Texte intégral
Françoise LABORDE : Avec Renaud DUTREIL, nous allons parler de la fonction publique en général et de toute l'actualité qui s'y rapporte. D'abord, un mot sur la situation à EDF. Vous vous êtes inquiété de voir les coupures d'électricité sauvages, voir des compteurs démontés. Vous avez saisi la Commission Informatique et Libertés, parce que c'est vrai qu'il est un peu surprenant de savoir comment les agents d'EDF ont accès à des "compteurs privés".
Renaud DUTREIL : Oui, j'ai demandé à la CNIL de regarder si les fichiers, sur lesquels nous sommes tous, ont été utilisés pour cibler des personnalités en fonction de leurs opinions. Cela rappelle quand même des mauvais souvenirs. Il y a des régimes qui interdisaient la liberté d'expression et qui faisaient pression sur les citoyens. Je crois qu'il faut vraiment arrêter avec ces pratiques. C'est inadmissible. Et ceux qui défendent le service public, et donc la continuité du service public, puisque c'est un élément fondateur du service public, doivent veiller à ce que tout le monde puisse avoir du courant électrique normalement. Il n'y a aucune raison d'utiliser de telles pratiques.
Françoise LABORDE : Vous considérez donc que cela dépasse largement l'usage normal du droit de grève et...
Renaud DUTREIL : Bien sûr.
Françoise Laborde :... et vous n'êtes pas comme J. Dray...
Renaud DUTREIL : Il y a un certain nombre - un petit nombre - de grévistes qui ont franchi les bornes, et il faut aujourd'hui qu'ils arrêtent, parce que cela n'est pas l'intérêt de la cause qu'ils servent de donner aux Français l'image de gens qui ne respectent pas la loi, qui sont capables d'aller couper le courant en consultant des fichiers qui sont secrets. Ce sont des atteintes à la liberté individuelle, ça n'est pas admissible dans une République, et il faut le rappeler de façon très claire, et des sanctions doivent être prises lorsqu'il y a des agissements de cette nature.
Françoise LABORDE : Revenons d'une façon plus générale au statut des fonctionnaires. Vous venez de négocier un accord pour ce qui concerne les carrières longues dans la fonction publique. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Renaud DUTREIL : Il y a un certain nombre de nos concitoyens qui ont commencé à travailler très jeunes : à 14 ans, à 15 ans, à 16 ans. Depuis le 1er janvier 2004, ils bénéficiaient dans le secteur privé d'une retraite anticipée. J'ai souhaité que nous étendions ce dispositif aux agents du public, ceux qui sont à l'heure actuelle fonctionnaires des collectivités territoriales, des hôpitaux ou de l'Etat. Et c'est ce qui va se passer : près de 70 000 fonctionnaires, d'ici à 2007, vont pouvoir bénéficier d'une retraite anticipée.
Françoise LABORDE : A partir du moment où ils auront cotisé évidemment le nombre d'annuités...
Renaud DUTREIL : Bien entendu, et dès lors qu'ils auront commencé à travailler jeunes. C'est normal, ce sont des gens qui ont travaillé plus longtemps que les autres, il est normal qu'ils puissent partir plus tôt.
Françoise LABORDE : Donc, 70 000 retraités qui vont partir. Cela veut-il dire qu'ils seront systématiquement remplacés - l'éternelle question -, remplace-t-on tous les fonctionnaires qui partent à la retraite o on voit au cas par cas ?
Renaud DUTREIL : Je crois que les remplacements doivent être justifiés par l'intérêt du service. Lorsqu'un service public peut s'organiser pour produire aussi bien avec moins d'effectifs, il n'y a aucune raison de ne pas le faire. On a vu que beaucoup de Français avaient déclaré leurs impôts sur Internet. Cela se traduit par moins d'effectifs. En revanche, pour la santé, pour l'éducation, pour la recherche, pour la sécurité, là, nous avons besoin d'avoir des fonctionnaires qui sont au contact des Français. Donc, il ne faut pas avoir de religion établie sur les effectifs. Il faut veiller à ce que nos missions de service public soient remplies au mieux et que nous gérions de façon tellement efficace le service public, qu'on supprime les emplois inutiles et qu'on renforce les emplois utiles.
Françoise LABORDE : Cela veut dire que dans la préparation, par exemple, du budget à venir, vous regardez, ministère par ministère, secteur par secteur, où effectivement il manque...
Renaud DUTREIL : C'est ce que je souhaite, que l'on puisse passer au crible tous les services publics, regarder si les effectifs sont en surnombre ou pas, parce que parfois ils sont en sous-effectifs, et puis ajuster la ressource humaine en fonction de la demande sociale.
