Texte intégral
J.-J. Bourdin-. Quelles sont les dernières informations que vous avez en votre possession, avant de partir à Marseille - je crois que vous allez à Marseille dans la journée ?
- "Tout à fait, après le Conseil des ministres, je pars à Marseille. Pour nous résumer, il y a trois fronts : un front est en train de se fermer, c'est la Haute-Loire ; un front qui est en train de se stabiliser, mais sur lequel nous avons encore de fortes inquiétudes car tout peut évoluer de mauvaise façon, c'est le Rhône ; et puis un front qui est objectivement en train de s'ouvrir car les précipitations d'eau ont été très fortes dans la nuit, c'est le Languedoc-Roussillon. Je disais tout à l'heure que nous ne pouvons pas du tout crier victoire sur ce front, car il y a encore des inconnues. D'abord, il continue à pleuvoir et des phénomènes orageux peuvent venir de place en place véritablement majorer les inondations. Bien entendu, la houle sur la mer avec des vents de sud/sud-est, font que l'exutoire naturel des fleuves n'est pas exercé. Troisième interrogation : l'état des ouvrages, des digues pose problème. Une digue, c'est une protection mais une protection fragile qui peut toujours être menacée. S'il y a rupture de digue, évidemment, la situation peut s'aggraver."
J'ai deux informations qui nous viennent à l'instant des auditeurs. Un auditeur de Sommières nous dit que la Vidourle est en train de monter, que la sirène a retenti à Sommières - cela confirme ce que vous disiez il y a un instant : de grosses pluies sur le Languedoc, l'Hérault, le Gard. Grosses pluies autour d'Alès aussi, des orages extrêmement forts et le Gardon et la Sèze, deux rivières du Gard, ne cessent de monter, les écoles sont fermées ce matin dans le Gard. Le bilan humain, toujours le même ?
- "Toujours le même : 3 morts et 2 disparus. Plus de 7 000 personnes ont été évacuées ; il y en avait 3 000 hier en fin d'après-midi, il y en a maintenant plus de 7 000. Je veux profiter de cette antenne pour évidemment répéter, comme vous l'avez déjà fait - mais on ne le répétera jamais assez - des conseils de prudence. Je voyais encore ce matin qu'une des personnes décédées - un homme - s'était engagée sur un pont interdit à la circulation. La voiture, on ne le répétera jamais assez, est un piège mortel. Chaque fois qu'il y a une inondation, respectez les consignes données par les services de l'Equipement. Ils n'ont pas été donnés pour vous ennuyer mais pour vous protéger."
Une auditrice : Le lit du Gardon s'est élevé naturellement après les inondations de septembre 2002. Envisagez-vous de prendre les moyens mécaniques nécessaires pour creuser le lit de cette rivière et pour éviter une nouvelle catastrophe ?
- "Sur la question technique du creusement des lits des rivières, une question qui m'est posée de façon récurrente, à propos de laquelle il faut être extrêmement prudent, car chaque creusement à un lieu précis du lit des rivières provoque des phénomènes d'érosion rétrogrades qui peuvent non pas préserver des inondations, mais au contraire, les aggraver. Donc, tous les travaux hydrauliques sur le lit des rivières ont besoin d'être soigneusement pesés. Alors, depuis les crues catastrophiques de l'an dernier - rappelez-vous le nombre de morts et particulièrement dans le Gard -, nous ne sommes pas restés inactifs. L'appel à projets des collectivités territoriales a été lancé, appel à projets qui doit générer plus de 400 millions de travaux. Les travaux vont commencer - l'appel à projets a eu lieu pendant l'été 2003..."
Plus d'un an après ?
- "Il faut lancer un appel à projets, il faut bâtir ces projets. Dans une inondation, dites-vous bien que l'eau que l'on met quelque part, l'eau que l'on prend quelque part, elle va toujours ailleurs. Donc, ces travaux ont besoin d'être raisonnés au niveau d'un bassin versant. Je souhaite aussi privilégier des techniques douces, des techniques écologiquement responsables, beaucoup plus longues à mettre en oeuvre, mais qui, ensuite, respectent mieux les milieux. La tentation, dans une inondation, c'est toujours de construire un endiguement qui protège un lieu précis, mais qui risque de majorer l'inondation à un autre endroit. Il y a aussi des problèmes à régler, en particulier des problèmes de la maîtrise d'ouvrage. En Conseil des ministres, tout à l'heure, j'annoncerai que nous voyons bien des difficultés par exemple sur les digues du Rhônes, où nous avons des crédits mais où nous avons du mal à les mobiliser, car il y a un vrai problème de maîtrise d'ouvrage, de trouver les collectivités territoriales, les acteurs qui veulent mener ces travaux."
