Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, lors d'une conférence de presse de l'UMP, sur les enjeux des élection européennes de 2004, notamment en matière de politique étrangère et de défense communes, Paris le 26 mai 2004.

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Circonstance : Conférence de presse de l'UMP dans le cadre des élections européennes 2004 : intervention de Michel Barnier, à Paris le 26 mai 2004

Texte intégral

Comme vous le voyez, le temps de la campagne électorale est venu et les ministres que nous sommes, hommes et femmes politiques, s'engagent aux côtés des autres responsables de l'UMP. Ce temps de campagne de mon point de vue s'ajoute et renforce un temps déjà commencé et qui doit continuer après les élections, celui de l'explication et du débat sur l'Europe. Je prendrai et proposerai des initiatives après les élections pour que ce débat et ce dialogue sur les questions européennes soient plus réguliers et permanents.
Je viens de faire un certain nombre de déplacements et je constate que depuis longtemps, les Français, contrairement à ce que l'on croit, sont à la fois inquiets et intéressés par l'Europe. Ce débat les intéresse, comme l'Europe, de leur point de vue, doit être améliorée et certaines règles changées.
Les Français ne se laisseront pas voler cette campagne européenne ni être détournée. Quand j'entends parler d'un 3ème tour ou d'un vote sanction, ma conviction est que s'il y a vote sanction, elle sera contre ceux qui veulent détourner ce débat européen de son objet.
Ils sont inquiets par le fonctionnement de l'Europe, avec le souci que cette construction soit moins bureaucratique, plus transparente, plus démocratique et elle peut l'être. Changer certaines règles, en faire moins à Bruxelles et faire davantage confiance aux Etats et aux Régions.
Mais avant de parler du comment faire, les Français ont envie qu'on leur redise et ont envie de redirent eux-mêmes pourquoi on le fait, pourquoi on est ensemble.
La grande demande des Français et des Européens sur le quoi faire ensemble porte sur la défense et sur une politique étrangère puissante pour avoir un rôle à jouer dans le monde. Nous allons appuyer toutes les initiatives et prendre les initiatives pour que l'Europe soit, en tant qu'Union, capable de jouer ce rôle.
Il y a dans la constitution européenne, qui devrait être approuvée, nous l'espérons, le 18 juin, une belle date, les outils de ces politiques étrangères et de défense communes. D'abord, avec la création du poste de ministre des Affaires étrangères, qui rassemblera dans les mêmes mains, les pouvoirs et compétences de deux personnes, lieu d'une culture diplomatique commune, dont on a bien vu qu'elle faisait tragiquement défaut dans la crise yougoslave et plus récemment irakienne.
Ensuite, nous soutenons l'idée d'une coopération renforcée ou structurée, qui est une clé pour que l'Europe nombreuse puisse quand même avancer, et que quelques pays puissent partir en avant garde, sur la route commune, la même que les autres, mais pour éclairer cette route, notamment dans les domaines de la justice, des affaires intérieures, mais aussi de la politique étrangère et de la défense.
Voilà pourquoi nous soutiendrons cette Constitution et que nous souhaitons qu'elle aboutisse. Voilà pourquoi nous sommes prêts également à ce qu'une partie de notre action extérieure nationale soit mutualisée avec les autres pays, pour que l'Europe puisse compter, en Afrique, en Méditerranée ou dans les Balkans.
Les trois objectifs que nous visons sont :
- D'être capable d'intervenir dans les crises, et nous le faisons depuis quelques années ensemble et non pas chacun à côté de l'autre. J'ajoute ici que nous soutiendrons également une autre idée concrète : la création d'une force européenne de protection civile, pour que les Européens, avec un drapeau commun, puissent intervenir dans le cas de catastrophes naturelles et porter secours en Europe.
- D'agir ensemble pour le développement, pour lutter contre la faim et contre de grandes maladies, sur les continents voisins et amis qui en ont besoin.
- De jouer notre rôle d'européen pour que le monde soit mieux équilibré, qu'il n'y ait pas qu'une seule puissance et le désordre tout autour, mais plusieurs grandes puissances continentales ou régionales qui dialoguent entre elles et construisent ce monde multipolaire, sans lequel il n'y aura pas de paix et de stabilité durables.
- Dans tous ces enjeux, la France, en grande partie avec ses amis et partenaires européens, va faire valoir son influence. Elle le fera par ses ministres, par ses députés européens, qui ont un rôle considérable dans tous ces domaines, et en s'appuyant sur des territoires et des régions que nous ne voulons pas oublier, que sont les territoires et départements d'Outre-mer. Avec eux, l'Europe et la France ont, au coeur de l'Atlantique, près des Etats-Unis et de l'Amérique du Sud, au coeur de l'Océan indien et dans le Pacifique, des points d'appui pour leur influence dans toutes ces zones.
(source http://www.u-m-p.org, le 28 mai 2004)