Texte intégral
R. Sicard-. Vous êtes reçue ce matin à l'Elysée par J. Chirac, qui a décidé de consulter l'ensemble des formations politiques, sur le projet de Constitution européenne, qu'a rédigé V. Giscard d'Estaing. Vous êtes contre ce projet, que vous trouvez trop libéral. Qu'allez-vous dire à J. Chirac ?
- "C'est un projet de traité de nature constitutionnelle, qui va donc, pour les décennies à venir, imposer aux Français et aux autres peuples de l'Union européenne, une Constitution qui décide de la politique économique et sociale..."
Mais une constitution, ce n'était pas une mauvaise idée...
- "Pas en soi. Mais cette Constitution intègre complètement ce qu'était le traité de Maastricht, c'est-à-dire la libre concurrence, la loi du marché. Il est donc important que les Français soient informés du contenu de cette Constitution, qu'ils puissent en débattre, qu'il puisse y avoir un grand débat public et qu'on puisse avoir un référendum pour décider si, oui ou non, nous acceptons ce traité de nature constitutionnelle..."
Donc vous réclamez aujourd'hui un référendum ?
- "Bien sûr, on ne peut pas quand même imposer aux peuples de l'Union européenne une Constitution, sans qu'ils soient, ne serait-ce qu'informés de son contenu, qu'ils puissent en débattre et qu'ils puissent choisir ; c'est une question de démocratie tout simplement, cela me paraît être une évidence."
Les adversaires du référendum, eux, disent que c'est un texte qui est très compliqué et que ceux qui vont voter ne l'auront pas forcément lu...
- "Mais enfin, les Français ne sont pas des imbéciles ! Je me rappelle que l'on avait le même argument lors du débat sur le traité de Maastricht, il y a quelques années : on disait que les Français étaient incapables de comprendre un traité. Nous, nous avons distribué le traité, les gens se sont emparés des articles, les ont lus et le débat s'est instauré. Et on peut avoir des émissions à la télévision, à la radio, dans les journaux, où on explique aux Français le contenu de cette Constitution. Les électeurs et les électrices sont capables de choisir. Donc faisons appel à leur intelligence et faisons ce référendum."
Vous appellerez à voter "non" ; s'il y avait un "non" à cette Constitution, ne serait-ce pas un coup fatal pour l'Europe politique ?
- "Mais non, justement ! Si on veut construire une Europe qui enthousiasme nos concitoyens, il faut qu'ils puissent en décider les choix politiques. S'il y a un "non", il faudra donc remettre les travaux sur le métier et reconstruire une Constitution qui réponde vraiment à ce qu'attendent les vingt-cinq peuples de l'Union européenne aujourd'hui."
Sur le fond, tout le monde n'est pas d'accord avec ce que vous dites. E. Guigou par exemple, qui était ministre socialiste des Affaires européennes, dit que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas un projet libéral. Elle dit par exemple que c'est la première fois que l'on ajoute, à l'objectif de libre concurrence du grand marché, l'objectif de plein emploi, la garantie des services publics et la garantie des droits sociaux. C'est quelqu'un de gauche qui dit cela...
- "Oui, mais E. Guigou s'était battu pour le "oui" au traité de Maastricht, qui déjà inscrivait la politique libérale de l'Union européenne. Donc cela ne m'étonne pas qu'elle ait cette position aujourd'hui. Mais quand on regarde les articles - c'est pour cela qu'il faut les publier et les mettre en débat -, par exemple, les services publics ne sont qu'une dérogation à la libre concurrence, il faut que les Etats prouvent que ces services publics sont vraiment essentiels, sinon ils n'auront pas la dérogation. Et donc tous nos services publics sont en danger. Ils sont déjà en cours de privatisation, mais là, ce serait de nouveau un coup très dur qui serait porté aux services publics. On parle de "plein emploi", c'est l'objectif qui est affirmé, et lorsque vous lisez ensuite tous les articles, la Banque centrale européenne ne sera absolument plus sous l'autorité des gouvernements et sera vraiment libre de mener cette politique de libre concurrence. On voit donc bien, jusqu'à présent, comment le traité de Maastricht ne nous a pas amenés au plein emploi, mais, au contraire, au chômage."