Donc vous avez l'argent ?
- "J'ai l'argent."
Et cet argent, vous n'arrivez pas à l'utiliser ? Pourquoi ? Est-ce parce que les élus locaux ne vous répondent pas ?
- "Oui, c'est cela, parce que quelquefois il y a des problèmes de domanialité, des problèmes d'interaction entre des propriétaires, collectivités territoires et Etat. A partir d'avril 2003, j'ai lancé une mission d'inspection qui va nous permettre de voir comment résoudre ces problèmes techniques, pour aller plus vite."
[2ede partie]
Comment bien informer les élus locaux ?
- "Un mot sur le bulletin météorologique, pour dire que, véritablement, la pluie est sur château d'eau des Cévennes, donc, le ruissellement fait qu'il faut absolument pas lever le pied sur la notion d'alerte. J'ai parlé de front qui était en train de se fermer tout à l'heure ; à la lecture de ce bulletin météo, je souhaite que tous ces fronts restent ouverts sur la prudence. Et puisque vous me parlez de l'alerte des élus locaux, je crois qu'on a pu observer, à travers la crise qu nous sommes en train de vivre que le système d'alerte, que nous avons amélioré avec G. de Robien, tout au long de cette année, cette amélioration a porté ses fruits."
Cela a servi à tout le monde, à l'Etat aussi.
- "Bien sûr. Nous avons donc réformé les services d'annonce des crues en service de prévision des crues, en donnant des moyens humains et techniques supplémentaires. On a ouvert le Service central d'hydrométéorologique de Toulouse, avec lequel vos journalistes sont en contact pour avoir des informations, pour informer les maires, pour informer aussi les services de l'Etat et des collectivités territoriales. On peut dire - je touche du bois, bien sûr, car il y a toujours une difficulté qui peut se produire - mais que vraiment, on récolte le fruit de cette amélioration de l'alerte. [...]
Sébastien, un auditeur (assureur dans le Gard.) : Où en est le décret des inondations de la semaine dernière à Avez, dans le Gard ?
- "Bien entendu, nous sommes actuellement dans cette crise d'inondation sur la question d'organiser les secours - ce sont les questions de sécurité civile qui prévalent. Bien entendu, il y a un certain nombre de dispositions réglementaires qui seront à prendre [comme] des déclarations de catastrophe naturelle. Nous nous sommes réunis hier soir, auprès du Premier ministre, dans la nuit, avec N. Sarkozy, avec les autres ministres ; les démarches administratives seront évidemment effectuées le plus vite possible, avant la fin de la semaine, pour la plupart communes touchées, pour que les processus d'indemnisation puissent être lancés."
Sébastien : Même pour les inondations de la semaine dernière ?
- "Oui, tout à fait ?"
Sébastien : Et quand on rase des maisons après les inondations ?
- "Il n'est pas question de raser des maisons ! Ce qu'a prévu la loi du 30 juillet 2003, c'est que quand une maison était détruite à plus de 50 % par une inondation, il y a bien sûr des processus d'indemnisation de ces maisons, mais qui, jusqu'alors, ne permettaient pas la reconstruction de la maison sur une zone non inondable. La loi du 30 juillet 2003 permet de mobiliser le Fonds des catastrophes naturelles, pour permettre aux gens de racheter un terrain qui permet de reconstruire, non pas à l'identique dans la zone inondable, mais sur une zone non inondable."
M. Passy, [maire de Givors, 19 000 habitants] : (Après avoir fait état d'un pont de sa commune qui vient de s'effondrer....) J'imagine que vous êtes très préoccupée, en tant que ministre de l'Environnement.
- "Oui, je suis très inquiète."
