Texte intégral
Pour l'élargissement, nous avons 10 sur 10
Q - La Lettonie vient de voter son entrée dans l'Union européenne. C'était le dernier des référendums d'adhésion. Cela veut-il dire que tout est réglé en ce qui concerne l'élargissement ?
R - Cela veut dire que l'on a 10 sur 10. Tous les candidats ont confirmé leur volonté de poursuivre leurs efforts pour adhérer au 1er mai 2004. Une étape décisive est franchie. C'était la troisième. Il y a eu d'abord la fin des négociations, puis la cérémonie d'Athènes, où les dix pays candidats ont signé le traité d'adhésion, qui fut un moment émouvant. Cette troisième étape était essentielle, car elle a confirmé qu'il existe chez les nouveaux adhérents une base populaire en faveur de l'élargissement. Il reste encore une formalité juridique : c'est la ratification, par les quinze Etats membres, du traité consacrant l'élargissement. Partout, c'est la voie parlementaire qui a été choisie. Le vote a déjà eu lieu au Danemark et en Allemagne. Chez nous, le Parlement discutera le projet de loi autorisant la ratification en novembre, et tout devrait être bouclé à la fin 2003.
Q - Mais ces pays sont-ils prêts à intégrer l'Union ?
R - L'unification du continent européen ne se fera pas en un jour. Mais le processus se passe bien. Il faut se rendre compte que ces pays ont vécu une double transition, à la fois politique et économique. Ils ont dû absorber plus de 80 000 pages de directives et de règlements qui forment l'acquis communautaire. Aurait-il fallu prévoir un délai plus long ? Je ne le crois, car l'adaptation de ces pays a pu se faire avec un soutien des populations, malgré les souffrances nouvelles : ainsi, la Lettonie a aujourd'hui 13 % de chômeurs. Pour supporter cela, il fallait la perspective d'une adhésion rapide. Cela fait quatorze ans que le mur de Berlin est tombé. Vous ne pensez pas que c'est assez long ?
Q - Et la France, est-elle prête pour l'élargissement ?
R - En termes économiques, l'élargissement est une opération gagnante pour nous. Dès l'année prochaine, le marché intérieur de l'Union va passer de 380 à 450 millions de consommateurs. De plus, le rattrapage de ces pays est une pompe aspirante. La Lettonie, par exemple, connaît un taux de croissance moyen de 5,6 % sur les cinq dernières années. Or, on sait que tirer la croissance de ces pays vers le haut est une bonne chose, car cela nous ouvre de nouveaux marché et crée des occasions d'échanges commerciaux.
Q - Pourtant, on entend surtout des inquiétudes s'exprimer en France à propos de l'élargissement. Et le gouvernement s'exprime peu sur le sujet. Alors, êtes-vous "euroenthousiaste" ?
R - Il ne se passe pas une semaine sans que je participe à une rencontre en France où l'on parle d'Europe. Sur le terrain, il existe une grande effervescence. Les jumelages se multiplient. Et cependant, on a l'impression que la France se montre inquiète devant cette ouverture nouvelle. Mais cette inquiétude renvoie davantage à nos propres difficultés économiques qu'aux conséquences réelles de l'élargissement. De plus, il faut rappeler qu'il existe beaucoup de clauses de sauvegarde. L'une d'entre elles bloque pour sept ans l'accès au marché du travail français pour les ressortissants de ces pays.
Q - L'impact des déclarations de Jacques Chirac à propos de l'Irak s'est-il déjà atténué ?
R - En Europe, tous les chefs d'Etat s'expriment. C'est ce qui fait le sel de l'institution. L'expression est parfois ferme, lorsque les sujets sont graves. C'est un type de relation qui peut paraître rude, mais qui est un peu le secret de l'Union européenne. Voyez ce qui se dit actuellement sur la Convention. Les critiques pleuvent contre les pays fondateurs. Mais c'est ainsi. Lorsque chacun s'est exprimé, nous nous mettons autour d'une table et nous négocions./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2003)
Q - La Lettonie vient de voter son entrée dans l'Union européenne. C'était le dernier des référendums d'adhésion. Cela veut-il dire que tout est réglé en ce qui concerne l'élargissement ?
