Texte intégral
Mesdames,
messieurs,
Je voudrais juste vous dire, pour chacune et chacun d'entre vous : le plus beau mot de la langue française, je pense très sincèrement, ce matin, c'est "merci" ; merci de cet exemple de volonté que vous donnez, que les Guillaume, les Michel, les Philippe, Yann et tous les autres donnez, pour cette détermination.
J'avais un discours préparé et puis quand je suis arrivé, l'un d'entre vous a dit cette phrase superbe, qui me paraît tout rassembler : "Cessons de pleurer sur ce qu'on ne peut pas faire et pensons à tout ce que l'on peut faire et construisons l'accès à tout ce qu'on peut faire." Je crois que c'est cela, au fond, le message important de la lutte pour la citoyenneté des handicapés.
Vous le savez, le président de la République a désigné trois grands chantiers pour le Gouvernement : la lutte contre l'insécurité routière, la lutte contre le cancer et la lutte pour les handicapés. Et M.-T. Boisseau mène ce combat au sein du Gouvernement avec beaucoup de talent, beaucoup de coeur, et beaucoup d'efficacité. Avec mon ami, H. Falco, qui lui aussi travaille dans le secteur social, nous voyons bien aujourd'hui combien la société française a besoin de cette cohésion sociale, et qu'en permanence, on doit chercher à rassembler et non pas cloisonner, enfermer dans des statuts, dans des communautés, mais au contraire rassembler notre communauté nationale autour des valeurs qui rassemblent, quelle que soit la position des uns et des autres, que ce soient celles des convictions, que ce soient celles des attitudes, des aptitudes, et que l'on se retrouve tous ensemble.
Je voudrais saluer les parlementaires qui sont ici, notamment J.-P. Giran et G. Lévy, qui s'est impliquée elle aussi aussi par un rapport au Parlement sur ces sujets, pour vous dire combien tout ceci est un travail collectif avec tous les élus locaux, le président de l'association [...], l'ensemble du corps médical. Je voudrais dire [...] à toutes celles et tous ceux qui font partie de l'équipe médicale, la reconnaissance qui est la nôtre, pour ce travail de dynamisme et d'énergie, de confiance en l'avenir, qui est ici engagé. Je crois que c'est cela la ligne importante pour nous. C'est de passer, à la fin de l'année prochaine, grâce au travail de la loi de révision de 1975, grâce à ce travail législatif, finalement de passer de la solidarité à la citoyenneté. C'est-à-dire que, au fond, il faut de la solidarité. Mais si la solidarité, c'est l'affirmation d'une différence, et faire de la différence une prison, quelque part la solidarité est insuffisante. La solidarité, c'est la voie d'accès à la citoyenneté. Et c'est ce que nous voulons faire avec cette nouvelle loi qui, depuis 1975, a besoin d'être réadaptée pour vivre les situations présentes.
Tout à l'heure, l'un d'entre vous me disait : "Transport en commun pour moi, cela ne veut rien dire, puisque je n'y ai pas accès ! Ce n'est pas un transport en commun puisqu'il n'est pas accessible à tous." C'est cela aujourd'hui la nouvelle dynamique à laquelle nous devons penser dans notre communauté nationale. C'est que le transport en commun, l'accessibilité dans la ville, l'accessibilité au travail, l'accessibilité aux loisirs, puissent être ouvertes à tous. Et que la différence ne soit pas une impasse. La différence, il y en a de multiples : il y a celle de la vie, celle de la naissance, il y a toutes celles que nous construisons. Ces différences sont des forces, si, naturellement, elles ne débouchent pas sur des impasses, et si au contraire, elles ont leurs voies d'accès au bien commun, au "vivre ensemble."
C'est cela, je crois, qui est la pensée nouvelle en matière d'action en faveur des handicapés dans la société.
