Interview de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, dans "Le Figaro" le 2 juillet 2003, sur les mesures prises pour favoriser les exportations françaises vers les Etats-Unis.

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Q - Au cours des quatre premiers mois de 2003, les exportations françaises vers les Etats-Unis ont chuté de 21 %. C'est inquiétant, non ?
R - Cette baisse est due essentiellement à l'aéronautique - 1.4 milliard d'euros sur 2 milliards -. Alors que l'agroalimentaire, lui, a progressé de 700 millions à 800 millions d'euros. Cela dit, exprimées en dollar, qui a chuté de 22 % par rapport à l'euro, nos exportations vers les Etats-Unis sont restées les mêmes.
Q - Vous revenez de New York. Avez-vous constaté un boycott des consommateurs américains après la campagne antiguerre d'Irak menée par la France ?
R - Dans les biens de consommation, qui comptent pour 10 % de nos ventes aux Etats-Unis, les entreprises sont en contact avec les acheteurs de grands magasins américains et ces derniers hésitent à faire la promotion de produits français. Nos produits en souffrent. Pour les biens d'équipement, qui sont l'essentiel, il ne semble y avoir aucun problème.
Q - Vous mettez au point une nouvelle méthode de développement des exportations. De quoi s'agit-il ?
R - Nous allons mobiliser toutes les forces vives au service de l'exportation : les chambres de Commerce et d'Industrie (CCI), les fédérations professionnelles, les conseils régionaux et pourquoi pas, les départements.
Q - Pratiquement, qu'allez-vous faire pour nos exportations ?
R - Les Etats-Unis sont le premier terrain d'expérimentation de notre nouvelle méthode. C'est le premier de nos vingt-cinq "pays cibles". Le plan d'action pour les Etats-Unis sera présenté à un comité de développement international que je réunirai après le 14 juillet. Toutes ces forces vives y seront représentées. L'augmentation des moyens consacrés aux Etats-Unis sera réalisée, avec notre aide, par Ubifrance (NDLR : la structure qui réalise et coordonne les actions de promotion des entreprises françaises à l'étranger).
Q - Les Français fréquentent-ils assez les salons et foires ?
R- Désormais, je proposerai à tous ces acteurs nationaux et régionaux, voire à des spécialistes des foires et salons, d'organiser des participations françaises substantielles dans tous les grands salons aux Etats-Unis. Pour 2004, nous avons sélectionné treize nouveaux salons où nous devons être présents, ce qui fera vingt-cinq salons en tout sur le territoire américain. Nous allons aussi inviter en France des acheteurs et des journalistes américains. Et puis il faut beaucoup plus de volontaires français dans nos entreprises aux Etats-Unis : 260 pour 30 000 entreprises c'est insuffisant.
Q - Vous décentralisez le commerce extérieur ?
R - Non, la responsabilité reste celle de mon ministère, mais nous démultiplions les efforts de tous les acteurs concernés.
Q - Combien coûtera votre nouvelle stratégie ?
R - Je vais redéployer sept millions d'euros au sein de mon budget pour 2004, mais ce sera neutre pour le contribuable.
Q - Pourquoi commencer par les Etats-Unis dont l'économie n'est pas en très bon état ?
R - Nous voulons faire passer notre part de marché dans ce pays de 2,2 % à 5,2 %. Tout simplement parce que ce dernier chiffre est notre part du marché mondial, grâce à nos performances en Europe et en Afrique. Nous avons un retard à rattraper en Asie et outre-Atlantique. Notons toutefois que beaucoup d'entreprises françaises sont installées aux Etats-Unis et produisent donc "américain" pour environ 150 milliards de dollars par an. En somme, il faudrait ajouter les investissements directs aux exportations pour se faire une idée exacte de notre poids économique. Rappelez-vous que l'Europe fabrique 10 % du PIB américain.
Q - La réglementation américaine est souvent très tatillonne.
R - Nous allons aider les entreprises à s'enregistrer auprès de la "Food and Drug Administration" pour laquelle nous allons faire des logiciels en français. L'année dernière, j'avais déjà fait en sorte que les ports français s'inscrivent dans le programme "Container Security Initiative" mis en place après le 11 septembre 2001.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 03 juillet 2003)