Texte intégral
Q - Le moteur franco-allemand, qui multipliait les ratés il y a deux ans, semble bien reparti. Comment expliquez-vous le changement d'atmosphère ?
R - De part et d'autre, nous avons pris conscience de la nécessité que, pour que l'Europe fonctionne, il fallait reprendre le fil de la coopération, qui était tendu mais n'a jamais été rompu. Les deux pays se sont rapprochés à l'occasion du Sommet européen de Copenhague, en décembre 2002, où il fallait finaliser les négociations d'élargissement et prendre position sur la candidature de la Turquie. Les rencontres régulières au sommet entre le chancelier fédéral et le président de la République, intensifiées à partir de janvier 2001, avaient préparé le terrain en aidant à produire des compromis.
Q - Vous avez été nommée secrétaire générale de la coopération franco-allemande. Le poste est nouveau, à quoi sert-il ?
R - Le moteur franco-allemand doit passer à la vitesse supérieure, car, avec l'élargissement, l'Europe est en train de vivre sa plus profonde mutation depuis un demi-siècle. Pour cela, les deux pays doivent institutionnaliser encore davantage leur relation. Le fait d'avoir des rendez-vous obligés, de créer des institutions, des lieux de rencontre, nous oblige à oeuvrer ensemble. Les deux secrétaires généraux, de part et d'autre, coordonnent cette relation, qui intéresse les compétences de tous les ministères. C'est un poste différent des coordinateurs qui existaient auparavant Sa création va de pair avec celle d'une institution nouvelle, le Conseil des ministres franco-allemand.
Q - Le couple franco-allemand a-t-il encore un sens dans une Europe à 25 ?
R - Il restera essentiel car c'est un couple opérationnel. Depuis un an, l'Europe a pu avancer, grâce à des propositions franco-allemandes, dans à peu près tous les domaines, par exemple la rédaction d'un projet de Constitution, les négociations d'élargissement ou la réforme de la politique agricole commune. Si cela ne va pas entre la France et l'Allemagne, ça bloque la machine européenne. Les deux pays doivent absolument s'entendre, même s'ils ont, au départ, des sensibilités différentes. Le couple franco-allemand est un élément de stabilisation de l'Europe. C'est aussi une force d'entraînement et de proposition. Mais c'est un couple qui n'exerce aucun directoire. Nos propositions s'adressent aux autres, elles peuvent même être formulées avec d'autres. La mission principale du couple, c'est d'aider à la réussite d'une Europe unifiée à l'échelle du continent
Q - Que peut-on attendre de ce Conseil des ministres commun ?
R - J'en attends qu'il se positionne bien comme un organe de dialogue politique et de prise de position, non pas pour mettre nos partenaires européens au pied du mur mais pour contribuer au débat. Le sujet principal aujourd'hui sera la relance de la croissance et l'amélioration de la compétitivité. Ce sujet s'inscrit dans les priorités de la présidence italienne de l'Union.
Q - Français et Allemands donnent le mauvais exemple en prenant leurs distances avec le pacte de stabilité
R - On ne peut pas dire que nous ne le respectons pas. Pour aider nos deux grandes économies à repartir, nous avons besoin de réformes structurelles. C'est ce que nous faisons avec la réforme des retraites, le plan santé, la réforme de l'Etat, la décentralisation. Nos deux pays sont dans la même problématique, qui s'inscrit dans l'idée du pacte de stabilité et de croissance : d'une part, ne pas hypothéquer les finances publiques et, d'autre part, favoriser la croissance, car sans croissance il n'y a pas d'emploi.
Q - La France et l'Allemagne peuvent-elles constituer l'avant-garde d'une Europe de la défense sans les Britanniques ?
R - Nous réfléchissons à une Europe de la défense plus intégrée. C'est un débat de fond qui se poursuit au quotidien avec les Allemands, mais aussi avec les Britanniques ou avec d'autres. La convention sur l'avenir de l'Europe nous a permis de faire des progrès importants, grâce aux propositions franco-allemandes. Dans le texte du projet de Constitution, il y a une clause de solidarité et un accent mis sur l'augmentation des capacités militaires, avec la création d'une agence de l'armement.
Q - Sur le plan bilatéral, allez-vous lancer des projets symboliques ?
