Texte intégral
L'union pour nous est un projet collectif. Veillons à ce que la division ne soit pas un calcul personnel. Nous devons le gérer dans l'immédiat, dans la perspective des élections régionales et cantonales. Je redis à ce propos, ce que nous n'avons cessé de dire, et que nous avons encore écrit hier à François Bayrou : nous sommes prêts au partenariat, partout, dans chaque canton, dans chaque région. Si l'on en veut, tant mieux, si l'on n'en veut pas, nous irons à la bataille sous nos couleurs, bien entendu, mais sans agressivité aucune, et dans le cadre d'un code de bonne conduite que nous avons proposé. Mais, ce qui nous marquera, nous, c'est la loyauté vis-à-vis de l'action gouvernementale.
Loyauté qui n'exclut pas la franchise, notre rôle n'est pas d'être alignés, en colonne par un, et d'être, comme on l'a trop souvent dit, un parti de godillots. De temps en temps, il faut faire remonter les choses. Il faut avoir le courage de dire au gouvernement : attention, vous allez dans la mauvaise direction !
Très modestement, c'est ce que j'ai essayé de faire, il y a quelque temps, lorsque j'ai appris que l'on allait mettre une nouvelle taxe sur la circulation des vins. Il se trouvait que le lendemain, le Premier ministre était à Moliets, tout prêt, alors j'en ai profité pour lui dire : écoute, en ce moment cela ne va pas très bien dans nos vignobles, ce n'est pas une bonne idée d'ajouter une taxe. Le message est passé et le projet de taxe a été abandonné. De temps en temps nous arrivons donc à faire passer les choses et je prends un sujet important mais ponctuel, nous pouvons le faire dans des conditions beaucoup plus larges.
Nous avons demandé au Premier ministre de nous associer davantage, et en amont d'associer en particulier les parlementaires, à la définition de la politique gouvernementale. Mais à partir du moment où nous sommes associés, à partir du moment où la décision est prise, il faut alors l'appliquer avec loyauté et soutien. C'est pour cela que je vous appelle maintenant à vous mobiliser. Nous allons lancer dans les jours qui viennent, entre le 15 novembre et le 15 décembre, une grande campagne d'explication sur le terrain. Un meeting dans chaque département, un orateur national avec un bon argumentaire et deux objectifs très clairs : célébrer le premier anniversaire de l'UMP et lancer la campagne des cantonales et régionales.
J'espère que vous serez dans cette campagne exemplaire !
Si nous faisons cela, c'est pour apporter un soutien franc et loyal au Président de la République et au Gouvernement. Dans cette campagne de mobilisation, à laquelle je vous invite, notre premier travail sera d'expliquer que beaucoup a été fait en quinze mois. Les orateurs qui m'ont précédé, et que je remercie de leurs paroles d'amitié, ont évoqué le chemin parcouru. Souvenez-vous, quand nous venions ici pendant la campagne des législatives ou des présidentielles, quel était le premier message que vous nous adressiez.
Il était très clair : il y en a marre de l'insécurité dans nos villes et dans nos campagnes, il faut faire quelque chose, nous ne pouvons plus accepter l'impuissance des pouvoirs publics ! Nous nous y sommes mis, dès que nous avons été au gouvernement, et grâce à l'action de Nicolas Sarkozy au Ministère de l'Intérieur, de Dominique Perben au Ministère de la Justice, nous avons changé le cours des choses.
Je ne dis pas que nous avons rétabli une sécurité parfaite, partout, bien sûr qu'il reste encore beaucoup à faire, mais, je le vois dans ma ville, aujourd'hui, les gens ont le sentiment que le dossier est pris en main, que des efforts sont faits, que des directions claires sont tracées et que des moyens sont dégagés.
Nous avons fait la même chose pour la Défense. Je regardais ce matin la télévision où l'on annonçait le vote du budget de la Défense. Les crédits ayant beaucoup augmenté, certains commençaient à s'en offusquer, la gauche naturellement, expliquant que l'on dépensait trop pour notre Défense nationale. Souvenons-nous là aussi de la situation en 2001, des Gendarmes qui manifestaient dans la rue, parce qu'ils n'avaient pas les moyens de fonctionner, cela ne s'était jamais vu dans la République.
Et puis, plus grave encore, du point de vue de la sécurité extérieure du pays, des matériels de défense qui étaient obsolètes ou inemployés parce que l'Armée n'avait pas les crédits pour les faire fonctionner, et un moral à zéro, là aussi, le gouvernement a réagi, avec loi de programmation militaire qui va nous permettre petit à petit, d'avoir les moyens de nos ambitions internationales.
Troisième exemple de ce que nous avons fait depuis quinze mois, redonner aux entreprises de l'oxygène. La loi Dutreil est une excellente loi : allègements fiscaux, simplification de procédures, encouragement à la création d'entreprises Les résultats ne se sont pas fait attendre. Entre 1997 et 2002, la création d'entreprise en France chutait, aujourd'hui nous avons retrouvé un rythme de 200 000 créations d'entreprises par an. Si bien que l'objectif du Président - un million d'entreprises en cinq ans - est à notre portée. Dans le même temps, nous avons assoupli intelligemment les 35 heures. On m'a dit que nous n'avions pas eu le courage de les abroger, nous n'avions pas dit que nous les abrogerions ! On dit toujours aux hommes politiques qu'ils ne font pas ce qu'ils avaient promis. Là, nous avions dit que nous les assouplirions. Les abroger du jour au lendemain aurait été une sottise. Dans les entreprises, il y avait eu des accords sur les 35 heures, dans les grandes entreprises en particulier, et des accords donnant-donnant. Il y avait les 35 heures, mais il y avait des contreparties. Il y avait l'annualisation du temps de travail, il y avait, hélas, et l'on s'en est aperçu peut-être un peu tard du côté syndical, le blocage des salaires.
Bref, rayer tout ça d'un trait de plume aurait abouti à mettre le désordre dans les entreprises et je crois que François Fillon a été beaucoup plus intelligent, d'abord en débloquant le contingent d'heures supplémentaires, puis en amenant toute une série de souplesses nouvelles, je pense en particulier à celles qui vont résulter de la loi sur la formation et le droit à la formation toute au long de la vie.
Nous avons engagé la décentralisation ; puis nous avons fait une réforme que, depuis dix ou quinze ans, tous les gouvernements hésitaient à faire, c'est-à-dire la réforme des retraites. Cette réforme comporte de très nombreux aspects positifs, on ne voit que ce qui dérange, mais il y a plein de dispositions très généreuses dans ce projet. Hier, Jean-Pierre Raffarin disait à l'Assemblée nationale qu'un décret venait de sortir qui concrétise l'une des conquêtes de cette réforme des retraites, à savoir que les travailleurs et travailleuses qui ont commencé à bosser à 14 ou 15 ans, à partir de demain, pourront prendre leur retraite à 58 ans à taux plein. Les Communistes qui étaient là et qui nous apostrophaient, qu'avaient-ils fait lorsqu'ils étaient au pouvoir ? Fillon a dit d'ailleurs : le PC l'avait rêvé, Raffarin l'a fait ! et c'est ce qui s'est passé sur les retraites.
Sur le budget 2004, nous avons fait aussi beaucoup de bonnes choses, avec en deux ans une baisse de 10 % de l'impôt sur le revenu. On nous dit c'est l'impôt des riches, l'impôt sur le revenu. Il y a 17 millions de foyers en France qui paient l'impôt sur le revenu : les classes moyennes, les familles, les célibataires et ils trinquent à l'impôt sur le revenu !
Nous avons donc eu raison de tenir notre promesse et de baisser cet impôt.
Nous avons fait un budget qui aussi maîtrise les dépenses. Nous n'avons pas encore atteint tout à fait l'objectif. Il va falloir beaucoup d'énergie pour convaincre nos administrations de se réformer et c'est un vrai enjeu. On ne rééquilibrera pas vraiment les finances publiques et l'on ne financera pas vraiment les baisses d'impôts, si l'administration ne se modernise pas.
Bref, je m'arrête là car je ne voudrais pas être exhaustif et j'oublie bien des choses. Nous avons beaucoup bossé depuis 15 mois et beaucoup de réformes positives ont été engagées. Il faut continuer. L'immobilisme serait à l'évidence notre pire adversaire. D'ailleurs je ne sais pas si c'est votre sentiment, mais partout où je passe, j'entends : tenez bon !, continuez !, il faut redresser la France et réformer les habitudes qui nous coûtent cher. Alors, dans les mois ou les années qui viennent, nous avons un certain nombre d'objectifs. Je voudrais simplement aborder deux priorités qui me paraissent capitales.
L'emploi
L'emploi est redevenu la préoccupation numéro un des Français, maintenant que leur inquiétude sur la sécurité a un peu reculé.
Je sais qu'ici dans cette région, réputée pour avoir un taux de chômage en général moitié moindre que celui de la France, les choses aussi ne vont pas dans le bon sens et que le chômage augmente. Il faut donc se retrousser les manches et agir.