M. Passy : Ce que j'ai envie de vous dire, et sans polémique, c'est que l'on s'aperçoit bien que les désordres climatiques font que les petits ruisseaux prennent des régimes torrentiels et qu'il conviendrait d'avoir des moyens bien plus importants. Nous avons un budget pour 19 000 habitants de 600 000 pour tous ces ruisseaux, ce qui est très largement insuffisant. Ce que j'ai envie de vous dire, c'est deux choses : il faudrait que vous puissiez obtenir des moyens supplémentaires pour les collectivités locales, les départements, les régions, les communes, pour que ces ruisseaux puissent être entretenus, améliorés. Deuxième chose : je pense qu'il y a un mauvais procès fait aux fonctionnaires. Pas d'augmentation en 2004, alors que depuis hier matin, 24 heures sur 24, la police nationale, les services techniques du département, des villes, pour ce qui concerne notre secteur, sont à pied d'oeuvre. Je crois que là, il y a vraiment besoin que le Gouvernement fasse un effort particulier.
- "Première chose, il n'y a aucun procès fait aux fonctionnaires. Au contraire : je veux saluer la mobilisation des 4 000 pompiers et des personnels qui sont sur le front des inondations. Moi-même, je vis dans une zone inondable, et chaque fois qu'il y a un souci, je remarque la mobilisation des fonctionnaires, tant de l'Etat que des collectivités territoriales qui font magnifiquement leur travail. Là où vous raison, c'est quand vous dites que nous sommes rentrés dans une ère de désordres climatiques. [...] La lutte contre les désordres climatiques et l'origine humaine de ces désordres climatiques, même si elle n'est pas très "payante" - entre guillemets - au plan politique, parce que c'est une action à long terme, doit entièrement nous mobiliser. Et bien entendu, elle mobilise le Gouvernement. Des moyens supplémentaires, monsieur le maire, nous les avons en oeuvre. L'appel à projets que nous avons lancé auprès des collectivités territoriales, va mobiliser 400 millions d'euros. Nous avons voulu privilégier surtout la qualité des projets dans ce domaine."
Comment cet argent va être réparti ?
- "Nous avons fait un véritable concours ; nous avons demandé aux collectivités territoriales de nous présenter des actions qui privilégient la prévention, les techniques douces, c'est-à-dire la rétention du débit en amont. Jusqu'alors, en général, on a protégé par des ouvrages d'endiguement les zones urbanisées. On se rend compte qu'on est allé à la limite de ces opérations, qui, en général, on entraîné plutôt de la sururbanisation au lieu d'une véritable prévention des inondations. D'ores et déjà, nous avons réuni plusieurs dizaines de projets qui vont être financés et dont les travaux sont en train de commencer."
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 décembre 2003)
- "Tout à fait, après le Conseil des ministres, je pars à Marseille. Pour nous résumer, il y a trois fronts : un front est en train de se fermer, c'est la Haute-Loire ; un front qui est en train de se stabiliser, mais sur lequel nous avons encore de fortes inquiétudes car tout peut évoluer de mauvaise façon, c'est le Rhône ; et puis un front qui est objectivement en train de s'ouvrir car les précipitations d'eau ont été très fortes dans la nuit, c'est le Languedoc-Roussillon. Je disais tout à l'heure que nous ne pouvons pas du tout crier victoire sur ce front, car il y a encore des inconnues. D'abord, il continue à pleuvoir et des phénomènes orageux peuvent venir de place en place véritablement majorer les inondations. Bien entendu, la houle sur la mer avec des vents de sud/sud-est, font que l'exutoire naturel des fleuves n'est pas exercé. Troisième interrogation : l'état des ouvrages, des digues pose problème. Une digue, c'est une protection mais une protection fragile qui peut toujours être menacée. S'il y a rupture de digue, évidemment, la situation peut s'aggraver."
J'ai deux informations qui nous viennent à l'instant des auditeurs. Un auditeur de Sommières nous dit que la Vidourle est en train de monter, que la sirène a retenti à Sommières - cela confirme ce que vous disiez il y a un instant : de grosses pluies sur le Languedoc, l'Hérault, le Gard. Grosses pluies autour d'Alès aussi, des orages extrêmement forts et le Gardon et la Sèze, deux rivières du Gard, ne cessent de monter, les écoles sont fermées ce matin dans le Gard. Le bilan humain, toujours le même ?
- "Toujours le même : 3 morts et 2 disparus. Plus de 7 000 personnes ont été évacuées ; il y en avait 3 000 hier en fin d'après-midi, il y en a maintenant plus de 7 000. Je veux profiter de cette antenne pour évidemment répéter, comme vous l'avez déjà fait - mais on ne le répétera jamais assez - des conseils de prudence. Je voyais encore ce matin qu'une des personnes décédées - un homme - s'était engagée sur un pont interdit à la circulation. La voiture, on ne le répétera jamais assez, est un piège mortel. Chaque fois qu'il y a une inondation, respectez les consignes données par les services de l'Equipement. Ils n'ont pas été donnés pour vous ennuyer mais pour vous protéger."