Il y a un autre débat qui divise la gauche, c'est celui de la préparation des élections régionales. F. Hollande, le patron du PS, vous mettait l'autre jour en garde, en disant que si l'on refaisait le coup de la division de 2002, qui avait amené le Front national au deuxième tour, on recommencerait la même chose. Et il dit qu'il faut l'union pour les régionales...
- "Je veux battre la droite et je veux faire reculer l'extrême droite. Pour nous, les communistes, c'est un objectif identitaire. Mais pour cela, il faut remobiliser les hommes et les femmes qui se sont abstenus le 21 avril, ceux et celles qui ont utilisé des votes extrêmes, parce qu'ils avaient l'impression que la gauche n'avait pas mené et ne leur proposait pas une politique qui réponde à leurs attentes, qui résolve leurs problèmes. Donc, si on veut aujourd'hui rassembler le peuple de gauche, si on veut battre la droite, faire reculer l'extrême droite, je le dis à F. Hollande mais je le dis à toute la gauche : il faut d'abord travailler sur les choix politiques que nous voulons ensemble mettre en oeuvre, et c'est pour cela que nous organisons des débats partout en France, des forums où nous invitons les autres forces de gauche à des confrontations sur les propositions avec les concitoyens."
Vous êtes quand même prête à faire vos propres listes s'il le faut ?
- "Nous voulons le rassemblement populaire, nous voulons le rassemblement politique sur des choix clairs. Si nous n'y arrivons pas, nous irons, mais nous irons vraiment avec le souci de rassembler pour battre la droite et l'extrême droite."
Et vous vous rassembleriez au deuxième tour de toute façon ?
- "S'il y a un parti qui a toujours combattu la droite et l'extrême droite, c'est bien le PCF, il n'y a pas de doute là-dessus."
On parlait de J. Chirac tout à l'heure qui, la semaine dernière, a remis dans son discours la formule de la "fracture sociale" et de la lutte contre la fracture sociale. Est-ce une bonne inflexion ?
- "J'entends bien le discours sur la fracture sociale, sur la fracture urbaine, qui a été porté par le chef de l'Etat la semaine dernière mais j'ai envie de dire qu'il faudrait qu'il change de gouvernement et qu'il demande à un nouveau gouvernement de mener une politique complètement différente de celle qui est menée. Parce que, lorsque par exemple on réduit la durée d'attribution de l'ASS pour les chômeurs, lorsque l'on transforme le RMI en RMA, quelque part, on pousse à de nouvelles poches de pauvreté dans notre pays, donc on aggrave la fracture sociale. Lorsque l'on ne donne pas aux jeunes les moyens de l'insertion dans l'entreprise, dans le travail, on pousse à la montée des intégrismes. Donc, on ne peut pas avoir, d'un côté, un discours et des actes dans une politique gouvernementale, qui soient contraires à ce discours."
Il y a quand même des faits : hier, le ministre de la Ville s'est engagé à reloger beaucoup de sans-logis...
- "Très bien. Je suis très soucieuse de la situation du logement aujourd'hui. Je sens à travers mes permanence d'élu une véritable implosion au niveau du logement social : on détruit des logements sociaux et on n'en construit pas assez. Il y a toute une partie de la population qui ne peut pas avoir accès à la propriété d'un pavillon ou d'un appartement. Il faut continuer à construire des logements sociaux de qualité. Pour cela, il faut que le budget du logement ait un peu plus de crédits."
L'un des problèmes criants de la fracture sociale, c'est évidemment les sans-abri ; la semaine dernière, il y a eu un mort à cause du froid. On a l'impression que c'est un problème insoluble...