Françoise LABORDE : Mais vous allez vous fâcher avec tous vos confères du Gouvernement, parce que, si vous annoncez - je ne sais pas - à l'Education nationale que, justement, vous avez trouvé dans tel secteur, ou à la Santé...
Renaud DUTREIL : C'est l'intérêt de tout le monde. D'abord, c'est l'intérêt du contribuable, parce que ce n'est pas la peine de dépenser de l'argent inutilement. Deuxièmement, c'est l'intérêt des agents : ils ont besoin d'avoir des vraies carrières, des carrières intéressantes. Il y a quand même un certain nombre de fonctionnaires qui sont "placardisés", qui sont dans des impasses, il faut les libérer, ces fonctionnaires. Et puis, c'est l'intérêt des usagers : ils demandent des agents là où il y a une vraie demande sociale. On voit bien demain, qu'est-ce qui va se passer ? C'est plus de service public dans la santé, dans la sécurité, dans l'éducation. Trois secteurs où il va falloir renforcer. En revanche...
Françoise LABORDE : Quand on travaille dans la sécurité, on ne peut pas devenir fonctionnaire dans l'Education. Cela semble un peu difficile quand même.
Renaud DUTREIL : C'est vrai. Mais nous allons avoir tellement de départs en retraite que la question qui se pose c'est : où recrute-t-on ? Recrute-t-on là où les gens partent ou recrute-t-on là où on aura demain de plus en plus besoin de gens ? Je préfère que l'on s'adapte à la demande sociale des Français. Il faut écouter les Français et créer du service public là où ils ont vraiment envie qu'il y en ait.
Françoise LABORDE : Sur le service public, vous êtes en train de créer un nouveau système qui s'appelle "le Pacte", qui va permettre à des jeunes, sans qualification, d'intégrer la fonction publique et sans concours même ?
Renaud DUTREIL : La fonction publique aujourd'hui est injuste, inégalitaire. Si vous êtes fils d'ouvrier, si vous êtes fils d'artisan, de commerçant, si vous êtes fils de demandeur d'emploi, vous avez beaucoup de difficulté à rentrer dans la fonction publique. Pourquoi ? Parce que les concours sont organisés de telle manière avec des épreuves très académiques, il faut un savoir souvent important pour accéder un certain nombre de concours. Donc, c'est discriminatoire. Je souhaite une fonction publique qui soit ouverte à toutes les catégories sociales de Français, à tous les milieux, la fonction publique populaire, de tous les Français. Et pour cela, je mets en place un Parcours d'Accès à des Carrières pour des jeunes sans qualification.
Françoise LABORDE : PACTE, cela veut dire ?
Renaud DUTREIL : Cela veut dire "Parcours d'Accès aux Carrières de la Territoriale et de l'Etat". Et ils auront une formation en alternance. Donc, ils seront formés ces jeunes, ils seront sélectionnés par les missions locales. Ensuite, ils seront titularisés et ils deviendront des fonctionnaires.
Françoise LABORDE : Donc, ils n'auront pas besoin d'avoir des diplômes, ils n'ont pas besoin de passer de concours ?
Renaud DUTREIL : Dès lors, qu'il s'agit de pouvoir des postes qui sont des postes de catégorie C, c'est-à-dire, à des niveaux CAP, BEP. Il y a un paradoxe aujourd'hui, c'est que ces postes sont pourvus par des gens qui sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Donc, ces gens-là sont surqualifiés, ils sont malheureux, et ils prennent des places à d'autres.
Françoise LABORDE : Ce PACTE va s'appliquer à des jeunes, entre...
Renaud DUTREIL : Oui, entre 16 et 26 ans. Et puis, il y a une autre injustice, c'est que l'Etat dit aux entreprises : arrêtez de licencier les gens qui ont plus de 50 ans. Mais l'Etat lui-même s'interdit de recruter des gens qui ont plus de 50 ans. Je souhaite donc supprimer toutes ces contraintes liées à l'âge, de façon à ce que l'on puisse avoir des gens qui rentrent...
Françoise LABORDE : Donc, après 50 ans, on pourra rentrer dans la fonction publique ?
Renaud DUTREIL : Voilà, c'est cela que je souhaite.
Françoise LABORDE : Et sans concours là encore ?