Une auditrice : Le lit du Gardon s'est élevé naturellement après les inondations de septembre 2002. Envisagez-vous de prendre les moyens mécaniques nécessaires pour creuser le lit de cette rivière et pour éviter une nouvelle catastrophe ?
- "Sur la question technique du creusement des lits des rivières, une question qui m'est posée de façon récurrente, à propos de laquelle il faut être extrêmement prudent, car chaque creusement à un lieu précis du lit des rivières provoque des phénomènes d'érosion rétrogrades qui peuvent non pas préserver des inondations, mais au contraire, les aggraver. Donc, tous les travaux hydrauliques sur le lit des rivières ont besoin d'être soigneusement pesés. Alors, depuis les crues catastrophiques de l'an dernier - rappelez-vous le nombre de morts et particulièrement dans le Gard -, nous ne sommes pas restés inactifs. L'appel à projets des collectivités territoriales a été lancé, appel à projets qui doit générer plus de 400 millions de travaux. Les travaux vont commencer - l'appel à projets a eu lieu pendant l'été 2003..."
Plus d'un an après ?
- "Il faut lancer un appel à projets, il faut bâtir ces projets. Dans une inondation, dites-vous bien que l'eau que l'on met quelque part, l'eau que l'on prend quelque part, elle va toujours ailleurs. Donc, ces travaux ont besoin d'être raisonnés au niveau d'un bassin versant. Je souhaite aussi privilégier des techniques douces, des techniques écologiquement responsables, beaucoup plus longues à mettre en oeuvre, mais qui, ensuite, respectent mieux les milieux. La tentation, dans une inondation, c'est toujours de construire un endiguement qui protège un lieu précis, mais qui risque de majorer l'inondation à un autre endroit. Il y a aussi des problèmes à régler, en particulier des problèmes de la maîtrise d'ouvrage. En Conseil des ministres, tout à l'heure, j'annoncerai que nous voyons bien des difficultés par exemple sur les digues du Rhônes, où nous avons des crédits mais où nous avons du mal à les mobiliser, car il y a un vrai problème de maîtrise d'ouvrage, de trouver les collectivités territoriales, les acteurs qui veulent mener ces travaux."
Donc vous avez l'argent ?
- "J'ai l'argent."
Et cet argent, vous n'arrivez pas à l'utiliser ? Pourquoi ? Est-ce parce que les élus locaux ne vous répondent pas ?
- "Oui, c'est cela, parce que quelquefois il y a des problèmes de domanialité, des problèmes d'interaction entre des propriétaires, collectivités territoires et Etat. A partir d'avril 2003, j'ai lancé une mission d'inspection qui va nous permettre de voir comment résoudre ces problèmes techniques, pour aller plus vite."
[2ede partie]
Comment bien informer les élus locaux ?
- "Un mot sur le bulletin météorologique, pour dire que, véritablement, la pluie est sur château d'eau des Cévennes, donc, le ruissellement fait qu'il faut absolument pas lever le pied sur la notion d'alerte. J'ai parlé de front qui était en train de se fermer tout à l'heure ; à la lecture de ce bulletin météo, je souhaite que tous ces fronts restent ouverts sur la prudence. Et puisque vous me parlez de l'alerte des élus locaux, je crois qu'on a pu observer, à travers la crise qu nous sommes en train de vivre que le système d'alerte, que nous avons amélioré avec G. de Robien, tout au long de cette année, cette amélioration a porté ses fruits."
Cela a servi à tout le monde, à l'Etat aussi.
- "Bien sûr. Nous avons donc réformé les services d'annonce des crues en service de prévision des crues, en donnant des moyens humains et techniques supplémentaires. On a ouvert le Service central d'hydrométéorologique de Toulouse, avec lequel vos journalistes sont en contact pour avoir des informations, pour informer les maires, pour informer aussi les services de l'Etat et des collectivités territoriales. On peut dire - je touche du bois, bien sûr, car il y a toujours une difficulté qui peut se produire - mais que vraiment, on récolte le fruit de cette amélioration de l'alerte. [...]
Sébastien, un auditeur (assureur dans le Gard.) : Où en est le décret des inondations de la semaine dernière à Avez, dans le Gard ?
