Interview de M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, dans "Le Parisien" le 31 mars 2004, sur la réforme de l'assurance maladie et les propositions du rapport "Pour un code du travail plus efficace" de Michel de Virville.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Catherine Gasté-Perclers .- Comment interprétez-vous le maintien de Jean-Pierre Raffarin à Matignon ?
Jean-Claude Mailly :.- " Ce qui nous importe, ce n'est pas la personnalité des uns et des autres, c'est la politique qu'ils vont mener. On verra aujourd'hui quelle sera la composition du gouvernement mais surtout quelles sont les premières annonces qu'ils vont faire, à quel rythme, selon quel calendrier et surtout ce qu'ils entendent faire. Nous avons demandé un changement de cap social ".
Sur l'assurance maladie, vous préparez-vous vraiment à la grève générale ?
" Notre congrès nous a mandatés d'une manière générale, en cas de grande difficulté, pour des grèves interprofessionnelles. Nous sommes favorables à une réforme, mais nous posons des conditions. Il faut que le gouvernement sache où il met les pieds. Ou bien il donne satisfaction à une conception de la réforme qui va dans le sens d'un progrès, ce qui veut dire qu'il préserve le taux de couverture sociale, le taux de remboursement et n'amorce pas une privatisation. Ce sont nos trois points clés. Si, au contraire, il persiste dans une vision comptable, il y aura problème. Et l'on n'exclut rien. "
Et la loi de mobilisation en faveur de l'emploi. En l'état du projet, allez-vous demander son retrait ?
" Pour le moment, il y a le rapport de Virville et la provocation du Medef avec ses 44 propositions. On va voir ce que va faire le nouveau gouvernement. Nous ne sommes pas d'accord pour un CDD de longue durée, que ce soit dans le privé ou dans le public. Pas d'accord non plus pour qu'il y ait une transformation du Code du travail qui, je le rappelle, est fait pour amener des garanties et des sécurités aux salariés. Or, les propositions de Virville et du Medef visent à retirer de la sécurité aux salariés pour donner plus de liberté aux employeurs en termes de licenciement et d'embauche, de salaire aussi. On ne peut pas l'accepter. Concernant les chômeurs, il faut revoir les réformes de l'Unedic ainsi que celle, inacceptable, de l'allocation de solidarité et refuser un possible durcissement des sanctions. "
Irez-vous à la réunion des leaders syndicaux souhaitée par Bernard Thibault ?
" Je lui ai dit que nous n'étions pas d'accord. Nous ne voulons pas créer une illusion. Attendons les premières annonces. Si le gouvernement confirme, par exemple sur l'assurance maladie, une politique très libérale, nous envisagerons avec les organisations syndicales les moyens de réagir. Ceci étant, faire une grand-messe syndicale juste pour la photo, on n'en voit pas l'intérêt. "
(source http://www.force-ouvriere.org, le 23 avril 2004)