Renaud DUTREIL : Si, avec des concours. Donc, je supprime les règles qui sont en vigueur en matière de concours. Et je vais créer également pour certains postes, le même parcours d'accès aux carrières avec une formation et puis ensuite une intégration dans la fonction publique pour des gens qui ont été, par exemple, des chômeurs de longue durée et qui ont plus de 50 ans, dont on sait très bien que c'est difficile pour eux de retrouver un emploi. Tout le monde doit prendre sa part à la lutte contre le chômage.
Françoise LABORDE : Puisque vous évoquez le Parcours d'accès aux carrières - cela fait bizarrement penser à la compétition à l'UMP autour des courants qui sont en train de se créer, avec peut-être, qui sait, les élections présidentielles en ligne de mire. Il y a aujourd'hui un certain nombre de courants qui existent, qui vont être organisés à l'intérieur de l'UMP entre les libéraux, les souverainistes, les centristes...
Renaud DUTREIL : Moi, je me suis beaucoup battu, avec A. Juppé, pour que l'on puisse bâtir ce grand mouvement populaire qu'est l'UMP. Cela reposait sur trois principes. D'abord, la fidélité à J. Chirac, au président de la République, c'est vraiment très important. C'est lui qui nous a fait gagner en 2002 ; c'est lui qui a fondé ce parti. Deuxièmement, l'obsession du rassemblement. Il faut rassembler, il faut arrêter de diviser, notamment lorsqu'il s'agit de chicanes en vue des élections présidentielles. Et puis, troisièmement, il faut qu'il y ait une grande diversité dans ce parti. Moi, je ne suis pas du tout favorable à ce qu'on ait un parti godillot, avec...
Françoise LABORDE : Donc, vous êtes pour les courants ?
Renaud DUTREIL : Je suis pour que chacun puisse s'exprimer à travers des sensibilités et que ces sensibilités, comme cela est prévu dans nos statuts d'ailleurs, puissent proposer des projets de société, des débats, et qu'on ait un parti très vivant.
Françoise LABORDE : Une toute dernière question : est-ce qu'il y aura un "courant SARKOZY" ou bien, l'UMP toute entière deviendra le courant SARKOZY ?
Renaud DUTREIL : Il y aura des élections pour la présidence de l'UMP et chacun pourra s'y présenter, et puis que le meilleur gagne. Ce qui est important, c'est que ces trois principes - fidélité au président, unité et diversité - soient garantis par ceux qui se présenteront à ces élections.
Françoise LABORDE : Donc, voilà. C'est aussi un message à Nicolas SARKOZY qui nous entend, comme tous les matins, et qu'il n'oublie pas ces trois principes. Merci Renaud Dutreil.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 juin 2004)
Renaud DUTREIL : Oui, j'ai demandé à la CNIL de regarder si les fichiers, sur lesquels nous sommes tous, ont été utilisés pour cibler des personnalités en fonction de leurs opinions. Cela rappelle quand même des mauvais souvenirs. Il y a des régimes qui interdisaient la liberté d'expression et qui faisaient pression sur les citoyens. Je crois qu'il faut vraiment arrêter avec ces pratiques. C'est inadmissible. Et ceux qui défendent le service public, et donc la continuité du service public, puisque c'est un élément fondateur du service public, doivent veiller à ce que tout le monde puisse avoir du courant électrique normalement. Il n'y a aucune raison d'utiliser de telles pratiques.
Françoise LABORDE : Vous considérez donc que cela dépasse largement l'usage normal du droit de grève et...
Renaud DUTREIL : Bien sûr.
Françoise Laborde :... et vous n'êtes pas comme J. Dray...
Renaud DUTREIL : Il y a un certain nombre - un petit nombre - de grévistes qui ont franchi les bornes, et il faut aujourd'hui qu'ils arrêtent, parce que cela n'est pas l'intérêt de la cause qu'ils servent de donner aux Français l'image de gens qui ne respectent pas la loi, qui sont capables d'aller couper le courant en consultant des fichiers qui sont secrets. Ce sont des atteintes à la liberté individuelle, ça n'est pas admissible dans une République, et il faut le rappeler de façon très claire, et des sanctions doivent être prises lorsqu'il y a des agissements de cette nature.
Françoise LABORDE : Revenons d'une façon plus générale au statut des fonctionnaires. Vous venez de négocier un accord pour ce qui concerne les carrières longues dans la fonction publique. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Renaud DUTREIL : Il y a un certain nombre de nos concitoyens qui ont commencé à travailler très jeunes : à 14 ans, à 15 ans, à 16 ans. Depuis le 1er janvier 2004, ils bénéficiaient dans le secteur privé d'une retraite anticipée. J'ai souhaité que nous étendions ce dispositif aux agents du public, ceux qui sont à l'heure actuelle fonctionnaires des collectivités territoriales, des hôpitaux ou de l'Etat. Et c'est ce qui va se passer : près de 70 000 fonctionnaires, d'ici à 2007, vont pouvoir bénéficier d'une retraite anticipée.