- "Bien entendu, nous sommes actuellement dans cette crise d'inondation sur la question d'organiser les secours - ce sont les questions de sécurité civile qui prévalent. Bien entendu, il y a un certain nombre de dispositions réglementaires qui seront à prendre [comme] des déclarations de catastrophe naturelle. Nous nous sommes réunis hier soir, auprès du Premier ministre, dans la nuit, avec N. Sarkozy, avec les autres ministres ; les démarches administratives seront évidemment effectuées le plus vite possible, avant la fin de la semaine, pour la plupart communes touchées, pour que les processus d'indemnisation puissent être lancés."
Sébastien : Même pour les inondations de la semaine dernière ?
- "Oui, tout à fait ?"
Sébastien : Et quand on rase des maisons après les inondations ?
- "Il n'est pas question de raser des maisons ! Ce qu'a prévu la loi du 30 juillet 2003, c'est que quand une maison était détruite à plus de 50 % par une inondation, il y a bien sûr des processus d'indemnisation de ces maisons, mais qui, jusqu'alors, ne permettaient pas la reconstruction de la maison sur une zone non inondable. La loi du 30 juillet 2003 permet de mobiliser le Fonds des catastrophes naturelles, pour permettre aux gens de racheter un terrain qui permet de reconstruire, non pas à l'identique dans la zone inondable, mais sur une zone non inondable."
M. Passy, [maire de Givors, 19 000 habitants] : (Après avoir fait état d'un pont de sa commune qui vient de s'effondrer....) J'imagine que vous êtes très préoccupée, en tant que ministre de l'Environnement.
- "Oui, je suis très inquiète."
M. Passy : Ce que j'ai envie de vous dire, et sans polémique, c'est que l'on s'aperçoit bien que les désordres climatiques font que les petits ruisseaux prennent des régimes torrentiels et qu'il conviendrait d'avoir des moyens bien plus importants. Nous avons un budget pour 19 000 habitants de 600 000 pour tous ces ruisseaux, ce qui est très largement insuffisant. Ce que j'ai envie de vous dire, c'est deux choses : il faudrait que vous puissiez obtenir des moyens supplémentaires pour les collectivités locales, les départements, les régions, les communes, pour que ces ruisseaux puissent être entretenus, améliorés. Deuxième chose : je pense qu'il y a un mauvais procès fait aux fonctionnaires. Pas d'augmentation en 2004, alors que depuis hier matin, 24 heures sur 24, la police nationale, les services techniques du département, des villes, pour ce qui concerne notre secteur, sont à pied d'oeuvre. Je crois que là, il y a vraiment besoin que le Gouvernement fasse un effort particulier.
- "Première chose, il n'y a aucun procès fait aux fonctionnaires. Au contraire : je veux saluer la mobilisation des 4 000 pompiers et des personnels qui sont sur le front des inondations. Moi-même, je vis dans une zone inondable, et chaque fois qu'il y a un souci, je remarque la mobilisation des fonctionnaires, tant de l'Etat que des collectivités territoriales qui font magnifiquement leur travail. Là où vous raison, c'est quand vous dites que nous sommes rentrés dans une ère de désordres climatiques. [...] La lutte contre les désordres climatiques et l'origine humaine de ces désordres climatiques, même si elle n'est pas très "payante" - entre guillemets - au plan politique, parce que c'est une action à long terme, doit entièrement nous mobiliser. Et bien entendu, elle mobilise le Gouvernement. Des moyens supplémentaires, monsieur le maire, nous les avons en oeuvre. L'appel à projets que nous avons lancé auprès des collectivités territoriales, va mobiliser 400 millions d'euros. Nous avons voulu privilégier surtout la qualité des projets dans ce domaine."
Comment cet argent va être réparti ?
- "Nous avons fait un véritable concours ; nous avons demandé aux collectivités territoriales de nous présenter des actions qui privilégient la prévention, les techniques douces, c'est-à-dire la rétention du débit en amont. Jusqu'alors, en général, on a protégé par des ouvrages d'endiguement les zones urbanisées. On se rend compte qu'on est allé à la limite de ces opérations, qui, en général, on entraîné plutôt de la sururbanisation au lieu d'une véritable prévention des inondations. D'ores et déjà, nous avons réuni plusieurs dizaines de projets qui vont être financés et dont les travaux sont en train de commencer."
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 décembre 2003)