Nous voulons travailler avec détermination sur la révision de la loi de 1975. D'abord, parce que le président de la République l'a demandé, et que dans la Vème République, quand le chef de l'Etat donne les orientations, le Gouvernement doit les exécuter ; en soi cela suffit. Mais en plus de tout cela, nous avons une vraie détermination, parce que nous sentons bien que dans la société, les idées sont en train de changer et que nous voulons exprimer ces nouvelles idées qui font que le handicap doit être aujourd'hui une situation qui n'isole pas dans la société, mais qui permet, au contraire, d'être dans le "vivre ensemble", dans le pacte républicain. Cela veut dire beaucoup d'efforts ; vous avez vu que sur le budget 2003, l'action pour les handicapés a été très fortement développée, puisqu'elle a doublé. Il est très important de voir qu'il y a quelques actions qui sont ainsi prioritaires dans le cadre d'un effort global de maîtrise des dépenses pour faire face au déficit budgétaire.
Mais au-delà de tout cela, nous devons nous fixer un certain nombre de priorités. Nous avons une autre priorité : c'est la priorité dans l'école. Nous pensons vraiment que l'école est le lieu aussi de la construction, de cette envie d'être actif, de cette envie que vous avez montrée, les uns et les autres, de faire des choses, de dépasser le handicap, d'aller audelà des limites qui sont imposées. Cette envielà, elle naît très tôt dans le coeur des enfants et il faut que l'école puisse être ce lieu d'intégration. C'est pour cela qu'à la rentrée prochaine, nous allons multiplier par six les effectifs de personnels, pour que l'on puisse accompagner davantage les jeunes handicapés dans l'école pour leur faciliter l'intégration dans l'école. Je pense que c'est dès cet âgelà que se construit non seulement l'intégration, mais aussi la volonté de dépasser le handicap et de trouver en soi une force qui contrebalance le handicap. Et c'est pour cela que l'éducation, avec les classes spécifiques, avec l'ensemble des moyens supplémentaires que nous mettrons dans ce sujet, fait partie de nos priorités.
Et puis, il y a tout ce travail que nous voulons faire pour les places en CAT, pour les places d'accueil. Nous avons pris un rythme qui est un rythme de doublement par rapport au passé. Nous voulons continuer ce rythme. Je peux vous dire que, dans la difficulté budgétaire qui est la nôtre, nous serons très attentifs à tout ce qui est fait, aussi bien pour les équipes médicales que pour l'ensemble des personnels qui sont mobilisés sur cette condition des handicapés. Et je voudrais vraiment vous dire que, ce qui me paraît très important aujourd'hui dans notre société, c'est que nous ayons la conscience de l'intérêt général. Au fond, notre pays a des défis considérables à surmonter. Si chacun s'enferme dans son égoïsme, dans son individualisme, il est évident que nous aurons du mal à faire face à toutes les difficultés. Et ce que nous ont montré les handicapés ici présents ce matin, c'est cette volonté de vivre la loi générale : de vivre, en fait, les règles de la République, de ne pas être en marge de la République. C'est la force de cette dynamique : pouvoir avoir accès finalement à cette citoyenneté qui rassemble. C'est un mouvement d'intégration.
Je vois beaucoup, dans la société, de mouvements de désintégration de gens qui veulent vivre en communauté, qui veulent que leur spécificité les isole pour conquérir tel ou tel droit ou telle spécificité. Le message que j'ai entendu ce matin, c'est un message de gens qui ont une différence mais qui ne veulent pas que cette différence les isole du pacte républicain. C'est cette volonté-là, d'être rassemblés, je crois, qui est la vraie dimension humaniste du combat contre le handicap.
C'est pour cela que dans toute l'équipe sociale, aussi bien Hubert que Marie-Thérèse, que F. Fillon, que J.-F. Mattei, nous avons fait en sorte qu'ils aient des têtes bien faites, mais surtout qu'ils aient un coeur gros comme ça. Parce que cette mobilisationlà demande beaucoup d'énergie humaine. C'est cela la société humaniste à laquelle nous croyons. Non pas une société d'idéologie, mais une société dans laquelle le citoyen a plutôt envie de se rassembler dans le pacte républicain plutôt que de vivre son individualisme et sa condition particulière. Chacun est différent. Et c'est parce que nous sommes quelque part tous égaux par la valeur universelle que représente la personne humaine, que nous devons nous engager à faire en sorte que l'intégration soit pour les handicapés une politique naturelle de la République.
