Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer, sur le dynamisme du secteur des matériaux de construction, Paris le 6 octobre 2004.

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Circonstance : Clôture de la Journée technique de la Fédération de l'industrie du béton à Paris le 6 octobre 2004

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames, messieurs,
C'est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous pour clôturer cette journée organisée par le CERIB et la profession du béton.
Je sais que vous avez débattu durant cette journée de nombreux sujets, qui vont de la recherche sur l'amélioration des produits en béton, du processus de normalisation, en passant par le marquage CE. Parmi tous les thèmes que vous avez abordés aujourd'hui, je souhaite concentrer mon intervention sur celui qui a été au centre de cette journée : à savoir les eurocodes, car ils sont le résultat d'une volonté politique de l'État français et des autres États membres de l'Union européenne, volonté d'harmoniser au niveau européen les règles de conception et de calcul des ouvrages de génie civil et de bâtiment.
Après plus de vingt ans d'effort, de confrontation de nos pratiques européennes, d'amélioration de nos connaissances scientifiques, de mise au point des textes, la rédaction des eurocodes s'achève.
Les eurocodes, comme vous le savez, englobent toutes les connaissances scientifiques européennes.
Bâties sur les derniers acquis, ces règles de calcul offrent un cadre technique cohérent avec l'ensemble de la normalisation européenne et constituent ainsi un formidable outil pour le génie civil. Ils contribueront avec la mise en oeuvre de la Directive Produits Construction, à ce que le matériau industriel béton, ou plutôt les matériaux industriels béton, soient mieux valorisés, dans leur variété et dans leur spécificité.
Aussi, je tiens à féliciter l'ensemble des intervenants pour l'immense travail accompli, les professionnels de la construction, -fabricants et constructeurs-, la profession de l'ingénierie, -bureaux d'études et contrôleurs-, les chercheurs en milieu universitaire, ainsi que tous les experts du réseau scientifique et technique du ministère qui ont fait preuve de professionnalisme, d'écoute et de persévérance.
Enfin, je voudrais féliciter plus personnellement Jean MOREAU DE SAINT MARTIN et Jean-Armand CALGARO, tous deux Ingénieurs Généraux des Ponts et Chaussées, artisans dès la première heure de la normalisation européenne, successivement l'un et l'autre Correspondant National de la France pour les eurocodes.
Je tiens aussi à saluer le travail de coordination, l'aide logistique apportée par l'AFNOR et les multiples bureaux de normalisation pilotés par les organismes techniques comme le CERIB, le LCPC, le CSTB, le CTICM pour la construction métallique, et le bureau de normalisation Sols et routes animé par le SETRA, service technique rattaché à la Direction des Routes du ministère de l'Équipement.
La France est très présente, assidue et productive dans les instances de normalisation européenne et internationale. Elle y consacre de très importants moyens publics au sein du réseau scientifique et technique du ministère de l'Équipement.
Les échanges riches et fructueux de la Direction des Routes au sein du Club des directeurs des routes européens et aussi dans le cadre de coopérations techniques ciblées avec nos voisins, le ministère fédéral allemand ou l'Office Fédéral Suisse des Routes par exemple, témoignent de la force de proposition de la France dans le domaine de la technique des routes et du génie civil.
Maintenant que la rédaction des eurocodes est achevée, il faut qu'ils soient appliqués en profitant de leur potentiel d'innovation.
L'ouverture européenne doit permettre aux industriels du béton d'exprimer toute leur créativité, à la recherche de matériaux plus performants, plus fonctionnels pour de nouveaux produits.
Alors que l'on a souvent des normes une image de carcan rigide, les eurocodes ont été rédigés avec une souplesse et une ouverture destinées à rendre possible l'innovation. L'ingénierie française doit saisir cette occasion pour s'exprimer pleinement et faire valoir sa créativité et son dynamisme.
