Déclaration de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, sur les mesures d'aide accordées aux agriculteurs éleveurs, particulièrement touchés par les conséquences de la sécheresse, Clermont-Ferrand le 2 octobre 2003.

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Circonstance : Sommet de l'élevage à Clermont-Ferrand le 2 octobre 2003

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Président de la FNSEA,
Monsieur le Président des Jeunes Agriculteurs,
Monsieur le Commissaire Général,
Mesdames, Messieurs les Elus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
C'est avec plaisir que je viens aujourd'hui m'exprimer devant vous.
Hervé GAYMARD aurait souhaité être présent aujourd'hui. Hélas, les funérailles du Général Jean SIMON, que le Général de GAULLE avait fait Compagnon de la Libération, dont les compagnons avaient fait leur grand Chancelier, et auquel le Ministre portait beaucoup d'estime et de considération, le retiennent à Paris. En 1940, alors qu'il n'avait pas encore trente ans, Jean SIMON, avec Pierre MESSMER, avait détourné un cargo italien de Marseille pour rejoindre la France libre. C'est grâce à des hommes comme lui que nous sommes libres aujourd'hui. Aussi, le Ministre m'a-t-il demandé d'être son interprète auprès de vous, cet après-midi, pour vous dire, outre ses regrets de ne pouvoir être présent, toute l'attention qu'il porte à vos travaux.
Il m'a également demandé de vous lire le message suivant qu'il a rédigé à votre attention :
Monsieur le Président, cher Roger BLANC
Monsieur le Président de la FNSEA, cher Jean-Michel LEMETAYER,
Monsieur le Président des Jeunes Agriculteurs, cher Jérôme DESPEY,
Monsieur le Commissaire Général, cher Fabrice BERTHON,
Mesdames, Messieurs les Elus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
J'aurais souhaité vous retrouver aujourd'hui pour la seconde fois à Clermont-Ferrand à l'occasion de cette manifestation, qui célèbre à la fois l'élevage, la montagne et l'installation. Trois passions qui nous réunissent ici, et qui résonnent dans mon coeur de Savoyard.
C'est avec une certaine émotion que je me souviens de votre dernier sommet, de la chaleur de ses exposants, de la passion et du courage de ses professionnels, qui me rappellent les éleveurs de Tarentaises au milieu desquels j'ai grandi. Notre pays vient de connaître une sécheresse, dont les conséquences ont été lourdes pour notre agriculture. A l'occasion de mes déplacements sur le terrain, j'ai vu - et beaucoup d'entre vous le vivent chaque jour - des bovins errer pour trouver de l'herbe dans des prairies réduites à l'état de paillassons, alors que les fourrages s'épuisent.
Nous disposons d'une vision encore incomplète de ses conséquences, mais les éleveurs figurent - sans nul doute - parmi les professionnels les plus touchés.
La sécheresse a réduit à néant la production estivale des prairies, vous obligeant à entamer vos stocks d'aliments d'hiver. Il nous faut aujourd'hui les reconstituer.
Un tel effort se heurte - je le mesure bien - à des difficultés de trésorerie. C'est précisément pour les réduire que, dès le 22 juillet, j'ai mis en place, à la demande des présidents de la FNSEA et des JA, une aide au transport de paille.
J'ai également obtenu de Bruxelles la possibilité d'avancer le versement d'un certain nombre d'aides communautaires. Pendant l'été, j'ai fait procéder à ces versements anticipés, mettant pour cela " sur le pont " les personnels de l'ONIC, de l'OFIVAL, du CNASEA et de mon Ministère.
Nous avons, à ma connaissance, été le seul pays européen qui ait été en mesure d'anticiper ces paiements.
Les Primes aux Brebis et Chèvres (PBC) déjà versées représentent 136 millions d'euros, auxquelles s'ajoutent les primes à la vache allaitante (PMTVA), qui ont pu être anticipées, soit 200 millions d'euros, les Indemnités Compensatoires d'Handicap Naturel (ICHN) et les Primes Herbagères Agri-Environnementale (PHAE), pour 420 millions d'euros. Si l'on ajoute les aides surfaces qui seront payées un mois plut tôt que prévu, dès le 16 octobre, ce sont plus de 2 milliards d'euros d'aides dont le versement anticipé viendra améliorer la trésorerie des éleveurs.
