Déclaration de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation, sur la nécessité de développer les actions en faveur de la création d'entreprise, Paris, le 11 avril 2000.

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Circonstance : Etats généraux de la création d'entreprise à Paris, le 11 avril 2000

Texte intégral

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de l'Economie, Mesdames et Messieurs, après trois réunions en région et celle-ci à Paris, je voudrais vous parler de la création d'entreprise. Pour nous, l'essentiel est de savoir qu'on ne demande pas à un bébé qui naît de tenir tout seul son biberon ; on l'accompagne !
Nous avons débattu de l'esprit d'entreprise et rappelé que notre culture est celle du CV ou du trombinoscope. Ceux qui ont eu un cursus prestigieux sont souvent dirigés vers de grandes entreprises. Mais 2 % seulement des diplômés du supérieur créent leur entreprise. Lors de la première table ronde, il a donc été proposé aux chefs d'entreprise de mieux accueillir les jeunes. Nous avons aussi parlé du tutorat et du parrainage.
Selon nos discussions, le chef d'entreprise en devenir a peur de deux choses :
L'échec
Dans notre pays, l'échec est souvent considéré comme une faute. On parle souvent de pourcentage de réussite, et donc indirectement d'un pourcentage d'échec. Nous devrons donc trouver de solutions adaptées pour celles et ceux qui connaissent cet échec. Laurent Fabius a mentionné ce point ce matin.
La solitude
Les uns et les autres ont insisté sur la solitude à vaincre, individuellement et collectivement. Les chambres de commerce et de métiers, les accompagnateurs, parfois critiqués, doivent trouver les bonnes synergies sur les territoires pour permettre aux créateurs de vivre leurs aventures. Ce sont ces synergies qui feront que la maison de l'entrepreneur existera vraiment, non pas dans un lieu de pierre mais dans un lieu virtuel où il sera possible de trouver le bon interlocuteur, ou le bon renseignement.
J'ajoute que, dans notre pays, ceux qui restent en marge du travail, sont en marge de la possibilité de la création d'entreprise. Nous avons parlé d'ailleurs du passage d'un statut à un autre, du statut de chômeur au statut de créateur d'entreprise par exemple.
Il est aussi apparu à tous qu'un de nos défauts tient au constat suivant : nous avons d'excellents réseaux mais nous avons du mal à les faire se rencontrer. A cet égard, entendre Entreprendre en France proposer aux autres réseaux une Fédération est une bonne chose. Nous avons aussi parlé des services extérieurs de l'Etat, des kits du créateurs, qui pourraient être remis dès ce soir aux personnes intéressées.
Nous avons aussi parlé, bien sur, de financement. Ce matin, les banquiers étaient les ennemis n°1 ! Mais cette après midi, nous avons réussi à faire nôtres les propos des réseaux : nous avons des métiers différents - le banquier n'exerce pas le métier d'un accompagnateur ou d'une association. A chacun son rôle !
Ceux qui valident le dossier, ceux qui donnent le premier franc, et ceux qui prêtent en mesurant le risque sont les acteurs de trois phases essentielles de la création, étant entendu que les banques devront toujours maîtriser les risques. Mais le plus difficile aujourd'hui est pour le petit projet, comme d'ailleurs le notait Eric Besson dans son rapport. Les collectivités, avec nous, se sont engagées à modifier la donne sur ce plan.
Nous avons en outre rencontré le Commissaire Liikanen, qui doit traduire dans les faits les engagements du sommet de Lisbonne. A son avis, le premier travail à faire est de mettre sur la table les mécanismes qui fonctionnent bien en Europe, y compris en France donc - il est d'ailleurs agréable d'entendre un Commissaire saluer le travail fait en France. Nous aurons le moment venu un modèle européen, non un modèle unique, mais un mécanisme capable d'améliorer les performances du premier franc ou du capital risque.
Enfin, nous avons parlé de démarches de qualité, de certification. Cela est difficile à mettre en uvre, et parfois à accepter. Mais ces démarches sont sans doute indispensables. Les créateurs présents ce matin nous ont parlé de l'importance de la qualité de la première rencontre, qui peut décider de tout.
Je note au demeurant que l'on a demandé à l'Etat des mesures fiscales. Mais le débat sur ce sujet se tiendra certainement dans quelque mois.
Après trois de travail, je peux vous dire que tout ce qui concerne la garantie de risques est unanimement reconnu. Aujourd'hui n'est donc pas une fin mais un début pour que les créations d'entreprises se multiplient dans notre pays. Je vous remercie.
(source http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr, le 13 avril 2000)