Texte intégral
Bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir Claudie Haigneré, ministre déléguée aux Affaires européennes.
R - "Je suis très heureuse de vous rejoindre, vous savez que l'Europe ça nous concerne tous."
Peiffer : Etes-vous heureuse de votre nouveau poste ?
R - "Bien sûr particulièrement heureuse. Je crois avoir montré dans mes activités antérieures que j'avais porté l'idée d'Europe."
Dirat Karl : Vous qui avez vu notre planète de là-haut, ne pensez-vous pas que l'élargissement de l'UE n'est qu'une étape ?
R - "Depuis l'espace, c'est vrai qu'on ne voit pas de frontières à l'Europe et nous nous réjouissons tous d'être 25. L'élargissement est un moment historique et nous pouvons parler d'Europe réunie, réunifiée. Vous savez que d'autres Etats ont demandé à la rejoindre. Nous devons nous poser la question du projet social, politique, économique et ainsi analyser toutes les formes possibles d'intégration soit en les faisant rejoindre l'Union soit à travers des partenariatsc'est comme cela que nous pourrons avoir une Europe à plusieurs visages."
RedHot : A 25 serons-nous plus forts pour imposer notre voix sur le plan de diplomatie internationale ?
R - "C'est un des enjeux essentiels de cette Europe élargie. C'est aussi lui donner plus de poids politique donc diplomatique pour exprimer ses positions dans un monde qui a plusieurs regards. Ces idées se sont exprimées dans la Constitution, qui donne un visage et une parole ; ce regard n'est pas remis en question par l'élargissement. Il est au contraire affirmé par l'élargissement. L'ensemble des Etats membres s'est exprimé pour avoir ce poids diplomatique. La période récente a montré qu'il était parfois difficile d'avoir des positions communes, mais tous les partenaires et l'opinion publique européenne le demandent. Quand je suis sur le terrain, tous expriment ce besoin d'une voix européenne dans le concert mondial."
Manu : Le fonctionnement de l'Union Européenne est très mal connu des Français. Serait-il envisageable de faire une grande campagne d'information sur l'Europe : son fonctionnement, ses ambitions, ce qu'elle apporte comme bénéfices
R - "Je voudrais répondre que c'est non seulement envisageable mais surtout le Ministre des Affaires étrangères et moi allons à la rencontre des jeunes dans les lycées, à la rencontre aussi des élus, des travailleurs, pour expliquer les enjeux de l'Europe. Ce désir de mieux comprendre est souvent exprimé. Il est essentiel que nous y répondions, d'autant que le 13 juin ont lieu les élections européennes. Il s'agit d'un moment essentiel. Nous allons élire de nouveaux députés. Il y aura un large débat au cours des élections et vous savez que le 18 juin, nous espérons un accord sur la Constitution qui permet de réformer les institutions européennes et la France devra ratifier cette Constitution. Et pour prendre cette décision, il faudra accentuer cette pédagogie de l'Europe, son histoire, ce qu'elle apporte au quotidien, de justice et de progrès et de croissance. Nous pourrons aussi réfléchir ensemble à son avenir."
maldoror : Quel est la position officielle de la France par rapport à la Turquie ?
R - "Le Président de la République a rappelé que nous attendons un rapport de la Commission Européenne sur l'état des réformes en Turquie par rapport aux critères politiques, appliqués à tous les Etats qui demandent l'adhésion. En fonction des résultats de ce rapport et de la mise en place concrète de ces réformes, le Conseil européen des chefs d'Etat prendra sa décision en décembre pour ouvrir ou non les négociations d'adhésion de la Turquie. Le processus d'adhésion est un processus long, une dizaine d'années, avec un suivi très précis, qui permettra de prendre la décision définitive d'entrée de la Turquie dans l'Union à la fin de ce processus d'analyse. Les élections du 13 juin ne portent pas sur la décision à prendre aujourd'hui de l'entrée ou de la non-entrée de la Turquie. La Turquie a une relation privilégiée avec l'Union depuis 1963 ; le gouvernement et le peuple turc ont mis en oeuvre beaucoup d'évolutions sur le chemin de la démocratie et partagent un certain nombre de valeurs communes. La Turquie est un grand pays sur le plan démographique dont le rôle stratégique est important dans les relations entre l'Europe et l'Orient, entre différentes cultures. Et c'est un partenaire privilégié."
