Texte intégral
Q- R. Sicard-. Avec vous, ce matin, on va parler de la surpopulation dans les prisons - on bat des records en ce moment. Mais d'abord, un mot sur ce qui s'est passé hier à la cérémonie des Molières, où les intermittents ont empêché la tenu du spectacle. On a l'impression que le Gouvernement n'arrive pas à se sortir de ce dossier ?
R - "Je crois qu'il faut que les discussions arrivent à se nouer. Il me semble que R. Donnedieu de Vabres a donné le sentiment et l'expression d'une volonté de dialogue, et il serait dommage..."
Q-Il a suggéré que l'on "réexamine" le projet.
R - "Bien sûr, très clairement. Et il a ouvert la voie à la discussion, il a tendu la main. Et je pense que maintenant, il faut vraiment passer à la discussion. Et ce serait dommage que de grandes manifestations, qui font partie de la vie culturelle nationale, soient perturbées, alors qu'il y a une volonté de discussion, j'espère de part et d'autre."
Q-Cela veut-il dire que le Gouvernement, aujourd'hui, a vraiment l'intention de dialoguer, de rouvrir la négociation ?
R - "Notre ministre de la Culture l'a bien dit, très clairement. C'est aussi la volonté du Président et du Premier ministre. Il faut que l'on discute. Alors, certes, l'organisation sans doute, les intermittents, est peut-être complexe. Certains veulent discuter, d'autres peut-être moins. Mais il faut que l'on arrive à se mettre autour de la table. Parce que la vie culturelle c'est formidable, parce que la période des festivals arrive et que je pense qu'on a tous très envie de pouvoir profiter justement de la qualité de la vie culturelle de notre pays. Et donc il faut arriver très vite à régler ce problème."
Q-Revenons aux prisons. Vous inaugurez aujourd'hui une nouvelle prison à Toulon. Il était temps puisque dans cette ville, il y avait 339 détenus pour 144 places. Cela dit, la population carcérale en France est sans cesse en augmentation. On arrive à 62.000 détenus aujourd'hui. Faut-il faire toujours plus de prisons ?
R - "D'abord, s'agissant de Toulon, je vais donc inaugurer une prison de 600 places, qui va permettre de "respirer", si je puis dire, dans la région Paca. Nous assistons à une augmentation du nombre de prisonniers, de détenus. Cela ne résulte pas des gens qui sont mis en prison en attente de jugement, cela résulte d'une augmentation du nombre de ceux qui, après condamnation, sont effectivement emprisonnés. Et mon sentiment, et tous ceux qui connaissent un peu ces sujets, aussi bien en France qu'en Europe, ont la certitude que cela n'est pas un phénomène passager. Il faut donc apporter des solutions, en termes de capacité d'accueil et en termes d'humanisation des prisons. La situation aujourd'hui n'est évidemment pas acceptable, je l'ai dit dès que j'ai pris mes responsabilités. Plus de la moitié de nos prisons ont été construites avant le début du XXème siècle, c'est-à-dire, en fait, au XIXème siècle et même avant... Il y a trois réponses : premièrement, construction de places. J'ai lancé un programme de construction de 13.500 places..."
Q-Cela ne suffira pas...
R - "Par rapport à la situation d'aujourd'hui, cela suffirait, donc ne commençons pas par dire que "cela ne suffira pas". On sera beaucoup mieux..."
Q-Si la courbe suit la même tendance, cela ne suffira pas...