Le réseau technique du ministère m'a fait part de l'effort d'innovation que la profession a consacré à ce matériau du béton, tant dans le domaine de la résistance au feu que de la résistance au gel, dans la maîtrise de sa durabilité, dans le domaine de l'environnement, dans celui de la qualité architecturale et celui de la qualité de mise en oeuvre.
Des recherches soutenues sont menées pour modéliser, réglementer et toujours améliorer le comportement au feu des ouvrages, ainsi que dans le cadre de la prévention des séismes. Des protocoles d'essai, mis en oeuvre par le SETRA dans le cadre de la politique de soutien à l'innovation de la Direction des routes, ont permis de tester en vraie grandeur la mise en oeuvre et les performances d'un béton écologique nécessitant moins de ciments et moins d'adjuvants.
J'ai récemment découvert que le béton avait permis de réaliser d'opportunes nurseries à poissons en milieu marin, les casiers en béton ayant été squattés par des alevins de poissons devenus rares... mais je ne saurais vous conseiller d'investir tout votre avenir dans cette filière.
Enfin, les experts du réseau technique qui contribuent à la normalisation, doivent s'attacher à porter le s préoccupations des maîtres d'ouvrage et à anticiper avec pertinence les besoins des prescripteurs. Il s'agit bien sûr de veiller sur la qualité technique et économique des projets, ainsi que sur leur qualité juridique et environnementale. La normalisation européenne repose sur la traçabilité des produits et sur la certification.
Mais nous devons rester vigilants sur la qualité de leur mise en oeuvre, sur les nouvelles méthodes de prescription qui changent véritablement nos pratiques. C'est la Direction des Affaires Économiques et Internationales, ainsi que le Conseil Général des Ponts et Chaussées qui sont chargés pour le ministère de réviser le Cahier des Clauses Techniques Générales applicable aux marchés publics de travaux.
Nos marchés doivent reposer sur des contrats de qualité et je compte aussi sur la profession pour accompagner ce travail de révision, veiller à la clarté, la cohérence et la complétude des prescriptions.
Je partage avec les collectivités locales l'idée forte que les actions de maintenance, les conditions d'exploitation doivent être encore facilitées, sécurisées, optimisées et surtout plus facilement programmables.
Cette préoccupation est essentielle dans la politique du ministère, en particulier dans le domaine spécifique des ouvrages d'art où une action volontariste est menée par la Direction des routes. Une quinzaine de ponts sur le réseau national ont été complètements calculés par le réseau technique en suivant les prescriptions des eurocodes : c'est la cas du pont en béton de Saint-Paul à la Réunion ou du pont métallique de Saint-Gilles en Camargue.
Des études de cas plus spécifiques sont menées. Le résultat de ces études est concret : l'application de ces nouvelles normes n'entraînent pas de bouleversement, ni dans nos pratiques, ni dans l'économie de nos projets.
La Direction des Routes et plus particulièrement le SETRA y travaillent bien sûr dans le domaine des ponts routiers.
Le réseau technique du ministère qui profite aujourd'hui d'une compétence collective sur les eurocodes, sera en mesure de proposer des guides d'accompagnement des principaux textes normatifs pour les concepteurs et maîtres d'oeuvre. Surtout il assurera auprès de l'ensemble des maîtres d'ouvrage publics un point d'appui sur des considérations économiques et juridiques.
Un colloque organisé prochainement, par le SETRA, le 6 décembre, permettra de partager pleinement cette première expérience, de faire le bilan des expérimentations sur des cas réels en France, en Allemagne et au Royaume-Uni et de proposer un plan de mise en oeuvre des eurocodes sur les projets de ponts routiers.
Je suis sûr que vous serez nombreux à y participer. Les eurocodes étant maintenant achevés, nous devons nous atteler à leur mise en oeuvre. Ce travail en commun est essentiel pour améliorer la qualité et la sécurité de nos constructions et pour défendre la compétitivité de nos entreprises et l'emploi dans notre pays. Je vous fais confiance pour le mener à bien.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 7 octobre 2004)