R - Nous allons annoncer, prochainement, la constitution d'un comité de rédaction d'un livre d'histoire commun aux deux pays, pour les élèves de 12 à 14 ans. Le livre servira aux cours dans les écoles. Ce sera une première. Nous voulons, d'autre part, une coopération transfrontalière de plus en plus intégrée, en développant les eurodistricts qui pourraient être dotés d'assemblées délibérantes, pas seulement consultatives. Enfin, nous voulons relancer l'idée d'ambassades ou de consulats franco-allemands. En termes d'efficacité et de visibilité sur le terrain, ce serait très important
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2003)
R - De part et d'autre, nous avons pris conscience de la nécessité que, pour que l'Europe fonctionne, il fallait reprendre le fil de la coopération, qui était tendu mais n'a jamais été rompu. Les deux pays se sont rapprochés à l'occasion du Sommet européen de Copenhague, en décembre 2002, où il fallait finaliser les négociations d'élargissement et prendre position sur la candidature de la Turquie. Les rencontres régulières au sommet entre le chancelier fédéral et le président de la République, intensifiées à partir de janvier 2001, avaient préparé le terrain en aidant à produire des compromis.
Q - Vous avez été nommée secrétaire générale de la coopération franco-allemande. Le poste est nouveau, à quoi sert-il ?
R - Le moteur franco-allemand doit passer à la vitesse supérieure, car, avec l'élargissement, l'Europe est en train de vivre sa plus profonde mutation depuis un demi-siècle. Pour cela, les deux pays doivent institutionnaliser encore davantage leur relation. Le fait d'avoir des rendez-vous obligés, de créer des institutions, des lieux de rencontre, nous oblige à oeuvrer ensemble. Les deux secrétaires généraux, de part et d'autre, coordonnent cette relation, qui intéresse les compétences de tous les ministères. C'est un poste différent des coordinateurs qui existaient auparavant Sa création va de pair avec celle d'une institution nouvelle, le Conseil des ministres franco-allemand.
Q - Le couple franco-allemand a-t-il encore un sens dans une Europe à 25 ?
R - Il restera essentiel car c'est un couple opérationnel. Depuis un an, l'Europe a pu avancer, grâce à des propositions franco-allemandes, dans à peu près tous les domaines, par exemple la rédaction d'un projet de Constitution, les négociations d'élargissement ou la réforme de la politique agricole commune. Si cela ne va pas entre la France et l'Allemagne, ça bloque la machine européenne. Les deux pays doivent absolument s'entendre, même s'ils ont, au départ, des sensibilités différentes. Le couple franco-allemand est un élément de stabilisation de l'Europe. C'est aussi une force d'entraînement et de proposition. Mais c'est un couple qui n'exerce aucun directoire. Nos propositions s'adressent aux autres, elles peuvent même être formulées avec d'autres. La mission principale du couple, c'est d'aider à la réussite d'une Europe unifiée à l'échelle du continent
Q - Que peut-on attendre de ce Conseil des ministres commun ?
R - J'en attends qu'il se positionne bien comme un organe de dialogue politique et de prise de position, non pas pour mettre nos partenaires européens au pied du mur mais pour contribuer au débat. Le sujet principal aujourd'hui sera la relance de la croissance et l'amélioration de la compétitivité. Ce sujet s'inscrit dans les priorités de la présidence italienne de l'Union.
Q - Français et Allemands donnent le mauvais exemple en prenant leurs distances avec le pacte de stabilité
R - On ne peut pas dire que nous ne le respectons pas. Pour aider nos deux grandes économies à repartir, nous avons besoin de réformes structurelles. C'est ce que nous faisons avec la réforme des retraites, le plan santé, la réforme de l'Etat, la décentralisation. Nos deux pays sont dans la même problématique, qui s'inscrit dans l'idée du pacte de stabilité et de croissance : d'une part, ne pas hypothéquer les finances publiques et, d'autre part, favoriser la croissance, car sans croissance il n'y a pas d'emploi.
Q - La France et l'Allemagne peuvent-elles constituer l'avant-garde d'une Europe de la défense sans les Britanniques ?
R - Nous réfléchissons à une Europe de la défense plus intégrée. C'est un débat de fond qui se poursuit au quotidien avec les Allemands, mais aussi avec les Britanniques ou avec d'autres. La convention sur l'avenir de l'Europe nous a permis de faire des progrès importants, grâce aux propositions franco-allemandes. Dans le texte du projet de Constitution, il y a une clause de solidarité et un accent mis sur l'augmentation des capacités militaires, avec la création d'une agence de l'armement.
Q - Sur le plan bilatéral, allez-vous lancer des projets symboliques ?
R - Nous allons annoncer, prochainement, la constitution d'un comité de rédaction d'un livre d'histoire commun aux deux pays, pour les élèves de 12 à 14 ans. Le livre servira aux cours dans les écoles. Ce sera une première. Nous voulons, d'autre part, une coopération transfrontalière de plus en plus intégrée, en développant les eurodistricts qui pourraient être dotés d'assemblées délibérantes, pas seulement consultatives. Enfin, nous voulons relancer l'idée d'ambassades ou de consulats franco-allemands. En termes d'efficacité et de visibilité sur le terrain, ce serait très important
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2003)