Texte intégral
Monsieur le Président,
Chère Zulema,
Vous êtes aujourd'hui, Monsieur le Président, l'hôte d'honneur de la France. Soyez-en, mon cher Carlos, le très bienvenu.
Il y a un an et demi, c'était moi qui étais votre invité, à Buenos-Aires. Je n'oublierai pas votre accueil ni celui du peuple argentin.
Dabord, parce quen venant vers vous, jallais à la rencontre dun homme d'Etat dont chacun reconnaît la réussite. Mais j'allais surtout à la rencontre d'un ami.
En visitant pour la première fois votre pays, dont vous-même maviez tant parlé, je réalisais un rêve ancien. Dans l'imaginaire des Français, nous en parlions tout à l'heure, l'Argentine évoque le grand large, les espaces vierges, limmensité, bref, laventure. Et ce nest pas un hasard si tant de mes compatriotes, rêvant dun monde nouveau, sont partis au long du temps sy installer.
Ce lien entre lArgentine et la France est puissant. Cest plus quune amitié, cest le désir de mêler nos destins.
Et dabord, en travaillant davantage ensemble. Monsieur le Président, à mesure que vous meniez vos réformes économiques et sociales, que votre pays souvrait aux échanges, que le succès couronnait vos efforts, la confiance sinstallait. Celle notamment des investisseurs français qui se sont massivement engagés à vos côtés.
Parce quils voient en lArgentine un pays moderne, accueillant, solide. Parce que vous avez su leur offrir un cadre juridique sûr. Parce que vous avez de grands projets déquipement et de développement auxquels nos entreprises souhaitent s'associer.
Mais face aux incertitudes financières du monde d'aujourd'hui, la France, vous le savez, fait pleinement confiance à votre pays.
Mêler nos destins, aussi, en poursuivant notre dialogue culturel, en nous rapprochant par lesprit et donc par le cur. Cest le champ le plus ancien et le plus fort de notre relation, fondée sur nos racines communes : notre latinité.
A luniversité de Buenos-Aires, javais rencontré la jeunesse d'Argentine et je l'avais sentie portée vers la France et vers lEurope. Ce sont nos jeunes qui cultiveront lintimité de nos deux pays. Et puis, connaître la langue de l'autre, cest se donner des chances supplémentaires de réussite à lheure de la mondialisation. C'est la vocation, à travers toute l'Amérique latine, de nos lycées et de nos Alliances françaises. Chez nous, déjà, un bachelier sur deux a appris l'espagnol. Au-delà, nous sommes daccord pour multiplier les passerelles entre nos universités et aussi entre nos centres de recherche.
Mêler nos destins, c'est enfin resserrer notre dialogue politique. Celui de deux peuples qui partagent lessentiel, une certaine vision de lhomme et des rapports entre les nations, le même souci de la justice et de la paix. Deux peuples qui ont des responsabilités régionales mais aussi des responsabilités à léchelle du monde.
Chaque jour, votre pays enracine et fait vivre la démocratie. Chaque jour, il saffirme sur la scène internationale avec vos engagements personnels, Monsieur le Président, et ceux de votre diplomatie pour la sécurité, pour la paix, pour la solidarité.
Ce combat-là, nous le menons ensemble dans les grandes enceintes. Celles du désarmement et de la non-prolifération nucléaire. Celles de la protection de l'environnement. Dans un mois, à Buenos Aires, nous travaillerons ensemble au succès de la conférence sur la lutte contre le changement climatique. Ensemble nous poursuivons notre aide aux populations en difficulté, comme nous le faisons notamment en Haïti, où la France a rejoint votre initiative généreuse de « Casques Blancs ».
Mais à l'heure de la mondialisation, c'est aussi le dialogue de nos grands ensembles que nous devons organiser en rapprochant le MERCOSUR et lUnion européenne.
Vous et nous sommes engagés dans deux grandes aventures régionales pleines de promesses. L'Union européenne, qui disposera dans quelques semaines de sa monnaie unique, poursuit son approfondissement et prépare le plus ambitieux élargissement de son histoire. Le MERCOSUR nous impressionne par sa réussite aussi rapide qu'exemplaire. Il s'affirme en Amérique latine, à l'instar de l'Union en Europe, comme un pôle de paix et de démocratie, de stabilité et de prospérité.
Notre horizon partagé, cest la libéralisation des échanges engagée à Madrid, le 15 décembre 1995. Mais une libéralisation progressive et équilibrée. Une libéralisation patiente qui devra prendre en compte les prochaines échéances : pour lUnion, la réforme de son cadre financier et de ses politiques communes, notamment la politique agricole ; pour nos deux ensembles, le prochain cycle des négociations commerciales multilatérales. Dès maintenant, parlons-en, concertons-nous, efforçons-nous daplanir les obstacles ou les ultimes obstacles. Préparons cette ouverture pour quelle saccomplisse dans les meilleures conditions. C'est dans cet esprit que nous avons décidé la création d'une instance de concertation prospective sur les questions agricoles et agro-alimentaires, où se retrouveront les officiels représentant l'administration mais, aussi, les professionnels.