Françoise LABORDE : A partir du moment où ils auront cotisé évidemment le nombre d'annuités...
Renaud DUTREIL : Bien entendu, et dès lors qu'ils auront commencé à travailler jeunes. C'est normal, ce sont des gens qui ont travaillé plus longtemps que les autres, il est normal qu'ils puissent partir plus tôt.
Françoise LABORDE : Donc, 70 000 retraités qui vont partir. Cela veut-il dire qu'ils seront systématiquement remplacés - l'éternelle question -, remplace-t-on tous les fonctionnaires qui partent à la retraite o on voit au cas par cas ?
Renaud DUTREIL : Je crois que les remplacements doivent être justifiés par l'intérêt du service. Lorsqu'un service public peut s'organiser pour produire aussi bien avec moins d'effectifs, il n'y a aucune raison de ne pas le faire. On a vu que beaucoup de Français avaient déclaré leurs impôts sur Internet. Cela se traduit par moins d'effectifs. En revanche, pour la santé, pour l'éducation, pour la recherche, pour la sécurité, là, nous avons besoin d'avoir des fonctionnaires qui sont au contact des Français. Donc, il ne faut pas avoir de religion établie sur les effectifs. Il faut veiller à ce que nos missions de service public soient remplies au mieux et que nous gérions de façon tellement efficace le service public, qu'on supprime les emplois inutiles et qu'on renforce les emplois utiles.
Françoise LABORDE : Cela veut dire que dans la préparation, par exemple, du budget à venir, vous regardez, ministère par ministère, secteur par secteur, où effectivement il manque...
Renaud DUTREIL : C'est ce que je souhaite, que l'on puisse passer au crible tous les services publics, regarder si les effectifs sont en surnombre ou pas, parce que parfois ils sont en sous-effectifs, et puis ajuster la ressource humaine en fonction de la demande sociale.
Françoise LABORDE : Mais vous allez vous fâcher avec tous vos confères du Gouvernement, parce que, si vous annoncez - je ne sais pas - à l'Education nationale que, justement, vous avez trouvé dans tel secteur, ou à la Santé...
Renaud DUTREIL : C'est l'intérêt de tout le monde. D'abord, c'est l'intérêt du contribuable, parce que ce n'est pas la peine de dépenser de l'argent inutilement. Deuxièmement, c'est l'intérêt des agents : ils ont besoin d'avoir des vraies carrières, des carrières intéressantes. Il y a quand même un certain nombre de fonctionnaires qui sont "placardisés", qui sont dans des impasses, il faut les libérer, ces fonctionnaires. Et puis, c'est l'intérêt des usagers : ils demandent des agents là où il y a une vraie demande sociale. On voit bien demain, qu'est-ce qui va se passer ? C'est plus de service public dans la santé, dans la sécurité, dans l'éducation. Trois secteurs où il va falloir renforcer. En revanche...
Françoise LABORDE : Quand on travaille dans la sécurité, on ne peut pas devenir fonctionnaire dans l'Education. Cela semble un peu difficile quand même.
Renaud DUTREIL : C'est vrai. Mais nous allons avoir tellement de départs en retraite que la question qui se pose c'est : où recrute-t-on ? Recrute-t-on là où les gens partent ou recrute-t-on là où on aura demain de plus en plus besoin de gens ? Je préfère que l'on s'adapte à la demande sociale des Français. Il faut écouter les Français et créer du service public là où ils ont vraiment envie qu'il y en ait.
Françoise LABORDE : Sur le service public, vous êtes en train de créer un nouveau système qui s'appelle "le Pacte", qui va permettre à des jeunes, sans qualification, d'intégrer la fonction publique et sans concours même ?
Renaud DUTREIL : La fonction publique aujourd'hui est injuste, inégalitaire. Si vous êtes fils d'ouvrier, si vous êtes fils d'artisan, de commerçant, si vous êtes fils de demandeur d'emploi, vous avez beaucoup de difficulté à rentrer dans la fonction publique. Pourquoi ? Parce que les concours sont organisés de telle manière avec des épreuves très académiques, il faut un savoir souvent important pour accéder un certain nombre de concours. Donc, c'est discriminatoire. Je souhaite une fonction publique qui soit ouverte à toutes les catégories sociales de Français, à tous les milieux, la fonction publique populaire, de tous les Français. Et pour cela, je mets en place un Parcours d'Accès à des Carrières pour des jeunes sans qualification.