Il faut que vous compreniez bien et que vous expliquiez autour de vous, que nous avons accompli une petite révolution en matière de politique contre le chômage et pour l'emploi. Que nous a-t-on dit pendant vingt ans ? Rappelez vous de cet argument que nous utilisions beaucoup pendant la campagne électorale. Pendant vingt ans, les socialistes ont été au pouvoir les trois quarts du temps. Pendant vingt ans, on nous a dit c'est très simple, pour faire reculer le chômage, il faut travailler moins et créer des emplois publics précaires. Alors on a fait les 35 heures, dont la finalité était de faire reculer le chômage. Il faut s'en souvenir, quand Madame Aubry est arrivé avec sa réforme, c'était pour faire reculer le chômage. Puis, on a mis des centaines de milliers d'emplois jeunes, sans formation et sans perspectives. Cette politique a échoué.
Certes, le chômage a reculé dans les années 1999-2000, mais pourquoi ? Parce qu'il y avait de la croissance, partout, en Amérique, en Allemagne, autour de nous, en Espagne, en France. Dès que la croissance s'est retournée, le chômage a continué à augmenter. Si les 35 heures avaient été efficaces, le chômage n'aurait pas recommencé à augmenter en 2001, avant que nous n'arrivions au pouvoir, bien avant, un an auparavant. C'est bien parce que cette politique de réduction du temps de travail est un échec.
Je crois que cela tombe sous le sens. Comment peut-on imaginer que nous allons garder notre niveau de vie et notre modèle social en France, en travaillant beaucoup moins que tous ceux qui sont autour de nous. On est géniaux en France, c'est bien connu ! On est plus forts que les autres, mais il y a quand même des limites !
Il faut, et vous le savez c'est un des objectifs majeurs de Jean-Pierre Raffarin et c'est ce que nous avions dit aussi pendant la campagne, réhabiliter le travail. Non pas réhabiliter l'impôt, comme les socialistes veulent le faire, non pas réhabiliter la dépense publique, comme Rocard se le fixait pour objectif en 1988-1989, mais réhabiliter le travail.
Dire aux Français que dans une compétition internationale qui est redoutable, il va falloir que nous retrouvions le goût peut-être même l'amour du travail qui après tout n'est pas une calamité. On peut être heureux aussi au travail. C'est aussi un moyen de libération, ce n'est pas toujours une aliénation, sous certaines conditions. Il faut le payer mieux.
Vous militants de l'UMP, il faut que vous disiez, parce que l'on nous colle l'étiquette d'un parti qui ferait la politique des riches, que nous sommes un mouvement populaire. Il faut que vous rappeliez que c'est ce gouvernement qui a fait la plus forte hausse du SMIC des dix ou quinze dernières années. En l'espace de deux ans, en remettant en ordre la pagaille introduite par Madame Aubry dans les SMIC, elle avait créé six SMIC, nous avons réunifié tout cela.
Nous allons augmenter le SMIC en net de 11 % dans les deux ans qui viennent, ce qui représente, comme l'expliquait Jean-Pierre Raffarin hier, un treizième mois pour les smicards. C'est nous qui l'avons fait, ce n'est pas la gauche.
Ensuite, il faut que le travail se déroule de manière plus libre. Il faut mieux préparer les Français au travail, pour qu'ils prennent davantage goût au travail, avec l'accord historique qui vient d'être conclu sur le droit à la formation tout au long de la vie. Ça aussi c'est une première et c'est la première fois que toutes les grandes centrales syndicales signent l'accord. Le dialogue social était en panne, entre 1997 et 2002, parce que le Gouvernement socialiste faisait ses réformes de manière tout à fait autoritaire et unilatérale. Nous, nous avons réamorcé le dialogue social.
Mieux préparer les hommes et les femmes à leur future vie de travail, c'est aussi la réforme de l'Education nationale. Nous sommes en train d'y réfléchir, de plancher là-dessus. J'ai personnellement sur le sujet, une idée, à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Si nous voulons qu'il n'y ait pas chaque année 150 000 jeunes qui sortent de notre système secondaire sans formation professionnelle et sans diplôme, il va falloir trouver les moyens, en faisant évoluer les mentalités et les systèmes, pour faire en sorte que les filières d'enseignement professionnel et d'enseignement en alternance retrouvent la même dignité, dans la tête des familles et dans celle des professeurs, que les filières d'enseignement général. C'est vraiment une oeuvre de salubrité publique.
Redonner le goût au travail, c'est aussi favoriser le retour à l'emploi. C'est faire en sorte que le plus souvent possible on ait intérêt à reprendre un travail plutôt que de rester en situation d'assistance. Nous l'avons dit pendant la campagne électorale et les Français l'ont approuvé. Alors je ne comprends pas aujourd'hui la polémique et les mensonges qui prévalent au sujet de l'ASS (l'Allocation Spécifique de Solidarité). On nous dit : une fois de plus l'UMP matraque les pauvres et les précaires et va supprimer l'indemnisation du chômage.
Quelle est la réalité ?
Aujourd'hui, quand on est au chômage, on touche les Assedic pendant deux ou trois ans selon les cas, et après, on bascule dans un système, l'ASS, qui n'a pas de fin. On peut donc rester en ASS toute sa vie. Est-ce vraiment un projet social que d'offrir comme perspective à des hommes et des femmes dans notre pays, après le chômage, de rester indéfiniment dans ce qui devient de l'assistance, parce que l'ASS est une allocation chichement calculée, ou est-ce qu'il ne faut pas, au contraire, essayer de mettre en place une réforme qui pousse ces hommes et ces femmes à rechercher du travail ?
C'est ce que le gouvernement a fait en proposant qu'à partir d'un certain moment l'ASS s'arrête et qu'ensuite, il y ait un choix entre un Contrat Initiative Emploi, formule d'aide à la réinsertion des chômeurs de longue durée dans l'entreprise (que mon gouvernement avait institué en juillet 1995 et que l'on réactive) ou un RMA, Revenu Minimum d'Activité, consistant pour le bénéficiaire du RMI à accepter de reprendre une activité, c'est-à-dire un travail, en contrepartie de l'allocation qu'on lui donne. Voilà la véritable réforme de l'ASS.
Il y aurait bien d'autres choses à dire encore sur l'emploi. Il faut aussi que nous ayons une politique industrielle et si possible une politique industrielle européenne, pour lutter contre les délocalisations et régionale ; la décentralisation va nous permettre sans doute de le faire, bien entendu. Je suis assez insatisfait quand je vois que la seule approche des problèmes industriels à Bruxelles est de s'assurer que la concurrence est pure et parfaite. On risque de démanteler des groupes européens. Regardez ce qui s'est passé avec Alstom, on nous a fait lanterner au point d'ailleurs que cela a coûté deux fois plus cher à l'Etat français que ce qui était prévu au départ. Il faut sortir de cette vision hyper libérale de la concurrence et essayer de recréer des grands projets industriels européens, en particulier des projets de recherche.
Face aux délocalisations, il ne faut se tromper d'analyse, on ne deviendra jamais aussi bon marché que les Chinois, les Roumains ou les Tunisiens. Si l'on voulait aligner notre coût du travail sur le coût du travail dans ces pays, d'abord ce serait fou que de se le fixer comme objectif, et en plus, nous n'y arriverions naturellement pas. Notre seule perspective c'est la recherche, c'est l'innovation, c'est la création, de produits ou de processus nouveaux. L'Europe peut être ici d'un précieux soutien.
Je m'arrête là sur l'emploi, nous pourrions en parler longtemps. En tout cas, ce que je voudrais essayer de vous communiquer, c'est que nous avons une politique de l'emploi et ce n'est pas la même que celle de Monsieur Jospin et de Madame Aubry. C'est une autre politique de l'emploi, mais je suis convaincu qu'elle donnera de meilleurs résultats.
La cohésion nationale
Notre autre grand objectif, dans ces mois qui viennent, c'est aussi de renforcer la cohésion nationale. Nous voyons bien aujourd'hui que notre pays flotte, les Français sont parfois un peu perdus. Ils se demandent ce que va devenir la France, quelle est la politique que nous voulons mener. Il faut que nous luttions contre ces ferments de division et de perte de cohésion de la Nation. Cela implique d'abord que, dans notre sigle UMP (Union pour un Mouvement Populaire), nous n'oubliions pas le " P ". Nous sommes un mouvement populaire, nous ne sommes pas le parti d'une classe. Naturellement pas d'une classe favorisée ou privilégiée, nous sommes le parti de tous les Français. Il faut faire en particulier attention aux plus fragiles, à tous ceux qui ressentent le plus douloureusement le choc de la mondialisation ou d'un certain nombre d'évolutions.
Alors, la dimension sociale de notre politique est extrêmement importante. À ce propos, je voudrais dire un mot sur un sujet d'actualité, le jour férié, lundi de Pentecôte ou autre. Je suis frappé de voir comment la communication fonctionne. Ce qui est important, ce n'est pas le jour férié, c'est de savoir ce que l'on veut faire avec.
Et que voulons-nous faire ?
Nous voulons mettre en place, ce que j'appelle moi - sans avoir encore convaincu sur ce sujet, mais je ne me lasse pas - une nouvelle assurance sociale en France : l'assurance dépendance.