Merci à vous tous.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juillet 2003)
messieurs,
Je voudrais juste vous dire, pour chacune et chacun d'entre vous : le plus beau mot de la langue française, je pense très sincèrement, ce matin, c'est "merci" ; merci de cet exemple de volonté que vous donnez, que les Guillaume, les Michel, les Philippe, Yann et tous les autres donnez, pour cette détermination.
J'avais un discours préparé et puis quand je suis arrivé, l'un d'entre vous a dit cette phrase superbe, qui me paraît tout rassembler : "Cessons de pleurer sur ce qu'on ne peut pas faire et pensons à tout ce que l'on peut faire et construisons l'accès à tout ce qu'on peut faire." Je crois que c'est cela, au fond, le message important de la lutte pour la citoyenneté des handicapés.
Vous le savez, le président de la République a désigné trois grands chantiers pour le Gouvernement : la lutte contre l'insécurité routière, la lutte contre le cancer et la lutte pour les handicapés. Et M.-T. Boisseau mène ce combat au sein du Gouvernement avec beaucoup de talent, beaucoup de coeur, et beaucoup d'efficacité. Avec mon ami, H. Falco, qui lui aussi travaille dans le secteur social, nous voyons bien aujourd'hui combien la société française a besoin de cette cohésion sociale, et qu'en permanence, on doit chercher à rassembler et non pas cloisonner, enfermer dans des statuts, dans des communautés, mais au contraire rassembler notre communauté nationale autour des valeurs qui rassemblent, quelle que soit la position des uns et des autres, que ce soient celles des convictions, que ce soient celles des attitudes, des aptitudes, et que l'on se retrouve tous ensemble.
Je voudrais saluer les parlementaires qui sont ici, notamment J.-P. Giran et G. Lévy, qui s'est impliquée elle aussi aussi par un rapport au Parlement sur ces sujets, pour vous dire combien tout ceci est un travail collectif avec tous les élus locaux, le président de l'association [...], l'ensemble du corps médical. Je voudrais dire [...] à toutes celles et tous ceux qui font partie de l'équipe médicale, la reconnaissance qui est la nôtre, pour ce travail de dynamisme et d'énergie, de confiance en l'avenir, qui est ici engagé. Je crois que c'est cela la ligne importante pour nous. C'est de passer, à la fin de l'année prochaine, grâce au travail de la loi de révision de 1975, grâce à ce travail législatif, finalement de passer de la solidarité à la citoyenneté. C'est-à-dire que, au fond, il faut de la solidarité. Mais si la solidarité, c'est l'affirmation d'une différence, et faire de la différence une prison, quelque part la solidarité est insuffisante. La solidarité, c'est la voie d'accès à la citoyenneté. Et c'est ce que nous voulons faire avec cette nouvelle loi qui, depuis 1975, a besoin d'être réadaptée pour vivre les situations présentes.
Tout à l'heure, l'un d'entre vous me disait : "Transport en commun pour moi, cela ne veut rien dire, puisque je n'y ai pas accès ! Ce n'est pas un transport en commun puisqu'il n'est pas accessible à tous." C'est cela aujourd'hui la nouvelle dynamique à laquelle nous devons penser dans notre communauté nationale. C'est que le transport en commun, l'accessibilité dans la ville, l'accessibilité au travail, l'accessibilité aux loisirs, puissent être ouvertes à tous. Et que la différence ne soit pas une impasse. La différence, il y en a de multiples : il y a celle de la vie, celle de la naissance, il y a toutes celles que nous construisons. Ces différences sont des forces, si, naturellement, elles ne débouchent pas sur des impasses, et si au contraire, elles ont leurs voies d'accès au bien commun, au "vivre ensemble."
C'est cela, je crois, qui est la pensée nouvelle en matière d'action en faveur des handicapés dans la société.