A cela, s'ajoute, bien-sûr, la deuxième enveloppe d'aide au transport de paille et de foin, décidée le 22 août, ainsi que le traitement en urgence des calamités agricoles.
La Commission nationale des calamités agricoles s'est réuni avant-hier pour la seconde fois. Alors que les premiers acomptes sont déjà versés dans 49 départements, 21 nouveaux départements vont bénéficier de la procédure. Ce fonds, qui a été abondé de 100 millions en septembre, sera abondé d'une somme équivalente en octobre, avant les mesures examinées en collectif budgétaire.
Il reste, Mesdames, Messieurs, le problème épineux du transport de la paille.
Grâce à un remarquable effort de solidarité, comme on n'en voit que dans le monde agricole, auquel je veux, d'ailleurs, rendre hommage, les céréaliers des départements de la moitié Nord de la France ont renoncé à broyer tout ou partie de leurs pailles - qui leur servent normalement d'engrais organique - pour les presser et les mettre à disposition des éleveurs des régions les plus touchées.
Nous nous trouvons aujourd'hui confronté à un véritable défi logistique pour transporter ces meules de paille du Nord de la France vers les départements d'élevage du Grand Massif Central. Et chacun comprendra que les transporteurs habituels ne soient, bien évidemment, pas équipés pour y répondre.
Nous avons déjà transporté la moitié des 220 000 tonnes de paille, dont nos éleveurs ont besoin.
Dès le début juillet, j'ai provoqué chaque semaine une réunion rassemblant, dans le cadre de la cellule sécheresse du Ministère, les représentants de la profession et de l'administration, une réunion à laquelle le Ministère des Transports a, d'ailleurs, été régulièrement associé.
Avec le concours actif de mes collègues Gilles de ROBIEN et Dominique BUSSEREAU, c'est dans ce cadre qu'ont été élaborées et discutées un certain nombre de mesures :
- les dérogations accordées pour la circulation des camions de fourrage le week-end, tout d'abord ;
- les autorisations données de reprendre le volant dans ce cadre pour les chauffeurs pré-retraités volontaires, ensuite ;
- les dérogations accordées aux entreprises qui souhaitent utiliser les camions qu'elles ont en compte propre, pour transporter de la paille pour des tiers, enfin.
J'ai tenu, par ailleurs, à ce que des réunions de sensibilisation des entreprises de transports soient organisées sous l'égide des Préfets, dans chaque département.
A la suite de ces réunions, une bourse de transport de paille a été greffée au système existant de bourse de fret, auquel accèdent par Internet les principaux transporteurs nationaux et européens.
De son côté, la mobilisation de la SNCF a permis de mettre en mouvement plusieurs rames : 3 au début de juillet, 10 aujourd'hui. A l'heure où je vous parle, environ 30 trains ont pu acheminer de la paille, en priorité, aux régions qui en ont le plus besoin, et plus de 40 autres sont déjà programmés. Une telle mobilisation n'aurait pas été possible sans le travail intense de la FNSEA, et je veux, à cet égard, remercier sincèrement le Président LEMETAYER pour son implication personnelle dans ce dossier.
Enfin deux convois de camions militaires ont été organisés pour desservir la Bourgogne. Un autre atteindra le Massif central, cette semaine. Nous restons en contact étroit à ce sujet avec le Ministère de la Défense, qui dispose des moyens opérationnels.
Je ne voudrais pas vous quitter sans vous annoncer, en dépit d'un contexte budgétaire tendu, une bonne nouvelle pour vos filières : l'essentiel des crédits relatifs à la génétique animale, qui faisaient l'objet d'une inscription au titre de la réserve de précaution, a pu être préservé, et un complément de la dotation initiale pourra être versé dans les toutes prochaines semaines aux organismes concernés.
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je comprends votre souhait de mesures rapides au profit des éleveurs, alors qu'approche la difficile période de soudure.
C'est la raison pour laquelle je m'engage à continuer de réunir la cellule Sécheresse régulièrement, au-delà du règlement des problèmes immédiats, afin de prendre en compte l'ensemble des ses conséquences.
Nous devons, dans ces circonstances, garder le cap avec opiniâtreté. Car ces efforts prendront du temps, pour pleinement produire leurs effets. Mais, je peux vous l'assurer, l'hiver ne s'achèvera pas sans que nous ayons remporté notre pari d'acheminer tous ces convois, en temps utile, pour répondre aux besoins.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 6 octobre 2003)