Avec les évolutions, avec le vieillissement de la population, nous voyons bien qu'il y a une fraction de plus en plus importante de la population qui, pour des raisons physiques ou psychiques, n'arrivent pas à satisfaire aux besoins de la vie quotidienne sans l'aide d'une tierce personne. Il faut que nous montions un système d'aide au retour à l'autonomie. Cela concerne les personnes âgées, cela concerne aussi les handicapés qui sont dans des situations différentes, pour lesquels nous avons beaucoup travaillé depuis quelque temps et pour qui il faut maintenant arriver à une solution.
Donc, nous voulons mettre en place une assurance dépendance qui comporte un certain nombre de prestations permettant de redonner leur autonomie aux handicapés d'un côté et aux personnes âgées de l'autre. C'est ce que le Gouvernement est en train de mettre au point et c'est ce qui devrait être à la Une de notre communication. Évidemment, il faut trouver un moyen pour financer ce projet et l'on tombe sur le jour férié. Mais ce n'est pas l'objectif le jour férié, c'est le moyen. N'oublions pas l'objectif, qui est un grand élan de solidarité vis-à-vis des handicapés et des personnes âgées. Pour le financer, nous nous sommes dits : nous allons travailler un jour de plus, et alors là, patatras, quel jour ?
À Vicq Fesensac, on ne veut pas du lundi de Pentecôte, parce qu'il y a des corridas ce jour-là. Il faudrait quand même de temps en temps s'élever un petit peu. J'espère ne pas me faire flinguer par le Maire de Vicq Fesensac, c'est pour cela que je n'ai pas parlé de Nîmes parce que Essayons de voir un peu où est l'intérêt général. L'idée selon laquelle les Français vont donner un jour de travail pour financer cet effort de solidarité est une bonne idée. D'ailleurs une majorité des Français sont pour, à une condition, et je l'ai bien dit au Premier ministre, que l'on soit sûr que l'argent aille là et pas ailleurs.
Donc il faut le mettre dans une caisse spéciale.
C'est pour cela que je tiens à mon idée d'assurance dépendance, il faut que cet argent aille dans cette caisse-là, et pas dans les multiples caisses de Francis Mer, que j'ai par ailleurs en très haute estime et qui est un très bon Ministre des Finances.
Alors on nous dit, est-ce que c'est un jour férié ou un jour de RTT ? J'ai moi-même lancé le débat, cependant il faut bien voir que nous ne pouvons pas laisser à chacun le choix de son jour, sinon le système sera ingérable. Il faut récupérer une recette, l'organiser. Le Gouvernement réfléchit en ce moment pour savoir si ce peut être un jour férié avec le cas échéant, dans le cadre d'accords de branches ou d'entreprises, une dérogation qui permettrait d'y substituer un jour de RTT, pourquoi pas. Nous sommes en train d'y travailler et les décisions pourront être prises dans les jours qui viennent.
Le combat contre les extrémismes
Je parlais de cohésion et je voudrais, m'acheminant vers ma conclusion, parler d'un autre enjeu de la cohésion nationale, dont je voudrais qu'il soit l'un des grands combats de l'UMP, je veux parler du combat contre les extrémismes.
Nous sommes quand même dans un foutu pays en France, nous sommes le seul pays développé où plus du quart de l'électorat est sensible aux sirènes de l'extrême droite ou de l'extrême gauche, c'est-à-dire à des formations politiques démagogiques et poujadistes, dont les solutions n'ont jamais aucune espèce d'espoir d'être efficaces ou d'être appliquées au gouvernement.
Pourquoi ?
Il faut vraiment que nous nous interrogions là-dessus et il faut que nous reprenions le combat contre ces extrémismes. On a été très vigilant vis-à-vis de nous quant à nos alliances avec l'extrême droite et l'on a eu raison. Sur ce point, ma ligne a toujours été claire. Je souhaiterais que l'on soit aussi vigilant sur l'alliance du Parti socialiste avec l'extrême gauche à l'avenir, parce que l'extrême gauche, elle n'est pas beaucoup plus fréquentable. C'est une philosophie trotsko-anarcho-autoritaire, totalitaire en réalité, dans beaucoup de ces composantes. Il va falloir que nous le disions très clairement.
La lutte contre les extrémismes c'est aussi la lutte contre l'extrémisme religieux. Je voudrais vous donner mon sentiment sur un débat qui est tout à fait actuel et qui, je le sais, préoccupe nos militants et nos électeurs, le débat sur la laïcité. J'ai été amené à m'expliquer longuement en compagnie de François Barouin la semaine dernière, devant la Commission Stasi, c'est-à-dire la Commission constituée par le Gouvernement pour l'éclairer sur ce problème. Je voudrais d'abord dire que le débat sur le voile auquel nous participons n'est pas un combat contre l'Islam. Je ne suis pas islamophobe, l'Islam est une grande religion, pratiquée par quatre millions de Français et qui a droit au respect comme toutes les autres. La liberté de religion, la liberté de pensée, la liberté de pratiquer sa religion est une liberté fondamentale, inscrite dans la Constitution française, dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est une chose sur laquelle je crois qu'il faut être clair, je l'ai écrit dès 1998 dans un petit fascicule de France Moderne, où je disais également qu'un jour nous aurions besoin d'organiser l'immigration en France et que l'immigration zéro n'avait pas de sens, je m'étais tapé sur la gueule par tout le monde à cette époque-là, et puis je me rends compte qu'aujourd'hui on y vient, passons.
Alors où est le débat ?
Le débat repose sur le fait que le port du voile n'est pas une pratique religieuse anodine. J'ai beaucoup réfléchi, j 'ai beaucoup écouté, beaucoup de témoignages, et je me suis rendu compte que c'était autre chose. C'est en réalité l'expression d'un mouvement politico-religieux, intégriste, extrémiste et fondamentaliste qui n'est pas acceptable.
Lors des jeudis matins de l'UMP, nous avons notamment auditionné Anifa Sherifi, médiatrice depuis 1989 de l'Education nationale. Elle nous a expliqué que quand elle avait été nommée, elle avait reçu, pratiquement une par une, les jeunes filles qui arrivaient avec un voile à l'école. Elle nous a dit : dans tous les cas, je me suis trouvée face à des jeunes filles qui n'étaient pas de jeunes filles tranquilles, éprises de piété religieuse ou de pudeur naturelle, exprimant ce qu'elle appelle elle-même l'Islam des familles, non, elle s'est trouvée face à des jeunes filles extrêmement argumentées dans leur esprit, très politisées en réalité, avec des raisonnements très juridiques, disant " on va traîner le Proviseur devant la justice parce que le Conseil d'Etat a dit que ". Elle en tire la conclusion que derrière tout ça, il y avait de véritables réseaux politiques qui manipulaient ces jeunes filles et qui en faisaient un combat politique.
Ce n'est pas acceptable, et ce qui me renforce dans cette idée, c'est de voir qu'au-delà du voile, toutes sortes de dérapages sont en train de se manifester : demande de créneaux horaires dans les piscines pour que les jeunes filles musulmanes puissent se baigner à l'abri des regards. Je ne sais pas si vous avez vu à la télévision récemment un reportage, moi qui m'a un peu stupéfié, de plus en plus de patientes musulmanes refusent de se faire soigner par des médecins hommes à l'hôpital. Par ailleurs, en lisant l'ouvrage " Les territoires perdus de la République " vous y verrez que dans certaines écoles aujourd'hui, quand les Professeurs d'Histoire parlent de la Shoah, à propos de la Seconde Guerre Mondiale, des enfants se lèvent dans la classe pour dire : ce n'est pas vrai, il n'y a pas eu de camps de concentration ; on le leur a mis dans la tête.
Face à cette entreprise, il faut marquer un coup d'arrêt.
Alors, on nous dit : si vous excluez ces jeunes filles de l'école, nous allons nous faire censurer par la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Non, en 1990 et 1991, elle a débouté des jeunes Turques qui avaient attaqué en justice le Gouvernement d'Ankara pour avoir interdit le port du voile à l'Université. La Cour les a déboutées, répondant que le Gouvernement d'Ankara était parfaitement fondé à prendre cette mesure conforme à sa constitution. Il n'y a donc pas de difficulté constitutionnelle.
On nous dit ensuite qu'en excluant ces jeunes filles, nous les poussons vers les écoles coraniques. Ce raisonnement m'inquiète car, si chaque fois qu'en légiférant nous avons peur des effets pervers de la loi que nous sommes en train de faire, la moitié du Code Pénal va alors passer à l'as, parce que nous n'oserons plus réprimer des actes qui pourraient avoir des effets négatifs.
Il faut avoir le courage de prendre ses responsabilités. Il faudra naturellement ne pas renoncer au travail de médiation, il ne s'agit pas de les exclure brutalement ces jeunes filles, il faudra leur parler, les accompagner, essayer de les convaincre.
On le fera d'autant mieux que les Proviseurs pourront s'adosser à une loi claire plutôt que de se débrouiller comme ils le font aujourd'hui en l'absence de législation.
Je ne vous cache pas que nous recevons des appels, presque des appels au secours, des jeunes filles musulmanes tout d'abord, qui nous disent : aidez-nous à résister à la pression de nos entourages, dans les banlieues ou les quartiers difficiles, et des appels de Proviseurs ou Principaux de Collège qui nous disent : clarifiez la situation ! C'est l'honneur du politique et la responsabilité du législateur, de dire le droit, la loi.
