Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
C'est à un double titre que je suis heureux d'introduire ce deuxième colloque de l'ONERC, consacré à l'adaptation au réchauffement climatique.
Tout d'abord, parce qu'en tant que sénateur j'ai participé activement aux travaux de l'ONERC, j'étais d'ailleurs membre du Conseil d'orientation de l'Observatoire.
Ensuite, je suis heureux de me trouver à nouveau au Palais du Luxembourg, ici même où en 2001 nous avons contribué, avec Paul VERGES, à la création de l'ONERC. En effet, je le rappelle, l'ONERC a été créé par une loi de 2001, votée à l'unanimité des deux assemblées. L'objectif était, déjà, d'assurer un dialogue plus étroit entre la communauté scientifique et les décideurs, en particulier locaux et régionaux.
Je tiens à saluer tous les élus ici présents. Le nombre et la qualité de cet auditoire montrent combien le sujet est important aux yeux de tous. Les attentes des Français sont très fortes, et je crois que la mobilisation des élus aujourd'hui est au rendez-vous.
Le sujet traité, celui des mesures d'adaptation au changement climatique, est crucial, et pourtant malgré les travaux déjà réalisés je dirais qu'il est à peine effleuré, encore à peine défriché.
Des mesures importantes ont été lancées pour prévenir le changement climatique et lutter contre l'effet de serre. Le Plan Climat, plan gouvernemental de lutte contre l'effet de serre que j'ai présenté le 22 juillet dernier, va permettre d'économiser 72 millions de tonnes de gaz carbonique par an et va ainsi maintenir la France sur la trajectoire de Kyoto. Des mesures très importantes dans les transports, le bâtiment, l'industrie, le secteur énergétique, sont lancées et seront suivies par un tableau de bord qui sera publié tous les 3 mois. La mesure la plus novatrice est sans doute la mise en place, au 1er janvier 2005, d'un marché de quotas d'émissions de gaz carbonique pour toutes les installations industrielles. Quand on songe que ces émissions de gaz étaient jusqu'à présent illimitées, on réalise l'importance de cette étape que nous sommes en train de franchir, avec un simple marché : nous sommes vraiment aujourd'hui en train d'inscrire l'écologie au cur de l'économie libérale.
Pour revenir à l'adaptation, c'est-à-dire l'ensemble des actions et des politiques à mettre en place pour répondre aux conséquences inévitables du changement climatique, je dirais que nous en sommes encore aux premières étapes, nous sommes même des pionniers.
Et pourtant. Et pourtant, l'actualité nous amène chaque jour de nouvelles catastrophes, de nouveaux drames humains. Les épisodes climatiques extrêmes qui se sont récemment multipliés, à commencer par la canicule de l'été 2003 qui a frappé beaucoup de nos concitoyens parmi les personnes les plus fragiles, mais aussi les cyclones qui ont frappé Haïti et la Floride ces jours derniers, nous mettent dans une situation d'urgence. Nous devons avoir toujours à l'esprit ces drames humains intolérables, et nous devons avoir une pensée pour les victimes. Ces événements doivent provoquer une vraie prise de conscience du péril qui nous menace, et entraîner une mobilisation citoyenne au niveau français comme au niveau de la communauté internationale. L'attitude d'indifférence n'est aujourd'hui plus possible.
Tous les pays doivent donc se mobiliser. Nous ne pouvons plus considérer que le pire est incertain et lointain, nous devons prévoir tous les scénarios et avoir une réponse prête pour toutes les situations qui peuvent, malheureusement, se présenter.
Prévoir ces situations, c'est la mission qui a été confiée à l'ONERC dans le cadre du Plan Climat. Un volet entier du Plan Climat, et c'est une nouveauté, est consacré au lancement d'une stratégie d'adaptation. Cette stratégie nécessite l'implication de tous, et avant tout de vous, les élus, les responsables de collectivités. Je crois que nous avons là des enjeux qui dépassent complètement les clivages politiques, c'est une mobilisation citoyenne qu'il faut mettre en marche.
J'ai donc demandé à l'ONERC de proposer les éléments d'une stratégie d'ensemble sur l'adaptation que nous puissions mettre en uvre dès 2005. Nous sommes donc aujourd'hui réunis pour réfléchir à cette stratégie et sur les moyens à mettre en place. C'est de cette journée de réflexion que nous déduirons les actions à mettre en place.
