Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi d'abord de vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui. J'avais à cur de vous rencontrer, car je connais l'importance de votre mission et je sais aussi l'attachement et la reconnaissance que tous les Français vous portent pour votre dévouement et votre courage.
Je dois dire que j'ai été particulièrement impressionné par les démonstrations que vous avez bien voulu faire, impressionné par la rigueur, par le sérieux de l'ensemble des actes que vous êtes amenés à faire au quotidien, qu'il s'agisse du feu, qu'il s'agisse des secours portés, qu'il s'agisse de la décontamination en cas de risques graves, il y a à chaque fois scrupuleusement des règles à respecter si on veut éviter l'accident.
Je veux être présent parmi vous, sur le terrain, là où vous vivez et là où vous travaillez:
Dès le lendemain de ma prise de fonction j'ai tenu à visiter le COGIC à Asnières pour témoigner de toute mon attention à la Sécurité civile ainsi qu'à la prévention des risques.
Vous rencontrer pour moi :
c'est une question de reconnaissance de votre travail;
c'est aussi la condition indispensable pour vous aider, pour prendre les bonnes décisions pour le monde de la sécurité civile et pour l'ensemble des sapeurs pompiers.
Je veux être également parmi vous pour comprendre vos attentes et comprendre vos préoccupations : les bonnes décisions concernant l'organisation des SDIS et les conditions de travail des sapeurs pompiers ne peuvent être prises qu'après avoir été discutées, élaborées et concertées avec vous ainsi qu'avec l'ensemble des élus.
Ce dialogue il est d'autant plus important que nous abordons une étape décisive dans la modernisation de la Sécurité civile de notre pays. Notre objectif est double:
d'abord améliorer la protection de nos compatriotes face aux grands risques et aux catastrophes naturelles;
ensuite améliorer les conditions d'exercice de tous les acteurs de la Sécurité civile:
Les sapeurs pompiers professionnels bien sûr d'abord, qui constituent l'ossature des SDIS et la permanence de leur capacité d'action.
Nous connaissons les risques, chacun des risques que vous prenez chaque jour:
dans le département des Yvelines 132 de vos collègues professionnels ont été blessés en 2003, ainsi que 114 sapeurs-pompiers volontaires;
au plan national, 3 sapeurs-pompiers volontaires ont péri dans l'exercice de leur mission depuis le début de l'année, 13 de vos collègues ont perdu la vie en 2003 et 25 en 2002.
Dans ce contexte, chacun comprend vos préoccupations et comprends que votre préoccupation aujourd'hui soit tournée vers la reconnaissance du caractère dangereux de la profession que vous exercez:
C'est une exigence légitime: cela fait 30 ans que les sapeurs-pompiers le réclamaient, sans jamais l'obtenir
Le Premier ministre vient de donner son accord pour que la dangerosité de votre métier soit reconnue dans la loi de modernisation de la sécurité civile, dont la discussion débutera en juin au Sénat.
Au-delà de cette reconnaissance législative il nous appartient également de prendre un certain nombre de mesures concrètes:
pour assurer la sécurité de vos interventions, sur les feux, sur des sauvetages périlleux;
pour faciliter les conditions parfois difficiles que vous rencontrez dans certains quartiers exposés aux violences urbaines. C'est pour moi un vrai sujet de préoccupation et de concert avec vos élus je souhaite que soit lancée une politique ambitieuse d'hygiène et de sécurité dans tous les SDIS.
La réduction des risques de votre métier doit faire l'objet d'une attention tout au long de votre carrière. C'est particulièrement vrai évidemment après 50 ans:
une concertation a été engagée depuis plusieurs mois sur l'aménagement de votre fin de carrière;
elle doit être concrétisée: mon objectif est qu'avant la fin de l'été, un "projet individuel" soit offert à chaque sapeur-pompier en difficulté opérationnelle à partir de 50 ans.
Les sapeurs pompiers volontaires jouent un rôle essentiel pour la sécurité de nos compatriotes, et à cet égard ils méritent une attention également toute particulière.
Ils incarnent la continuité entre le courage et le civisme. Ils font vivre des valeurs essentielles pour notre société:
la solidarité, le courage, le dévouement, le sens du sacrifice: être pompier volontaire, c'est accepter qu'à n'importe quel moment, que l'on soit en famille ou au travail, le devoir vous appelle ailleurs, là où règnent le danger, le risque, l'urgence. Et c'est là un engagement également de chaque jour.
Raffermir les bases du volontariat c'est une priorité pour le gouvernement, dans la continuité avec l'action engagée à la suite du rapport FOURNIER. L'enjeu est bien de dynamiser fortement l'adhésion des jeunes et surtout de fidéliser les volontaires grâce à un statut désormais mieux reconnu:
à travers par exemple l'abaissement de l'âge d'engagement à 16 ans, à travers l'adaptation de la formation aux missions de votre centre, à travers la possibilité pour les volontaires d'accéder aux mêmes grades que les professionnels.
Mais nous devons aller plus loin: il faut reconnaître la fidélité de ceux qui se sont engagés pendant plus de 20 ans au service de la collectivité nationale à travers la création d'un véritable avantage retraite spécifique. C'est pourquoi la création d'un nouveau régime de retraite complémentaire, avec le soutien de l'Etat, viendra remplacer progressivement l'allocation vétérance. Il sera abondé par le SDIS et par les cotisations des sapeurs pompiers volontaires. Et il permettra de créer un complément de retraite pouvant atteindre 150 euros par mois.
Le service départemental d'incendie et de secours s'est affirmé comme un fondement de la protection civile.
Il a permis de très grands progrès depuis 1996: des efforts de modernisation ont été conduits qui doivent maintenant être confortés.
Mais, l'adaptation est la clé de l'efficacité. C'est pourquoi il nous appartient d'apporter justement certains ajustements:
toute décision doit être le fruit d'un dialogue équitable entre les pompiers et le Ministère, mais aussi entre l'Etat et les collectivités. L'Etat a trop souvent dans le passé décidé seul de mesures, dont il a transmis la facture aux SDIS;
c'est pourquoi nous allons créer une instance nationale dont l'avis s'imposera à tous : la conférence nationale des services d'incendie et de secours, qui organisera la concertation entre tous les acteurs et permettra à chacun de prendre ses responsabilités en toute clarté.
Mesdames, messieurs, chers amis,
L'enjeu de la sécurité civile est un enjeu profondément humain. Voilà pourquoi j'avais à cur de vous rencontrer rapidement sur le terrain et de saisir votre réalité quotidienne. Sachez-le, il faut que chacun en soit convaincu, chacune de ces réformes que nous engageons sera guidée par une double exigence: améliorer votre propre sécurité ainsi que celle de tous nos concitoyens.
Je vous remercie.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 20 avril 2004)