- "Ce n'est pas un problème insoluble. Il faut d'abord mettre encore plus de moyens dans les foyers d'accueil. Il semblerait, d'après les témoignages qui commencent à affluer, qu'à partir d'une certaine heure de l'après-midi, on n'ait plus de places disponibles pour accueillir ces hommes et ces femmes - parce qu'il y a beaucoup de femmes qui sont sans domicile fixe. Et puis, il y a comment on peut réaccompagner une partie de ces hommes et ces femmes vers une insertion, vers des moyens de formation pour retrouver l'emploi. Je crois que c'est vraiment ces mesures-là qui nous permettront de sortir de cette situation. Et puis il y a la situation de l'hôpital : je lisais encore des témoignages, notamment de mon département, la Seine-Saint-Denis, ce matin, où après ce que l'on a vécu avec la canicule, il y a la pression sur les hôpitaux - le fait que les hôpitaux n'aient pas eu les moyens d'accueillir - ; on avait annoncé des mesures sur les urgences et de nouveau, les urgentistes nous disent qu'avec l'arrivée de l'hiver, avec ce qui va se passer, avec tout ceux qui sont touchés parce qu'ils n'ont pas d'abri, ils vont venir aux urgences. Et de nouveau, les urgences n'ont pas les moyens d'accueillir ces hommes et ces femmes. Donc, alerte pour les urgences."
Une question sur le voile islamique : vous disiez que vous êtes de la Seine-Saint-Denis ; c'est un département sensible de ce point de vue. Est-ce que vous dites qu'il faut un loi pour interdire le voile islamique à l'école ?
- "Honnêtement, on peut voter une loi qui dira "non" aux signes ostentatoires, mais les enseignants se trouveront devant la même difficulté : qu'est-ce qu'un signe ostentatoire, qu'est-ce qui l'est et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Je pense qu'il faut plutôt prendre le mal à la racine : pourquoi ces jeunes filles mettent le voile ? Souvent, parce que dans la cité, elles ont l'impression..."
Les profs disent qu'ils sont dépourvus, qu'ils n'ont pas de texte...
- "Justement. Alors essayons d'élaborer ensemble des règlements intérieurs qu'on élabore avec les enseignants, avec l'ensemble des élèves, dans les collèges, dans les lycées, pour qu'ils fassent force de loi. Mais surtout, essayons de traiter ce qui se passe dans la cité : pourquoi la fille se voile ? Souvent, parce qu'elle dit que c'est le seul moyen d'être respectée, d'avoir une autonomie, parce qu'on lui a parfois expliqué que sa religion nécessitait le voile. Menons le débat sur ces questions-là, faisons réfléchir les garçons, menons le débat par rapport à la religion elle-même et je crois que l'on fera reculer le voile de façon plus sûre. Et puis pourquoi on pointe le voile uniquement ? Parce qu'il y a d'autres signes de l'intégrisme. Pourquoi on pointe les filles ? Donc, réfléchissons à tout cela."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 octobre 2003)
- "C'est un projet de traité de nature constitutionnelle, qui va donc, pour les décennies à venir, imposer aux Français et aux autres peuples de l'Union européenne, une Constitution qui décide de la politique économique et sociale..."
Mais une constitution, ce n'était pas une mauvaise idée...
- "Pas en soi. Mais cette Constitution intègre complètement ce qu'était le traité de Maastricht, c'est-à-dire la libre concurrence, la loi du marché. Il est donc important que les Français soient informés du contenu de cette Constitution, qu'ils puissent en débattre, qu'il puisse y avoir un grand débat public et qu'on puisse avoir un référendum pour décider si, oui ou non, nous acceptons ce traité de nature constitutionnelle..."
Donc vous réclamez aujourd'hui un référendum ?
- "Bien sûr, on ne peut pas quand même imposer aux peuples de l'Union européenne une Constitution, sans qu'ils soient, ne serait-ce qu'informés de son contenu, qu'ils puissent en débattre et qu'ils puissent choisir ; c'est une question de démocratie tout simplement, cela me paraît être une évidence."
Les adversaires du référendum, eux, disent que c'est un texte qui est très compliqué et que ceux qui vont voter ne l'auront pas forcément lu...
- "Mais enfin, les Français ne sont pas des imbéciles ! Je me rappelle que l'on avait le même argument lors du débat sur le traité de Maastricht, il y a quelques années : on disait que les Français étaient incapables de comprendre un traité. Nous, nous avons distribué le traité, les gens se sont emparés des articles, les ont lus et le débat s'est instauré. Et on peut avoir des émissions à la télévision, à la radio, dans les journaux, où on explique aux Français le contenu de cette Constitution. Les électeurs et les électrices sont capables de choisir. Donc faisons appel à leur intelligence et faisons ce référendum."
Vous appellerez à voter "non" ; s'il y avait un "non" à cette Constitution, ne serait-ce pas un coup fatal pour l'Europe politique ?