J'aimerais, si vous le voulez bien, vous encourager à creuser durant cette journée quelques pistes de travail qui me paraissent essentielles :
· 1ère question, celle de la connaissance scientifique. Comment favoriser l'échange entre les décideurs locaux et la communauté scientifique pour que les connaissances concernant l'évolution du climat, concernant la vulnérabilité au climat de nos sociétés et de nos écosystèmes, se diffusent ? Comment identifier avec certitude les secteurs, les activités, les régions les plus sensibles au changement climatique ? Quelles sont les meilleures réponses à y apporter ? Voilà, il me semble, des premières questions qui impliquent l'interaction des collectivités avec le monde scientifique. Cela pose la question des outils, des structures et des organismes qui sont le plus à même de développer l'information et de la communiquer aux acteurs concernés - dispositif dans lequel l'ONERC doit jouer un rôle central car c'est sa mission même.
· 2ème question, l'intégration des préoccupations climatiques dans les politiques locales. Comment les décideurs locaux et régionaux peuvent-ils mettre en pratique les connaissances existantes pour prendre en compte les risques correspondants dans leur planification ? L'adaptation peut-elle s'intégrer aux politiques de développement local ? Comment peut-on intégrer les politiques d'adaptation et de lutte contre le changement climatique au sein des Agendas 21 locaux ? Faut-il une normalisation de ces types actions ? Voilà, me semble-t-il un deuxième volet que vous pourriez creuser en cette journée. Comme vous le savez, un certain nombre de cadres d'action ont été mis en place au sein du Plan Climat, avec notamment ce que l'on appelle les " Plans Climats Territoriaux ". L'idée, c'est que les collectivités, les Régions, les départements, les villes qui le souhaitent puissent réaliser le bilan des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire, et puissent mettre en place des actions de réduction des émissions et des politiques d'adaptation au changement. Des outils méthodologiques seront proposés d'ici la fin de l'année en ce sens.
· 3ème question, enfin, comment encourager les échanges d'expériences entre les collectivités territoriales au niveau français d'abord, et pourquoi pas aussi entre les collectivités en Europe et dans le monde. Les échanges d'expériences avec l'outre-mer et, plus généralement, au plan international me semblent particulièrement importants. Inutile de rappeler que nos départements et territoires d'outre-mer sont extrêmement sensibles à cette question du réchauffement climatique, car ils sont parfois les premiers menacés, du fait de leur climat tropical, du fait de leurs nombreuses îles et de leurs littoraux. Ce sont des territoires avec lesquels nous réaffirmons ici notre indissoluble solidarité.
Je ne suis donc pas surpris non plus de voir ici un certain nombre de participants venant de l'outre-mer.
L'outre-mer, qui subit de plein fouet le changement climatique, est aussi le premier à apporter des solutions. Je citerais les exemples de l'adaptation de l'habitat à la chaleur, ou des méthodes d'organisation pour éviter les dommages en cas d'ouragans. Toute cette expérience acquise par les départements et territoires d'outre-mer, il faut que nous en ayons un retour, il faut que nous l'échangions et que nous en profitions en métropole.
Enfin, bien entendu, je rappellerai que la France doit se tourner vers ses partenaires internationaux en veillant particulièrement aux pays en voie de développement. Le GIEC a montré que c'est là, dans les pays du Sud, que le réchauffement climatique aurait les conséquences les plus lourdes, et il importe de mieux évaluer ces conséquences. Nous avons un devoir de solidarité. Il faut également encourager une approche régionale des questions climatiques, car dans une même région du globe, souvent des Etats voisins peuvent construire ensemble une vision commune de leur avenir et des solutions efficaces.
Voilà rapidement brossé, les principaux points que je pense pouvoir être creusés lors de ce colloque d'aujourd'hui. J'aimerais en conclusion, si vous le voulez bien, mettre en perspective cet enjeu dans l'action que je vais mener, en tant que ministre, sur les prochains mois. Le changement climatique et le défi énergétique sont ma priorité. Ce sont des enjeux qui remettent en question totalement les stratégies établies dans les dernières décennies. La France a besoin d'une nouvelle stratégie pour l'avenir, une nouvelle stratégie énergétique pour développer les technologies propres. Il y a là un enjeu à la fois écologique et économique pour le prochain siècle car les technologies propres sont les technologies de demain. Les Etats-Unis et le Japon investissent massivement dans la recherche sur ces sujets. La France, elle aussi, doit mobiliser ses ingénieurs et ses chercheurs sur ces thèmes.
Je visiterai cet après-midi un parc d'éoliennes, je serai le premier ministre de l'écologie à le faire, je crois qu'il s'agira d'une visite particulièrement symbolique et ce sera l'occasion de présenter un panorama de ma stratégie. Je souhaite, si vous le voulez bien, qu'en tant que décideurs et élus et au-delà des clivages politiques, nous nous emparions de ces sujets tous ensemble et que nous donnions un nouveau souffle à l'écologie, en France et dans le monde.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 1er octobre 2004)
Mesdames et Messieurs,
C'est à un double titre que je suis heureux d'introduire ce deuxième colloque de l'ONERC, consacré à l'adaptation au réchauffement climatique.
