Texte intégral
C'est avec un réel plaisir que je me trouve, ce samedi matin avec vous, à Dunkerque.
Deux raisons simples l'expliquent :
- celle d'être dans une région et un département qui me sont chers ;
- celle aussi d'être à vos côtés, à l'occasion d'un Congrès placé sous un thème ambitieux et d'actualité : développement durable, décentralisation et Europe.
L'avenir des Comités de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre dans la perspective de ces trois grands enjeux est une question sur laquelle vos ateliers vont travailler cet après-midi et demain.
Je suis très curieuse du résultat de vos travaux, surtout de la part d'une fédération comme la vôtre qui, par les rencontres que j'ai déjà eues avec votre président, me donne le sentiment d'avoir conservé une certaine foi, un esprit de mission dans les activités que vous menez, tout en l'alliant à un professionnalisme certain.
Venant moi-même du milieu associatif, je parle en connaissance de cause.
L'une des caractéristiques du développement durable est, comme vous le savez, de créer des liens, des " passerelles ", entre des acteurs de milieux professionnels différents : collectivités territoriales, associations, entreprises, Etat et citoyens.
C'est en effet de la rencontre d'individus de milieux professionnels qui s'ignorent, souvent, que peut naître l'acceptation de positions différentes.
Votre activité vous y conduit tout naturellement :
- le rôle des départements et des communes, en bref des collectivités territoriales ne fait que s'accroître ;
- les randonneurs, les usagers des chemins à l'entretien desquels vous contribuez, sont nombreux d'une part et d'autre part issus de tous les groupes sociaux qui composent la population française, sans compter d'ailleurs les randonneurs étrangers ;
- vous avez réussi à tisser des liens étroits et durables avec le milieu associatif de même qu'avec des entreprises et d'autres partenaires comme les parcs naturels régionaux qui savent allier les objectifs économiques, environnementaux et sociaux du développement durable ;
- l'Etat aussi joue son rôle, qu'il s'agisse du ministère chargé des sports ou de celui de l'écologie et du développement durable, un rôle d'encadrement d'une politique d'ensemble dont l'animation est faite par les vrais acteurs que vous êtes.
Cette mixité entre différents acteurs est certainement perfectible, notamment dans le développement des plans départementaux des itinéraires de promenade et de randonnée. Je sais que c'est un point en discussion au sein de votre fédération.
Je favorise moi- même cette mixité puisqu'à la suite d'une rencontre avec votre Président, Monsieur Maurice Bruzek, j'ai demandé à la Présidente du Conseil national du développement durable de vous associer à ses travaux.
Votre participation à cette nouvelle instance de consultation de la société civile et des collectivités territoriales est essentielle, compte tenu de votre expérience de décentralisation réussie pour préserver les chemins ruraux.
Le respect dynamique de la nature que vous encouragez est en effet très précieux à l'heure où le Conseil national du développement durable va être saisi officiellement par le ministère de l'écologie et du développement durable de deux thèmes phares de l'année 2004 : la définition d'une stratégie de biodiversité et la rénovation de notre politique de patrimoine naturel.
Trois axes de travail ont d'ores et déjà été identifiés :
- une maîtrise de la connaissance et donc la structuration d'un réseau national de données sur le patrimoine naturel et les paysages ; vous pourrez à cette occasion faire connaître vos propositions en faveur de la création d'un " conservatoire des chemins " ;
- une clarification des rôles de chacun : l'Etat garderait une forte responsabilité en matière de protection et les collectivités territoriales, de même que les usagers des espaces naturels, pourraient se voir confier la gestion et la valorisation de ces espaces naturels ;
- troisième axe de travail : une adaptation des outils techniques, juridiques, fonciers et fiscaux permettant de construire une solidarité financière entre activités économiques découlant de l'usage de la nature et la gestion des espaces naturels.
Il convient d'ajouter à un tel programme de travail, un thème transversal, auquel vous contribuez déjà fortement, qui est celui de la pédagogie.
Toute réforme quelle qu'elle soit, toute démarche innovante comme l'est le développement durable, ne peut sortir du stade incantatoire que si une forte partie de la population a compris l'intérêt de la dynamique qui veut être lancée.
Cela passe par l'information, la sensibilisation, l'éducation et par l'application d'une pédagogie adaptée aux différentes populations auxquelles on s'adresse.
Les 10 millions de randonneurs que vous représentez et votre expérience de sensibilisation du public à l'environnement m'amènent à vous considérer comme un partenaire essentiel de la politique menée par mon ministère.
