Texte intégral
A l'issue de cette première rencontre "Science et décideurs", je souhaite avant tout remercier très vivement tous ses participants, tous les intervenants, animateurs et organisateurs qui ont tant oeuvré pour sa mise en oeuvre et, permettez-moi de le dire, pour son succès. Sciences et décideurs était il y a quelques mois un pari. Ce pari a été pleinement réussi.
Je crois que ce pari a été réussi pour trois raisons principales. Sciences et décideurs a représenté la conjonction d'un lieu hautement symbolique, d'un thème fort et de rencontres fécondes.
Sciences et décideurs devait être lancé dans un lieu emblématique. Autant dire que le Futuroscope répondait pleinement aux objectifs qui étaient les nôtres. Haut lieu de création de l'innovation, le Futuroscope est aussi un pôle majeur de diffusion de la culture scientifique. Je vois aussi dans ce choix, l'implication profonde des collectivités territoriales, à commencer bien sûr par le conseil général de la Vienne, dans l'organisation de la manifestation qui nous réunit aujourd'hui.
Cette première édition de Sciences et décideurs a également démontré l'importance de la question du risque. Prévenir et gérer les risques scientifiques : autant dire que vous avez fait état de la complexité de cette question, de ses implications éthiques, des choix d'action ou de prudence qu'elle induit, des efforts de concertation, de communication et d'éducation qui lui sont liés. Vous avez montré combien vous êtes conscients, quels que soient vos secteurs d'activité, des responsabilités impliquées par la prise en compte des risques scientifiques et technologiques.
Ce que je souhaite souligner avant tout, c'est que la notion de risque, dans le cas des avancées scientifiques et technologiques, n'est pas synonyme d'inconscience, ni de désinvolture. L'audace est nécessaire à la science, et oser, dans tous les actes de la vie, à commencer par les activités de recherche, c'est déjà prendre un risque.
En revanche, notre devoir à tous est de savoir mesurer ce risque, anticiper et prévenir ses conséquences, et notre responsabilité primordiale vis-à-vis des citoyens est de veiller à la plus grande transparence en ce domaine. Cela passe par une véritable démocratie participative, nourrie de rencontres et de débats comme ceux qui ont eu lieu pendant cette rencontre Sciences et décideurs.
Surmonter les risques, les maîtriser, les expliquer passe en effet par l'instauration de discussions d'un type nouveau. Cela suppose des échanges où tous les intervenants se mettent autour de la même table et votre présence aujourd'hui, scientifiques et dirigeants économiques, responsables d'organismes publiques et élus politiques, est bien le symbole de ce dialogue nouveau.
Les interrogations induites par les avancées de la science et des technologies de notre siècle sont en effet trop cruciales pour faire l'économie de débats croisés, d'échanges de vue, de confrontations d'idées, de coordination des efforts, en un mot, de coopération entre tous les acteurs de la vie scientifique de notre pays.
Ainsi de telles initiatives, tournées à la fois vers l'analyse et vers la prospective, prenant en compte la réalité du fait scientifique sans pour autant occulter les questions, les peurs mais aussi les espoirs, sont les relais nécessaires de l'action, et de l'action politique en particulier.
En ces temps où science rime trop souvent avec défiance, ces discussions sont essentielles à la définition de choix éclairés, responsables et éthiques, de la part de tous ceux qui forgent l'avenir de notre science et de notre recherche, mais aussi au renforcement du lien entre la science et les citoyens, dont je suis persuadée qu'il est vital pour notre tissu social.
La tenue de ce colloque, dont je souhaite vivement qu'il constitue la première étape d'un rendez-vous régulier, s'inscrit d'ailleurs dans la droite ligne de l'une des priorités de travail du Ministère de la Recherche : à savoir réconcilier la science et les citoyens. Dans quelques jours, j'annoncerai en conseil des ministres un plan destiné à relancer la diffusion de la culture scientifique et technique dans notre pays. En effet, depuis plus de vingt ans, le développement de la culture scientifique et technique a fait l'objet d'initiatives émanant tant des pouvoirs publics que de la société civile, sans toutefois atteindre une lisibilité et une efficacité à la hauteur des enjeux.
L'heure est donc venue pour une action résolue qui peut s'appuyer sur deux rapports parlementaires approfondis : celui de la commission présidée par le sénateur Laffitte ; celui demandé par le Premier ministre au député Emmanuel Hamelin. Deux parlementaires que je remercie vivement d'être ici aujourd'hui, tant leurs travaux ont permis d'avancer sur une question aussi primordiale.