VERIDIS : Avec l'arrivée des pays de l'Est ne pensez-vous pas que les entreprises françaises vont encore plus délocaliser leurs activités ? Conséquences : chômage etc
R - "Véridis, je suis sure que vous savez que depuis plus de dix ans déjà il y a des délocalisations non seulement dans les pays de l'Est mais aussi dans les pays émergents. Les installations de nos entreprises dans les pays de l'Est neuf fois sur dix ont été faites à la demande de ces pays et sont donc plutôt à voir de manière bénéfique pour chacun et donc pour la France. L'intérêt de règles communes dans un grand marché permet au contraire d'avoir plus de sécurité sur certaines pratiques par exemple de dumping fiscal ou social qui pourront être aujourd'hui contrôlées. Nous sommes donc dans des conditions plus favorables. Avec un environnement économique plus sûr, avec des besoins croissants et en améliorant leur niveau économique et social, ces pays retiendront au contraire leurs populations là où elles sont nées et où elles veulent vivre. Il y avait les mêmes craintes au moment de l'adhésion de l'Espagne, du Portugal et l'on sait tous à quel point ces craintes se sont montrées infondées."
jf : Ne pensez-vous pas que cela est un peu précipité cet élargissement alors que l'Europe est en crise de croissance ?
R - "Il est sans doute plus facile d'élargir un projet quand la croissance est forte, mais l'Europe a montré qu'elle savait relever les défis. Cet élargissement doit s'accompagner d'une politique de solidarité pour accompagner les entrants, nous y sommes tous déterminés mais ce moment historique de la réunification vaut bien quelques difficultés que nous surmonterons."
David : Comment voyez vous ces élections ? Pensez-vous que l'opinion va se mobiliser ?
R - "C'est mon ambition que de voir se mobiliser chacun des citoyens français et européens dans cette élection. Ces citoyens disent souvent ne pas être associés à la construction européenne. Ces élections, c'est le moment de prendre ses responsabilités et je veux être optimiste sur ce point et sur le fait que le débat de la campagne portera sur ces enjeux majeurs de l'Europe."
CHARLOTTE : Aujourd'hui, l'Europe n'est malheureusement que l'affaire d'un groupe de spécialistes (dont je fais partie). Pourquoi fermer Sources d'Europe alors qu'il s'agit d'un formidable accès pour chaque citoyen à l'Europe ? Il faudrait, au lieu de le fermer ou faire tout comme, le mettre davantage en valeur. N'ayez pas une vision à court mais à long terme ! Merci
R - "Je voudrais simplement dire que Source d'Europe n'a pas été fermé. Nous n'en avons pas l'intention, la convention qui est passée entre ce centre, le gouvernement et la Commission vient d'être renouvelée. Il s'agit d'un déménagement et d'une adaptation de l'information aux nouvelles technologies (Internet) et de nouveaux documents pédagogiques en particulier un site Internet sur l'Europe pour les jeunes qui vient d'ouvrir. La volonté est plutôt de s'adapter pour améliorer le service fourni avec un fonds documentaire, un accès Internet diversifié et un accès physique plus facile au centre de Paris. Je rappelle aussi que vous pouvez trouver beaucoup d'infos sur www.europe.gouv.fr ainsi que beaucoup de politiques sur le terrain pour vous parler d'Europe."
PUCE : Ne pouvons-nous pas craindre une arrivée massive de populations des nouveaux pays membres sans solution réelle ?
R - "Des études ont été faites montrant que cet afflux de population ne sera pas très important, 1 à 2 % de flux migratoire. L'inquiétude du "braindrain", soit la fuite de cerveaux, sera palliée par l'élévation du niveau de vie de ces pays. Par contre, il est important d'organiser le contrôle des frontières extérieures de l'Europe et de façon solidaire tous les Etats membres se sont mobilisés pour un contrôle organisé. Vous savez sans doute que beaucoup d'Etats membres ont souhaité pendant une période de 2 à 7 ans, pouvoir contrôler la circulation des travailleurs dans chacun des Etats membres. La décision de libre circulation complète se fera en fonction de la capacité de chacun des Etats."
ChasChand : Etes vous favorable à un président européen ?
R - "Je crois que l'Europe a besoin d'être incarnée, représentée de différentes façons mais aussi avec un visage politique. Donc oui je suis favorable au travail de la Convention. Je suis favorable à un Président en place pour une durée de deux ans et demi. Il y a d'autres visages que des visages politiques. Cette Europe n'est pas que "technocratique" elle a un autre visage."
Merci beaucoup Claudie Haigneré, le mot de la fin ?
R - "J'ai envie de dire que je compte sur vous tous pour vous exprimer avec responsabilité un désir d'Europe le 13 juin dans un premier temps et à chaque instant de la construction européenne. L'Union européenne c'est une Union politique et économique mais c'est avant tout une Union des peuples. La citoyenneté européenne nous concerne tous et nous devons le manifester pour que l'Europe dans laquelle nous vivons soit celle que nous avons choisie. Et merci à vous tous de ce rendez-vous qui n'est pas le dernier je le souhaite."
