Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur l'évoution du rôle des conseillers du commerce extérieur et sur la nécessité de renforcer les capacités d'exportation des entreprises françaises notamment par l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication Paris, le 12 juillet 2000.

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Circonstance : 102ème assemblée générale du Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France à Paris, le 12 juillet 2000

Texte intégral

Monsieur le Ministre et Président,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de participer aujourd'hui à cette 102ème assemblée générale de l'Association des Conseillers du Commerce Extérieur de la France.
Les Assemblées Générales, que ce soit pour les Ministres qui les clôturent ou pour les Présidents qui les animent, ont toujours une double vocation : dresser le bilan de l'année précédente et présenter les objectifs pour le futur exercice et plus largement dessiner l'horizon pour l'avenir.
Monsieur le Président, il s'agit pour vous de votre première Assemblée Générale des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, je me trouve en conséquence dans la même situation que vous, ayant pris mes fonctions il y a bientôt un an. Le sentiment qui est le mien sur cette institution plus que centenaire, mais jeune dans son état d'esprit, est riche et divers, je sais que vous le partagez en grande partie, nous nous en sommes ouverts à plusieurs reprises.
Elle a toujours su faire face aux besoins et aux péripéties de l'histoire.
En 1898, ainsi que la définissait sont premier Président, Louis HENRIQUE-DULUC, "l'institution des Conseillers du Commerce Extérieur est l'enfant naturel de la politique de la France qui cherche outre-mer, des moyens de se relever des grandes blessures de la guerre de 1870 et reconquérir sa juste place dans le monde" .
Tout au long de notre histoire et de ses vicissitudes, l'institution a tissé sa toile et noué des alliances.
Cent ans plus tard, en 2000, aube du XXIème siècle, le profond bouleversement engendré par la révolution des nouvelles technologies de l'information et de la communication rend, le marché des échanges de biens, de services et de capitaux, planétaire. Si l'enjeu majeur de la France est aujourd'hui l'insertion de ses entreprises dans l'espace globalisé et la mise en place d'un cadre réglementaire équilibré au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce, il est également, de toute évidence, le champ d'intervention sur lequel doit se pencher prioritairement votre maison.
En effet, de tous temps, de toutes époques, elle a su épouser les courbes des changements de société, coller aux besoins de l'économie française, elle a su s'adapter, se transformer pour répondre aux nouveaux défis qui s'ouvraient devant elle, qui s'ouvraient devant le Commerce Extérieur de la France. Est-ce étonnant, tant il est vrai, que la problématique du réseau des Conseillers est consubstantielle de celle du Commerce Extérieur, tant il est vrai que la vie de l'institution est maillée de grands serviteurs de l'Etat, qu'ils viennent des services de l'Etat, anciens Ministres, Parlementaires, hauts fonctionnaires, grands corps constitués, qu'ils soient issus du secteur privé, du monde des grandes entreprises ou des PME, des élites, des filières industrielles ou des corps intermédiaires. Au delà de vos compétences et de votre dévouement, votre nomination, par décret du Premier Ministre, confère à votre mission une dimension d'utilité publique incontestable.
Je tiens à adresser mes sincères félicitations à tous ceux qui, depuis plus d'un siècle, oeuvrent avec talent, efficacité, opiniâtreté et il en faut souvent, au rayonnement économique et commercial de la France dans le monde.
A l'image du Sénateur, Xavier de VILLEPIN, Conseiller du Commerce Extérieur depuis 1962, ou de vos illustres prédécesseurs, Monsieur le Président, de Paul DELOUVRIER à Max FLECHET, en passant par Paulette PHALIPPOU, la première femme présidente dans un milieu encore trop réservé aux hommes, on entre dans l'institution un peu comme on entre en religion, avec la foi et l'abnégation comme sources d'énergie.
S'agissant de la préparation de l'avenir, les six mois que vous venez de passer, Monsieur le Président, sur le terrain, et j'en profite pour vous féliciter pour votre brillante élection, vous ont permis de prendre le pouls des forces et faiblesses des éléments structurants du dispositif du Commerce Extérieur, au premier rang desquels, le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur. Ces six mois passés à écouter, comprendre et mettre en perspective les préoccupations des femmes et des hommes de ce réseau, montrent combien cette institution, en perpétuelle adaptation, se doit de poursuivre son mouvement de transformations dont vous venez de dresser les grandes lignes directrices. Vos prédécesseurs avaient mené à leur époque leurs réformes, je ne doute pas que vous conduirez les vôtres.
En tout état de cause, sachez que vous avez toute ma confiance pour mener à bien ce grand chantier.
Restent les priorités, comme je l'indiquais au début de mon intervention, du Commerce Extérieur que nous avons en premier lieu à définir puis à couvrir, ensemble, dans un véritable partenariat. Pour ma part, après une année d'exercice de mes responsabilités à Bercy, permettez moi de vous faire part de quelques unes de mes réflexions sur le sens du Commerce Extérieur en général. A l'heure du grand marché mondial, plusieurs champs de réflexion m'apparaissent stratégiques pour répondre à notre objectif commun, mieux insérer nos entreprises dans les réseaux de l'économie globalisée : leur offrir un plus grand accès aux réseaux d'informations, de financements, de formation, aux structures de décision.
Aussi, ai-je décidé d'organiser au printemps prochain, des Assises du Commerce Extérieur, pour répondre à ces trois questions essentielles : construire un environnement commercial international ouvert et équilibré, répondre aux attentes des grands groupes français et notamment en matière de grands contrats et d'analyses économiques fines, enfin, construire un réseau mondial de PME. Sur ce dernier thème, la politique du Commerce Extérieur que j'ai initiée en région, avec notamment la création d'Ateliers Techniques Régionaux, devrait y contribuer.