- "Mais non, justement ! Si on veut construire une Europe qui enthousiasme nos concitoyens, il faut qu'ils puissent en décider les choix politiques. S'il y a un "non", il faudra donc remettre les travaux sur le métier et reconstruire une Constitution qui réponde vraiment à ce qu'attendent les vingt-cinq peuples de l'Union européenne aujourd'hui."
Sur le fond, tout le monde n'est pas d'accord avec ce que vous dites. E. Guigou par exemple, qui était ministre socialiste des Affaires européennes, dit que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas un projet libéral. Elle dit par exemple que c'est la première fois que l'on ajoute, à l'objectif de libre concurrence du grand marché, l'objectif de plein emploi, la garantie des services publics et la garantie des droits sociaux. C'est quelqu'un de gauche qui dit cela...
- "Oui, mais E. Guigou s'était battu pour le "oui" au traité de Maastricht, qui déjà inscrivait la politique libérale de l'Union européenne. Donc cela ne m'étonne pas qu'elle ait cette position aujourd'hui. Mais quand on regarde les articles - c'est pour cela qu'il faut les publier et les mettre en débat -, par exemple, les services publics ne sont qu'une dérogation à la libre concurrence, il faut que les Etats prouvent que ces services publics sont vraiment essentiels, sinon ils n'auront pas la dérogation. Et donc tous nos services publics sont en danger. Ils sont déjà en cours de privatisation, mais là, ce serait de nouveau un coup très dur qui serait porté aux services publics. On parle de "plein emploi", c'est l'objectif qui est affirmé, et lorsque vous lisez ensuite tous les articles, la Banque centrale européenne ne sera absolument plus sous l'autorité des gouvernements et sera vraiment libre de mener cette politique de libre concurrence. On voit donc bien, jusqu'à présent, comment le traité de Maastricht ne nous a pas amenés au plein emploi, mais, au contraire, au chômage."
Il y a un autre débat qui divise la gauche, c'est celui de la préparation des élections régionales. F. Hollande, le patron du PS, vous mettait l'autre jour en garde, en disant que si l'on refaisait le coup de la division de 2002, qui avait amené le Front national au deuxième tour, on recommencerait la même chose. Et il dit qu'il faut l'union pour les régionales...
- "Je veux battre la droite et je veux faire reculer l'extrême droite. Pour nous, les communistes, c'est un objectif identitaire. Mais pour cela, il faut remobiliser les hommes et les femmes qui se sont abstenus le 21 avril, ceux et celles qui ont utilisé des votes extrêmes, parce qu'ils avaient l'impression que la gauche n'avait pas mené et ne leur proposait pas une politique qui réponde à leurs attentes, qui résolve leurs problèmes. Donc, si on veut aujourd'hui rassembler le peuple de gauche, si on veut battre la droite, faire reculer l'extrême droite, je le dis à F. Hollande mais je le dis à toute la gauche : il faut d'abord travailler sur les choix politiques que nous voulons ensemble mettre en oeuvre, et c'est pour cela que nous organisons des débats partout en France, des forums où nous invitons les autres forces de gauche à des confrontations sur les propositions avec les concitoyens."
Vous êtes quand même prête à faire vos propres listes s'il le faut ?
- "Nous voulons le rassemblement populaire, nous voulons le rassemblement politique sur des choix clairs. Si nous n'y arrivons pas, nous irons, mais nous irons vraiment avec le souci de rassembler pour battre la droite et l'extrême droite."
Et vous vous rassembleriez au deuxième tour de toute façon ?
- "S'il y a un parti qui a toujours combattu la droite et l'extrême droite, c'est bien le PCF, il n'y a pas de doute là-dessus."
On parlait de J. Chirac tout à l'heure qui, la semaine dernière, a remis dans son discours la formule de la "fracture sociale" et de la lutte contre la fracture sociale. Est-ce une bonne inflexion ?