R - Cela veut dire que l'on a 10 sur 10. Tous les candidats ont confirmé leur volonté de poursuivre leurs efforts pour adhérer au 1er mai 2004. Une étape décisive est franchie. C'était la troisième. Il y a eu d'abord la fin des négociations, puis la cérémonie d'Athènes, où les dix pays candidats ont signé le traité d'adhésion, qui fut un moment émouvant. Cette troisième étape était essentielle, car elle a confirmé qu'il existe chez les nouveaux adhérents une base populaire en faveur de l'élargissement. Il reste encore une formalité juridique : c'est la ratification, par les quinze Etats membres, du traité consacrant l'élargissement. Partout, c'est la voie parlementaire qui a été choisie. Le vote a déjà eu lieu au Danemark et en Allemagne. Chez nous, le Parlement discutera le projet de loi autorisant la ratification en novembre, et tout devrait être bouclé à la fin 2003.
Q - Mais ces pays sont-ils prêts à intégrer l'Union ?
R - L'unification du continent européen ne se fera pas en un jour. Mais le processus se passe bien. Il faut se rendre compte que ces pays ont vécu une double transition, à la fois politique et économique. Ils ont dû absorber plus de 80 000 pages de directives et de règlements qui forment l'acquis communautaire. Aurait-il fallu prévoir un délai plus long ? Je ne le crois, car l'adaptation de ces pays a pu se faire avec un soutien des populations, malgré les souffrances nouvelles : ainsi, la Lettonie a aujourd'hui 13 % de chômeurs. Pour supporter cela, il fallait la perspective d'une adhésion rapide. Cela fait quatorze ans que le mur de Berlin est tombé. Vous ne pensez pas que c'est assez long ?
Q - Et la France, est-elle prête pour l'élargissement ?
R - En termes économiques, l'élargissement est une opération gagnante pour nous. Dès l'année prochaine, le marché intérieur de l'Union va passer de 380 à 450 millions de consommateurs. De plus, le rattrapage de ces pays est une pompe aspirante. La Lettonie, par exemple, connaît un taux de croissance moyen de 5,6 % sur les cinq dernières années. Or, on sait que tirer la croissance de ces pays vers le haut est une bonne chose, car cela nous ouvre de nouveaux marché et crée des occasions d'échanges commerciaux.
Q - Pourtant, on entend surtout des inquiétudes s'exprimer en France à propos de l'élargissement. Et le gouvernement s'exprime peu sur le sujet. Alors, êtes-vous "euroenthousiaste" ?
R - Il ne se passe pas une semaine sans que je participe à une rencontre en France où l'on parle d'Europe. Sur le terrain, il existe une grande effervescence. Les jumelages se multiplient. Et cependant, on a l'impression que la France se montre inquiète devant cette ouverture nouvelle. Mais cette inquiétude renvoie davantage à nos propres difficultés économiques qu'aux conséquences réelles de l'élargissement. De plus, il faut rappeler qu'il existe beaucoup de clauses de sauvegarde. L'une d'entre elles bloque pour sept ans l'accès au marché du travail français pour les ressortissants de ces pays.
Q - L'impact des déclarations de Jacques Chirac à propos de l'Irak s'est-il déjà atténué ?
R - En Europe, tous les chefs d'Etat s'expriment. C'est ce qui fait le sel de l'institution. L'expression est parfois ferme, lorsque les sujets sont graves. C'est un type de relation qui peut paraître rude, mais qui est un peu le secret de l'Union européenne. Voyez ce qui se dit actuellement sur la Convention. Les critiques pleuvent contre les pays fondateurs. Mais c'est ainsi. Lorsque chacun s'est exprimé, nous nous mettons autour d'une table et nous négocions./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2003)