Déclaration de M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les grandes lignes de la nouvelle politique du tourisme, notamment la poursuite du plan de relance des DOM, le développement du tourisme solidaire et du tourisme durable, et sur le rôle stratégique du Comité interministériel sur le tourisme, Schoelcher (Martinique) le 5 novembre 2003.

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Circonstance : 5e Assises nationales des offices de tourisme d'Outre-Mer à Schoelcher (Martinique) le 5 novembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Président de la FNOTSI (Jean-Claude LANDRE),
Monsieur le Président de la FMOTSI (Victor GRANDIN),
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire le plaisir qui est le mien d'ouvrir ces cinquièmes assises des offices du tourisme de l'Outre-mer.
Vous le savez, et le plan de relance des destinations ultra-marines que j'ai proposé l'an dernier en est le témoignage le plus évident, je suis particulièrement attaché à nos territoires.
Non seulement parce que je suis l'un de vos représentants mais aussi, parce que, en tant que Secrétaire d'Etat au Tourisme, je mesure chaque jour la chance de dispose la France de bénéficier de destinations aussi variées, aussi remarquables, et dont la vocation touristique n'est plus à démontrer.
C'est dans cet esprit que j'ai eu le plaisir de lancer, lors du salon Top Resa, la campagne "La France des Trois Océans" destinée à faire la promotion de vos destinations et à inciter les touristes à découvrir une autre France, chaleureuse, exotique et authentique.
C'est là une action concrète du Plan de relance que nous avons défendu, Brigitte Girardin et moi, à la fin de l'année dernière.
1. LE PLAN DE RELANCE DES DOM
Permettez-moi de profiter de cet instant pour faire un point d'étape sur l'application de certaines mesures de ce plan en Martinique parce que nous sommes ici, aujourd'hui.
Nous avions prévu la mise en place d'un système de mesure statistique de l'activité touristique.
Le "Comité scientifique pour la mesure statistique de l'activité touristique " a été installé il y a une semaine : il réunit tous les acteurs concernés (professionnels et institutionnels du tourisme, Insee, Préfecture et DRT), intéressés à l'élaboration de chiffres communs et indiscutables.
L'accompagnement des collectivités territoriales d'outre-mer, par l'Agence Française d'Ingénierie Touristique avait été demandé.
Deux chargés de mission ont été installés : Jean-Damien PONCET pour les Antilles et la Guyane, Noël IMBERT-BOUCHARD pour la Réunion et Mayotte
D'autre part, l'AFIT a lancé une étude, début août, sur "la dynamisation et la diversification de l'offre touristique en Martinique" (80 000 euros HT).
A cet effet, des prochaines réunions de travail sont prévues le 7 novembre et le 17 décembre.
Nous avions aussi souhaité une meilleure sensibilisation de la population à l'accueil des touristes.
C'est le sens de la journée de sensibilisation des enfants dans les écoles qui s'est déroulée en décembre 2002. Elle a donné d'excellents résultats et va être renouvelée en 2003-2004,
Nous souhaitions que certains personnels de l'outre-mer puissent être formés en métropole.
Le Secrétariat d'Etat au Tourisme finance, à hauteur de 35 000 Euros sur 2003-2004, le centre de formation "Tézenas du Montcel" pour mettre en oeuvre cette mesure.
De même, une aide à l'embellissement des centres villes et des fronts de mer a été prévue.
Les financements européens ont été mis en place par le SGAR-DRT, un appel à candidatures auprès des maires de la Martinique a été lancé : 9 communes se sont portées candidates, les dossiers de financement sont en cours de montage avec la DDE.
Comme vous le voyez, ces exemples martiniquais illustrent parfaitement la volonté du Gouvernement.
Elle s'exprime aussi par la loi programme consacrée à l'Outre-mer, votée au Parlement en Juin dernier, qui a renforcé ce plan de relance puisqu'elle comportait un volet tourisme complétant les mesures que je viens d'évoquer.
Mais, permettez-moi de vous féliciter.
Vous féliciter pour votre implication dans la redéfinition de l'image de vos destinations.
Je ne doute pas que cette saison vous permettra de recueillir les fruits et de votre travail et de cette campagne de promotion lancée par le Club Outre-mer de Maison de la France.
Vous féliciter aussi, d'avoir placé ces assises sous la thématique du tourisme durable et solidaire.
Vous rejoignez ainsi deux de mes préoccupations majeures.
2. LE TOURISME SOLIDAIRE
Sur le tourisme solidaire, d'abord.
Cette notion, qui est une déclinaison des propos du Président de la République lors du sommet de Johannesburg, consiste à favoriser l'épanouissement des peuples par des politiques touristiques qui leur permettent de profiter, durablement, des atouts que les équipements touristiques apportent à un pays.
Bien sûr, à l'échelle nationale, c'est, plus encore, c'est le respect, y compris dans les activités touristiques, des grands principes républicains, auxquels je suis viscéralement attaché.
Car nous ne pouvons pas nous contenter de dormir sur nos lauriers de première destination touristique du monde et parmi les premières en termes de richesses touristiques.
Nous devons faire en sorte que ces richesses servent l'intérêt général, incarnant en cela les idéaux de progrès et de modernité, d'entraide et de solidarité.
Et nous devons nous sentir, personnellement, concernés par ces enjeux parce que, vous le savez, nos régions ont, elles aussi, de nombreux défis à relever en la matière.
Le tourisme est, incontestablement, un vecteur de développement utile et raisonnable pour nos départements et je me félicite que les tables rondes de demain soient consacrées à l'implication des populations dans l'accueil touristique.