Je pense donc qu'il ne faut pas exclure, lorsque la commission Stasi aura terminé son travail, d'aller jusqu'à une législation, concernant au minimum l'école, car l'école n'est pas un endroit comme les autres. L'école est un lieu où il y a des consciences immatures, où les jeunes n'ont pas encore formé tout à fait leur esprit critique et leur liberté de jugement. Bien sûr, cette loi devra s'appliquer à tous les signes politico-religieux, pas uniquement au voile, mais à tous les autres naturellement. Voilà la position que nous avons prise.
Voilà mes chers amis ce que je voulais vous dire sur ce que l'on a déjà fait, c'est beaucoup. Sur ce qui nous reste à faire, c'est encore plus. Je voudrais terminer en vous disant que cela va marcher.
Aujourd'hui, il y a un peu de flottement, des critiques tous azimuts, parfois dans la majorité. Il est vrai que nous sommes peut-être dans la période la plus difficile, celle où les réformes présentent leur aspect le plus rugueux, sans que les fruits en soient encore perceptibles. Ceci au fil des mois va changer, la France va renouer avec la croissance, peut-être plus tard et plus lentement que nous l'aurions souhaité, mais elle va le faire et à ce moment-là nous verrons que les réformes en profondeur que nous avons amorcées amplifient ce retour à la croissance et à la confiance.
La confiance
Cette confiance à laquelle je vous appelle, c'est tout simplement une confiance en nous, en nous-mêmes, et une confiance en la France. Je ne suis pas partisan de la thèse du déclin français. Je ne crois pas que la France soit en déclin.
Je crois que la France a des problèmes, je crois que la France a perdu du terrain notamment entre 1997 et 2002, nous ne sommes plus aussi compétitifs que nous l'étions avant, encore que cela commence à remonter, mais je ne crois pas que la France fondamentalement soit un pays qui ait perdu de ces atouts et de son enthousiasme.
Nous avons beaucoup de cartes dans notre jeu et notre image dans le monde n'a peut-être jamais été aussi bonne, aux yeux de beaucoup. Je relisais tout à l'heure un article que je fais en réponse au spécialiste du déclin français, Monsieur Baverez, qui expliquait, dans un article paru il y a quelques mois, qu'en prenant la position qu'elle a prise dans l'affaire irakienne, la France s'était mise dans une impasse diplomatique. Je me pinçais en lisant cela, il avait dû l'écrire au mois de mars, je ne sais pas qui est dans l'impasse à l'heure actuelle en Irak, ce n'est pas la France en tout cas.
J'étais au cours des derniers mois au Maroc et en Tunisie, je vais en Algérie bientôt, l'image de la France dans les Pays arabes et ailleurs aussi, est une image formidable. On attend de la France qu'elle s'exprime, il y a un besoin de France sur la scène mondiale. Notre pays est peut-être celui qui a le courage de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
L'Europe
Alors, cette voix va devoir se faire entendre en Europe. Nous allons avoir des débats difficiles sur l'Europe, il faut que l'UMP se prépare à les assumer, en son sein et vis-à-vis de l'opinion publique.
Je lisais un livre qui s'appelle " La puissance ou la mort ", écrit par un économiste, qui expose que dans les dix ans qui viennent, il y aura sur la scène mondiale, trois ou quatre grands pôles de puissance. Il y en a déjà un, superstar, les Etats-unis. Il y aura la Chine, qui y est déjà, et qui sera dans quelques années la deuxième puissance industrielle du monde, et pas simplement pour fabriquer des jouets en plastique, mais des choses très sophistiquées. Jean-Pierre Raffarin, qui est allé récemment en Chine, disait : il y a 150 à 200 millions de Chinois aujourd'hui qui ont notre niveau de vie, notre formation et notre dynamisme, peut-être même plus, 150 millions c'est beaucoup. Il y aura également l'Inde, la Russie peut-être, le Japon.
Et nous, Européens, que devenons-nous ?
L'Europe, dans dix ans, pourra-t-elle s'asseoir autour de la table des grands, sur la scène mondiale ? C'est un défi formidable et la France a ici un rôle particulier à jouer.
On me dit que cette conception de l'Europe puissance n'est défendue que par la France. Justement, nous avons là un rôle historique à jouer, avec d'autres, l'Allemagne en particulier, quel chemin parcouru depuis des années, quand on voit que le Chancelier allemand ne pouvant se déplacer à Bruxelles, demande au Président de la République française de parler à sa place, c'est formidable. Un lien franco-allemand qu'il faudra peut-être resserrer encore.
Voilà un débat sur lequel il faudra que nous nous prononcions. De grâce, le vrai débat de l'Europe, ce n'est pas de savoir s'il faut faire un referendum ou non, ce n'est pas d'actualité, mais de savoir ce que nous allons faire de l'Europe. Comment nous la rêvons, et je le dis aux jeunes populaires présents, ils sont sages ce soir, ils l'étaient moins à Moliets.
Voilà un rêve, une ambition, qui donne un sens à l'engagement politique. Comment faire que l'Europe devienne une puissance sur la scène mondiale, avec une France au cur de cette Europe, qui garde évidemment son identité et qui joue son rôle de locomotive, c'est un beau défi.
De même que la France a une voix à faire entendre également dans le vaste débat sur la mondialisation. Hier, l'UMP a fait un colloque sur ce sujet, quelqu'un me disait : mais pourquoi courez vous après José Bové ? Je ne cours pas après lui, je me pose les vrais problèmes. Est-ce que la mondialisation mérite que nous y réfléchissions ou pas ? Ce n'est pas faire concurrence à José Bové, c'est parce que le problème est devant nous. Et hier, j'avais envie par provocation de commencer mon discours en disant : Vive la mondialisation !, c'est formidable la mondialisation, c'est la liberté des échanges, c'est le progrès économique. Un Français sur quatre travaille pour l'exportation et la France est le troisième exportateur mondial de services.
Nous avons tout intérêt à ce que les échanges de services se libéralisent parce que, notre hôtellerie, nos banques, notre assurance, les secteurs où nous sommes très bons pourront se développer. Il ne faut pas en avoir peur.
En même temps, cette mondialisation comporte aussi des risques.
Parfois quand je vois comment va le monde, je me dis qu'il marche cul par-dessus tête. La mondialisation aujourd'hui ou le monde tel qu'il va aujourd'hui, ce sont des guerres, des génocides, le terrorisme, les injustices. Un malade atteint du Sida à Bamako ne peut pas se soigner car la trithérapie lui coûte à peu près trois ou quatre fois son salaire mensuel. Est-ce normal, est-ce acceptable ?
La mondialisation c'est aussi le gâchis des ressources naturelles. Allons-nous laisser tout cela à Monsieur Bové ?
Non, il faut que nous nous emparions de ces problèmes et que nous ayons notre propre approche, notre propre vision des choses.
Il faut une autre mondialisation, avec des règles et avec des valeurs. Le respect de la personne humaine, de la nature, de la liberté individuelle, c'est-à-dire de la diversité.
La France a marqué un point formidable, qui est passé complètement inaperçu, lorsqu'il y a eu le débat sur la diversité culturelle, dans les enceintes internationales. Jacques Chirac a dit : il faut que ce débat aille à l'UNESCO. La culture ce n'est pas comme les machines à laver. Dans un bien culturel il y a un peu de l'âme des peuples et des Hommes. C'est cela l'exception culturelle, ce n'est pas l'exception française, cela ne veut pas dire que nous sommes exceptionnels.
Hier toujours, au colloque de l'UMP, un sociologue britannique, Théodore Zeldin disait : j'adore les Français, mais si vous pouviez vous adresser au reste du monde, non pas en lui disant " nous sommes géniaux ", mais " on vous aime ", vous ferriez des progrès considérables. Il avait tout à fait raison.
L'exception française ne veut pas dire que nous sommes meilleurs que les autres, mais que les biens culturels, les films, les livres, la musique Ne sont pas des produits comme les autres et qu'il faut les traiter différemment, en permettant aux Etats de sauvegarder leur identité et leur diversité.
Quand Jacques Chirac a renvoyé cela à l'UNESCO, tout le monde a rigolé en disant : quelle idée bizarre ! Il y a trois jours, je recevais l'Ambassadeur de France auprès de l'UNESCO, il me disait que, lors de la dernière Assemblée générale de l'UNESCO, à une majorité écrasante - 150 voix contre 20 - et malgré l'hostilité des Etats-Unis, revenus dans l'UNESCO, il a été décidé de mettre en chantier une Charte internationale de la diversité culturelle, afin de préserver précisément l'identité de chaque civilisation, de chaque culture et de chaque langue. Voilà un grand succès qu'à remportée également la diplomatie française.
Alors, mes chers amis, quand on a la chance d'habiter un pays comme ça, d'en être des citoyens, il ne faut pas avoir d'états d'âme, il faut être confiant dans l'avenir, se mobiliser et cultiver surtout ce qui est finalement notre ferment d'unité le plus puissant et le plus durable, c'est-à-dire tout simplement l'amour de la France et l'amour de la Patrie.