(source http://www.europe.gouv.fr, le 28 mai 2004)
R - "Je suis très heureuse de vous rejoindre, vous savez que l'Europe ça nous concerne tous."
Peiffer : Etes-vous heureuse de votre nouveau poste ?
R - "Bien sûr particulièrement heureuse. Je crois avoir montré dans mes activités antérieures que j'avais porté l'idée d'Europe."
Dirat Karl : Vous qui avez vu notre planète de là-haut, ne pensez-vous pas que l'élargissement de l'UE n'est qu'une étape ?
R - "Depuis l'espace, c'est vrai qu'on ne voit pas de frontières à l'Europe et nous nous réjouissons tous d'être 25. L'élargissement est un moment historique et nous pouvons parler d'Europe réunie, réunifiée. Vous savez que d'autres Etats ont demandé à la rejoindre. Nous devons nous poser la question du projet social, politique, économique et ainsi analyser toutes les formes possibles d'intégration soit en les faisant rejoindre l'Union soit à travers des partenariatsc'est comme cela que nous pourrons avoir une Europe à plusieurs visages."
RedHot : A 25 serons-nous plus forts pour imposer notre voix sur le plan de diplomatie internationale ?
R - "C'est un des enjeux essentiels de cette Europe élargie. C'est aussi lui donner plus de poids politique donc diplomatique pour exprimer ses positions dans un monde qui a plusieurs regards. Ces idées se sont exprimées dans la Constitution, qui donne un visage et une parole ; ce regard n'est pas remis en question par l'élargissement. Il est au contraire affirmé par l'élargissement. L'ensemble des Etats membres s'est exprimé pour avoir ce poids diplomatique. La période récente a montré qu'il était parfois difficile d'avoir des positions communes, mais tous les partenaires et l'opinion publique européenne le demandent. Quand je suis sur le terrain, tous expriment ce besoin d'une voix européenne dans le concert mondial."
Manu : Le fonctionnement de l'Union Européenne est très mal connu des Français. Serait-il envisageable de faire une grande campagne d'information sur l'Europe : son fonctionnement, ses ambitions, ce qu'elle apporte comme bénéfices
R - "Je voudrais répondre que c'est non seulement envisageable mais surtout le Ministre des Affaires étrangères et moi allons à la rencontre des jeunes dans les lycées, à la rencontre aussi des élus, des travailleurs, pour expliquer les enjeux de l'Europe. Ce désir de mieux comprendre est souvent exprimé. Il est essentiel que nous y répondions, d'autant que le 13 juin ont lieu les élections européennes. Il s'agit d'un moment essentiel. Nous allons élire de nouveaux députés. Il y aura un large débat au cours des élections et vous savez que le 18 juin, nous espérons un accord sur la Constitution qui permet de réformer les institutions européennes et la France devra ratifier cette Constitution. Et pour prendre cette décision, il faudra accentuer cette pédagogie de l'Europe, son histoire, ce qu'elle apporte au quotidien, de justice et de progrès et de croissance. Nous pourrons aussi réfléchir ensemble à son avenir."
maldoror : Quel est la position officielle de la France par rapport à la Turquie ?
R - "Le Président de la République a rappelé que nous attendons un rapport de la Commission Européenne sur l'état des réformes en Turquie par rapport aux critères politiques, appliqués à tous les Etats qui demandent l'adhésion. En fonction des résultats de ce rapport et de la mise en place concrète de ces réformes, le Conseil européen des chefs d'Etat prendra sa décision en décembre pour ouvrir ou non les négociations d'adhésion de la Turquie. Le processus d'adhésion est un processus long, une dizaine d'années, avec un suivi très précis, qui permettra de prendre la décision définitive d'entrée de la Turquie dans l'Union à la fin de ce processus d'analyse. Les élections du 13 juin ne portent pas sur la décision à prendre aujourd'hui de l'entrée ou de la non-entrée de la Turquie. La Turquie a une relation privilégiée avec l'Union depuis 1963 ; le gouvernement et le peuple turc ont mis en oeuvre beaucoup d'évolutions sur le chemin de la démocratie et partagent un certain nombre de valeurs communes. La Turquie est un grand pays sur le plan démographique dont le rôle stratégique est important dans les relations entre l'Europe et l'Orient, entre différentes cultures. Et c'est un partenaire privilégié."
