Texte intégral
Chers amis,
Je souhaite tout d'abord remercier le groupe " Moniteur " d'avoir engagé ces premiers rendez-vous de la maîtrise d'oeuvre. Pendant trois jours, ils vont vous permettre, professionnels de l'architecture, de l'ingénierie et des techniques de la construction de vous retrouver, d'échanger, de confronter vos points de vue, de partager vos convictions.
Vous êtes tous, que vous soyez architecte, urbaniste, ingénieur, économiste ou géomètre, des acteurs essentiels de la qualité de notre environnement urbain et bâti.
Je suis particulièrement donc particulièrement sensible au fait que vous soyez tous réunis aujourd'hui, démontrant ainsi votre volonté à dépasser les clivages de vos professions et votre détermination à vous mobiliser ensemble en faveur de la conception.
Je voudrais vous faire passer quatre questions d'actualité, axes forts de mon engagement ou de ma vigilance sur des sujets qui vous concernent:
1- notre démarche commune avec Gilles de Robien,
2- la question de la conception- construction et du PPP,
3- la réforme de l'enseignement de l'architecture,
4- la diffusion de l'architecture.
La mission conjointe culture-équipement
Gilles de Robien et moi sommes pleinement conscients de la nécessité de l'union entre l'ensemble des profession de la maîtrise d'oeuvre. Nous aussi, nous avons souhaité dépasser les vieux différends qui existaient entre nos administrations pour qu'ensemble, elles oeuvrent en faveur de la qualité architecturale et urbaine.
Notre souci de mieux travailler ensemble, en totale concertation avec vous, trouve aujourd'hui sa première illustration concrète.
La mission conjointe que nous avons annoncée ensemble le 17 mars dernier en témoigne. Elle est aujourd'hui au travail et Michel Clément, directeur de l'architecture et du patrimoine et Ann-José Arlot, la nouvelle directrice en charge de l'architecture auprès de lui, François Delarue, directeur général de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction et Philippe Grand, chef de service à la DGUHC, oeuvrent en ce sens.
Cette mission nous communiquera ses premières propositions, à l'automne. Elles feront bien entendu l'objet d'une concertation.
Elles porteront notamment sur la valorisation des métiers de la construction et de l'aménagement et la mise en oeuvre dans ce cadre de l'évolution de la loi de 1977 sur l'architecture. sur ce dernier point, je sais le travail engagé pendant 4 ans. Nous savons cependant que ce projet de réforme n'avait aucune chance d'aboutir et mon prédécesseur avait d'ailleurs retiré ce projet de loi pour proposer une communication consensuelle en conseil des ministres en février 2002. Je crois aujourd'hui que la loi de 1977 comporte un certain nombre d'acquis importants et que nous devons bien mesurer les améliorations effectives que nous pourrons lui apporter avant de s'engager dans ce projet de réforme.
Nous avons également demandé, en accord avec M. François Kosciusko-Morizet, que le rôle d'expertise et de conseil de la Mission interministérielle sur la qualité des constructions publiques (MIQCP) soit renforcé. Cette mission est à mes yeux un espace essentiel de la rencontre entre les professionnelles et l'ensemble des collectivités publiques.
Deuxième sujet d'actualité: les projets de conception-construction et de PPP
S'agissant des évolutions étudiées de la maîtrise d'ouvrage publique, je plaide, vous le savez, pour une totale prise en compte de la spécificité des métiers de la conception, et notamment de celle des architectes.
leurs interventions marquent en effet le paysage de nos villes et de nos campagnes d'une empreinte déterminante et durable justifiant d'une attention toute particulière de notre part.
Leur travail ne peut être de qualité que s'il résulte d'un dialogue constant entre le maître d'oeuvre et son donneur d'ordre. C'est dans une gestation partagée que réside la clé de la réussite.
Telle est à mes yeux l'une des missions principales du maître d'oeuvre, qui doit parfois traduire dans l'espace un programme peu ou mal défini, avec des moyens et un temps limités. Je suis particulièrement attaché à défendre cette mission première qui est la vôtre dans les débats en cours.
Fort de ces convictions, je tiens à vous dire notre totale détermination, à Gilles de Robien et à moi, à faire entendre cette voix dans la modification projetée de la loi sur la maîtrise d'ouvrage publique et dans le nouveau type de contrat que serait le partenariat public-privé (PPP).
S'agissant de la procédure de conception-construction, nous sommes convaincus qu'elle doit rester dérogatoire et qu'avant d'aller plus loin, il est nécessaire d'en évaluer les conséquences.