Sans bien sûr dévoiler l'ensemble des mesures que j'ai retenues, je souhaite vous faire part des principales lignes directrices que j'ai retenues. Cela me semble d'autant plus important qu'elles répondent à deux des objectifs de Science et décideurs :
- réduire la fracture culturelle et sociale profonde, qui se crée progressivement entre la croissance exponentielle des avancées de la recherche et une science de moins en moins compréhensible du grand public et trop souvent associée précisément à un risque pour la santé, l'environnement, l'éthique collective ;
- mobiliser la communauté scientifique comme les responsables politiques ou économiques, toutes les forces vives de la nation, autour de cette ambition de diffusion et d'éducation à la science, en utilisant notamment de nouveaux dispositifs tels que les fondations.
L'effort de diffusion de la culture scientifique a aujourd'hui besoin d'être soutenu et rationalisé, mais aussi porté de manière forte par l'ensemble de la communauté scientifique et enseignante, en s'adaptant à la demande croissante de nos concitoyens et cela autour de trois axes forts.
Il s'agit d'abord de rapprocher la science du public et des jeunes. Il faut redonner tout son poids à la valorisation de l'image et des résultats de la recherche et surtout à son accessibilité par chacun de nos concitoyens. La science doit redevenir l'extraordinaire aventure humaine qui nous permet de franchir chaque jour de nouvelles limites pour notre espérance de vie, pour notre bien être collectif, pour notre capacité à penser et à créer Cela passe notamment par une meilleure articulation de l'ensemble de l'offre de culture scientifique dans notre pays. Nous disposons d'outils extraordinaires, à commencer par les nouvelles technologies, si présentes dans le projet du Futuroscope. A nous de les mettre au service de la diffusion de la culture scientifique et technique. A nous aussi de faire que les jeunes retrouvent le chemin du risque, celui par exemple de chercher de manière passionnée et désintéressée pour faire progresser l'état de nos connaissances.
Rien ne se fera bien entendu sans l'implication forte et efficace de la communauté scientifique et de l'ensemble des enseignants de notre pays. Restituer les avancées de la science à l'ensemble du grand public est déjà un objectif que bon nombre de chercheurs ont fait leur, notamment lors de grandes occasions telles que la Fête de la science et je me félicite de pouvoir vous annoncer aujourd'hui que le chiffre de 850 000 visiteurs de 2002 a largement été dépassé. Les premières estimations qui viennent de me parvenir montrent que la Fête de la science a franchi en 2003 la barre du million de visiteurs et cela est dû à cette mobilisation forte des chercheurs et enseignants-chercheurs, des ingénieurs comme des membres des associations de culture scientifique. Mais il faut aller plus loin en assurant une légitimation accrue à une telle mobilisation. J'aspire à une diffusion de la culture scientifique étendue aux limites de l'hexagone et placée au cur des contenus délivrés dans les universités comme dans les établissements scolaires, dans les grandes écoles comme dans les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres.
Troisième et dernière grande ligne d'action que j'ai adoptée, celle de créer ou de renforcer les réseaux de diffusion de la science. De tels foyers ont vocation à être autant de points d'ancrage pour un essaimage véritablement national, relayant à la fois les initiatives des principales institutions de notre pays et assurant une irrigation réussie de l'ensemble du territoire. La France est riche en musées scientifiques, riche aussi de ses Centres de Culture Scientifique et Technique installés en région. A Poitiers par exemple, l'espace Mendès-France anime avec efficacité cette indispensable mission de diffusion de la culture scientifique et technique. Toute cette action, toutes les initiatives prises ici ou là ne sont en définitive possibles que parce ce qu'il existe dans notre pays un formidable élan de passion et d'inventivité, celui qui anime tous ces milliers de bénévoles réunis autour d'un projet, d'une association, d'un événement. Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour leur rendre hommage et leur dire à la fois que je compte sur eux et que je souhaite agir dans les mois à venir pour leur faciliter leur tâche.
Vous l'avez compris, Science et décideurs représente à mes yeux un moment particulièrement important. Je souhaite que cette manifestation soit aussi et avant tout un point de départ :
- un point de départ pour un rapport nouveau et ouvert sur l'avenir entre scientifiques et responsables économiques et politiques ;
- un point de départ pour des relations plus sereines entre la science et notre société ;
- un point de départ pour une politique volontariste de diffusion de la culture scientifique et technique.