Françoise LABORDE : PACTE, cela veut dire ?
Renaud DUTREIL : Cela veut dire "Parcours d'Accès aux Carrières de la Territoriale et de l'Etat". Et ils auront une formation en alternance. Donc, ils seront formés ces jeunes, ils seront sélectionnés par les missions locales. Ensuite, ils seront titularisés et ils deviendront des fonctionnaires.
Françoise LABORDE : Donc, ils n'auront pas besoin d'avoir des diplômes, ils n'ont pas besoin de passer de concours ?
Renaud DUTREIL : Dès lors, qu'il s'agit de pouvoir des postes qui sont des postes de catégorie C, c'est-à-dire, à des niveaux CAP, BEP. Il y a un paradoxe aujourd'hui, c'est que ces postes sont pourvus par des gens qui sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Donc, ces gens-là sont surqualifiés, ils sont malheureux, et ils prennent des places à d'autres.
Françoise LABORDE : Ce PACTE va s'appliquer à des jeunes, entre...
Renaud DUTREIL : Oui, entre 16 et 26 ans. Et puis, il y a une autre injustice, c'est que l'Etat dit aux entreprises : arrêtez de licencier les gens qui ont plus de 50 ans. Mais l'Etat lui-même s'interdit de recruter des gens qui ont plus de 50 ans. Je souhaite donc supprimer toutes ces contraintes liées à l'âge, de façon à ce que l'on puisse avoir des gens qui rentrent...
Françoise LABORDE : Donc, après 50 ans, on pourra rentrer dans la fonction publique ?
Renaud DUTREIL : Voilà, c'est cela que je souhaite.
Françoise LABORDE : Et sans concours là encore ?
Renaud DUTREIL : Si, avec des concours. Donc, je supprime les règles qui sont en vigueur en matière de concours. Et je vais créer également pour certains postes, le même parcours d'accès aux carrières avec une formation et puis ensuite une intégration dans la fonction publique pour des gens qui ont été, par exemple, des chômeurs de longue durée et qui ont plus de 50 ans, dont on sait très bien que c'est difficile pour eux de retrouver un emploi. Tout le monde doit prendre sa part à la lutte contre le chômage.
Françoise LABORDE : Puisque vous évoquez le Parcours d'accès aux carrières - cela fait bizarrement penser à la compétition à l'UMP autour des courants qui sont en train de se créer, avec peut-être, qui sait, les élections présidentielles en ligne de mire. Il y a aujourd'hui un certain nombre de courants qui existent, qui vont être organisés à l'intérieur de l'UMP entre les libéraux, les souverainistes, les centristes...
Renaud DUTREIL : Moi, je me suis beaucoup battu, avec A. Juppé, pour que l'on puisse bâtir ce grand mouvement populaire qu'est l'UMP. Cela reposait sur trois principes. D'abord, la fidélité à J. Chirac, au président de la République, c'est vraiment très important. C'est lui qui nous a fait gagner en 2002 ; c'est lui qui a fondé ce parti. Deuxièmement, l'obsession du rassemblement. Il faut rassembler, il faut arrêter de diviser, notamment lorsqu'il s'agit de chicanes en vue des élections présidentielles. Et puis, troisièmement, il faut qu'il y ait une grande diversité dans ce parti. Moi, je ne suis pas du tout favorable à ce qu'on ait un parti godillot, avec...
Françoise LABORDE : Donc, vous êtes pour les courants ?
Renaud DUTREIL : Je suis pour que chacun puisse s'exprimer à travers des sensibilités et que ces sensibilités, comme cela est prévu dans nos statuts d'ailleurs, puissent proposer des projets de société, des débats, et qu'on ait un parti très vivant.
Françoise LABORDE : Une toute dernière question : est-ce qu'il y aura un "courant SARKOZY" ou bien, l'UMP toute entière deviendra le courant SARKOZY ?
Renaud DUTREIL : Il y aura des élections pour la présidence de l'UMP et chacun pourra s'y présenter, et puis que le meilleur gagne. Ce qui est important, c'est que ces trois principes - fidélité au président, unité et diversité - soient garantis par ceux qui se présenteront à ces élections.
Françoise LABORDE : Donc, voilà. C'est aussi un message à Nicolas SARKOZY qui nous entend, comme tous les matins, et qu'il n'oublie pas ces trois principes. Merci Renaud Dutreil.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 juin 2004)