R - "Oui, la courbe monte en ce moment, peut-être arrivera-t-elle à une certaine stabilisation. Nous sommes encore un peu en dessous de la moyenne des grandes démocraties européennes. Pour autant, le nombre de prisonniers est le résultat d'une multitude de décisions de juges différents. Donc il est très difficile d'apprécier par avance. Donc, premièrement, construction, plus de 13.000 places. Deuxièmement, recruter des personnels, des surveillants pour humaniser les choses, pour que les conditions de travail soient moins difficiles, pour que les conditions de détention soient également moins difficiles. Je recrute 2.000 personnes par an depuis maintenant bientôt la troisième année. Et troisièmement, développer d'autres formes de peines, c'est très important. Et dans le texte de loi qui a été voté en mars par l'Assemblée nationale, il y a des possibilités de développer la semi-liberté, de développer le bracelet électronique - on met un bracelet électronique et vous devez rester chez vous -, et troisièmement, de développer le travail d'intérêt général, c'est-à-dire des peines sous forme de travail à faire. Je crois que c'est très important que nous ayons ainsi une diversité de peines, pour que l'on ne soit pas uniquement vers la réponse prison. J'ajoute un point auquel je tiens énormément personnellement : c'est séparer les mineurs des adultes. Et dans mon plan sur cinq ans, il y a en aboutissement la séparation définitive des mineurs et des adultes. Il y a peu de mineurs en prison heureusement, mais il faut qu'ils soient séparés des adultes."
Q-Vos adversaires disent que s'il y a autant de monde dans les prisons, c'est le résultat de la politique "tout répressif" que N. Sarkozy a mené pendant deux ans.
R - "Tout répressif ? Quand on vit dans des quartiers difficiles, on n'a pas encore, je crois, aujourd'hui, le sentiment du "tout répressif". Nous avons fait des progrès, le niveau de la délinquance a baissé..."
Q-Mais ne fallait-il pas plus de prévention aussi ?
R - "L'un n'empêche pas l'autre... S'agissant de la justice, nous avons amélioré l'exécution des peines. Enfin, en 2003, nous sommes passés en dessous de la barre des 30 % de non-exécution de peines, car il faut savoir que, jusqu'ici, il y avait ce taux de non-exécution des peines, qui crée un sentiment d'impunité assez compréhensible. Et donc, nous améliorons les choses. C'est vrai qu'une des conséquences de cette politique, c'est une augmentation du nombre de personnes condamnées. Mais il faut savoir ce que l'on veut. Je crois que les Françaises et les Français, légitimement, comme tous les autres citoyens des grands pays démocratiques du monde, veulent vivre en sécurité. Et ceux qui font des discours sur la sécurité mais qui n'assument pas des conséquences inévitables comme celles-ci, je crois ne sont pas sérieux et n'ont pas une attitude responsable."
Q-Les gardiens de prisons dont vous parliez tout à l'heure disent qu'aujourd'hui, la sécurité dans les prisons n'est plus assurée...
R - "Nous veillons à cette amélioration de la sécurité. Tout à l'heure, j'évoquais un point très important pour les personnels, qui est le recrutement - nous recrutons 2.000 personnes par an. Et il n'y a plus pratiquement, comme c'était le cas il y a encore deux ans, de postes vacants de surveillants dans les prisons. Et nous allons continuer à faire cela. Les prisons nouvelles, comme celle que je vais inaugurer cet après-midi à Toulon, présentent des conditions de sécurité excellentes. Et par ailleurs, sur les prisons existantes, je développe tout un travail d'amélioration dans les locaux et la sécurité, mais aussi d'amélioration dans les procédures de travail."
Q-Cela va permettre de répondre aux critiques de l'Europe qui dit que les conditions de détention en France ne sont pas satisfaisantes ?
R - "Bien sûr."
Q-A court terme, le problème peut être réglé ?
R - "Ce rapport du Conseil de l'Europe, que vous évoquez, visait en particulier une des plus vieilles prison de France, la prison de Loos-Lez-Lille, qui, effectivement, est un scandale, et que j'aurai un certain plaisir à fermer dans quelques mois."
Q-Une question qui concerne Lyon, où vous êtes maintenant implanté. Un imam de Vénissieux, dans la région de Lyon, a tenu des propos étonnants dans un hebdomadaire, Lyon-Mag. Il dit que : "Battre sa femme, c'est autorisé par le Coran". La justice peut-elle faire quelque chose contre cela ?