En définitive, il s'agit d'un enjeu vital pour nos civilisations que nous savons mortelles. Face aux montées des comportements irrationnels, face aux extrémismes de toutes sortes, nous devons affirmer le rôle majeur de l'activité scientifique et du partage des connaissances.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 4 décembre 2003)
Je crois que ce pari a été réussi pour trois raisons principales. Sciences et décideurs a représenté la conjonction d'un lieu hautement symbolique, d'un thème fort et de rencontres fécondes.
Sciences et décideurs devait être lancé dans un lieu emblématique. Autant dire que le Futuroscope répondait pleinement aux objectifs qui étaient les nôtres. Haut lieu de création de l'innovation, le Futuroscope est aussi un pôle majeur de diffusion de la culture scientifique. Je vois aussi dans ce choix, l'implication profonde des collectivités territoriales, à commencer bien sûr par le conseil général de la Vienne, dans l'organisation de la manifestation qui nous réunit aujourd'hui.
Cette première édition de Sciences et décideurs a également démontré l'importance de la question du risque. Prévenir et gérer les risques scientifiques : autant dire que vous avez fait état de la complexité de cette question, de ses implications éthiques, des choix d'action ou de prudence qu'elle induit, des efforts de concertation, de communication et d'éducation qui lui sont liés. Vous avez montré combien vous êtes conscients, quels que soient vos secteurs d'activité, des responsabilités impliquées par la prise en compte des risques scientifiques et technologiques.
Ce que je souhaite souligner avant tout, c'est que la notion de risque, dans le cas des avancées scientifiques et technologiques, n'est pas synonyme d'inconscience, ni de désinvolture. L'audace est nécessaire à la science, et oser, dans tous les actes de la vie, à commencer par les activités de recherche, c'est déjà prendre un risque.
En revanche, notre devoir à tous est de savoir mesurer ce risque, anticiper et prévenir ses conséquences, et notre responsabilité primordiale vis-à-vis des citoyens est de veiller à la plus grande transparence en ce domaine. Cela passe par une véritable démocratie participative, nourrie de rencontres et de débats comme ceux qui ont eu lieu pendant cette rencontre Sciences et décideurs.
Surmonter les risques, les maîtriser, les expliquer passe en effet par l'instauration de discussions d'un type nouveau. Cela suppose des échanges où tous les intervenants se mettent autour de la même table et votre présence aujourd'hui, scientifiques et dirigeants économiques, responsables d'organismes publiques et élus politiques, est bien le symbole de ce dialogue nouveau.
Les interrogations induites par les avancées de la science et des technologies de notre siècle sont en effet trop cruciales pour faire l'économie de débats croisés, d'échanges de vue, de confrontations d'idées, de coordination des efforts, en un mot, de coopération entre tous les acteurs de la vie scientifique de notre pays.
Ainsi de telles initiatives, tournées à la fois vers l'analyse et vers la prospective, prenant en compte la réalité du fait scientifique sans pour autant occulter les questions, les peurs mais aussi les espoirs, sont les relais nécessaires de l'action, et de l'action politique en particulier.
En ces temps où science rime trop souvent avec défiance, ces discussions sont essentielles à la définition de choix éclairés, responsables et éthiques, de la part de tous ceux qui forgent l'avenir de notre science et de notre recherche, mais aussi au renforcement du lien entre la science et les citoyens, dont je suis persuadée qu'il est vital pour notre tissu social.
La tenue de ce colloque, dont je souhaite vivement qu'il constitue la première étape d'un rendez-vous régulier, s'inscrit d'ailleurs dans la droite ligne de l'une des priorités de travail du Ministère de la Recherche : à savoir réconcilier la science et les citoyens. Dans quelques jours, j'annoncerai en conseil des ministres un plan destiné à relancer la diffusion de la culture scientifique et technique dans notre pays. En effet, depuis plus de vingt ans, le développement de la culture scientifique et technique a fait l'objet d'initiatives émanant tant des pouvoirs publics que de la société civile, sans toutefois atteindre une lisibilité et une efficacité à la hauteur des enjeux.
L'heure est donc venue pour une action résolue qui peut s'appuyer sur deux rapports parlementaires approfondis : celui de la commission présidée par le sénateur Laffitte ; celui demandé par le Premier ministre au député Emmanuel Hamelin. Deux parlementaires que je remercie vivement d'être ici aujourd'hui, tant leurs travaux ont permis d'avancer sur une question aussi primordiale.