Nous voulons travailler avec détermination sur la révision de la loi de 1975. D'abord, parce que le président de la République l'a demandé, et que dans la Vème République, quand le chef de l'Etat donne les orientations, le Gouvernement doit les exécuter ; en soi cela suffit. Mais en plus de tout cela, nous avons une vraie détermination, parce que nous sentons bien que dans la société, les idées sont en train de changer et que nous voulons exprimer ces nouvelles idées qui font que le handicap doit être aujourd'hui une situation qui n'isole pas dans la société, mais qui permet, au contraire, d'être dans le "vivre ensemble", dans le pacte républicain. Cela veut dire beaucoup d'efforts ; vous avez vu que sur le budget 2003, l'action pour les handicapés a été très fortement développée, puisqu'elle a doublé. Il est très important de voir qu'il y a quelques actions qui sont ainsi prioritaires dans le cadre d'un effort global de maîtrise des dépenses pour faire face au déficit budgétaire.
Mais au-delà de tout cela, nous devons nous fixer un certain nombre de priorités. Nous avons une autre priorité : c'est la priorité dans l'école. Nous pensons vraiment que l'école est le lieu aussi de la construction, de cette envie d'être actif, de cette envie que vous avez montrée, les uns et les autres, de faire des choses, de dépasser le handicap, d'aller audelà des limites qui sont imposées. Cette envielà, elle naît très tôt dans le coeur des enfants et il faut que l'école puisse être ce lieu d'intégration. C'est pour cela qu'à la rentrée prochaine, nous allons multiplier par six les effectifs de personnels, pour que l'on puisse accompagner davantage les jeunes handicapés dans l'école pour leur faciliter l'intégration dans l'école. Je pense que c'est dès cet âgelà que se construit non seulement l'intégration, mais aussi la volonté de dépasser le handicap et de trouver en soi une force qui contrebalance le handicap. Et c'est pour cela que l'éducation, avec les classes spécifiques, avec l'ensemble des moyens supplémentaires que nous mettrons dans ce sujet, fait partie de nos priorités.
Et puis, il y a tout ce travail que nous voulons faire pour les places en CAT, pour les places d'accueil. Nous avons pris un rythme qui est un rythme de doublement par rapport au passé. Nous voulons continuer ce rythme. Je peux vous dire que, dans la difficulté budgétaire qui est la nôtre, nous serons très attentifs à tout ce qui est fait, aussi bien pour les équipes médicales que pour l'ensemble des personnels qui sont mobilisés sur cette condition des handicapés. Et je voudrais vraiment vous dire que, ce qui me paraît très important aujourd'hui dans notre société, c'est que nous ayons la conscience de l'intérêt général. Au fond, notre pays a des défis considérables à surmonter. Si chacun s'enferme dans son égoïsme, dans son individualisme, il est évident que nous aurons du mal à faire face à toutes les difficultés. Et ce que nous ont montré les handicapés ici présents ce matin, c'est cette volonté de vivre la loi générale : de vivre, en fait, les règles de la République, de ne pas être en marge de la République. C'est la force de cette dynamique : pouvoir avoir accès finalement à cette citoyenneté qui rassemble. C'est un mouvement d'intégration.
Je vois beaucoup, dans la société, de mouvements de désintégration de gens qui veulent vivre en communauté, qui veulent que leur spécificité les isole pour conquérir tel ou tel droit ou telle spécificité. Le message que j'ai entendu ce matin, c'est un message de gens qui ont une différence mais qui ne veulent pas que cette différence les isole du pacte républicain. C'est cette volonté-là, d'être rassemblés, je crois, qui est la vraie dimension humaniste du combat contre le handicap.
C'est pour cela que dans toute l'équipe sociale, aussi bien Hubert que Marie-Thérèse, que F. Fillon, que J.-F. Mattei, nous avons fait en sorte qu'ils aient des têtes bien faites, mais surtout qu'ils aient un coeur gros comme ça. Parce que cette mobilisationlà demande beaucoup d'énergie humaine. C'est cela la société humaniste à laquelle nous croyons. Non pas une société d'idéologie, mais une société dans laquelle le citoyen a plutôt envie de se rassembler dans le pacte républicain plutôt que de vivre son individualisme et sa condition particulière. Chacun est différent. Et c'est parce que nous sommes quelque part tous égaux par la valeur universelle que représente la personne humaine, que nous devons nous engager à faire en sorte que l'intégration soit pour les handicapés une politique naturelle de la République.
Merci à vous tous.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juillet 2003)