R- "Bien sûr, la justice peut et doit faire quelque chose. Les violences familiales, c'est une abomination. Et dès la parution de ce journal, j'ai demandé à la Direction des affaires criminelles du ministère de la Justice, d'examiner comment une action en justice pourra être engagée. Je sais que d'autres personnes ont porté plainte ou se porteront partie civile. Et donc, ce monsieur aura à s'expliquer devant la justice sur ses déclarations."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernent, le 20 avril 2004)
R - "Je crois qu'il faut que les discussions arrivent à se nouer. Il me semble que R. Donnedieu de Vabres a donné le sentiment et l'expression d'une volonté de dialogue, et il serait dommage..."
Q-Il a suggéré que l'on "réexamine" le projet.
R - "Bien sûr, très clairement. Et il a ouvert la voie à la discussion, il a tendu la main. Et je pense que maintenant, il faut vraiment passer à la discussion. Et ce serait dommage que de grandes manifestations, qui font partie de la vie culturelle nationale, soient perturbées, alors qu'il y a une volonté de discussion, j'espère de part et d'autre."
Q-Cela veut-il dire que le Gouvernement, aujourd'hui, a vraiment l'intention de dialoguer, de rouvrir la négociation ?
R - "Notre ministre de la Culture l'a bien dit, très clairement. C'est aussi la volonté du Président et du Premier ministre. Il faut que l'on discute. Alors, certes, l'organisation sans doute, les intermittents, est peut-être complexe. Certains veulent discuter, d'autres peut-être moins. Mais il faut que l'on arrive à se mettre autour de la table. Parce que la vie culturelle c'est formidable, parce que la période des festivals arrive et que je pense qu'on a tous très envie de pouvoir profiter justement de la qualité de la vie culturelle de notre pays. Et donc il faut arriver très vite à régler ce problème."
Q-Revenons aux prisons. Vous inaugurez aujourd'hui une nouvelle prison à Toulon. Il était temps puisque dans cette ville, il y avait 339 détenus pour 144 places. Cela dit, la population carcérale en France est sans cesse en augmentation. On arrive à 62.000 détenus aujourd'hui. Faut-il faire toujours plus de prisons ?
R - "D'abord, s'agissant de Toulon, je vais donc inaugurer une prison de 600 places, qui va permettre de "respirer", si je puis dire, dans la région Paca. Nous assistons à une augmentation du nombre de prisonniers, de détenus. Cela ne résulte pas des gens qui sont mis en prison en attente de jugement, cela résulte d'une augmentation du nombre de ceux qui, après condamnation, sont effectivement emprisonnés. Et mon sentiment, et tous ceux qui connaissent un peu ces sujets, aussi bien en France qu'en Europe, ont la certitude que cela n'est pas un phénomène passager. Il faut donc apporter des solutions, en termes de capacité d'accueil et en termes d'humanisation des prisons. La situation aujourd'hui n'est évidemment pas acceptable, je l'ai dit dès que j'ai pris mes responsabilités. Plus de la moitié de nos prisons ont été construites avant le début du XXème siècle, c'est-à-dire, en fait, au XIXème siècle et même avant... Il y a trois réponses : premièrement, construction de places. J'ai lancé un programme de construction de 13.500 places..."
Q-Cela ne suffira pas...
R - "Par rapport à la situation d'aujourd'hui, cela suffirait, donc ne commençons pas par dire que "cela ne suffira pas". On sera beaucoup mieux..."
Q-Si la courbe suit la même tendance, cela ne suffira pas...
R - "Oui, la courbe monte en ce moment, peut-être arrivera-t-elle à une certaine stabilisation. Nous sommes encore un peu en dessous de la moyenne des grandes démocraties européennes. Pour autant, le nombre de prisonniers est le résultat d'une multitude de décisions de juges différents. Donc il est très difficile d'apprécier par avance. Donc, premièrement, construction, plus de 13.000 places. Deuxièmement, recruter des personnels, des surveillants pour humaniser les choses, pour que les conditions de travail soient moins difficiles, pour que les conditions de détention soient également moins difficiles. Je recrute 2.000 personnes par an depuis maintenant bientôt la troisième année. Et troisièmement, développer d'autres formes de peines, c'est très important. Et dans le texte de loi qui a été voté en mars par l'Assemblée nationale, il y a des possibilités de développer la semi-liberté, de développer le bracelet électronique - on met un bracelet électronique et vous devez rester chez vous -, et troisièmement, de développer le travail d'intérêt général, c'est-à-dire des peines sous forme de travail à faire. Je crois que c'est très important que nous ayons ainsi une diversité de peines, pour que l'on ne soit pas uniquement vers la réponse prison. J'ajoute un point auquel je tiens énormément personnellement : c'est séparer les mineurs des adultes. Et dans mon plan sur cinq ans, il y a en aboutissement la séparation définitive des mineurs et des adultes. Il y a peu de mineurs en prison heureusement, mais il faut qu'ils soient séparés des adultes."