- "J'entends bien le discours sur la fracture sociale, sur la fracture urbaine, qui a été porté par le chef de l'Etat la semaine dernière mais j'ai envie de dire qu'il faudrait qu'il change de gouvernement et qu'il demande à un nouveau gouvernement de mener une politique complètement différente de celle qui est menée. Parce que, lorsque par exemple on réduit la durée d'attribution de l'ASS pour les chômeurs, lorsque l'on transforme le RMI en RMA, quelque part, on pousse à de nouvelles poches de pauvreté dans notre pays, donc on aggrave la fracture sociale. Lorsque l'on ne donne pas aux jeunes les moyens de l'insertion dans l'entreprise, dans le travail, on pousse à la montée des intégrismes. Donc, on ne peut pas avoir, d'un côté, un discours et des actes dans une politique gouvernementale, qui soient contraires à ce discours."
Il y a quand même des faits : hier, le ministre de la Ville s'est engagé à reloger beaucoup de sans-logis...
- "Très bien. Je suis très soucieuse de la situation du logement aujourd'hui. Je sens à travers mes permanence d'élu une véritable implosion au niveau du logement social : on détruit des logements sociaux et on n'en construit pas assez. Il y a toute une partie de la population qui ne peut pas avoir accès à la propriété d'un pavillon ou d'un appartement. Il faut continuer à construire des logements sociaux de qualité. Pour cela, il faut que le budget du logement ait un peu plus de crédits."
L'un des problèmes criants de la fracture sociale, c'est évidemment les sans-abri ; la semaine dernière, il y a eu un mort à cause du froid. On a l'impression que c'est un problème insoluble...
- "Ce n'est pas un problème insoluble. Il faut d'abord mettre encore plus de moyens dans les foyers d'accueil. Il semblerait, d'après les témoignages qui commencent à affluer, qu'à partir d'une certaine heure de l'après-midi, on n'ait plus de places disponibles pour accueillir ces hommes et ces femmes - parce qu'il y a beaucoup de femmes qui sont sans domicile fixe. Et puis, il y a comment on peut réaccompagner une partie de ces hommes et ces femmes vers une insertion, vers des moyens de formation pour retrouver l'emploi. Je crois que c'est vraiment ces mesures-là qui nous permettront de sortir de cette situation. Et puis il y a la situation de l'hôpital : je lisais encore des témoignages, notamment de mon département, la Seine-Saint-Denis, ce matin, où après ce que l'on a vécu avec la canicule, il y a la pression sur les hôpitaux - le fait que les hôpitaux n'aient pas eu les moyens d'accueillir - ; on avait annoncé des mesures sur les urgences et de nouveau, les urgentistes nous disent qu'avec l'arrivée de l'hiver, avec ce qui va se passer, avec tout ceux qui sont touchés parce qu'ils n'ont pas d'abri, ils vont venir aux urgences. Et de nouveau, les urgences n'ont pas les moyens d'accueillir ces hommes et ces femmes. Donc, alerte pour les urgences."
Une question sur le voile islamique : vous disiez que vous êtes de la Seine-Saint-Denis ; c'est un département sensible de ce point de vue. Est-ce que vous dites qu'il faut un loi pour interdire le voile islamique à l'école ?
- "Honnêtement, on peut voter une loi qui dira "non" aux signes ostentatoires, mais les enseignants se trouveront devant la même difficulté : qu'est-ce qu'un signe ostentatoire, qu'est-ce qui l'est et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Je pense qu'il faut plutôt prendre le mal à la racine : pourquoi ces jeunes filles mettent le voile ? Souvent, parce que dans la cité, elles ont l'impression..."
Les profs disent qu'ils sont dépourvus, qu'ils n'ont pas de texte...
- "Justement. Alors essayons d'élaborer ensemble des règlements intérieurs qu'on élabore avec les enseignants, avec l'ensemble des élèves, dans les collèges, dans les lycées, pour qu'ils fassent force de loi. Mais surtout, essayons de traiter ce qui se passe dans la cité : pourquoi la fille se voile ? Souvent, parce qu'elle dit que c'est le seul moyen d'être respectée, d'avoir une autonomie, parce qu'on lui a parfois expliqué que sa religion nécessitait le voile. Menons le débat sur ces questions-là, faisons réfléchir les garçons, menons le débat par rapport à la religion elle-même et je crois que l'on fera reculer le voile de façon plus sûre. Et puis pourquoi on pointe le voile uniquement ? Parce qu'il y a d'autres signes de l'intégrisme. Pourquoi on pointe les filles ? Donc, réfléchissons à tout cela."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 octobre 2003)