Mais notre ambition, Monsieur le Président, est plus large encore.
En 1964, lors de son voyage historique en Amérique du Sud, le Général de Gaulle dessinait, à Buenos-Aires, sa vision d'un grand rapprochement de nos deux régions. "Sans nul doute, disait-il, le rapprochement de la France et de l'Argentine intéresse le monde. C'est l'Amérique latine, à travers votre pays, et c'est l'Europe, à travers le mien, qui se tiendront en contact étroit. C'est, ajoutait le Général de Gaulle, l'une des conditions du progrès, de l'équilibre et de la paix dans ce siècle. Car, tandis que l'Ancien monde reviendra de ses déchirements, l'Amérique latine, en marche vers la prospérité et la puissance, verra paraître son jour". Eh bien, Monsieur le Président, ce jour est venu.
Il y a un an et demi, jai proposé quun Sommet, le premier dans lHistoire, réunisse les chefs dEtat et de Gouvernement de lAmérique latine et de lEurope pour donner à nos relations politiques, économiques et culturelles leur véritable dimension et les nourrir de projets concrets. Je me souviens, Monsieur le Président, que cette proposition avait suscité votre adhésion immédiate. Travaillons ensemble au succès de ce grand rendez-vous qui aura lieu en juin prochain. Ainsi parviendrons nous à équilibrer les liens de nos deux ensembles avec l'Amérique du Nord.
Pour réussir tout cela, nous avons la volonté, lénergie, la confiance. Mais nous avons d'abord lamitié.
Et cest en me tournant vers lami -mon ami- Carlos Menem, depuis longtemps, Carlos Menem, Président de la Nation Argentine, c'est à lui que je lève maintenant mon verre. Je le lève en votre honneur, en l'honneur des hautes personnalités argentines et françaises qui nous entourent ce soir. Je le lève en lhonneur du peuple argentin à qui je souhaite bonheur et prospérité. Je bois, mon Cher Carlos, à la relation fraternelle entre lArgentine et la France.
Chère Zulema,
Vous êtes aujourd'hui, Monsieur le Président, l'hôte d'honneur de la France. Soyez-en, mon cher Carlos, le très bienvenu.
Il y a un an et demi, c'était moi qui étais votre invité, à Buenos-Aires. Je n'oublierai pas votre accueil ni celui du peuple argentin.
Dabord, parce quen venant vers vous, jallais à la rencontre dun homme d'Etat dont chacun reconnaît la réussite. Mais j'allais surtout à la rencontre d'un ami.
En visitant pour la première fois votre pays, dont vous-même maviez tant parlé, je réalisais un rêve ancien. Dans l'imaginaire des Français, nous en parlions tout à l'heure, l'Argentine évoque le grand large, les espaces vierges, limmensité, bref, laventure. Et ce nest pas un hasard si tant de mes compatriotes, rêvant dun monde nouveau, sont partis au long du temps sy installer.
Ce lien entre lArgentine et la France est puissant. Cest plus quune amitié, cest le désir de mêler nos destins.
Et dabord, en travaillant davantage ensemble. Monsieur le Président, à mesure que vous meniez vos réformes économiques et sociales, que votre pays souvrait aux échanges, que le succès couronnait vos efforts, la confiance sinstallait. Celle notamment des investisseurs français qui se sont massivement engagés à vos côtés.
Parce quils voient en lArgentine un pays moderne, accueillant, solide. Parce que vous avez su leur offrir un cadre juridique sûr. Parce que vous avez de grands projets déquipement et de développement auxquels nos entreprises souhaitent s'associer.
Mais face aux incertitudes financières du monde d'aujourd'hui, la France, vous le savez, fait pleinement confiance à votre pays.
Mêler nos destins, aussi, en poursuivant notre dialogue culturel, en nous rapprochant par lesprit et donc par le cur. Cest le champ le plus ancien et le plus fort de notre relation, fondée sur nos racines communes : notre latinité.
A luniversité de Buenos-Aires, javais rencontré la jeunesse d'Argentine et je l'avais sentie portée vers la France et vers lEurope. Ce sont nos jeunes qui cultiveront lintimité de nos deux pays. Et puis, connaître la langue de l'autre, cest se donner des chances supplémentaires de réussite à lheure de la mondialisation. C'est la vocation, à travers toute l'Amérique latine, de nos lycées et de nos Alliances françaises. Chez nous, déjà, un bachelier sur deux a appris l'espagnol. Au-delà, nous sommes daccord pour multiplier les passerelles entre nos universités et aussi entre nos centres de recherche.