Q-Vos adversaires disent que s'il y a autant de monde dans les prisons, c'est le résultat de la politique "tout répressif" que N. Sarkozy a mené pendant deux ans.
R - "Tout répressif ? Quand on vit dans des quartiers difficiles, on n'a pas encore, je crois, aujourd'hui, le sentiment du "tout répressif". Nous avons fait des progrès, le niveau de la délinquance a baissé..."
Q-Mais ne fallait-il pas plus de prévention aussi ?
R - "L'un n'empêche pas l'autre... S'agissant de la justice, nous avons amélioré l'exécution des peines. Enfin, en 2003, nous sommes passés en dessous de la barre des 30 % de non-exécution de peines, car il faut savoir que, jusqu'ici, il y avait ce taux de non-exécution des peines, qui crée un sentiment d'impunité assez compréhensible. Et donc, nous améliorons les choses. C'est vrai qu'une des conséquences de cette politique, c'est une augmentation du nombre de personnes condamnées. Mais il faut savoir ce que l'on veut. Je crois que les Françaises et les Français, légitimement, comme tous les autres citoyens des grands pays démocratiques du monde, veulent vivre en sécurité. Et ceux qui font des discours sur la sécurité mais qui n'assument pas des conséquences inévitables comme celles-ci, je crois ne sont pas sérieux et n'ont pas une attitude responsable."
Q-Les gardiens de prisons dont vous parliez tout à l'heure disent qu'aujourd'hui, la sécurité dans les prisons n'est plus assurée...
R - "Nous veillons à cette amélioration de la sécurité. Tout à l'heure, j'évoquais un point très important pour les personnels, qui est le recrutement - nous recrutons 2.000 personnes par an. Et il n'y a plus pratiquement, comme c'était le cas il y a encore deux ans, de postes vacants de surveillants dans les prisons. Et nous allons continuer à faire cela. Les prisons nouvelles, comme celle que je vais inaugurer cet après-midi à Toulon, présentent des conditions de sécurité excellentes. Et par ailleurs, sur les prisons existantes, je développe tout un travail d'amélioration dans les locaux et la sécurité, mais aussi d'amélioration dans les procédures de travail."
Q-Cela va permettre de répondre aux critiques de l'Europe qui dit que les conditions de détention en France ne sont pas satisfaisantes ?
R - "Bien sûr."
Q-A court terme, le problème peut être réglé ?
R - "Ce rapport du Conseil de l'Europe, que vous évoquez, visait en particulier une des plus vieilles prison de France, la prison de Loos-Lez-Lille, qui, effectivement, est un scandale, et que j'aurai un certain plaisir à fermer dans quelques mois."
Q-Une question qui concerne Lyon, où vous êtes maintenant implanté. Un imam de Vénissieux, dans la région de Lyon, a tenu des propos étonnants dans un hebdomadaire, Lyon-Mag. Il dit que : "Battre sa femme, c'est autorisé par le Coran". La justice peut-elle faire quelque chose contre cela ?
R- "Bien sûr, la justice peut et doit faire quelque chose. Les violences familiales, c'est une abomination. Et dès la parution de ce journal, j'ai demandé à la Direction des affaires criminelles du ministère de la Justice, d'examiner comment une action en justice pourra être engagée. Je sais que d'autres personnes ont porté plainte ou se porteront partie civile. Et donc, ce monsieur aura à s'expliquer devant la justice sur ses déclarations."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernent, le 20 avril 2004)