Vous serez bien évidemment associés à cette dynamique de réflexion car, qui mieux que les Conseillers du Commerce Extérieur, peuvent venir en appui de la DREE pour participer à ce nouveau challenge. Vous êtes des capteurs directement à la source de l'information, des transmetteurs en contact permanent avec les milieux d'influence, vous êtes également des opérateurs d'activités économiques à travers vos entreprises, en bref, vous êtes au cur des relations économiques et commerciales extérieures de la France, dans une France qui va bien, une France qui avance, qui réussit.
Jamais les indicateurs de l'économie française n'ont été aussi favorables. Les voyants des fondamentaux sont tous au vert. La croissance française, tirée par la nouvelle économie et la consommation des ménages, plus optimistes que jamais, devrait, selon l'OCDE, atteindre 3,7 % en 2000 puis 2,9 % en 2001. Le taux de chômage devrait descendre en dessous de la barre des 9 % en 2001, une embellie remarquable qui, associée à la baisse de la pression fiscale préparée par Laurent Fabius, le Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, devrait renforcer le pouvoir d'achat des français et soutenir la croissance.
Ces mesures dynamisantes, auxquelles s'ajoutent les dispositifs présentés par le Premier Ministre, notamment en faveur de la création d'entreprises et, il y a quarante huit heures, à l'occasion du Comité Interministériel pour la Société de l'Information, au profit du développement d'Internet et des NTIC, sont autant d'éléments moteurs d'une activité florissante pour nos PME-PMI, dans les secteurs des services ou plus traditionnels de l'industrie. Un grand quotidien national titrait dernièrement " l'industrie française est dans une forme exceptionnelle ! ". Selon une enquête de la BDPME, réalisée auprès d'un échantillon de 1000 entreprises, les PME exportatrices ont un rythme de croissance une fois et demi plus élevé que les autres. Très optimistes, elles prévoient une hausse de leurs ventes de près de 9 % en 2000, de 8,7 % pour celles produisant des biens durables et de 11 %, en moyenne, pour les prestataires de services. Plus significatif encore, à 81 %, elles s'estiment satisfaites de leur rentabilité.
L'inflation, qui dans ce contexte quasi euphorique peut devenir mécanique, est jugulée par la compétition au sein du marché communautaire qui impose une maîtrise des coûts de production et limite les risques inflationnistes. Cette bonne orientation de l'économie française et de toute la zone Euro doit être l'occasion de conforter, par l'investissement, la formidable capacité d'innovation de nos entreprises, au service de la croissance et de l'emploi. Ce n'est pas le fait du hasard si ce thème est l'une des priorités de la Présidence française de l'Union européenne.
Je voudrais compléter mes propos sur la question fondamentale de l'innovation, véritable valeur ajoutée des entreprises européennes face à la concurrence des Pays en voie de développement et des économies émergentes. Les NTIC ont participé à accélérer la transformation des process industriels, à redéfinir les échanges intra firmes. Un produit parcourt souvent virtuellement, avant d'être conçu, manufacturé, assemblé, désigné, puis commercialisé, plusieurs fois le tour de la terre. Longtemps, nous nous sommes accrochés au " made in France ", le temps est venu, je crois, de viser le " think in France ", c'est à dire le maintien en France des centres de réflexions et de décisions. Il s'agit d'un enjeu capital. C'est tout le sens du rapport, très utile, et dont je vous remercie, que vous avez élaboré sur la filière textile, rapport auquel je souscris car il pose le problème complexe du commerce multilatéral. J'ai participé récemment à la signature d'un accord entre les fédérations française et italienne de la couture, du prêt-à-porter et des créateurs de mode, un secteur où la France excelle. L'objectif visé est une meilleure promotion de nos produits, assortie d'une lutte renforcée contre la contrefaçon, y compris à l'échelle communautaire. La contre partie en effet à l'ouverture de nos frontières aux PVD, où les coûts de main d'uvre sont plus faibles, est la protection accrue de la propriété intellectuelle et industrielle. Mon collègue, Christian Pierret, Secrétaire d'Etat à l'Industrie est très imprégné de cette nécessité, je sais qu'il est notre plus fervent relais au sein du Conseil Industrie de l'Union européenne.
Je conclurai en vous disant que l'avenir du Commerce Extérieur est indissociable de votre devenir. Votre rôle est éminemment important à toutes les étapes du processus d'internationalisation d'une entreprise, en France, en liaison avec les DRCE, dans chacune des zones du monde, en prolongeant l'action de nos postes. Ceci est encore plus vrai en période de forte activité du marché intérieur, où il faut convaincre d'aller au delà de nos frontières pour trouver de nouveaux eldorados.
Bien que dotée d'une mission d'intérêt général, votre indépendance donne de la force à votre jugement, elle en est d'autant plus nécessaire. A la phrase de Beaumarchais, Monsieur le Président, à laquelle vous faisiez allusion et je le répète, à laquelle j'adhère pleinement, j'ajouterai simplement que l'indépendance trouve sa force dans l'unité, chère à Aristote. L'économie mondiale est en effet une pièce en trois actes, unités des acteurs, des règles et des espaces.
Le partenariat, ainsi que vous l'avez placé, est la forme la plus appropriée des relations entre votre institution et les pouvoirs publics, pour poursuivre la grande aventure du commerce international, où la cohérence, et j'ajouterai au texte de Balzac l'efficacité, donnent à nos vouloirs cette unité sans laquelle nos forces se dépenseraient inutilement.
Je vous remercie.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 17 juillet 2000)