S'agissant des PPP, nous avons d'ores et déjà obtenu que le choix de l'opérateur ne puisse se faire qu'au vu de la qualité de l'ouvrage à réaliser, et que chacun des intervenants, en particulier le concepteur, puisse être clairement identifié. nous militons également pour que le maître d'ouvrage public ne puisse engager ce type de procédures qu'à l'issue d'une réelle étude d'opportunité et d'un pré-programme.
Troisième sujet: la réforme de l'enseignement de l'architecture
Au delà de ces réformes projetées de la maîtrise d'ouvrage publique, je suis convaincu qu'un des enjeux principaux se situe dans la formation des professionnels de la maîtrise d'oeuvre, et en premier lieu des architectes.
Il est désormais urgent de réajuster l'enseignement dispensé dans nos écoles d'architecture afin d'accompagner les transformations en cours au niveau européen. La formation de nos 17000 étudiants doit être renforcée, harmonisée avec l'enseignement supérieur, afin qu'une fois dans le monde du travail, les jeunes diplômés soient des interlocuteurs professionnels et écoutés.
C'est pourquoi j'ai souhaité mettre en oeuvre dès la rentrée 2004, de façon progressive, une réforme de l'enseignement de l'architecture. Le diplôme d'architecte correspondra au grade de mastère, et sera complété d'une année supplémentaire, consacrée à des modules professionnalisant et à des pratiques opérationnelles pour les architectes qui se destinent à la maîtrise d'oeuvre. Cette réforme permettra aux architectes de participer pleinement à d'autres métiers de la conception, qu'il s'agisse de l'urbanisme, du paysage ou de la maîtrise d'ouvrage.
Quatrième sujet: mieux faire connaître l'architecture à nos concitoyens
Mais le plus difficile, est sans doute de mieux faire comprendre à nos concitoyens l'importance que représentent vos métiers pour leur environnement quotidien et la qualité de leur cadre de vie.
Nous devons être plus volontaire à cet égard En lançant le premier prix grand public de l'architecture, que j'aurai le plaisir de remettre le 24 juin prochain après le vote des auditeurs de Radio France, j'ai souhaité renforcer cette "popularisation" de l'architecture.
M'appuyant sur les institutions culturelles du secteur, il m'apparaît indispensable de mieux cibler l'action publique dans ce domaine. Il convient notamment à mes yeux de promouvoir la vaste question de l'habitat, de "l'habiter", dans lesquels nos concitoyens se retrouvent tous.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 juin 2003)
Je souhaite tout d'abord remercier le groupe " Moniteur " d'avoir engagé ces premiers rendez-vous de la maîtrise d'oeuvre. Pendant trois jours, ils vont vous permettre, professionnels de l'architecture, de l'ingénierie et des techniques de la construction de vous retrouver, d'échanger, de confronter vos points de vue, de partager vos convictions.
Vous êtes tous, que vous soyez architecte, urbaniste, ingénieur, économiste ou géomètre, des acteurs essentiels de la qualité de notre environnement urbain et bâti.
Je suis particulièrement donc particulièrement sensible au fait que vous soyez tous réunis aujourd'hui, démontrant ainsi votre volonté à dépasser les clivages de vos professions et votre détermination à vous mobiliser ensemble en faveur de la conception.
Je voudrais vous faire passer quatre questions d'actualité, axes forts de mon engagement ou de ma vigilance sur des sujets qui vous concernent:
1- notre démarche commune avec Gilles de Robien,
2- la question de la conception- construction et du PPP,
3- la réforme de l'enseignement de l'architecture,
4- la diffusion de l'architecture.
La mission conjointe culture-équipement
Gilles de Robien et moi sommes pleinement conscients de la nécessité de l'union entre l'ensemble des profession de la maîtrise d'oeuvre. Nous aussi, nous avons souhaité dépasser les vieux différends qui existaient entre nos administrations pour qu'ensemble, elles oeuvrent en faveur de la qualité architecturale et urbaine.
Notre souci de mieux travailler ensemble, en totale concertation avec vous, trouve aujourd'hui sa première illustration concrète.
La mission conjointe que nous avons annoncée ensemble le 17 mars dernier en témoigne. Elle est aujourd'hui au travail et Michel Clément, directeur de l'architecture et du patrimoine et Ann-José Arlot, la nouvelle directrice en charge de l'architecture auprès de lui, François Delarue, directeur général de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction et Philippe Grand, chef de service à la DGUHC, oeuvrent en ce sens.
Cette mission nous communiquera ses premières propositions, à l'automne. Elles feront bien entendu l'objet d'une concertation.