Mêler nos destins, c'est enfin resserrer notre dialogue politique. Celui de deux peuples qui partagent lessentiel, une certaine vision de lhomme et des rapports entre les nations, le même souci de la justice et de la paix. Deux peuples qui ont des responsabilités régionales mais aussi des responsabilités à léchelle du monde.
Chaque jour, votre pays enracine et fait vivre la démocratie. Chaque jour, il saffirme sur la scène internationale avec vos engagements personnels, Monsieur le Président, et ceux de votre diplomatie pour la sécurité, pour la paix, pour la solidarité.
Ce combat-là, nous le menons ensemble dans les grandes enceintes. Celles du désarmement et de la non-prolifération nucléaire. Celles de la protection de l'environnement. Dans un mois, à Buenos Aires, nous travaillerons ensemble au succès de la conférence sur la lutte contre le changement climatique. Ensemble nous poursuivons notre aide aux populations en difficulté, comme nous le faisons notamment en Haïti, où la France a rejoint votre initiative généreuse de « Casques Blancs ».
Mais à l'heure de la mondialisation, c'est aussi le dialogue de nos grands ensembles que nous devons organiser en rapprochant le MERCOSUR et lUnion européenne.
Vous et nous sommes engagés dans deux grandes aventures régionales pleines de promesses. L'Union européenne, qui disposera dans quelques semaines de sa monnaie unique, poursuit son approfondissement et prépare le plus ambitieux élargissement de son histoire. Le MERCOSUR nous impressionne par sa réussite aussi rapide qu'exemplaire. Il s'affirme en Amérique latine, à l'instar de l'Union en Europe, comme un pôle de paix et de démocratie, de stabilité et de prospérité.
Notre horizon partagé, cest la libéralisation des échanges engagée à Madrid, le 15 décembre 1995. Mais une libéralisation progressive et équilibrée. Une libéralisation patiente qui devra prendre en compte les prochaines échéances : pour lUnion, la réforme de son cadre financier et de ses politiques communes, notamment la politique agricole ; pour nos deux ensembles, le prochain cycle des négociations commerciales multilatérales. Dès maintenant, parlons-en, concertons-nous, efforçons-nous daplanir les obstacles ou les ultimes obstacles. Préparons cette ouverture pour quelle saccomplisse dans les meilleures conditions. C'est dans cet esprit que nous avons décidé la création d'une instance de concertation prospective sur les questions agricoles et agro-alimentaires, où se retrouveront les officiels représentant l'administration mais, aussi, les professionnels.
Mais notre ambition, Monsieur le Président, est plus large encore.
En 1964, lors de son voyage historique en Amérique du Sud, le Général de Gaulle dessinait, à Buenos-Aires, sa vision d'un grand rapprochement de nos deux régions. "Sans nul doute, disait-il, le rapprochement de la France et de l'Argentine intéresse le monde. C'est l'Amérique latine, à travers votre pays, et c'est l'Europe, à travers le mien, qui se tiendront en contact étroit. C'est, ajoutait le Général de Gaulle, l'une des conditions du progrès, de l'équilibre et de la paix dans ce siècle. Car, tandis que l'Ancien monde reviendra de ses déchirements, l'Amérique latine, en marche vers la prospérité et la puissance, verra paraître son jour". Eh bien, Monsieur le Président, ce jour est venu.
Il y a un an et demi, jai proposé quun Sommet, le premier dans lHistoire, réunisse les chefs dEtat et de Gouvernement de lAmérique latine et de lEurope pour donner à nos relations politiques, économiques et culturelles leur véritable dimension et les nourrir de projets concrets. Je me souviens, Monsieur le Président, que cette proposition avait suscité votre adhésion immédiate. Travaillons ensemble au succès de ce grand rendez-vous qui aura lieu en juin prochain. Ainsi parviendrons nous à équilibrer les liens de nos deux ensembles avec l'Amérique du Nord.
Pour réussir tout cela, nous avons la volonté, lénergie, la confiance. Mais nous avons d'abord lamitié.
Et cest en me tournant vers lami -mon ami- Carlos Menem, depuis longtemps, Carlos Menem, Président de la Nation Argentine, c'est à lui que je lève maintenant mon verre. Je le lève en votre honneur, en l'honneur des hautes personnalités argentines et françaises qui nous entourent ce soir. Je le lève en lhonneur du peuple argentin à qui je souhaite bonheur et prospérité. Je bois, mon Cher Carlos, à la relation fraternelle entre lArgentine et la France.