Tout d'abord, parce qu'en tant que sénateur j'ai participé activement aux travaux de l'ONERC, j'étais d'ailleurs membre du Conseil d'orientation de l'Observatoire.
Ensuite, je suis heureux de me trouver à nouveau au Palais du Luxembourg, ici même où en 2001 nous avons contribué, avec Paul VERGES, à la création de l'ONERC. En effet, je le rappelle, l'ONERC a été créé par une loi de 2001, votée à l'unanimité des deux assemblées. L'objectif était, déjà, d'assurer un dialogue plus étroit entre la communauté scientifique et les décideurs, en particulier locaux et régionaux.
Je tiens à saluer tous les élus ici présents. Le nombre et la qualité de cet auditoire montrent combien le sujet est important aux yeux de tous. Les attentes des Français sont très fortes, et je crois que la mobilisation des élus aujourd'hui est au rendez-vous.
Le sujet traité, celui des mesures d'adaptation au changement climatique, est crucial, et pourtant malgré les travaux déjà réalisés je dirais qu'il est à peine effleuré, encore à peine défriché.
Des mesures importantes ont été lancées pour prévenir le changement climatique et lutter contre l'effet de serre. Le Plan Climat, plan gouvernemental de lutte contre l'effet de serre que j'ai présenté le 22 juillet dernier, va permettre d'économiser 72 millions de tonnes de gaz carbonique par an et va ainsi maintenir la France sur la trajectoire de Kyoto. Des mesures très importantes dans les transports, le bâtiment, l'industrie, le secteur énergétique, sont lancées et seront suivies par un tableau de bord qui sera publié tous les 3 mois. La mesure la plus novatrice est sans doute la mise en place, au 1er janvier 2005, d'un marché de quotas d'émissions de gaz carbonique pour toutes les installations industrielles. Quand on songe que ces émissions de gaz étaient jusqu'à présent illimitées, on réalise l'importance de cette étape que nous sommes en train de franchir, avec un simple marché : nous sommes vraiment aujourd'hui en train d'inscrire l'écologie au cur de l'économie libérale.
Pour revenir à l'adaptation, c'est-à-dire l'ensemble des actions et des politiques à mettre en place pour répondre aux conséquences inévitables du changement climatique, je dirais que nous en sommes encore aux premières étapes, nous sommes même des pionniers.
Et pourtant. Et pourtant, l'actualité nous amène chaque jour de nouvelles catastrophes, de nouveaux drames humains. Les épisodes climatiques extrêmes qui se sont récemment multipliés, à commencer par la canicule de l'été 2003 qui a frappé beaucoup de nos concitoyens parmi les personnes les plus fragiles, mais aussi les cyclones qui ont frappé Haïti et la Floride ces jours derniers, nous mettent dans une situation d'urgence. Nous devons avoir toujours à l'esprit ces drames humains intolérables, et nous devons avoir une pensée pour les victimes. Ces événements doivent provoquer une vraie prise de conscience du péril qui nous menace, et entraîner une mobilisation citoyenne au niveau français comme au niveau de la communauté internationale. L'attitude d'indifférence n'est aujourd'hui plus possible.
Tous les pays doivent donc se mobiliser. Nous ne pouvons plus considérer que le pire est incertain et lointain, nous devons prévoir tous les scénarios et avoir une réponse prête pour toutes les situations qui peuvent, malheureusement, se présenter.
Prévoir ces situations, c'est la mission qui a été confiée à l'ONERC dans le cadre du Plan Climat. Un volet entier du Plan Climat, et c'est une nouveauté, est consacré au lancement d'une stratégie d'adaptation. Cette stratégie nécessite l'implication de tous, et avant tout de vous, les élus, les responsables de collectivités. Je crois que nous avons là des enjeux qui dépassent complètement les clivages politiques, c'est une mobilisation citoyenne qu'il faut mettre en marche.
J'ai donc demandé à l'ONERC de proposer les éléments d'une stratégie d'ensemble sur l'adaptation que nous puissions mettre en uvre dès 2005. Nous sommes donc aujourd'hui réunis pour réfléchir à cette stratégie et sur les moyens à mettre en place. C'est de cette journée de réflexion que nous déduirons les actions à mettre en place.