Il faut que l'UMP mette aussi ses valeurs au premier plan et c'est ainsi que nous convaincrons les Français que ce nous leur proposons va dans la bonne direction.
Merci de votre engagement, merci de votre mobilisation.
Vive l'UMP et vive la France !
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 août 2005)
Loyauté qui n'exclut pas la franchise, notre rôle n'est pas d'être alignés, en colonne par un, et d'être, comme on l'a trop souvent dit, un parti de godillots. De temps en temps, il faut faire remonter les choses. Il faut avoir le courage de dire au gouvernement : attention, vous allez dans la mauvaise direction !
Très modestement, c'est ce que j'ai essayé de faire, il y a quelque temps, lorsque j'ai appris que l'on allait mettre une nouvelle taxe sur la circulation des vins. Il se trouvait que le lendemain, le Premier ministre était à Moliets, tout prêt, alors j'en ai profité pour lui dire : écoute, en ce moment cela ne va pas très bien dans nos vignobles, ce n'est pas une bonne idée d'ajouter une taxe. Le message est passé et le projet de taxe a été abandonné. De temps en temps nous arrivons donc à faire passer les choses et je prends un sujet important mais ponctuel, nous pouvons le faire dans des conditions beaucoup plus larges.
Nous avons demandé au Premier ministre de nous associer davantage, et en amont d'associer en particulier les parlementaires, à la définition de la politique gouvernementale. Mais à partir du moment où nous sommes associés, à partir du moment où la décision est prise, il faut alors l'appliquer avec loyauté et soutien. C'est pour cela que je vous appelle maintenant à vous mobiliser. Nous allons lancer dans les jours qui viennent, entre le 15 novembre et le 15 décembre, une grande campagne d'explication sur le terrain. Un meeting dans chaque département, un orateur national avec un bon argumentaire et deux objectifs très clairs : célébrer le premier anniversaire de l'UMP et lancer la campagne des cantonales et régionales.
J'espère que vous serez dans cette campagne exemplaire !
Si nous faisons cela, c'est pour apporter un soutien franc et loyal au Président de la République et au Gouvernement. Dans cette campagne de mobilisation, à laquelle je vous invite, notre premier travail sera d'expliquer que beaucoup a été fait en quinze mois. Les orateurs qui m'ont précédé, et que je remercie de leurs paroles d'amitié, ont évoqué le chemin parcouru. Souvenez-vous, quand nous venions ici pendant la campagne des législatives ou des présidentielles, quel était le premier message que vous nous adressiez.
Il était très clair : il y en a marre de l'insécurité dans nos villes et dans nos campagnes, il faut faire quelque chose, nous ne pouvons plus accepter l'impuissance des pouvoirs publics ! Nous nous y sommes mis, dès que nous avons été au gouvernement, et grâce à l'action de Nicolas Sarkozy au Ministère de l'Intérieur, de Dominique Perben au Ministère de la Justice, nous avons changé le cours des choses.
Je ne dis pas que nous avons rétabli une sécurité parfaite, partout, bien sûr qu'il reste encore beaucoup à faire, mais, je le vois dans ma ville, aujourd'hui, les gens ont le sentiment que le dossier est pris en main, que des efforts sont faits, que des directions claires sont tracées et que des moyens sont dégagés.
Nous avons fait la même chose pour la Défense. Je regardais ce matin la télévision où l'on annonçait le vote du budget de la Défense. Les crédits ayant beaucoup augmenté, certains commençaient à s'en offusquer, la gauche naturellement, expliquant que l'on dépensait trop pour notre Défense nationale. Souvenons-nous là aussi de la situation en 2001, des Gendarmes qui manifestaient dans la rue, parce qu'ils n'avaient pas les moyens de fonctionner, cela ne s'était jamais vu dans la République.
Et puis, plus grave encore, du point de vue de la sécurité extérieure du pays, des matériels de défense qui étaient obsolètes ou inemployés parce que l'Armée n'avait pas les crédits pour les faire fonctionner, et un moral à zéro, là aussi, le gouvernement a réagi, avec loi de programmation militaire qui va nous permettre petit à petit, d'avoir les moyens de nos ambitions internationales.
Troisième exemple de ce que nous avons fait depuis quinze mois, redonner aux entreprises de l'oxygène. La loi Dutreil est une excellente loi : allègements fiscaux, simplification de procédures, encouragement à la création d'entreprises Les résultats ne se sont pas fait attendre. Entre 1997 et 2002, la création d'entreprise en France chutait, aujourd'hui nous avons retrouvé un rythme de 200 000 créations d'entreprises par an. Si bien que l'objectif du Président - un million d'entreprises en cinq ans - est à notre portée. Dans le même temps, nous avons assoupli intelligemment les 35 heures. On m'a dit que nous n'avions pas eu le courage de les abroger, nous n'avions pas dit que nous les abrogerions ! On dit toujours aux hommes politiques qu'ils ne font pas ce qu'ils avaient promis. Là, nous avions dit que nous les assouplirions. Les abroger du jour au lendemain aurait été une sottise. Dans les entreprises, il y avait eu des accords sur les 35 heures, dans les grandes entreprises en particulier, et des accords donnant-donnant. Il y avait les 35 heures, mais il y avait des contreparties. Il y avait l'annualisation du temps de travail, il y avait, hélas, et l'on s'en est aperçu peut-être un peu tard du côté syndical, le blocage des salaires.
Bref, rayer tout ça d'un trait de plume aurait abouti à mettre le désordre dans les entreprises et je crois que François Fillon a été beaucoup plus intelligent, d'abord en débloquant le contingent d'heures supplémentaires, puis en amenant toute une série de souplesses nouvelles, je pense en particulier à celles qui vont résulter de la loi sur la formation et le droit à la formation toute au long de la vie.
Nous avons engagé la décentralisation ; puis nous avons fait une réforme que, depuis dix ou quinze ans, tous les gouvernements hésitaient à faire, c'est-à-dire la réforme des retraites. Cette réforme comporte de très nombreux aspects positifs, on ne voit que ce qui dérange, mais il y a plein de dispositions très généreuses dans ce projet. Hier, Jean-Pierre Raffarin disait à l'Assemblée nationale qu'un décret venait de sortir qui concrétise l'une des conquêtes de cette réforme des retraites, à savoir que les travailleurs et travailleuses qui ont commencé à bosser à 14 ou 15 ans, à partir de demain, pourront prendre leur retraite à 58 ans à taux plein. Les Communistes qui étaient là et qui nous apostrophaient, qu'avaient-ils fait lorsqu'ils étaient au pouvoir ? Fillon a dit d'ailleurs : le PC l'avait rêvé, Raffarin l'a fait ! et c'est ce qui s'est passé sur les retraites.
Sur le budget 2004, nous avons fait aussi beaucoup de bonnes choses, avec en deux ans une baisse de 10 % de l'impôt sur le revenu. On nous dit c'est l'impôt des riches, l'impôt sur le revenu. Il y a 17 millions de foyers en France qui paient l'impôt sur le revenu : les classes moyennes, les familles, les célibataires et ils trinquent à l'impôt sur le revenu !
Nous avons donc eu raison de tenir notre promesse et de baisser cet impôt.
Nous avons fait un budget qui aussi maîtrise les dépenses. Nous n'avons pas encore atteint tout à fait l'objectif. Il va falloir beaucoup d'énergie pour convaincre nos administrations de se réformer et c'est un vrai enjeu. On ne rééquilibrera pas vraiment les finances publiques et l'on ne financera pas vraiment les baisses d'impôts, si l'administration ne se modernise pas.
Bref, je m'arrête là car je ne voudrais pas être exhaustif et j'oublie bien des choses. Nous avons beaucoup bossé depuis 15 mois et beaucoup de réformes positives ont été engagées. Il faut continuer. L'immobilisme serait à l'évidence notre pire adversaire. D'ailleurs je ne sais pas si c'est votre sentiment, mais partout où je passe, j'entends : tenez bon !, continuez !, il faut redresser la France et réformer les habitudes qui nous coûtent cher. Alors, dans les mois ou les années qui viennent, nous avons un certain nombre d'objectifs. Je voudrais simplement aborder deux priorités qui me paraissent capitales.
L'emploi
L'emploi est redevenu la préoccupation numéro un des Français, maintenant que leur inquiétude sur la sécurité a un peu reculé.
Je sais qu'ici dans cette région, réputée pour avoir un taux de chômage en général moitié moindre que celui de la France, les choses aussi ne vont pas dans le bon sens et que le chômage augmente. Il faut donc se retrousser les manches et agir.
Il faut que vous compreniez bien et que vous expliquiez autour de vous, que nous avons accompli une petite révolution en matière de politique contre le chômage et pour l'emploi. Que nous a-t-on dit pendant vingt ans ? Rappelez vous de cet argument que nous utilisions beaucoup pendant la campagne électorale. Pendant vingt ans, les socialistes ont été au pouvoir les trois quarts du temps. Pendant vingt ans, on nous a dit c'est très simple, pour faire reculer le chômage, il faut travailler moins et créer des emplois publics précaires. Alors on a fait les 35 heures, dont la finalité était de faire reculer le chômage. Il faut s'en souvenir, quand Madame Aubry est arrivé avec sa réforme, c'était pour faire reculer le chômage. Puis, on a mis des centaines de milliers d'emplois jeunes, sans formation et sans perspectives. Cette politique a échoué.