Sans bien sûr dévoiler l'ensemble des mesures que j'ai retenues, je souhaite vous faire part des principales lignes directrices que j'ai retenues. Cela me semble d'autant plus important qu'elles répondent à deux des objectifs de Science et décideurs :
- réduire la fracture culturelle et sociale profonde, qui se crée progressivement entre la croissance exponentielle des avancées de la recherche et une science de moins en moins compréhensible du grand public et trop souvent associée précisément à un risque pour la santé, l'environnement, l'éthique collective ;
- mobiliser la communauté scientifique comme les responsables politiques ou économiques, toutes les forces vives de la nation, autour de cette ambition de diffusion et d'éducation à la science, en utilisant notamment de nouveaux dispositifs tels que les fondations.
L'effort de diffusion de la culture scientifique a aujourd'hui besoin d'être soutenu et rationalisé, mais aussi porté de manière forte par l'ensemble de la communauté scientifique et enseignante, en s'adaptant à la demande croissante de nos concitoyens et cela autour de trois axes forts.
Il s'agit d'abord de rapprocher la science du public et des jeunes. Il faut redonner tout son poids à la valorisation de l'image et des résultats de la recherche et surtout à son accessibilité par chacun de nos concitoyens. La science doit redevenir l'extraordinaire aventure humaine qui nous permet de franchir chaque jour de nouvelles limites pour notre espérance de vie, pour notre bien être collectif, pour notre capacité à penser et à créer Cela passe notamment par une meilleure articulation de l'ensemble de l'offre de culture scientifique dans notre pays. Nous disposons d'outils extraordinaires, à commencer par les nouvelles technologies, si présentes dans le projet du Futuroscope. A nous de les mettre au service de la diffusion de la culture scientifique et technique. A nous aussi de faire que les jeunes retrouvent le chemin du risque, celui par exemple de chercher de manière passionnée et désintéressée pour faire progresser l'état de nos connaissances.
Rien ne se fera bien entendu sans l'implication forte et efficace de la communauté scientifique et de l'ensemble des enseignants de notre pays. Restituer les avancées de la science à l'ensemble du grand public est déjà un objectif que bon nombre de chercheurs ont fait leur, notamment lors de grandes occasions telles que la Fête de la science et je me félicite de pouvoir vous annoncer aujourd'hui que le chiffre de 850 000 visiteurs de 2002 a largement été dépassé. Les premières estimations qui viennent de me parvenir montrent que la Fête de la science a franchi en 2003 la barre du million de visiteurs et cela est dû à cette mobilisation forte des chercheurs et enseignants-chercheurs, des ingénieurs comme des membres des associations de culture scientifique. Mais il faut aller plus loin en assurant une légitimation accrue à une telle mobilisation. J'aspire à une diffusion de la culture scientifique étendue aux limites de l'hexagone et placée au cur des contenus délivrés dans les universités comme dans les établissements scolaires, dans les grandes écoles comme dans les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres.
Troisième et dernière grande ligne d'action que j'ai adoptée, celle de créer ou de renforcer les réseaux de diffusion de la science. De tels foyers ont vocation à être autant de points d'ancrage pour un essaimage véritablement national, relayant à la fois les initiatives des principales institutions de notre pays et assurant une irrigation réussie de l'ensemble du territoire. La France est riche en musées scientifiques, riche aussi de ses Centres de Culture Scientifique et Technique installés en région. A Poitiers par exemple, l'espace Mendès-France anime avec efficacité cette indispensable mission de diffusion de la culture scientifique et technique. Toute cette action, toutes les initiatives prises ici ou là ne sont en définitive possibles que parce ce qu'il existe dans notre pays un formidable élan de passion et d'inventivité, celui qui anime tous ces milliers de bénévoles réunis autour d'un projet, d'une association, d'un événement. Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour leur rendre hommage et leur dire à la fois que je compte sur eux et que je souhaite agir dans les mois à venir pour leur faciliter leur tâche.
Vous l'avez compris, Science et décideurs représente à mes yeux un moment particulièrement important. Je souhaite que cette manifestation soit aussi et avant tout un point de départ :
- un point de départ pour un rapport nouveau et ouvert sur l'avenir entre scientifiques et responsables économiques et politiques ;
- un point de départ pour des relations plus sereines entre la science et notre société ;
- un point de départ pour une politique volontariste de diffusion de la culture scientifique et technique.
En définitive, il s'agit d'un enjeu vital pour nos civilisations que nous savons mortelles. Face aux montées des comportements irrationnels, face aux extrémismes de toutes sortes, nous devons affirmer le rôle majeur de l'activité scientifique et du partage des connaissances.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 4 décembre 2003)