VERIDIS : Avec l'arrivée des pays de l'Est ne pensez-vous pas que les entreprises françaises vont encore plus délocaliser leurs activités ? Conséquences : chômage etc
R - "Véridis, je suis sure que vous savez que depuis plus de dix ans déjà il y a des délocalisations non seulement dans les pays de l'Est mais aussi dans les pays émergents. Les installations de nos entreprises dans les pays de l'Est neuf fois sur dix ont été faites à la demande de ces pays et sont donc plutôt à voir de manière bénéfique pour chacun et donc pour la France. L'intérêt de règles communes dans un grand marché permet au contraire d'avoir plus de sécurité sur certaines pratiques par exemple de dumping fiscal ou social qui pourront être aujourd'hui contrôlées. Nous sommes donc dans des conditions plus favorables. Avec un environnement économique plus sûr, avec des besoins croissants et en améliorant leur niveau économique et social, ces pays retiendront au contraire leurs populations là où elles sont nées et où elles veulent vivre. Il y avait les mêmes craintes au moment de l'adhésion de l'Espagne, du Portugal et l'on sait tous à quel point ces craintes se sont montrées infondées."
jf : Ne pensez-vous pas que cela est un peu précipité cet élargissement alors que l'Europe est en crise de croissance ?
R - "Il est sans doute plus facile d'élargir un projet quand la croissance est forte, mais l'Europe a montré qu'elle savait relever les défis. Cet élargissement doit s'accompagner d'une politique de solidarité pour accompagner les entrants, nous y sommes tous déterminés mais ce moment historique de la réunification vaut bien quelques difficultés que nous surmonterons."
David : Comment voyez vous ces élections ? Pensez-vous que l'opinion va se mobiliser ?
R - "C'est mon ambition que de voir se mobiliser chacun des citoyens français et européens dans cette élection. Ces citoyens disent souvent ne pas être associés à la construction européenne. Ces élections, c'est le moment de prendre ses responsabilités et je veux être optimiste sur ce point et sur le fait que le débat de la campagne portera sur ces enjeux majeurs de l'Europe."
CHARLOTTE : Aujourd'hui, l'Europe n'est malheureusement que l'affaire d'un groupe de spécialistes (dont je fais partie). Pourquoi fermer Sources d'Europe alors qu'il s'agit d'un formidable accès pour chaque citoyen à l'Europe ? Il faudrait, au lieu de le fermer ou faire tout comme, le mettre davantage en valeur. N'ayez pas une vision à court mais à long terme ! Merci
R - "Je voudrais simplement dire que Source d'Europe n'a pas été fermé. Nous n'en avons pas l'intention, la convention qui est passée entre ce centre, le gouvernement et la Commission vient d'être renouvelée. Il s'agit d'un déménagement et d'une adaptation de l'information aux nouvelles technologies (Internet) et de nouveaux documents pédagogiques en particulier un site Internet sur l'Europe pour les jeunes qui vient d'ouvrir. La volonté est plutôt de s'adapter pour améliorer le service fourni avec un fonds documentaire, un accès Internet diversifié et un accès physique plus facile au centre de Paris. Je rappelle aussi que vous pouvez trouver beaucoup d'infos sur www.europe.gouv.fr ainsi que beaucoup de politiques sur le terrain pour vous parler d'Europe."
PUCE : Ne pouvons-nous pas craindre une arrivée massive de populations des nouveaux pays membres sans solution réelle ?
R - "Des études ont été faites montrant que cet afflux de population ne sera pas très important, 1 à 2 % de flux migratoire. L'inquiétude du "braindrain", soit la fuite de cerveaux, sera palliée par l'élévation du niveau de vie de ces pays. Par contre, il est important d'organiser le contrôle des frontières extérieures de l'Europe et de façon solidaire tous les Etats membres se sont mobilisés pour un contrôle organisé. Vous savez sans doute que beaucoup d'Etats membres ont souhaité pendant une période de 2 à 7 ans, pouvoir contrôler la circulation des travailleurs dans chacun des Etats membres. La décision de libre circulation complète se fera en fonction de la capacité de chacun des Etats."
ChasChand : Etes vous favorable à un président européen ?
R - "Je crois que l'Europe a besoin d'être incarnée, représentée de différentes façons mais aussi avec un visage politique. Donc oui je suis favorable au travail de la Convention. Je suis favorable à un Président en place pour une durée de deux ans et demi. Il y a d'autres visages que des visages politiques. Cette Europe n'est pas que "technocratique" elle a un autre visage."
Merci beaucoup Claudie Haigneré, le mot de la fin ?
R - "J'ai envie de dire que je compte sur vous tous pour vous exprimer avec responsabilité un désir d'Europe le 13 juin dans un premier temps et à chaque instant de la construction européenne. L'Union européenne c'est une Union politique et économique mais c'est avant tout une Union des peuples. La citoyenneté européenne nous concerne tous et nous devons le manifester pour que l'Europe dans laquelle nous vivons soit celle que nous avons choisie. Et merci à vous tous de ce rendez-vous qui n'est pas le dernier je le souhaite."
(source http://www.europe.gouv.fr, le 28 mai 2004)