Certes, le chômage a reculé dans les années 1999-2000, mais pourquoi ? Parce qu'il y avait de la croissance, partout, en Amérique, en Allemagne, autour de nous, en Espagne, en France. Dès que la croissance s'est retournée, le chômage a continué à augmenter. Si les 35 heures avaient été efficaces, le chômage n'aurait pas recommencé à augmenter en 2001, avant que nous n'arrivions au pouvoir, bien avant, un an auparavant. C'est bien parce que cette politique de réduction du temps de travail est un échec.
Je crois que cela tombe sous le sens. Comment peut-on imaginer que nous allons garder notre niveau de vie et notre modèle social en France, en travaillant beaucoup moins que tous ceux qui sont autour de nous. On est géniaux en France, c'est bien connu ! On est plus forts que les autres, mais il y a quand même des limites !
Il faut, et vous le savez c'est un des objectifs majeurs de Jean-Pierre Raffarin et c'est ce que nous avions dit aussi pendant la campagne, réhabiliter le travail. Non pas réhabiliter l'impôt, comme les socialistes veulent le faire, non pas réhabiliter la dépense publique, comme Rocard se le fixait pour objectif en 1988-1989, mais réhabiliter le travail.
Dire aux Français que dans une compétition internationale qui est redoutable, il va falloir que nous retrouvions le goût peut-être même l'amour du travail qui après tout n'est pas une calamité. On peut être heureux aussi au travail. C'est aussi un moyen de libération, ce n'est pas toujours une aliénation, sous certaines conditions. Il faut le payer mieux.
Vous militants de l'UMP, il faut que vous disiez, parce que l'on nous colle l'étiquette d'un parti qui ferait la politique des riches, que nous sommes un mouvement populaire. Il faut que vous rappeliez que c'est ce gouvernement qui a fait la plus forte hausse du SMIC des dix ou quinze dernières années. En l'espace de deux ans, en remettant en ordre la pagaille introduite par Madame Aubry dans les SMIC, elle avait créé six SMIC, nous avons réunifié tout cela.
Nous allons augmenter le SMIC en net de 11 % dans les deux ans qui viennent, ce qui représente, comme l'expliquait Jean-Pierre Raffarin hier, un treizième mois pour les smicards. C'est nous qui l'avons fait, ce n'est pas la gauche.
Ensuite, il faut que le travail se déroule de manière plus libre. Il faut mieux préparer les Français au travail, pour qu'ils prennent davantage goût au travail, avec l'accord historique qui vient d'être conclu sur le droit à la formation tout au long de la vie. Ça aussi c'est une première et c'est la première fois que toutes les grandes centrales syndicales signent l'accord. Le dialogue social était en panne, entre 1997 et 2002, parce que le Gouvernement socialiste faisait ses réformes de manière tout à fait autoritaire et unilatérale. Nous, nous avons réamorcé le dialogue social.
Mieux préparer les hommes et les femmes à leur future vie de travail, c'est aussi la réforme de l'Education nationale. Nous sommes en train d'y réfléchir, de plancher là-dessus. J'ai personnellement sur le sujet, une idée, à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Si nous voulons qu'il n'y ait pas chaque année 150 000 jeunes qui sortent de notre système secondaire sans formation professionnelle et sans diplôme, il va falloir trouver les moyens, en faisant évoluer les mentalités et les systèmes, pour faire en sorte que les filières d'enseignement professionnel et d'enseignement en alternance retrouvent la même dignité, dans la tête des familles et dans celle des professeurs, que les filières d'enseignement général. C'est vraiment une oeuvre de salubrité publique.
Redonner le goût au travail, c'est aussi favoriser le retour à l'emploi. C'est faire en sorte que le plus souvent possible on ait intérêt à reprendre un travail plutôt que de rester en situation d'assistance. Nous l'avons dit pendant la campagne électorale et les Français l'ont approuvé. Alors je ne comprends pas aujourd'hui la polémique et les mensonges qui prévalent au sujet de l'ASS (l'Allocation Spécifique de Solidarité). On nous dit : une fois de plus l'UMP matraque les pauvres et les précaires et va supprimer l'indemnisation du chômage.
Quelle est la réalité ?
Aujourd'hui, quand on est au chômage, on touche les Assedic pendant deux ou trois ans selon les cas, et après, on bascule dans un système, l'ASS, qui n'a pas de fin. On peut donc rester en ASS toute sa vie. Est-ce vraiment un projet social que d'offrir comme perspective à des hommes et des femmes dans notre pays, après le chômage, de rester indéfiniment dans ce qui devient de l'assistance, parce que l'ASS est une allocation chichement calculée, ou est-ce qu'il ne faut pas, au contraire, essayer de mettre en place une réforme qui pousse ces hommes et ces femmes à rechercher du travail ?
C'est ce que le gouvernement a fait en proposant qu'à partir d'un certain moment l'ASS s'arrête et qu'ensuite, il y ait un choix entre un Contrat Initiative Emploi, formule d'aide à la réinsertion des chômeurs de longue durée dans l'entreprise (que mon gouvernement avait institué en juillet 1995 et que l'on réactive) ou un RMA, Revenu Minimum d'Activité, consistant pour le bénéficiaire du RMI à accepter de reprendre une activité, c'est-à-dire un travail, en contrepartie de l'allocation qu'on lui donne. Voilà la véritable réforme de l'ASS.
Il y aurait bien d'autres choses à dire encore sur l'emploi. Il faut aussi que nous ayons une politique industrielle et si possible une politique industrielle européenne, pour lutter contre les délocalisations et régionale ; la décentralisation va nous permettre sans doute de le faire, bien entendu. Je suis assez insatisfait quand je vois que la seule approche des problèmes industriels à Bruxelles est de s'assurer que la concurrence est pure et parfaite. On risque de démanteler des groupes européens. Regardez ce qui s'est passé avec Alstom, on nous a fait lanterner au point d'ailleurs que cela a coûté deux fois plus cher à l'Etat français que ce qui était prévu au départ. Il faut sortir de cette vision hyper libérale de la concurrence et essayer de recréer des grands projets industriels européens, en particulier des projets de recherche.
Face aux délocalisations, il ne faut se tromper d'analyse, on ne deviendra jamais aussi bon marché que les Chinois, les Roumains ou les Tunisiens. Si l'on voulait aligner notre coût du travail sur le coût du travail dans ces pays, d'abord ce serait fou que de se le fixer comme objectif, et en plus, nous n'y arriverions naturellement pas. Notre seule perspective c'est la recherche, c'est l'innovation, c'est la création, de produits ou de processus nouveaux. L'Europe peut être ici d'un précieux soutien.
Je m'arrête là sur l'emploi, nous pourrions en parler longtemps. En tout cas, ce que je voudrais essayer de vous communiquer, c'est que nous avons une politique de l'emploi et ce n'est pas la même que celle de Monsieur Jospin et de Madame Aubry. C'est une autre politique de l'emploi, mais je suis convaincu qu'elle donnera de meilleurs résultats.
La cohésion nationale
Notre autre grand objectif, dans ces mois qui viennent, c'est aussi de renforcer la cohésion nationale. Nous voyons bien aujourd'hui que notre pays flotte, les Français sont parfois un peu perdus. Ils se demandent ce que va devenir la France, quelle est la politique que nous voulons mener. Il faut que nous luttions contre ces ferments de division et de perte de cohésion de la Nation. Cela implique d'abord que, dans notre sigle UMP (Union pour un Mouvement Populaire), nous n'oubliions pas le " P ". Nous sommes un mouvement populaire, nous ne sommes pas le parti d'une classe. Naturellement pas d'une classe favorisée ou privilégiée, nous sommes le parti de tous les Français. Il faut faire en particulier attention aux plus fragiles, à tous ceux qui ressentent le plus douloureusement le choc de la mondialisation ou d'un certain nombre d'évolutions.
Alors, la dimension sociale de notre politique est extrêmement importante. À ce propos, je voudrais dire un mot sur un sujet d'actualité, le jour férié, lundi de Pentecôte ou autre. Je suis frappé de voir comment la communication fonctionne. Ce qui est important, ce n'est pas le jour férié, c'est de savoir ce que l'on veut faire avec.
Et que voulons-nous faire ?
Nous voulons mettre en place, ce que j'appelle moi - sans avoir encore convaincu sur ce sujet, mais je ne me lasse pas - une nouvelle assurance sociale en France : l'assurance dépendance.
Avec les évolutions, avec le vieillissement de la population, nous voyons bien qu'il y a une fraction de plus en plus importante de la population qui, pour des raisons physiques ou psychiques, n'arrivent pas à satisfaire aux besoins de la vie quotidienne sans l'aide d'une tierce personne. Il faut que nous montions un système d'aide au retour à l'autonomie. Cela concerne les personnes âgées, cela concerne aussi les handicapés qui sont dans des situations différentes, pour lesquels nous avons beaucoup travaillé depuis quelque temps et pour qui il faut maintenant arriver à une solution.