J'aimerais, si vous le voulez bien, vous encourager à creuser durant cette journée quelques pistes de travail qui me paraissent essentielles :
· 1ère question, celle de la connaissance scientifique. Comment favoriser l'échange entre les décideurs locaux et la communauté scientifique pour que les connaissances concernant l'évolution du climat, concernant la vulnérabilité au climat de nos sociétés et de nos écosystèmes, se diffusent ? Comment identifier avec certitude les secteurs, les activités, les régions les plus sensibles au changement climatique ? Quelles sont les meilleures réponses à y apporter ? Voilà, il me semble, des premières questions qui impliquent l'interaction des collectivités avec le monde scientifique. Cela pose la question des outils, des structures et des organismes qui sont le plus à même de développer l'information et de la communiquer aux acteurs concernés - dispositif dans lequel l'ONERC doit jouer un rôle central car c'est sa mission même.
· 2ème question, l'intégration des préoccupations climatiques dans les politiques locales. Comment les décideurs locaux et régionaux peuvent-ils mettre en pratique les connaissances existantes pour prendre en compte les risques correspondants dans leur planification ? L'adaptation peut-elle s'intégrer aux politiques de développement local ? Comment peut-on intégrer les politiques d'adaptation et de lutte contre le changement climatique au sein des Agendas 21 locaux ? Faut-il une normalisation de ces types actions ? Voilà, me semble-t-il un deuxième volet que vous pourriez creuser en cette journée. Comme vous le savez, un certain nombre de cadres d'action ont été mis en place au sein du Plan Climat, avec notamment ce que l'on appelle les " Plans Climats Territoriaux ". L'idée, c'est que les collectivités, les Régions, les départements, les villes qui le souhaitent puissent réaliser le bilan des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire, et puissent mettre en place des actions de réduction des émissions et des politiques d'adaptation au changement. Des outils méthodologiques seront proposés d'ici la fin de l'année en ce sens.
· 3ème question, enfin, comment encourager les échanges d'expériences entre les collectivités territoriales au niveau français d'abord, et pourquoi pas aussi entre les collectivités en Europe et dans le monde. Les échanges d'expériences avec l'outre-mer et, plus généralement, au plan international me semblent particulièrement importants. Inutile de rappeler que nos départements et territoires d'outre-mer sont extrêmement sensibles à cette question du réchauffement climatique, car ils sont parfois les premiers menacés, du fait de leur climat tropical, du fait de leurs nombreuses îles et de leurs littoraux. Ce sont des territoires avec lesquels nous réaffirmons ici notre indissoluble solidarité.
Je ne suis donc pas surpris non plus de voir ici un certain nombre de participants venant de l'outre-mer.
L'outre-mer, qui subit de plein fouet le changement climatique, est aussi le premier à apporter des solutions. Je citerais les exemples de l'adaptation de l'habitat à la chaleur, ou des méthodes d'organisation pour éviter les dommages en cas d'ouragans. Toute cette expérience acquise par les départements et territoires d'outre-mer, il faut que nous en ayons un retour, il faut que nous l'échangions et que nous en profitions en métropole.
Enfin, bien entendu, je rappellerai que la France doit se tourner vers ses partenaires internationaux en veillant particulièrement aux pays en voie de développement. Le GIEC a montré que c'est là, dans les pays du Sud, que le réchauffement climatique aurait les conséquences les plus lourdes, et il importe de mieux évaluer ces conséquences. Nous avons un devoir de solidarité. Il faut également encourager une approche régionale des questions climatiques, car dans une même région du globe, souvent des Etats voisins peuvent construire ensemble une vision commune de leur avenir et des solutions efficaces.
Voilà rapidement brossé, les principaux points que je pense pouvoir être creusés lors de ce colloque d'aujourd'hui. J'aimerais en conclusion, si vous le voulez bien, mettre en perspective cet enjeu dans l'action que je vais mener, en tant que ministre, sur les prochains mois. Le changement climatique et le défi énergétique sont ma priorité. Ce sont des enjeux qui remettent en question totalement les stratégies établies dans les dernières décennies. La France a besoin d'une nouvelle stratégie pour l'avenir, une nouvelle stratégie énergétique pour développer les technologies propres. Il y a là un enjeu à la fois écologique et économique pour le prochain siècle car les technologies propres sont les technologies de demain. Les Etats-Unis et le Japon investissent massivement dans la recherche sur ces sujets. La France, elle aussi, doit mobiliser ses ingénieurs et ses chercheurs sur ces thèmes.
Je visiterai cet après-midi un parc d'éoliennes, je serai le premier ministre de l'écologie à le faire, je crois qu'il s'agira d'une visite particulièrement symbolique et ce sera l'occasion de présenter un panorama de ma stratégie. Je souhaite, si vous le voulez bien, qu'en tant que décideurs et élus et au-delà des clivages politiques, nous nous emparions de ces sujets tous ensemble et que nous donnions un nouveau souffle à l'écologie, en France et dans le monde.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 1er octobre 2004)