et donc propices à soutenir aussi bien l'investissement des entreprises que l'investissement en logement des ménages, bref, à soutenir la croissance économique.
Réponse de M. Trichet :
Nous avons une politique monétaire qui a été résumée lors de la conférence de presse qu'a donnée Wim Duisemberg il y a maintenant à peu près quinze jours et qui reposait sur les deux mots clefs de confiance et de vigilance.
Vous savez que tous les mois, le conseil des gouverneurs de la BCE et de l'euro-système donne son diagnostic : il y a donc une très grande transparence et une transparence en temps réel.
Depuis lors, le diagnostic n'a pas changé : nous restons confiants et vigilants. Comme le disait le ministre, il est très important de voir que les taux d'intérêts à long terme dans la zone euro sont à 100, 110, 120 points de base en dessous du taux à long terme du dollar des Etats Unis, ce qui veut dire que la politique monétaire que nous menons est considéré comme crédible -je pense parce que tout le monde sait que nous sommes vigilants - par les marchés, les investisseurs, les épargnants. Ils prévoient que dans le long terme, sur 10 ans, nous méritons -parce que les épargnants ont conscience qu'ils font conserver la valeur de leurs investissements - d'avoir des taux d'intérêt de long terme qui sont substantiellement en dessous des taux de long terme des Etats Unis. C'est cette crédibilité, cette solidité, cette confiance dans la monnaie, que nous entendons tous préserver dans le cadre du conseil des gouverneurs. Je dois dire que nous avons, de ce point de vue là, un très très fort consensus.
Q : Le communiqué mentionne que les Etats Unis doivent mener une politique monétaire prudente. Comment faut-il interpréter ce message de prudence?
R : Je pense qu'il faudrait poser la question à M. Greenspan.
M. Greenspan nous a expliqué que la demande américaine progressait à un rythme rapide, parfois même plus rapide que l'offre des nouveaux biens et des nouveaux services américains. Il est donc logique que la politique américaine soit prudente.
D'ailleurs, je n'ai jamais connu de politique monétaire imprudente; je crois qu'il y a là une sorte de tautologie.
M. Trichet :
Je ne crois pas qu'il y ait un scoop : c'est le meilleur résumé que l'on puisse donner de la posture actuelle de la FED.
Q : Avez vous abordé le sujet de la lutte contre le blanchiment d'argent issu du crime organisé?
R : Oui tout à fait. Nous avons tous insisté sur le fait qu'il ne devait pas y avoir de contrebandier, c'est à dire que la lutte contre le blanchiment de l'argent devait être poursuivi très, très activement. Je crois que c'est un des points de consensus - il y en a beaucoup - du G7 et je pense que nous pourrons arriver à des conclusions très concrètes à Okinawa.
J'y ai fait allusion tout à l'heure en parlant des flibustiers de la finance internationale, et j'ai rappelé que le GAFI est en train d'identifier des centres offshore qui sont utilisés par ceux qui veulent blanchir de l'argent criminel. Il y a là un sujet sur lequel nous sommes vraiment décidé à avancer.
Les propositions concrètes sont entrain d'être élaborées par des groupes de travail. Nous pourrons je pense nous saisir des résultats de ces groupes de travail rapidement en temps utiles pour arriver à des solutions concrètes au sommet de Okinawa. C'est un sujet important sur lequel il y a unanimité pour déboucher sur des décisions pratiques.
Q : Concernant l'annulation des crédits commerciaux à 100%, cela représente quel genre de montant?
R : Il s'agit des crédits commerciaux qui ont été traités par le Club de Paris. Ce serait une somme de l'ordre de sept milliards de francs en plus de l'engagement qui a déjà été pris.
C'est un effort très substantiel de la part de la France, mais vous savez que nous avons une attention particulière à destination des pays pauvres en général et des pays pauvres et très endettés d'Afrique en particulier.
Q : Concernant le président du FMI, à combien évaluez vous le pourcentage de chances que ce soit un européen?
R : Je ne veux pas faire plus de commentaires. Ma conviction est que sur la ligne d'arrivée, il y aura un excellent européen. C'est tout ce que je peux dire aujourd'hui. Nous avons encore le temps d'y travailler collectivement, donc je n'en dirai pas plus ce soir.
Merci beaucoup d'être venu si nombreux. Vous pourrez ainsi, je l'espère, refléter un G7 consensuel et positif.
Merci.
(source http://www.finances.gouv.fr, le 27 janvier 2000)