Je profite de cette occasion pour vous proposer de rencontrer mon cabinet et les services du ministère pour organiser une opération d'ampleur dans le cadre de la semaine du développement durable de juin prochain.
Compte tenu de la présence de mon ami et collègue Jean-François Lamour, je ne me permettrais pas de parler de la randonnée pédestre en tant que pratique sportive. Je lui laisse ce soin.
En revanche, je ne peux ni ne veux passer sous silence l'apport que représente votre activité au tourisme durable.
Chacun sait que le tourisme, s'il n'est pas maîtrisé, peut avoir des effets très négatifs sur les milieux, et plus généralement sur le cadre de vie.
Dans cet esprit, qui est celui de la stratégie nationale de développement durable, il convient de promouvoir un mode de développement touristique, certes garant d'une rentabilité économique suffisante pour les opérateurs mais qui prenne en compte les besoins des habitants des territoires d'accueil et garantisse la préservation des espaces et des ressources naturelles.
Les agendas 21 développés par les collectivités locales, aidées en ce sens par l'Etat, répondent à cet objectif.
Il ne sont pas les seuls : parce que l'activité des randonneurs " irrigue " si je puis dire l'ensemble des territoires, l'information que vous dispensez au travers des guides que vous éditez et les relations continues que vous avez avec les représentants des départements, favorisent la pratique d'un tourisme durable, qui n'est d'ailleurs pas celui d'une élite mais concerne tous les français.
En bref, concrètement, je serais tentée de conseiller à chacun de découvrir la région Nord-Pas-de-Calais à pied, muni d'un topo-guide (celui que vous m'avez offert, Monsieur Bruzek, lorsque nous nous sommes rencontrés) : vous y découvrirez une diversité paysagère et culturelle qui disqualifie la vision réductrice qu'ont de cette région certains de nos concitoyens.
En ce sens votre contribution à l'éducation du public sur ce qu'est le tourisme durable est capitale ; elle permet de surcroît de montrer que le développement durable, par l'approche humaniste qu'il promeut, englobe le respect des patrimoines culturels qui est un thème cher au Président de la République.
Comme vous pouvez le constater, ma présence à vos côtés ce matin ne s'explique pas seulement par mon attachement à la région; nous avons trop de choses en commun pour ne pas travailler ensemble. C'est déjà le cas depuis de nombreuses années. A nous, ensemble, de construire l'avenir.
Merci de votre attention.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 24 octobre 2003)
Deux raisons simples l'expliquent :
- celle d'être dans une région et un département qui me sont chers ;
- celle aussi d'être à vos côtés, à l'occasion d'un Congrès placé sous un thème ambitieux et d'actualité : développement durable, décentralisation et Europe.
L'avenir des Comités de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre dans la perspective de ces trois grands enjeux est une question sur laquelle vos ateliers vont travailler cet après-midi et demain.
Je suis très curieuse du résultat de vos travaux, surtout de la part d'une fédération comme la vôtre qui, par les rencontres que j'ai déjà eues avec votre président, me donne le sentiment d'avoir conservé une certaine foi, un esprit de mission dans les activités que vous menez, tout en l'alliant à un professionnalisme certain.
Venant moi-même du milieu associatif, je parle en connaissance de cause.
L'une des caractéristiques du développement durable est, comme vous le savez, de créer des liens, des " passerelles ", entre des acteurs de milieux professionnels différents : collectivités territoriales, associations, entreprises, Etat et citoyens.
C'est en effet de la rencontre d'individus de milieux professionnels qui s'ignorent, souvent, que peut naître l'acceptation de positions différentes.
Votre activité vous y conduit tout naturellement :
- le rôle des départements et des communes, en bref des collectivités territoriales ne fait que s'accroître ;
- les randonneurs, les usagers des chemins à l'entretien desquels vous contribuez, sont nombreux d'une part et d'autre part issus de tous les groupes sociaux qui composent la population française, sans compter d'ailleurs les randonneurs étrangers ;
- vous avez réussi à tisser des liens étroits et durables avec le milieu associatif de même qu'avec des entreprises et d'autres partenaires comme les parcs naturels régionaux qui savent allier les objectifs économiques, environnementaux et sociaux du développement durable ;
- l'Etat aussi joue son rôle, qu'il s'agisse du ministère chargé des sports ou de celui de l'écologie et du développement durable, un rôle d'encadrement d'une politique d'ensemble dont l'animation est faite par les vrais acteurs que vous êtes.
Cette mixité entre différents acteurs est certainement perfectible, notamment dans le développement des plans départementaux des itinéraires de promenade et de randonnée. Je sais que c'est un point en discussion au sein de votre fédération.