Donc, nous voulons mettre en place une assurance dépendance qui comporte un certain nombre de prestations permettant de redonner leur autonomie aux handicapés d'un côté et aux personnes âgées de l'autre. C'est ce que le Gouvernement est en train de mettre au point et c'est ce qui devrait être à la Une de notre communication. Évidemment, il faut trouver un moyen pour financer ce projet et l'on tombe sur le jour férié. Mais ce n'est pas l'objectif le jour férié, c'est le moyen. N'oublions pas l'objectif, qui est un grand élan de solidarité vis-à-vis des handicapés et des personnes âgées. Pour le financer, nous nous sommes dits : nous allons travailler un jour de plus, et alors là, patatras, quel jour ?
À Vicq Fesensac, on ne veut pas du lundi de Pentecôte, parce qu'il y a des corridas ce jour-là. Il faudrait quand même de temps en temps s'élever un petit peu. J'espère ne pas me faire flinguer par le Maire de Vicq Fesensac, c'est pour cela que je n'ai pas parlé de Nîmes parce que Essayons de voir un peu où est l'intérêt général. L'idée selon laquelle les Français vont donner un jour de travail pour financer cet effort de solidarité est une bonne idée. D'ailleurs une majorité des Français sont pour, à une condition, et je l'ai bien dit au Premier ministre, que l'on soit sûr que l'argent aille là et pas ailleurs.
Donc il faut le mettre dans une caisse spéciale.
C'est pour cela que je tiens à mon idée d'assurance dépendance, il faut que cet argent aille dans cette caisse-là, et pas dans les multiples caisses de Francis Mer, que j'ai par ailleurs en très haute estime et qui est un très bon Ministre des Finances.
Alors on nous dit, est-ce que c'est un jour férié ou un jour de RTT ? J'ai moi-même lancé le débat, cependant il faut bien voir que nous ne pouvons pas laisser à chacun le choix de son jour, sinon le système sera ingérable. Il faut récupérer une recette, l'organiser. Le Gouvernement réfléchit en ce moment pour savoir si ce peut être un jour férié avec le cas échéant, dans le cadre d'accords de branches ou d'entreprises, une dérogation qui permettrait d'y substituer un jour de RTT, pourquoi pas. Nous sommes en train d'y travailler et les décisions pourront être prises dans les jours qui viennent.
Le combat contre les extrémismes
Je parlais de cohésion et je voudrais, m'acheminant vers ma conclusion, parler d'un autre enjeu de la cohésion nationale, dont je voudrais qu'il soit l'un des grands combats de l'UMP, je veux parler du combat contre les extrémismes.
Nous sommes quand même dans un foutu pays en France, nous sommes le seul pays développé où plus du quart de l'électorat est sensible aux sirènes de l'extrême droite ou de l'extrême gauche, c'est-à-dire à des formations politiques démagogiques et poujadistes, dont les solutions n'ont jamais aucune espèce d'espoir d'être efficaces ou d'être appliquées au gouvernement.
Pourquoi ?
Il faut vraiment que nous nous interrogions là-dessus et il faut que nous reprenions le combat contre ces extrémismes. On a été très vigilant vis-à-vis de nous quant à nos alliances avec l'extrême droite et l'on a eu raison. Sur ce point, ma ligne a toujours été claire. Je souhaiterais que l'on soit aussi vigilant sur l'alliance du Parti socialiste avec l'extrême gauche à l'avenir, parce que l'extrême gauche, elle n'est pas beaucoup plus fréquentable. C'est une philosophie trotsko-anarcho-autoritaire, totalitaire en réalité, dans beaucoup de ces composantes. Il va falloir que nous le disions très clairement.
La lutte contre les extrémismes c'est aussi la lutte contre l'extrémisme religieux. Je voudrais vous donner mon sentiment sur un débat qui est tout à fait actuel et qui, je le sais, préoccupe nos militants et nos électeurs, le débat sur la laïcité. J'ai été amené à m'expliquer longuement en compagnie de François Barouin la semaine dernière, devant la Commission Stasi, c'est-à-dire la Commission constituée par le Gouvernement pour l'éclairer sur ce problème. Je voudrais d'abord dire que le débat sur le voile auquel nous participons n'est pas un combat contre l'Islam. Je ne suis pas islamophobe, l'Islam est une grande religion, pratiquée par quatre millions de Français et qui a droit au respect comme toutes les autres. La liberté de religion, la liberté de pensée, la liberté de pratiquer sa religion est une liberté fondamentale, inscrite dans la Constitution française, dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est une chose sur laquelle je crois qu'il faut être clair, je l'ai écrit dès 1998 dans un petit fascicule de France Moderne, où je disais également qu'un jour nous aurions besoin d'organiser l'immigration en France et que l'immigration zéro n'avait pas de sens, je m'étais tapé sur la gueule par tout le monde à cette époque-là, et puis je me rends compte qu'aujourd'hui on y vient, passons.
Alors où est le débat ?
Le débat repose sur le fait que le port du voile n'est pas une pratique religieuse anodine. J'ai beaucoup réfléchi, j 'ai beaucoup écouté, beaucoup de témoignages, et je me suis rendu compte que c'était autre chose. C'est en réalité l'expression d'un mouvement politico-religieux, intégriste, extrémiste et fondamentaliste qui n'est pas acceptable.
Lors des jeudis matins de l'UMP, nous avons notamment auditionné Anifa Sherifi, médiatrice depuis 1989 de l'Education nationale. Elle nous a expliqué que quand elle avait été nommée, elle avait reçu, pratiquement une par une, les jeunes filles qui arrivaient avec un voile à l'école. Elle nous a dit : dans tous les cas, je me suis trouvée face à des jeunes filles qui n'étaient pas de jeunes filles tranquilles, éprises de piété religieuse ou de pudeur naturelle, exprimant ce qu'elle appelle elle-même l'Islam des familles, non, elle s'est trouvée face à des jeunes filles extrêmement argumentées dans leur esprit, très politisées en réalité, avec des raisonnements très juridiques, disant " on va traîner le Proviseur devant la justice parce que le Conseil d'Etat a dit que ". Elle en tire la conclusion que derrière tout ça, il y avait de véritables réseaux politiques qui manipulaient ces jeunes filles et qui en faisaient un combat politique.
Ce n'est pas acceptable, et ce qui me renforce dans cette idée, c'est de voir qu'au-delà du voile, toutes sortes de dérapages sont en train de se manifester : demande de créneaux horaires dans les piscines pour que les jeunes filles musulmanes puissent se baigner à l'abri des regards. Je ne sais pas si vous avez vu à la télévision récemment un reportage, moi qui m'a un peu stupéfié, de plus en plus de patientes musulmanes refusent de se faire soigner par des médecins hommes à l'hôpital. Par ailleurs, en lisant l'ouvrage " Les territoires perdus de la République " vous y verrez que dans certaines écoles aujourd'hui, quand les Professeurs d'Histoire parlent de la Shoah, à propos de la Seconde Guerre Mondiale, des enfants se lèvent dans la classe pour dire : ce n'est pas vrai, il n'y a pas eu de camps de concentration ; on le leur a mis dans la tête.
Face à cette entreprise, il faut marquer un coup d'arrêt.
Alors, on nous dit : si vous excluez ces jeunes filles de l'école, nous allons nous faire censurer par la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Non, en 1990 et 1991, elle a débouté des jeunes Turques qui avaient attaqué en justice le Gouvernement d'Ankara pour avoir interdit le port du voile à l'Université. La Cour les a déboutées, répondant que le Gouvernement d'Ankara était parfaitement fondé à prendre cette mesure conforme à sa constitution. Il n'y a donc pas de difficulté constitutionnelle.
On nous dit ensuite qu'en excluant ces jeunes filles, nous les poussons vers les écoles coraniques. Ce raisonnement m'inquiète car, si chaque fois qu'en légiférant nous avons peur des effets pervers de la loi que nous sommes en train de faire, la moitié du Code Pénal va alors passer à l'as, parce que nous n'oserons plus réprimer des actes qui pourraient avoir des effets négatifs.
Il faut avoir le courage de prendre ses responsabilités. Il faudra naturellement ne pas renoncer au travail de médiation, il ne s'agit pas de les exclure brutalement ces jeunes filles, il faudra leur parler, les accompagner, essayer de les convaincre.
On le fera d'autant mieux que les Proviseurs pourront s'adosser à une loi claire plutôt que de se débrouiller comme ils le font aujourd'hui en l'absence de législation.
Je ne vous cache pas que nous recevons des appels, presque des appels au secours, des jeunes filles musulmanes tout d'abord, qui nous disent : aidez-nous à résister à la pression de nos entourages, dans les banlieues ou les quartiers difficiles, et des appels de Proviseurs ou Principaux de Collège qui nous disent : clarifiez la situation ! C'est l'honneur du politique et la responsabilité du législateur, de dire le droit, la loi.