Elles porteront notamment sur la valorisation des métiers de la construction et de l'aménagement et la mise en oeuvre dans ce cadre de l'évolution de la loi de 1977 sur l'architecture. sur ce dernier point, je sais le travail engagé pendant 4 ans. Nous savons cependant que ce projet de réforme n'avait aucune chance d'aboutir et mon prédécesseur avait d'ailleurs retiré ce projet de loi pour proposer une communication consensuelle en conseil des ministres en février 2002. Je crois aujourd'hui que la loi de 1977 comporte un certain nombre d'acquis importants et que nous devons bien mesurer les améliorations effectives que nous pourrons lui apporter avant de s'engager dans ce projet de réforme.
Nous avons également demandé, en accord avec M. François Kosciusko-Morizet, que le rôle d'expertise et de conseil de la Mission interministérielle sur la qualité des constructions publiques (MIQCP) soit renforcé. Cette mission est à mes yeux un espace essentiel de la rencontre entre les professionnelles et l'ensemble des collectivités publiques.
Deuxième sujet d'actualité: les projets de conception-construction et de PPP
S'agissant des évolutions étudiées de la maîtrise d'ouvrage publique, je plaide, vous le savez, pour une totale prise en compte de la spécificité des métiers de la conception, et notamment de celle des architectes.
leurs interventions marquent en effet le paysage de nos villes et de nos campagnes d'une empreinte déterminante et durable justifiant d'une attention toute particulière de notre part.
Leur travail ne peut être de qualité que s'il résulte d'un dialogue constant entre le maître d'oeuvre et son donneur d'ordre. C'est dans une gestation partagée que réside la clé de la réussite.
Telle est à mes yeux l'une des missions principales du maître d'oeuvre, qui doit parfois traduire dans l'espace un programme peu ou mal défini, avec des moyens et un temps limités. Je suis particulièrement attaché à défendre cette mission première qui est la vôtre dans les débats en cours.
Fort de ces convictions, je tiens à vous dire notre totale détermination, à Gilles de Robien et à moi, à faire entendre cette voix dans la modification projetée de la loi sur la maîtrise d'ouvrage publique et dans le nouveau type de contrat que serait le partenariat public-privé (PPP).
S'agissant de la procédure de conception-construction, nous sommes convaincus qu'elle doit rester dérogatoire et qu'avant d'aller plus loin, il est nécessaire d'en évaluer les conséquences.
S'agissant des PPP, nous avons d'ores et déjà obtenu que le choix de l'opérateur ne puisse se faire qu'au vu de la qualité de l'ouvrage à réaliser, et que chacun des intervenants, en particulier le concepteur, puisse être clairement identifié. nous militons également pour que le maître d'ouvrage public ne puisse engager ce type de procédures qu'à l'issue d'une réelle étude d'opportunité et d'un pré-programme.
Troisième sujet: la réforme de l'enseignement de l'architecture
Au delà de ces réformes projetées de la maîtrise d'ouvrage publique, je suis convaincu qu'un des enjeux principaux se situe dans la formation des professionnels de la maîtrise d'oeuvre, et en premier lieu des architectes.
Il est désormais urgent de réajuster l'enseignement dispensé dans nos écoles d'architecture afin d'accompagner les transformations en cours au niveau européen. La formation de nos 17000 étudiants doit être renforcée, harmonisée avec l'enseignement supérieur, afin qu'une fois dans le monde du travail, les jeunes diplômés soient des interlocuteurs professionnels et écoutés.
C'est pourquoi j'ai souhaité mettre en oeuvre dès la rentrée 2004, de façon progressive, une réforme de l'enseignement de l'architecture. Le diplôme d'architecte correspondra au grade de mastère, et sera complété d'une année supplémentaire, consacrée à des modules professionnalisant et à des pratiques opérationnelles pour les architectes qui se destinent à la maîtrise d'oeuvre. Cette réforme permettra aux architectes de participer pleinement à d'autres métiers de la conception, qu'il s'agisse de l'urbanisme, du paysage ou de la maîtrise d'ouvrage.
Quatrième sujet: mieux faire connaître l'architecture à nos concitoyens
Mais le plus difficile, est sans doute de mieux faire comprendre à nos concitoyens l'importance que représentent vos métiers pour leur environnement quotidien et la qualité de leur cadre de vie.
Nous devons être plus volontaire à cet égard En lançant le premier prix grand public de l'architecture, que j'aurai le plaisir de remettre le 24 juin prochain après le vote des auditeurs de Radio France, j'ai souhaité renforcer cette "popularisation" de l'architecture.
M'appuyant sur les institutions culturelles du secteur, il m'apparaît indispensable de mieux cibler l'action publique dans ce domaine. Il convient notamment à mes yeux de promouvoir la vaste question de l'habitat, de "l'habiter", dans lesquels nos concitoyens se retrouvent tous.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 juin 2003)