Je favorise moi- même cette mixité puisqu'à la suite d'une rencontre avec votre Président, Monsieur Maurice Bruzek, j'ai demandé à la Présidente du Conseil national du développement durable de vous associer à ses travaux.
Votre participation à cette nouvelle instance de consultation de la société civile et des collectivités territoriales est essentielle, compte tenu de votre expérience de décentralisation réussie pour préserver les chemins ruraux.
Le respect dynamique de la nature que vous encouragez est en effet très précieux à l'heure où le Conseil national du développement durable va être saisi officiellement par le ministère de l'écologie et du développement durable de deux thèmes phares de l'année 2004 : la définition d'une stratégie de biodiversité et la rénovation de notre politique de patrimoine naturel.
Trois axes de travail ont d'ores et déjà été identifiés :
- une maîtrise de la connaissance et donc la structuration d'un réseau national de données sur le patrimoine naturel et les paysages ; vous pourrez à cette occasion faire connaître vos propositions en faveur de la création d'un " conservatoire des chemins " ;
- une clarification des rôles de chacun : l'Etat garderait une forte responsabilité en matière de protection et les collectivités territoriales, de même que les usagers des espaces naturels, pourraient se voir confier la gestion et la valorisation de ces espaces naturels ;
- troisième axe de travail : une adaptation des outils techniques, juridiques, fonciers et fiscaux permettant de construire une solidarité financière entre activités économiques découlant de l'usage de la nature et la gestion des espaces naturels.
Il convient d'ajouter à un tel programme de travail, un thème transversal, auquel vous contribuez déjà fortement, qui est celui de la pédagogie.
Toute réforme quelle qu'elle soit, toute démarche innovante comme l'est le développement durable, ne peut sortir du stade incantatoire que si une forte partie de la population a compris l'intérêt de la dynamique qui veut être lancée.
Cela passe par l'information, la sensibilisation, l'éducation et par l'application d'une pédagogie adaptée aux différentes populations auxquelles on s'adresse.
Les 10 millions de randonneurs que vous représentez et votre expérience de sensibilisation du public à l'environnement m'amènent à vous considérer comme un partenaire essentiel de la politique menée par mon ministère.
Je profite de cette occasion pour vous proposer de rencontrer mon cabinet et les services du ministère pour organiser une opération d'ampleur dans le cadre de la semaine du développement durable de juin prochain.
Compte tenu de la présence de mon ami et collègue Jean-François Lamour, je ne me permettrais pas de parler de la randonnée pédestre en tant que pratique sportive. Je lui laisse ce soin.
En revanche, je ne peux ni ne veux passer sous silence l'apport que représente votre activité au tourisme durable.
Chacun sait que le tourisme, s'il n'est pas maîtrisé, peut avoir des effets très négatifs sur les milieux, et plus généralement sur le cadre de vie.
Dans cet esprit, qui est celui de la stratégie nationale de développement durable, il convient de promouvoir un mode de développement touristique, certes garant d'une rentabilité économique suffisante pour les opérateurs mais qui prenne en compte les besoins des habitants des territoires d'accueil et garantisse la préservation des espaces et des ressources naturelles.
Les agendas 21 développés par les collectivités locales, aidées en ce sens par l'Etat, répondent à cet objectif.
Il ne sont pas les seuls : parce que l'activité des randonneurs " irrigue " si je puis dire l'ensemble des territoires, l'information que vous dispensez au travers des guides que vous éditez et les relations continues que vous avez avec les représentants des départements, favorisent la pratique d'un tourisme durable, qui n'est d'ailleurs pas celui d'une élite mais concerne tous les français.
En bref, concrètement, je serais tentée de conseiller à chacun de découvrir la région Nord-Pas-de-Calais à pied, muni d'un topo-guide (celui que vous m'avez offert, Monsieur Bruzek, lorsque nous nous sommes rencontrés) : vous y découvrirez une diversité paysagère et culturelle qui disqualifie la vision réductrice qu'ont de cette région certains de nos concitoyens.
En ce sens votre contribution à l'éducation du public sur ce qu'est le tourisme durable est capitale ; elle permet de surcroît de montrer que le développement durable, par l'approche humaniste qu'il promeut, englobe le respect des patrimoines culturels qui est un thème cher au Président de la République.
Comme vous pouvez le constater, ma présence à vos côtés ce matin ne s'explique pas seulement par mon attachement à la région; nous avons trop de choses en commun pour ne pas travailler ensemble. C'est déjà le cas depuis de nombreuses années. A nous, ensemble, de construire l'avenir.
Merci de votre attention.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 24 octobre 2003)