Je pense donc qu'il ne faut pas exclure, lorsque la commission Stasi aura terminé son travail, d'aller jusqu'à une législation, concernant au minimum l'école, car l'école n'est pas un endroit comme les autres. L'école est un lieu où il y a des consciences immatures, où les jeunes n'ont pas encore formé tout à fait leur esprit critique et leur liberté de jugement. Bien sûr, cette loi devra s'appliquer à tous les signes politico-religieux, pas uniquement au voile, mais à tous les autres naturellement. Voilà la position que nous avons prise.
Voilà mes chers amis ce que je voulais vous dire sur ce que l'on a déjà fait, c'est beaucoup. Sur ce qui nous reste à faire, c'est encore plus. Je voudrais terminer en vous disant que cela va marcher.
Aujourd'hui, il y a un peu de flottement, des critiques tous azimuts, parfois dans la majorité. Il est vrai que nous sommes peut-être dans la période la plus difficile, celle où les réformes présentent leur aspect le plus rugueux, sans que les fruits en soient encore perceptibles. Ceci au fil des mois va changer, la France va renouer avec la croissance, peut-être plus tard et plus lentement que nous l'aurions souhaité, mais elle va le faire et à ce moment-là nous verrons que les réformes en profondeur que nous avons amorcées amplifient ce retour à la croissance et à la confiance.
La confiance
Cette confiance à laquelle je vous appelle, c'est tout simplement une confiance en nous, en nous-mêmes, et une confiance en la France. Je ne suis pas partisan de la thèse du déclin français. Je ne crois pas que la France soit en déclin.
Je crois que la France a des problèmes, je crois que la France a perdu du terrain notamment entre 1997 et 2002, nous ne sommes plus aussi compétitifs que nous l'étions avant, encore que cela commence à remonter, mais je ne crois pas que la France fondamentalement soit un pays qui ait perdu de ces atouts et de son enthousiasme.
Nous avons beaucoup de cartes dans notre jeu et notre image dans le monde n'a peut-être jamais été aussi bonne, aux yeux de beaucoup. Je relisais tout à l'heure un article que je fais en réponse au spécialiste du déclin français, Monsieur Baverez, qui expliquait, dans un article paru il y a quelques mois, qu'en prenant la position qu'elle a prise dans l'affaire irakienne, la France s'était mise dans une impasse diplomatique. Je me pinçais en lisant cela, il avait dû l'écrire au mois de mars, je ne sais pas qui est dans l'impasse à l'heure actuelle en Irak, ce n'est pas la France en tout cas.
J'étais au cours des derniers mois au Maroc et en Tunisie, je vais en Algérie bientôt, l'image de la France dans les Pays arabes et ailleurs aussi, est une image formidable. On attend de la France qu'elle s'exprime, il y a un besoin de France sur la scène mondiale. Notre pays est peut-être celui qui a le courage de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
L'Europe
Alors, cette voix va devoir se faire entendre en Europe. Nous allons avoir des débats difficiles sur l'Europe, il faut que l'UMP se prépare à les assumer, en son sein et vis-à-vis de l'opinion publique.
Je lisais un livre qui s'appelle " La puissance ou la mort ", écrit par un économiste, qui expose que dans les dix ans qui viennent, il y aura sur la scène mondiale, trois ou quatre grands pôles de puissance. Il y en a déjà un, superstar, les Etats-unis. Il y aura la Chine, qui y est déjà, et qui sera dans quelques années la deuxième puissance industrielle du monde, et pas simplement pour fabriquer des jouets en plastique, mais des choses très sophistiquées. Jean-Pierre Raffarin, qui est allé récemment en Chine, disait : il y a 150 à 200 millions de Chinois aujourd'hui qui ont notre niveau de vie, notre formation et notre dynamisme, peut-être même plus, 150 millions c'est beaucoup. Il y aura également l'Inde, la Russie peut-être, le Japon.
Et nous, Européens, que devenons-nous ?
L'Europe, dans dix ans, pourra-t-elle s'asseoir autour de la table des grands, sur la scène mondiale ? C'est un défi formidable et la France a ici un rôle particulier à jouer.
On me dit que cette conception de l'Europe puissance n'est défendue que par la France. Justement, nous avons là un rôle historique à jouer, avec d'autres, l'Allemagne en particulier, quel chemin parcouru depuis des années, quand on voit que le Chancelier allemand ne pouvant se déplacer à Bruxelles, demande au Président de la République française de parler à sa place, c'est formidable. Un lien franco-allemand qu'il faudra peut-être resserrer encore.
Voilà un débat sur lequel il faudra que nous nous prononcions. De grâce, le vrai débat de l'Europe, ce n'est pas de savoir s'il faut faire un referendum ou non, ce n'est pas d'actualité, mais de savoir ce que nous allons faire de l'Europe. Comment nous la rêvons, et je le dis aux jeunes populaires présents, ils sont sages ce soir, ils l'étaient moins à Moliets.
Voilà un rêve, une ambition, qui donne un sens à l'engagement politique. Comment faire que l'Europe devienne une puissance sur la scène mondiale, avec une France au cur de cette Europe, qui garde évidemment son identité et qui joue son rôle de locomotive, c'est un beau défi.
De même que la France a une voix à faire entendre également dans le vaste débat sur la mondialisation. Hier, l'UMP a fait un colloque sur ce sujet, quelqu'un me disait : mais pourquoi courez vous après José Bové ? Je ne cours pas après lui, je me pose les vrais problèmes. Est-ce que la mondialisation mérite que nous y réfléchissions ou pas ? Ce n'est pas faire concurrence à José Bové, c'est parce que le problème est devant nous. Et hier, j'avais envie par provocation de commencer mon discours en disant : Vive la mondialisation !, c'est formidable la mondialisation, c'est la liberté des échanges, c'est le progrès économique. Un Français sur quatre travaille pour l'exportation et la France est le troisième exportateur mondial de services.
Nous avons tout intérêt à ce que les échanges de services se libéralisent parce que, notre hôtellerie, nos banques, notre assurance, les secteurs où nous sommes très bons pourront se développer. Il ne faut pas en avoir peur.
En même temps, cette mondialisation comporte aussi des risques.
Parfois quand je vois comment va le monde, je me dis qu'il marche cul par-dessus tête. La mondialisation aujourd'hui ou le monde tel qu'il va aujourd'hui, ce sont des guerres, des génocides, le terrorisme, les injustices. Un malade atteint du Sida à Bamako ne peut pas se soigner car la trithérapie lui coûte à peu près trois ou quatre fois son salaire mensuel. Est-ce normal, est-ce acceptable ?
La mondialisation c'est aussi le gâchis des ressources naturelles. Allons-nous laisser tout cela à Monsieur Bové ?
Non, il faut que nous nous emparions de ces problèmes et que nous ayons notre propre approche, notre propre vision des choses.
Il faut une autre mondialisation, avec des règles et avec des valeurs. Le respect de la personne humaine, de la nature, de la liberté individuelle, c'est-à-dire de la diversité.
La France a marqué un point formidable, qui est passé complètement inaperçu, lorsqu'il y a eu le débat sur la diversité culturelle, dans les enceintes internationales. Jacques Chirac a dit : il faut que ce débat aille à l'UNESCO. La culture ce n'est pas comme les machines à laver. Dans un bien culturel il y a un peu de l'âme des peuples et des Hommes. C'est cela l'exception culturelle, ce n'est pas l'exception française, cela ne veut pas dire que nous sommes exceptionnels.
Hier toujours, au colloque de l'UMP, un sociologue britannique, Théodore Zeldin disait : j'adore les Français, mais si vous pouviez vous adresser au reste du monde, non pas en lui disant " nous sommes géniaux ", mais " on vous aime ", vous ferriez des progrès considérables. Il avait tout à fait raison.
L'exception française ne veut pas dire que nous sommes meilleurs que les autres, mais que les biens culturels, les films, les livres, la musique Ne sont pas des produits comme les autres et qu'il faut les traiter différemment, en permettant aux Etats de sauvegarder leur identité et leur diversité.
Quand Jacques Chirac a renvoyé cela à l'UNESCO, tout le monde a rigolé en disant : quelle idée bizarre ! Il y a trois jours, je recevais l'Ambassadeur de France auprès de l'UNESCO, il me disait que, lors de la dernière Assemblée générale de l'UNESCO, à une majorité écrasante - 150 voix contre 20 - et malgré l'hostilité des Etats-Unis, revenus dans l'UNESCO, il a été décidé de mettre en chantier une Charte internationale de la diversité culturelle, afin de préserver précisément l'identité de chaque civilisation, de chaque culture et de chaque langue. Voilà un grand succès qu'à remportée également la diplomatie française.
Alors, mes chers amis, quand on a la chance d'habiter un pays comme ça, d'en être des citoyens, il ne faut pas avoir d'états d'âme, il faut être confiant dans l'avenir, se mobiliser et cultiver surtout ce qui est finalement notre ferment d'unité le plus puissant et le plus durable, c'est-à-dire tout simplement l'amour de la France et l'amour de la Patrie.
Il faut que l'UMP mette aussi ses valeurs au premier plan et c'est ainsi que nous convaincrons les Français que ce nous leur proposons va dans la bonne direction.
Merci de votre engagement, merci de votre mobilisation.
Vive l'UMP et vive la France !
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 août 2005)