De ce point de vue, les offices de tourisme et syndicats d'initiatives ont un rôle-clef à jouer : celui d'expliquer les apports du tourisme mais aussi de mettre l'accent sur les obligations qui découlent du statut de terre d'accueil des visiteurs étrangers ou métropolitains.
En jouant parfaitement ce rôle de relais, je veux croire qu'une vraie relation gagnant/gagnant entre les touristes et les populations s'instaurera.
Elle permettra, à terme :
- La prise en charge par les communautés elles-mêmes de leur propre développement à travers des réalisations de petite taille, à leur mesure, telles que petites auberges, chambres d'hôtes, accueil dans les familles, organisation de randonnées à pied, à cheval ou en pirogue...
- Une nouvelle relation avec les visiteurs reçus, moins comme des clients, que comme des amis, des hôtes et des associés qui contribuent à la notoriété des paysages et des régions de découverte.
- Une solidarité affirmée avec les générations à venir dont le patrimoine culturel, l'environnement naturel, l'identité doivent être protégés et défendus avec une grande exigence.
Le Gouvernement français est parfaitement conscient de cette nouvelle approche du tourisme, qui répond, de plus en plus, à une aspiration générale dans le monde.
Nombreux sont ceux qui désirent faire du tourisme autrement, en respectant les paysages, les valeurs, les traditions de peuples dont la disparition ou l'assimilation à un modèle étranger constitueraient une perte irréparable.
C'est cela, le tourisme solidaire.
Et vous avez certainement, au nom de la France, mais aussi au nom des espaces régionaux auxquels vous appartenez naturellement, des choses à dire et à faire.
Enfin, cette notion de solidarité ne peut être parfaitement envisagée si elle ne s'accompagne de la prise en compte des générations futures, c'est à dire de l'idée de durabilité.
Et j'en viens au deuxième point de vos assises, le tourisme durable.
3. LE TOURISME DURABLE
Le tourisme durable, qu'est-ce que c'est ?
Le tourisme durable, c'est faire en sorte que la structure d'accueil soit un élément interactif de son environnement, qu'elle favorise la complémentarité entre la nouvelle activité et le contexte local, qu'il soit économique, social ou environnemental.
C'est garantir l'intégration du lieu de vacances dans son milieu, c'est permettre à chacun, collectivement comme individuellement, d'en retirer les bénéfices sur le long terme.
Et vous avez raison de mettre à l'ordre du jour de vos travaux de cet après-midi le nécessaire équilibre entre le renforcement de l'attractivité et le respect du développement durable.
Car l'un peut aisément se faire au détriment de l'autre.
Et ce n'est qu'au prix d'une véritable concertation, favorisant une organisation des territoires fondée sur la qualité et l'attractivité, que nous y parviendrons.
C'est bien là d'ailleurs l'esprit dans lequel mon département ministériel et, avec lui, les acteurs du tourisme travaillent.
Ceci passe, par exemple, par la maîtrise des concentrations spatiales et temporelles propres au tourisme, le compromis intelligent entre l'exploitation d'un milieu naturel et sa protection.
Là encore une fois, parce que vous êtes au coeur de ces problématiques, parce que vous êtes sur le terrain, parce que vous êtes les gardiens d'une nature belle et généreuse, votre rôle sera primordial.
4. LE COMITE INTERMINISTERIEL SUR LE TOURISME
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Ces assises en témoignent, votre détermination est grande.
Elles témoignent de notre volonté d'avoir une politique du tourisme responsable et ambitieuse, comme cela a été rappelé lors du Comité Interministériel sur le Tourisme, qu'a présidé le Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, le 9 septembre dernier, après vingt ans.
A cette occasion, il s'est agi de poser les axes de la stratégie touristique de la France pour ces prochaines années,
De préciser la nouvelle répartition des compétences,
De mettre le tourisme en ordre de marche, en se fixant des objectifs précis, dont les premiers effets se feront sentir dès l'année prochaine.
Ainsi, nous avons décidé :
Premièrement, d'accompagner et de démultiplier les initiatives des acteurs économiques (Promotion, Plan Qualité, incitation fiscale).
Deuxièmement, d'orienter et de réguler le secteur, pour adapter l'activité touristique aux enjeux d'avenir (Nouvelles filières, Ethique, Tourisme pour tous).
Troisièmement, d'adapter le dispositif public aux nouvelles ambitions et restructurer les outils de l'Etat à la mesure des enjeux (Statistique, observation, prospective).
La prise de conscience de l'Etat s'est affirmée dans la mise en perspective du tourisme enfin inscrite dans une stratégie de véritable enjeu, au coeur de la croissance économique.
Tout cela, dans le contexte de progression actuelle, d'atteindre 90 à 100 millions de touristes sur le territoire national en 2010 et de favoriser la création de 100 000 emplois directs et indirects par an, liés au tourisme.
CONCLUSION
En mettant tout en oeuvre pour que le tourisme profite à tous, je veux croire que nos régions montrent l'exemple.
Tourisme solidaire et durable, de mon point de vue, sont, dans ce contexte d'explosion du secteur touristique au cours de cette prochaine décennie, les gages d'une réussite pour nos destinations ultra-marines.
Je sais que ces assises vont vous permettre de poser les jalons d'une politique touristique qui profite aux populations autant qu'aux territoires.
Je crois que c'est la bonne voie.
Celle qui garantit le succès de nos initiatives.
Ainsi, vous contribuez au succès du modèle français que le monde nous envie.
Sachez que vous pouvez compter sur moi pour en être l'ardent promoteur.
Je vous remercie.

(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 12 novembre 2003)