Déclaration de M. Hamlaoui Mékachéra, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sur la commémoration de la réunion du Conseil national de la Résistance du 27 mai 1943, l'opération des "relais de la mémoire" à l'occasion du 18 juin, l'action gouvernementale pour la mémoire de la déportation et la correction du décret du 13 juillet 2000, (instauration d'un régime d'indemnisation pour une catégorie seulement d'enfants de déportés).

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Circonstance : Congrès de la Fédération Nationale des Déportés, Internes, Résistants et Patriotes (FNDIRP), Poitiers, le 26 mai 2003

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Madame la Présidente du Conseil régional,
Mesdames et Messieurs les membres de Fédération nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire que le Premier ministre, Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN aurait aimé être des vôtres aujourd'hui.
Il mesure naturellement l'importance du rôle que vous avez eu dans notre histoire nationale et le dynamisme de votre association. Il aurait donc particulièrement apprécié de vous accueillir, alors que vous vous réunissez dans sa région.
Cependant, son emploi du temps le retient à Paris, après une visite officielle au Canada. Je ressens donc comme un privilège le fait qu'il m'ait demandé de le représenter.
D'autant que, nous nous retrouvons aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, dans une circonstance importante à un double titre.
D'abord, parce qu'un congrès est toujours un temps fort dans la vie d'une association, à la fois pour se retrouver et pour envisager l'avenir.
Ensuite, c'est évidemment parce que nous sommes à la veille d'un anniversaire important ; ce qui donne une dimension particulière à votre congrès.
Il y aura soixante ans jour pour jour, demain, se réunissait pour la première fois le Conseil National de la Résistance.
Cette réunion du 27 mai 1943 en plein cur de Paris occupé, au 48 de la rue du Four, a marqué une étape significative non seulement dans l'histoire de la Résistance, mais aussi dans l'histoire de France.
Pour la Résistance, chacun le sait, l'unité était une exigence vitale. Elle fut pourtant bien difficile à obtenir.
Il aura fallu l'autorité et le prestige du Général de Gaulle et de Jean Moulin, ainsi que le sens de l'intérêt national des mouvements, des partis et des syndicats engagés dans la Résistance, pour parvenir à dépasser les convictions et les intérêts différents des uns et des autres.
Mais, 60 ans après, on est aussi frappé par l'influence durable que devait avoir l'uvre du C.N.R dans notre histoire.
Les grands principes posés dans les discussions qui suivirent la réunion du 27 mai inspirent encore, dans une large mesure, notre organisation politique. Ils constituent encore le socle fondamental de notre Constitution.
C'est pour ces raisons que le Président de la République a décidé de présider, demain, une cérémonie solennelle à Paris. La Nation rendra ainsi hommage aux hommes qui participèrent, avec un courage héroïque, à cette épopée.
Je sais que beaucoup souhaitent même faire de cette date une journée nationale. Mais, comme vous le savez, l'institution d'une journée nationale suppose un large consensus autour d'une date qui ne doit diviser ni la Nation, ni, bien sûr, ceux pour lesquelles elle est instituée.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous sommes tous convaincus de l'importance devenue primordiale de la politique de la mémoire.
Pour vous les témoins, pour les associations, mais aussi pour les collectivités locales et, naturellement, pour l'Etat, la transmission de la mémoire est une priorité effective.
Car, nul doute que face aux forces du fanatisme ou de l'obscurantisme, en France ou dans le monde, il est de notre devoir de faire connaître et comprendre le message de la Résistance, de faire partager la nécessité du courage au service de la liberté, du refus de tout ce qui porte atteinte à la dignité de l'Homme. Vraiment, il est essentiel de maintenir vivante la mémoire des temps que vous avez vécus et du sens de vos combats.
Nous sommes déterminés sur ce point.
Mesdames et Messieurs, pour atteindre cet objectif, nos actions se déploient dans de nombreux axes : commémorations, publications, événements de nature différentes pour sensibiliser des publics variés et pour s'adapter aux attentes des jeunes générations.
Concrètement, dans quelques jours, le 18 juin, nous organisons une opération nouvelle, que nous avons appelé " les relais de la mémoire ".
Pour cette première édition, le thème retenu est justement la Résistance. Dans 11 points du territoire des jeunes élèves, en compagnie de leurs enseignants, pourront visiter des lieux de mémoire emblématiques et rencontrer des témoins. A cette occasion, nous espérons aussi sensibiliser les médias. Le Premier ministre a bien voulu y participer, signe de son attention personnelle à notre action pour la transmission de la mémoire.
Naturellement, tout au long de cette année, et plus encore l'année prochaine, nous célébrerons les anniversaires des événements de 1943 et 1944. En 2005, nous n'oublierons pas non plus l'anniversaire de la libération des camps.
S'agissant du drame indicible de la déportation, j'ai été profondément impressionné, pour ne pas dire bouleversé, en me rendant quelques jours après ma nomination au camp du STRUTHOF et en allant, il y a quelques semaines, à AUSCHWITZ.
Je peux vous assurer de notre détermination à ne pas accepter que cette tragédie puisse être oubliée et de notre volonté de faire cesser les regrettables divisions suscitées par le décret du 13 juillet 2000.
En ce qui concerne la mémoire de la déportation, le début du chantier du " centre européen du Résistant déporté " au STRUTHOF et la décision du Premier ministre de faire rénover le pavillon français du Musée d'AUSCHWITZ permettront de proposer aux jeunes générations des musées modernisés tant sur le fond du message historique que sur la forme de la présentation.
Et puis, il y a la question du décret du 13 juillet 2000. Je redis, afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, que nul ne conteste la légitimité de cette mesure. Toutefois, elle a été ressentie comme une injustice et nous devons essayer de trouver une solution sans soulever de nouvelles passions.
C'est pour cette raison que j'ai demandé à Philippe DECHARTRE de nous éclairer. Il me remettra officiellement son rapport dans les toutes prochaines semaines, conformément au calendrier prévu initialement. Après en avoir pris connaissance précisément, le Gouvernement fera connaître sa décision.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, pour conclure je voudrais saluer votre décision de consacrer vos travaux à l'organisation des relations internationales.
Ce thème illustre parfaitement la pérennité des valeurs issues de la Résistance dans notre société et leur modernité.
Plus que jamais, la nécessité du droit et de règles communes dans le fonctionnement des relations internationales est manifeste.
Je crois, à ce propos, que nous pouvons être fiers de la position défendue dans la crise irakienne par la France, grâce au Président de la République.
Cette position, fidèle à nos principes, a été entendue avec force dans le monde.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, vous aurez en moi un interlocuteur vigilant, disponible et prêt à aborder sans a priori les questions.
Je vous assure que je veillerai personnellement à ce que les institutions publiques travaillent encore mieux pour vous servir, notamment dans le domaine de la transmission de la mémoire.
Je vous remercie
(source http://www.defense.gouv.fr, le 26 juin 2003)